C’est sur les marches de l’Opéra Bastille qu’un nouvel épisode de la grève se joue : à des centaines de travailleurs sans papiers, nous nous y sommes rassemblés à la fin de la manifestation syndicale interprofessionnelle de jeudi 27 mai. Nous avons décidé de ne pas en bouger tant que le gouvernement ne fixera pas dans un texte des critères de régularisation clairs, objectifs, applicables partout pour battre en brèche l’arbitraire des préfectures. Un texte valable pour tous, quels que soient la taille de l’entreprise et le département, et quelle que soit la nationalité du salarié.

Il s’agit pour les milliers de grévistes et les onze syndicats et associations qui ont pris l’initiative de la nouvelle vague de grève en octobre 2009, d’en finir avec une situation devenue intolérable qui veut que des dizaines, voire des centaines de milliers de travailleurs qui font en France un travail dont tout le monde a besoin (bâtiment, nettoyage…), soient contraints de vivre en clandestins, privés de titre de séjour : « On bosse ici, on vit ici, on reste ici ! Régularisation de toutes les travailleuses, de tous les travailleurs sans papiers ! »

La grève dure depuis 8 mois. Une grève inédite, qui touche des milliers d’entre nous dans le bâtiment, la restauration, l’aide à la personne, et tout particulièrement l’intérim où des centaines d’entreprises, des plus petites aux plus grandes, fournissent de la main-d’œuvre à des donneurs d’ordre comme Bouygues, qui profitent de la situation précaire.
Des centaines de patrons de l’intérim, sur lesquels nous exerçons une pression collective depuis des mois, ont fini par donner ces « cerfas » ou engagements d’embauche par lesquels ils reconnaissent nous avoir fait travailler et s’expriment en faveur de notre régularisation.
Une ébauche de critères clairs et généraux de régularisation figure dans un texte dit d’« approche commune » signé il y a 3 mois entre une partie du patronat et les syndicats. Il aborde des situations diverses : travailleurs avec des fiches de paie ou travailleurs au noir, travailleurs ayant travaillé sous leur nom ou sous un « alias », salariés en CDI, CDD ou intérimaires, travailleurs d’Afrique de l’Ouest ou Algériens et Tunisiens théoriquement soumis à des accords particuliers avec l’Etat français. Le gouvernement est au pied du mur. Avec cette occupation des marches de l’Opéra-Bastille, les grévistes et les « 11 » syndicats et associations qui les soutiennent lui signifient fermement que c’est maintenant qu’il doit céder.
Nous en appelons au soutien de tous les travailleurs et militants syndicaux de la région parisienne. Merci de passer discuter avec nous. Merci de nous aider financièrement – car nous en avons besoin. Des grévistes du comité de l’Intérim, le samedi 29 mai 2010
Pour la solidarité financière : Chèques à l’ordre de CGT solidarité sans papiers – 263 rue de Paris 93516 Montreuil ou en ligne à :
http://solidarites.soutiens.org/category/a...es/sanspapiers/
