En parlant d' incoherence! que fera l' étincelle si le NPA s' allie avec le front de gauche?
a écrit :Pierre Laurent: "Le NPA est dans une impasse"
Elu avant l'été, le nouveau patron du PCF, Pierre Laurent, compte bien, en cette rentrée très agitée sur le plan social, faire entendre sa voix et celle des communistes. Interrogé par leJDD.fr à la veille de son baptême du feu - l'ouverture de l'université de son parti à Seignosse (Landes) - le successeur de Marie-George Buffet, encore méconnu du grand public, fait part de sa "combativité" contre les plans du gouvernement. L'ancien directeur de la rédaction de l'Humanité détaille également son objectif majeur d'ici l'élection présidentielle de 2012: créer les conditions de la "dynamique la plus large possible" à gauche.
A l'occasion de l'université d'été du PCF, puis de la Fête de l'Humanité, vous allez étrenner vos galons de chef de parti. Comment abordez-vous ces échéances?
J'aborde la rentrée avec beaucoup de combativité. Le pays est dans une situation sociale et politique qui n'est pas ordinaire, avec un gouvernement qui s'entête de manière très dogmatique sur la réforme des retraites, mais qui, en plus, a choisi de s'engager dans une dérive xénophobe extrêmement préoccupante. Evidemment, cela donne à toutes les forces progressistes des responsabilités particulières, et notamment aux communistes, qui ont l'habitude de savoir se dresser face à de telles situations.
A titre personnel, ces rendez-vous sont aussi l'occasion de mieux vous faire connaître du grand public. Est-ce que cela compte pour vous?
Pas pour moi personnellement, mais ce sont en effet des moments importants, où je dois assumer la fonction que j'occupe et les responsabilités qui sont les miennes. Je suis chargé de porter, au nom des communistes, une parole qui doit se faire entendre dans l'espace public.
"La question sociale est incontournable"
Quelle marque souhaitez-vous imprimer sur le parti?
Mon mandat sera forcément différent de celui de Marie-George (Buffet). Il sera différent parce qu'autour de moi, il y aura une nouvelle équipe, une nouvelle génération avec ses propres priorités concernant la vie du PCF. Et puis, nous sommes à un moment politique où le besoin de relancer une gauche nouvelle s'affirme fortement. On sait que la condamnation et le rejet de la politique de Nicolas Sarkozy qui grandit dans le pays ne suffira pas à construire une alternative à son pouvoir. Il faut donc faire naître un nouvel espoir politique, une gauche audacieuse dans ses réponses sociales, dans la construction d'un nouveau type de développement humain ou d'une nouvelle vision de la civilisation. C'est dans cette logique que s'inscrit la démarche de mon équipe, et, plus largement, celle du Front de gauche.
Le pouvoir a fait de la sécurité le thème central du débat politique actuellement, alors que la gauche souhaite parler de social. N'est-ce pas gênant pour vous?
Non, au contraire. Je crois qu'il y existe un lien étroit entre les deux. La question sociale est incontournable. La réforme des retraites est massivement rejetée par la population. Malgré toutes ses pressions idéologiques, le gouvernement de Nicolas Sarkozy est dans l'impasse. Pour en sortir, il choisit de s'attaquer aux libertés, d'entretenir un climat d'intimidation, de division et désigne des boucs-émissaires. Le problème pour lui, c'est que cette diversion est également rejetée. Le voilà donc condamné, sur le terrain social et dans sa fuite liberticide. Dans ces conditions, la riposte et la mobilisation de la population ne peuvent aller que crescendo, sur les deux fronts à la fois.
La rentrée sociale s'annonce chargée avec la mobilisation contre la réforme des retraites. Faut-il s'attendre à un mouvement qui va durer dans le temps?
Il est impossible de le prévoir en avance. En revanche, ce qui est sûr, et c'est inédit, c'est qu'on attaque la rentrée avec un niveau de mobilisation sociale exceptionnel. Cela veut dire que les gens sont décidés à aller au bout du combat. Et si le gouvernement espère s'en tirer en faisant le "forcing" au Parlement, il se fait beaucoup d'illusions. Il est en train de s'enfoncer dans une crise politique qui va lui coûter cher.
Depuis deux ans, le PCF est engagé dans le Front de gauche, avec, notamment, le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Un rassemblement auquel il manque toujours la composante NPA…
Le NPA est seul responsable de ses choix politiques. Lors des dernières élections régionales, on a vu que ceux-ci l'ont conduit dans une impasse et ont semé le doute chez ses militants. A ses dirigeants de dire désormais s'ils veulent continuer ainsi ou s'ils veulent prendre le train de l'unité. Mais, de notre côté, nous n'allons pas attendre le NPA pour continuer à avancer et à œuvrer à la dimension sociale et populaire que nous voulons donner à notre rassemblement.
"Faire exploser les barrières"
Le ralliement du NPA n'est-il pourtant pas indispensable afin que l'extrême gauche passe un cap, électoralement, notamment?
Je récuse cette étiquette "d'extrême gauche". Notre souhait est de porter, avec tous les gens qui sont en mouvement dans ce pays, un projet qui doit être celui de la gauche pour les échéances électorales qui viennent. Et ce projet doit s'articuler autour de réponses que nous devons apporter aux questions qui sont posées à l'ensemble de la gauche. Ce n'est pas un problème d'alliance avec tel ou tel. Ce que nous avons à dire, beaucoup de socialistes, de syndicalistes, de salariés - quels que soient leurs choix politiques - peuvent l'entendre. Dans les deux ans qui viennent, tout le monde va se poser deux questions: comment battre Nicolas Sarkozy et pour quelle politique à la place? Là-dessus, le PCF a des choses à dire qui intéressent toute la gauche.
Cette union de toute la gauche n'est-elle pas un vœu pieu? Entre le NPA et le PS, par exemple, la frontière est étanche…
Chez les électeurs et les électrices, elle ne l'est pas. Je le vois tous les jours quand je discute avec les gens. Tous convergent vers les idées qu'il faut mettre en avant. Et si, au niveau des partis, il y a effectivement des barrières, il faut les faire exploser pour aller vers une dynamique qui soit la plus large possible, qui soit majoritaire et qui porte des idées de changement. Il faut cesser de faire écran à l'unité. On n'est pas là pour cultiver des boutiques électorales. Pour moi, l'objectif n'est pas de faire 1 ou 2% de plus aux élections… La responsabilité première des communistes est d'ouvrir des perspectives de changement réel qui permettent à la France et à l'Europe de sortir de la crise.
Dans cette optique, il y aura un candidat unique du Front de gauche à l'élection présidentielle de 2012…
C'est effectivement ce qu'a affirmé le texte que nous avons adopté en congrès au mois de juin dernier…
Et ce candidat sera Pierre Laurent ou Jean-Luc Mélenchon?
Jean-Luc s'est déclaré disponible pour être ce candidat-là. Mais, au PCF, beaucoup de femmes et d'hommes sont capables de postuler à une telle démarche et d'assumer les plus grandes responsabilités. Certains le feront peut-être savoir. Au printemps 2011, le choix sera fait. Ce sera un choix décidé en commun, mais qui, en tout état de cause, ne sera pas prioritaire par rapport au projet. La priorité, c'est le projet.