(Ottokar @ samedi 27 mars 2010 à 06:56 a écrit : (meichler @ vendredi 26 mars 2010 à 18:29 a écrit :
On part de Sarko = bourgeois,
Et on en déduit que pas de sarko = pas de bourgeois
Mais non, je ne dis pas ça. L'idée est seulement : ceux que l'on a
EN CE MOMENT au gouvernement, en face de nous, contre nous, ce sont Sarko-Fillon and C°. Cela ne veut pas dire que l'on n'en aura pas d'autres (fussent-ils PS and C°) DEMAIN. Mais demain c'est demain, et aujourd'hui, notre ennemi qui a le pouvoir (le gouvernement) a
UN NOM. Il s'appelle Sarkozy-Fillon, et les révolutionnaires doivent
LE NOMMER, et non le protéger en le passant sous silence, comme si c'était "n'importe lequel". Le gouvernement n'est pas une abstraction, ni un symbole. Il a une réalité, très précise, dont le nom est le premier mot à dire (pas le dernier !).
a écrit :alors que pas de Sarko cela peut être Fillon, Villepin ou Aubry et DSK
Mais bien sûr...
a écrit :Focaliser sur Sarko attire l'attention des gens sur la marionette plutot que sur celui qui tire les ficelles. L'anti-Sarko est le meilleur argument du PS et on ne le double pas sur sa gauche en disant "Sarko dehors maintenant", car cela revient dans la tête des gens à dire "gauche solidaire" (Aubry-Duflot-Mélenchon-Buffet + Picquet peut-être) dedans, tout de suite.
Bref on est les agents électoraux du PS, mais plus vite que le PS. Tu parles d'un radicalisme...
a écrit :Je ne dis d'ailleurs même pas qu'il faut dire cela EN CE MOMENT. Loin de là.
Ben alors, ne le dis pas.
Sur la dernière phrase : OK, tu marques un point (au plan rhétorique).
Mon idée était seulement : les rapports politiques ne permettent pas (démoralisation politique de la masse des travailleurs, pour dire vite) que soit crédible la perspective d'en finir à court terme avec Sarkozy.
On peut aussi cependant retourner le syllogisme que tu fustiges à juste titre (mais qui ne correspond en rien à ce que je pense), à savoir :
1°) Sarkozy ou "la gauche" c'est du pareil au même, gouvernement bourgeois, "marionnettes" manipulées par le capital, l'un comme l'autre.
2°) On ne peut donc pas remplacer une "marionnette" par un autre.
3°) Mieux vaut donc laisser en place la "marionette" actuelle, soit Sarkozy.
Je ne pense évidemment pas que ce soit la pensée profonde de LO ni de ses militants.
En fait, je trouve que LO ne parvient pas à sortir du cercle vicieux du gauchisme :
1°) Chasser "la droite" ne peut, tant que les révolutionnaires ne peuvent se porter directement candidats au pouvoir, que conduire à mettre "la gauche" pourrie et traître (elle l'est en effet !) à sa place.
2°) Les révolutionnaires ne peuvent donc que s'en tenir à la propagande sur le "gouvernement des travailleurs" (différentes variantes de formulations, plus ou moins "pures" sont possibles). De ce fait, ils ne peuvent être écoutés/entendus que par des individus ou de petits groupes.
3°) Comme ils n'ont d'audience que très limitée, les révolutionnaires ne peuvent se porter candidats au pouvoir. Ils ne représentent pas une "solution" crédible aux yeux de la masse des travailleurs, en termes de gouvernement.
et donc... retour au 1°)...
C'est ce que Trotsky tentait de résoudre par la politique de front unique telle qu'il la formulait dans les années 30, alors que les révolutionnaires étaient très minoritaires, face aux partis ouvriers traditionnels.
Bien sûr aujourd'hui, ces partis ont, depuis cette époque, encore beaucoup plus profondément dégénéré, ils n'ont plus que de très faibles traces, fort effacées de ce qui fut leur nature ouvrière. Ils sont beaucoup plus fortement liés et insérés dans la société et l'Etat bourgeois. Ils ne sont plus que des partis issus (jadis) du mouvement ouvrier. Leurs relations avec les travailleurs sont devenues des plus ténues, volatiles, instables, en crise, etc...
Mais, alors, faut-il, de ce fait, "simplement" expliquer que Sarkozy ou Royal (ou autre nom du même acabit, du PS), c'est du pareil au même ? [Non pas au regard de leur politique : ça, c'est effectivement pareil, mais au regard des rapports politiques entre les classes].
Savoir : que lorsque les travailleurs parviennent à chasser les partis traditionnels de la classe bourgeoise (même en installant les FAUX partis ouvriers), ils ont le SENTIMENT d'avoir vaincu (c'est bien évidemment inexact, puisque l'essentiel du combat reste à mener), et cela leur donne CONFIANCE en leurs propres forces et en leur capacité de se rassembler, et d'affronter politiquement la classe ennemie. Ils sont donc en meilleure position subjective pour conduire leurs luttes, aller plus loin dans le combat.
C'est tout. Pas plus, pas moins. Mais ce sont des moments importants dans la lutte des classes. Des moments qui ne se produisent pas souvent, et qui ne contiennent en eux-mêmes aucune garantie qu'ils débouchent sur une issue révolutionnaire, ni même favorable au prolétariat.
Tout dépend de la lutte vivante. Dont "les révolutionnaires" sont évidemment partie prenante.