a écrit :Liberté, rapporté par Algérie dz - 04 sep 2010
http://www.algerie-dz.com/forums/archive/i...p/t-180043.html
L’inquisition contre les non-jeûneurs continue:
Dix personnes dont un restaurateur arrêtées près de Béjaïa
par Djilali Benyoub
Pendant le Ramadhan, cette tendance s’exacerbe avec les dénonciations et les interventions parfois “intempestives” de la police dont l’action s’appuie principalement sur l’article 144 bis 2 du code pénal.
Un restaurateur et neuf autres personnes ont été arrêtés mardi dernier dans la ville d’Ouzellaguen, dans la wilaya de Béjaïa, pour ne pas avoir observé le jeûne. La police a procédé à l’interpellation des 10 personnes alors qu’elles se trouvaient dans un fast-food fermé, établi au 2e étage d’un immeuble situé à côté de la place du Marché jouxtant la RN26. Selon les services de la police d’Ouzellaguen, cette irruption a fait suite à des renseignements faisant état de l’existence d’un restaurant qui travaille à porte fermée et où l’on sert des repas en plein jour durant le Ramadhan.
“Pris en flagrant délit”, selon la police, le propriétaire de cet établissement s’affairait à servir ses clients; ces derniers ont tenté de s’échapper. Les plus habiles ont atteint le toit mais les policiers avaient bouclé toutes les issues. Ils seront sommés de descendre avant d’être arrêtés.
Présenté au parquet, le propriétaire du fast-food a été mis sous mandat de dépôt, tandis que les neuf non-jeûneurs seront cités à comparaître devant la justice, a-t-on appris de même source. “L’article 144 bis 2 du code de dogme sera appliqué sur les dix individus”, selon les services de sécurité d’Ouzellaguen. Le grief retenu contre ces derniers dans cette affaire est “dénigrement et non-respect des préceptes de l’islam”.
Depuis quelques années, la montée du salafisme aidant, le code pénal est intimement accolé au mois sacré du Ramadhan en ce sens qu’il est régulièrement invoqué en soutien juridique au comportement inquisiteur de certains zélés qui ne tolèrent aucune différence “confessionnelle”. Pendant le Ramadhan, cette tendance s’exacerbe avec les dénonciations et les interventions parfois “intempestives” de la police dont l’action s’appuie principalement sur l’article 144 bis 2 du code pénal qui condamne quiconque offense le Prophète et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’Islam que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre à une peine d’emprisonnement de 3 ans à 5 ans et à une amende de 50 000 à 100 000 DA.
C’est sur cette base que des policiers sont intervenus dans un chantier à Aïn El-Hammam pour arrêter deux ouvriers en train de boire de l’eau, ou cette “opération” menée hier dans un petit restaurant à Ouzellaguen où des repas étaient servis dans la journée. Les policiers sont intervenus après enquête suite à des dénonciations. Selon des informations, le restaurant travaillait, mais discrètement en gardant la porte fermée. Détail qui enlève le caractère ostentatoire ou public de l’acte des non-jeûneurs qui est précisé dans l’article du code pénal en question. Car, en réalité, les policiers sont intervenus non pas en raison d’atteinte à l’ordre public ou à la morale, mais pour débusquer des “mécréants”, selon la formule des salafistes, dans des endroits privés ou clos.
La réaction immédiate des services de police dans ces cas, comme fut le cas l’année dernière, à la même période, à Biskra, renseigne sur le glissement dangereux vers la généralisation de l’intolérance même si les cas rapportés demeurent limités à certaines localités. D’où le risque de l’élargissement du phénomène à tout le pays et le retour, inéluctable alors, aux prémices de la décennie noire.
Autre paradoxe : si le non-jeûneur même en cachette est passible certainement des peines de l’article 144 bis 2, puisque les poursuites sont automatiques et engagées d’office par le ministère public, pourquoi “tolérer” des restaurants à Alger et dans les grandes villes ? Pourquoi s’échiner à vanter une image touristique de l’Algérie qui dans les faits ne tolère pas, surtout pas pendant le Ramadhan, les autres confessions ? Un double comportement contradictoire des autorités qui par une sorte d’insidieuse démission laisse le terrain de la confrontation entre les mains des salafistes qui s’appuient sur la police et une population qui n’incarne ni une menace ni un danger tant elle se place aux avant-postes du combat contre le terrorisme qui continue de sévir.
Que faire ? Comme cette population de Aïn El-Hammam, faire des rassemblements devant les tribunaux le jour du procès pour rappeler aux autorités le principe du respect de la liberté du culte consacré dans la Constitution et leur devoir de le protéger ! Cette même population qui a fait preuve d’une rare mobilisation lorsqu’il s’agit de lutte contre les groupes armés.
Le plus surprenant est cette attitude laxiste et permissive des autorités devant ces dérives porteuses de risques certains d’escalades. Car ce procédé inquisitoire qui implique la police tend à inverser l’axe des facteurs de risque et à ouvrir la voie, par ce silence coupable des autorités, devant les nostalgiques du Fis dissous et de ses violentes campagnes de moralisation.
Avec ces cas de dénonciation de non-observation du jeûne, les interventions automatiques de la police, c’est l’islamisme radical qu’on croyait vaincu qui revient avec la bénédiction de certains responsables politiques dont la conception de la réconciliation nationale semble s’accoupler naturellement avec la mansuétude vis-à-vis des islamistes. Ces derniers, fort de cette complaisance, continuent de grignoter horizontalement et verticalement dans la société, patiemment pour arriver à terme à envahir tous les rouages de l’état et s’imposer.
TSA - 04 sep 2010
http://www.tsa-algerie.com/divers/douze-no...jaia_12082.html
Douze non-jeuneurs jugés lundi à Béjaïa
par Lyes Amara
Douze personnes, dont le propriétaire du restaurant, arrêtées mardi dernier par la police dans la ville d’Ouzellaguen, à 60 km de Béjaïa, pour ne pas avoir observé le jeûne seront jugées, lundi 6 septembre, par le tribunal d’Akbou dans la même wilaya, a appris TSA de source sûre. Ils sont poursuivis pour « dénigrement et non respect des préceptes de l’islam.»
Les douze mis en cause, tous des hommes, ont été interpellés mardi dans la journée lors d’une descente de la police d’Ouzellaguen dans un fast-food au 2e étage d’un immeuble commercial situé à proximité du marché d’Ouzellaguen. Présentés devant le juge, le propriétaire du restaurant a été placé sous mandat de dépôt alors que les autres personnes interpellées ont été citées à comparaître devant la justice.
Selon une source judiciaire, la décision de placer le propriétaire en détention a été motivée par des raisons liées notamment à l’ordre public. Le restaurant servait à ses clients des brochettes de viande dont l’odeur arrivait jusqu’aux passants dans la rue.
Après le cas des deux ouvriers du bâtiment interpellés à Aïn El Hammam dont le procès a été reporté après une mobilisation de la population, cette nouvelle affaire va relancer le débat sur la liberté d’observer le jeûne en Algérie à quelques jours de la fin du mois sacré.
(Antigone @ dimanche 5 septembre 2010 à 13:12 a écrit :
C’est sur cette base que des policiers sont intervenus dans un chantier à Aïn El-Hammam pour arrêter deux ouvriers en train de boire de l’eau...
Que faire ? Comme cette population de Aïn El-Hammam, faire des rassemblements devant les tribunaux le jour du procès pour rappeler aux autorités le principe du respect de la liberté du culte consacré dans la Constitution et leur devoir de le protéger ! ...
TSA - 04 sep 2010
http://www.tsa-algerie.com/divers/douze-no...jaia_12082.html
Douze non-jeuneurs jugés lundi à Béjaïa
par Lyes Amara
...(ces) deux ouvriers du bâtiment interpellés à Aïn El Hammam dont le procès a été reporté après une mobilisation de la population, cette nouvelle affaire va relancer le débat sur la liberté d’observer le jeûne en Algérie à quelques jours de la fin du mois sacré.
a écrit :El Watan - 06 sep 2010
http://www.elwatan.com/une/le-proces-des-n...0-89092_108.php
Le procès des non-jeûneurs d’Ighzer Amokrane reporté au 8 novembre
Le tribunal d’Akbou vient de reporter le procès des 10 non-jeûneurs arrêtés mardi dernier dans la ville d’Ighzer Amokrane au 8 novembre prochain pour complément d’enquête et en raison de l’absence de deux témoins.
Le procès d’aujourd’hui lundi, dont l’issue est attendue par de nombreux observateurs et auquel ont été présents des animateurs de la ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), des cadres du MAK (mouvement pour l’autonomie de la kabyle), des militants associatifs et des citoyens anonymes n’a finalement tenu que quelques minutes avant que la juge n’annonce son report pour prés de deux mois au grand étonnement des présents.
Avant cela, le principal mis en cause, propriétaire du local où ont eu les arrestations, M. Chikaoui Arab, a été mis en liberté provisoire après une semaine de détention. Il a été mis sous mandat de dépôt le jour de son arrestation par les éléments de la sûreté urbaine d’Ouzellaguen.
Pour Saïd Salhi, responsable de la LADDH, bureau de Béjaïa, présent au procès, c’est là une première victoire. «Ce report est venu suite à la pression de l’opinion publique et à la mobilisation citoyenne» nous déclare-t-il.
Pour certains observateurs, ce long report cache mal une velléité d’absorber cet élan de solidarité qui a pris forme aussitôt l’arrestation des non-jeûneurs médiatisée.
Kamel Medjdoub
a écrit :El Watan - 06 jan 2011
Émeutes en Algérie: prises de panique, les autorités multiplient les promesses !
http://www.elwatan.com/actualite/emeutes-e...-106085_109.php
Les émeutes qui ont éclaté dans plusieurs villes en Algérie ont fait paniquer les autorités publiques. Celles-ci tentent tant bien que mal de contenir cette nouvelle vague de protesta qui a déferlé sur Oran, Alger, Blida, Dejlfa, Ouargla et d’autres régions du pays, en multipliant les promesses.
Et c’est le ministère du Commerce qui s’est attelé à cette besogne en assurant mercredi à la population que "les produits de large consommation resteront subventionnés par l'Etat". Le ministère du commerce promet même une promulgation rapide des textes d'application relatifs à la loi sur la concurrence et les pratiques commerciales à travers "le plafonnement des prix et la limitation des marges de bénéfice des produits de large consommation", nous apprend également l'Agence Presse Service (APS).
Selon celle-ci, le gouvernement accuse ouvertement les commerçants d’avoir fomenter cette soudaine et vertigineuse hausse des prix en "exagérant" les marges bénéficiaires. Et pour sanctionner ces commerçants véreux, les pouvoirs publics comptent modifier la durée de validité du registre de commerce. Bientôt, cette durée sera portée à deux ans alors que jusqu'à présent la durée de validité du registre de commerce était illimitée.
Cette nouvelle mesure concernera, selon le ministère du commerce, les importations de matières premières, les produits destinés à la vente en l'état, les commerces de gros et les commerces de détail pour les étrangers. L'objectif fixé est d'assainir un secteur déjà fortement rongé par la spéculation et les pratiques frauduleuses.
Ceci dit, ces énièmes promesses ne risquent pas de ramener le calme dans le pays au vu de la détérioration continue du pouvoir d'achat des ménages. La mal vie et la précarité qui ne cessent de monter en puissance ont convaincu les Algériens, notamment les plus jeunes, que les dispositifs publics de contrôle des prix ne servent plus à grand chose. Aujourd'hui, la société civile ne se contente plus des slogans qui annoncent des lendemains enchanteurs. Elle exige plus que jamais une justice sociale et une répartition équitable des richesses nationales.
Très vive tension à Bab El Oued : les jeunes promettent de déclencher "une révolte contre la mal vie et le chômage"
http://www.elwatan.com/actualite/tres-vive...-106079_109.php
Après une nuit d'émeute et d'affrontements très violents avec les forces de l'ordre, une tension très vive a été constatée jeudi matin dans le quartier populaire de Bab El-Oued, devenu ces derniers temps un véritable bastion pour la protestation populaire.
Jeudi matin à la célèbre place des Trois Horloges de Bab El-Oued, les policiers se font rares et les attroupements de jeunes occupent le pavé. Après une nuit agitée, les jeunes de Bab El-Oued n'ont, ce matin, qu'un seul mot d'ordre sur leurs lèvres : "ce soir, nous reviendrons dans les rues pour déclencher une révolte contre le chômage et la mal vie" ! Dans les coeurs et les esprit de ces jeunes, la colère continue à bouillonner même si la veille les forces anti-émeutes leur ont promis une répression exemplaire.
"Plus rien ne va nous retenir cette fois-ci. La vie est devenue trop chère et la disette menace nos familles alors que les apparatchiks détournent des milliards et s'enrichissent sur notre dos. Nous ne voulons plus de cette vie de chien. Nous réclamons notre part aux richesses de ce pays", confient un groupe de jeunes qui habitent à Bab El-Oued dans des immeubles vétustes lesquels " risquent à tout de moment de s'effondrer" !
La misère, la cherté de la vie, le chômage et la précarité, tels sont les maux dont ces jeunes veulent se libérer pour écrire une nouvelle page de leur existence. Mais à cet appel de détresse, les pouvoirs publics ne semblent pas y prêter une oreille attentive. Des lors, les conséquences malheureuses ne se sont pas faites attendre.
"Les majorité des jeunes du quartier ont été récupérés par le filet social dans le cadre du pré-emploi. Qu'ils soient diplômés ou non, ils ne touchent même pas dix mille dinars par mois. Comment voulez-vous qu'ils s'en sortent avec une paie aussi minable ? On leur a enlevé le droit de penser à l'avenir. La précarité a fini par les jeter dans les bras la violence et le pire peut arriver à présent", relève pour sa part aâmi Omar, un des vieux de la place des Trois Horloges qui s'attend lui aussi à de nouvelles violences pour cette nuit.
Des violences que tout le monde craint dans le quartier. Et d'ailleurs, jeudi matin, de nombreux commerces sont restés fermés. Leurs gérants sont sur le qui-vive et guettent la moindre menace émanant de ces bandes de délinquants qui profitent des émeutes pour piller et tout casser sur leur passage.
De leur côté, les familles s'approvisionnent en produits de première nécessite pour garantir de quoi faire à manger au cas où les sorties deviennent très risquées ! A n'en point douter, après les émeutes de mercredi soir, plus rien ne sera comme avant à Bab El-Oued...
Abderrahmane Semmar
a écrit :El Watan - 09 jan 2011
http://www.elwatan.com/une/les-classes-moy...-106403_108.php
Un profond malaise social et peu de slogans
Les classes moyennes et la classe politique pour relayer les émeutes
Alger, samedi matin. Lendemain d’un week-end particulièrement houleux à la suite des émeutes qui ont ébranlé tout le pays, la capitale en premier. Retour sur les traces de pneus brûlés et des magasins défoncés, à Bab El Oued, Oued Ouchayeh, Bachjarah, El Harrach et autre Bordj El Kiffan, pour ne citer que ces quartiers. Pour prendre le pouls de la rue, voir où en est ce fulgurant souffle juvénile.
Un calme précaire semble régner, souverain, sur la ville. C’est vrai que c’est le prolongement du week-end. Mais Alger semble nettement moins animée que d’habitude. En témoignent les commerces qui ont baissé rideau sur certaines artères, par prudence. Les services de voirie ont été mobilisés au pas de charge pour effacer les stigmates des émeutes. Ici, on s’affaire à racler les traces des pneus ; là, on s’échine à remplacer des panneaux de signalisation routière saccagés. Devant certaines boulangeries, à Bab El Oued et ailleurs, c’est la queue pour une baguette de pain. Devant certaines stations d’essence aussi.
La ville reprend son souffle. Les gens, leurs esprits. Quelques colonnes de fumée s’élèvent dans le ciel, à l’autre bout de la baie. Mais rien de spectaculaire.
Nous essayons surtout de lire dans ces jacqueries le sens qu’elles se sont donné. Nous tentons d’en déceler les slogans, les mots d’ordre arborés, les pancartes brandies. Octobre 1988 avait son fameux « Bab El Oued Echouhada ». Les émeutes du printemps noir leur « pouvoir assassin » et le tonitruant « Ulac smah ulah » (pas de pardon).
Les manifs des démocrates au début des années 1990 leur fougueux « Djazaïr horra dimocratia » (Algérie libre et démocratique). Qu’en est-il de la révolte de janvier 2011 ? Le thème de la cherté de la vie semble revenir comme un leitmotiv pour expliquer ces émeutes et leur donner du contenu, que résume parfaitement ce slogan qui a été scandé: « Rahoum zadou fezzit ouessokar, echaâb rahou habet ikassar ! » (Ils ont augmenté l’huile et le sucre, le peuple est décidé à en découdre). Pourtant, cela ne semble pas faire consensus.
Nombre de citoyens interrogés, qu’ils soient acteurs de ces soulèvements ou simples observateurs, estiment que la majorité des insurgés ont jailli spontanément, les uns poussés effectivement par le ras-le-bol, la misère sociale et la mal vie, d’autres agissant par mimétisme. Mais pas de tract, ni de banderole, ni de pancarte, ni de charte écrite. Devant le lycée Okba, à Bab El Oued, des jeunes s’amusent à placarder des affichettes sur un mur. Renseignement pris, il s’avère que cela n’a rien à voir avec les émeutes. C’est juste pour annoncer l’ouverture d’une nouvelle école de formation privée. Indice révélateur à ce propos: nous avons essayé de trouver trace de quelques graffitis sur les murs des quartiers d’Alger récemment embrasés. Il n’y en avait que pour « el harga », Italia, le Mouloudia et l’USMA, mais aucun mot sur les récentes manifs. Quand on sait l’importance des murs comme supports d’expression, on peut mesurer le « blanc » laissé par ce soulèvement en termes de contenus.
Rétrospectivement, on se souvient que même Octobre 1988, sur la foi de nombreux témoignages, n’avait pas immédiatement brandi de revendications politiques. Il a fallu puiser dans l’immense réservoir des luttes sociales et politiques qui ont jalonné les années 1980, depuis le printemps berbère, pour donner un contenu politique à Octobre 1988 et l’habiller d’une plateforme de revendications. Celle-ci trouvait son ancrage dans les traditions militantes héritées du MCB, du FFS, du PAGS, de la LADDH et autres sigles de la mouvance démocratique tapie dans la clandestinité. « Aujourd’hui, quand on voit l’état de l’université, on mesure la régression et l’appauvrissement du terreau politique alors que dans les années 1980, l’université connaissait une effervescence militante exceptionnelle qui a alimenté Octobre 1988 », analyse un enseignant rencontré à Bab El Oued. Pour lui, il serait présomptueux, voire démagogique, de prêter au mouvement actuel des revendications « sophistiquées ».
A la recherche de la société civile
Selon lui, même les raisons avancées, centrées autour de «la cherté de la vie» ont été ajoutées après coup. « C’est vrai que la cherté de la vie est insoutenable. Mais les jeunes manifestants, eux, n’ont rien dit de tel. C’est vous, la presse, qui avez inventé ces slogans. » Et un de ses collègues de renchérir: « Cela nécessite un profond travail d’encadrement mettant à contribution tout un tissu d’associations, de partis politiques et de syndicats.» Un troisième de faire remarquer: «On ne dit pas que ce mouvement n’est pas légitime. Simplement, nous ne sommes pas d’accord avec la manière. » Et son acolyte de lancer: « Nous, nous sommes dans un syndicat d’enseignants et nous militons pour nos droits par ce canal. Nous avons de petits acquis, mais nous préférons la voie pacifique traditionnelle. Il faut revenir à ces canaux de lutte qui sont le baromètre d’une société civile forte. »
Justement, et c’est là que le bât blesse, le verrouillage du champ politique, associatif et syndical rendant problématique toute action citoyenne « encadrée » et « canalisée », le recours à la violence à l’état brut devient presque une fatalité. Interrogé sur ses propres attentes de ce mouvement, un jeune, dans les 18 ans, qui a pris part aux émeutes de Bab El Oued, témoigne: « Moi je vous le dis franchement, ce qui nous fait agir, c’est l’attitude de la police. Hier, un groupe de flics en civil sont venus ici et on les a chassés. » Le jeune évoque au passage le cas de certains « pilleurs professionnels » qui « profitent de la situation pour racketter les gens et vider les magasins ». Mais l’on aurait évidemment tort de généraliser en réduisant cette lame de fond à un autre « chahut de gamins ».
Si le séisme social qui vient d’ébranler la maison Algérie a été brut, spontané et radical dans son expression, un cri sourdant du plus profond de l’injustice sociale qui accable la population, ne s’embarrassant pas trop des discours et des formules de rhétorique, force est de constater que trois jours après la tempête, des voix commencent à s’élever pour injecter des idées, des revendications écrites, du contenu politique à l’intérieur de ce magma de colère. Jusqu’ici, les classes moyennes semblaient se conduire en spectatrices.
Peut-être que cette semaine sera annonciatrice d’une nouvelle phase dans le mouvement... ou que l’heure sera à la capitalisation citoyenne de ce tsunami.
Des initiatives citoyennes sont d’ores et déjà en train d’être lancées dans ce sens. C’est ainsi que le Comité citoyen intercommunal de Aïn Benian-Staouéli vient d’être créé pour accompagner ce souffle. Sous le titre « Pour une alternative citoyenne et populaire », un premier communiqué de ce comité vient d’être rendu public sur facebook. « La rage de notre jeunesse exprime le ras-le-bol de tout un peuple à qui le pouvoir n’a laissé que la harga, la zatla et le suicide », s’indignent les rédacteurs du communiqué, avant d’appeler à un rassemblement pacifique ce dimanche à 16h, sur la place des Dauphins à Staouéli. « Certains font la morale aux jeunes manifestants en les traitant de casseurs et de voyous. Pourquoi tous ces augustes citoyens ne descendent-ils pas dans la rue pour montrer l’exemple ? », lâche un membre du comité de Aïn Benian.
Les classes moyennes et la classe politique savent, désormais, ce qu’ils ont à faire s’ils veulent transformer cet hiver impétueux en printemps démocratique…
Mustapha Benfodil
a écrit :
Semmar, la banlieue pauvre d'Alger, où circulent des milliards
De Amer OUALI (AFP) – Il y a 14 heures
ALGER — Rues boueuses et défoncées, éclairage inexistant, et constructions grossières, Semmar, à l'est d'Alger, a l'apparence pauvre d'un quartier déshérité.
Mais cette banlieue sombre est le royaume des grossistes alimentaires qui brassent des milliards de dinars et ont été mis en cause dans la flambée des prix qui a provoqué cinq jours d'émeutes meurtrières.
L'activité qui s'y déploie échappe au contrôle de l'état, et au fisc qui a tenté d'imposer l'usage des chèques pour les transactions les plus importantes: une mesure que beaucoup considèrent comme la cause des troubles récents.
La méfiance règne à Semmar et, mardi, un journaliste de l'AFP a été invité par un employé d'un commerce de gros à ranger stylo et calepin. "Si on vous confond avec un contrôleur du fisc vous risquez d'être agresséé", a assuré le jeune homme. "Faites attention en repartant", a-t-il conseillé.
Les grossistes s'y sont installés à la fin des années 90, aprés une période où cette zone islamiste était secouée par des attentats quotidiens.
L'Etat, étranglé par sa dette, avait alors décidé de lever son monopole sur le commerce extérieur, poussé par les institutions financières internationales.
Les sociétés "d'import-import" se sont multipliées, concentrant leurs activités sur l'imporation de produits et de biens de tous genres, dans un pays dont l'essentiel des exportations est représenté par le pétrole et le gaz.
A Semmar, les dépôts se résument à des locaux aux plafonds hauts, aux murs nus et au sol en béton. Derrière de lourdes portes métalliques s'entassent des marchandises importées de tous les continents. A l'extérieur, attendent des camions venus des quatre coins d'Algérie.
En face des entrepôts s'élève un haut mur gris, le long d'une voie ferrée. Il cache un bidonville, avec ses baraques en parpaings et en tôles dont les toits sont lestés de pierres et de pneus pour résister aux bourrasques de vent. Dans les tas d'ordures, des moutons cherchent une maigre pitance.
Un commerçant se souvient comment, toujours à la fin des années 90, la municipalité de Semmar a attribué gratuitement des lôts à bâtir à des habitants que la misère risquait de pousser "dans les bras des groupes armés". Et comment se sont alors noués les destins de plusieurs communautés.
Les importateurs ont offert aux habitants démunis de construire des dépôts de marchandises dont ils deviendraient les locataires. Rapidement, le lieu est devenu le temple d'une économie parallèle "où les milliards en liquide circulent tous les jours, loin des circuits officiels et du fisc", explique le même commerçant.
Longue barbe, silhouette fine, sweet marron sur gandoura grise, l'homme se tenait discrètement à l'écart de son local. Et il avoue ne s'en approcher que lorsqu'il est assuré de la qualité du visiteur, dans cette zone islamiste où les agents de l'Etat ne sont pas les bienvenus.
"Lorsqu'on devine la visite d'un contrôleur du fisc, on se passe rapidement le mot grâce à des guetteurs et on ferme", confesse un autre commerçant.
"Si l'agent de l'Etat parvient quand même à rentrer dans un local, il va se retrouver face à un employé qui va jouer l'idiot et qui, de toute façon, n'a aucun document à lui présenter", ajoute-t-il.
Pour juguler cette économie parallèle et arrêter l'évasion fiscale, le gouvernement a décidé de généraliser l'utilisation du chèque, rare en Algérie, pour les paiements supérieurs à 500.000 dinars (5.000 euros) dès fin mars.
Les grossistes ont anticipé les sommes à verser au fisc et ont augmenté les prix, déclenchant la colère des consommateurs. Le gouvernement a décidé d'attendre.
"La loi dit que les paiements supérieurs à 500.000 dinars doivent être réglés par chèque mais elle ne fixe pas de date", a expliqué dimanche à l'AFP le ministre de l'Intérieur Dahou Ould Kablia. "Ce que la voie réglementaire a fait elle peut le défaire et elle peut le corriger".
a écrit :TSA - 11 jan 2011
http://www.tsa-algerie.com/economie-et-bus...hain_13710.html
Conséquence de l'obligation d'utiliser le chèque
Une hausse générale des prix inévitable à partir d’avril prochain
par Hamide Guemache
L’épisode de la flambée des prix du sucre et de l’huile n’est qu’un avant-goût de ce qui attend le consommateur algérien dans les prochains mois. L’obligation de payer par chèque les transactions commerciales supérieures à 500 000 dinars à partir du 31 mars 2011 conduira inévitablement à une hausse générale des prix, préviennent des économistes interrogés par TSA. Cette fois, le sucre et l’huile ne seront pas les seuls concernés. « Les prix de tous les produits vont augmenter. Il n’y a aucun doute », affirme un économiste. Et les hausses vont être brutales, en moyenne de 20 %.
Comment les prix vont-ils augmenter ? Actuellement, le commerce en Algérie est dominé par l’informel. Les grossistes ne facturent pas la TVA et la TAP. Ensemble, elles représentent un total de 19 %. Ils ne paient pas non plus les charges sociales, ne déclarent pas la totalité de leurs employés et trichent sur les salaires. L’entrée en vigueur de l’obligation de paiement par chèque et de facturation à partir du 31 mars va obliger les grossistes à intégrer tous ces éléments dans les prix.
Actuellement, les commerçants facturent la TVA aux clients qui exigent une facture pour leurs achats. Mais en échange du document, le commerçant applique la TVA. Exemple : dans les boutiques de matériel informatique, une imprimante est vendue 10 000 DA sans facture mais 12 000 DA avec facture. Actuellement, seules les entreprises exigent une facture car elles récupèrent la TVA. Mais avec les nouvelles lois, la facturation de la TVA devient obligatoire pour tout le monde, y compris les particuliers.
L’exemple de l’imprimante s’applique à tous les autres produits, hormis les articles vendus dans les rares magasins qui pratiquent déjà la facturation. Autre exemple plus surprenant : dans les boucheries, le kilogramme d’escalope de dinde coûte 580 dinars, sans TVA. Il est facturé à 850 dinars aux clients qui exigent la facture pour les besoins de leur comptabilité. « Lorsque j’achète de la dinde pour la cantine de la société, on la paie 850 dinars. Lorsque j’achète le même produit pour moi, je le paie 580 dinars », affirme le financier d’une entreprise. Selon des économistes interrogés par TSA, la majorité des produits augmenteront d’au moins 19 % à partir du 31 mars prochain, en raison de l’imposition du chèque dans les transactions commerciales supérieures à 500 000 dinars.
Début janvier, les grossistes, pour se préparer à la nouvelle loi, ont augmenté les prix du sucre, de la farine, de l’huile, en facturant la TVA et la TAP aux demi-grossistes, qui à leur tour ont comptabilisé ces deux taxes TVA aux détaillants. Résultat ; les prix ont flambé parce que la TVA et la TAP sont supportées par le consommateur final. « On a fait cela pour se préparer à la venue du chèque. Sans taxes, je prenais une marge d’un dinar sur un kilo de sucre, Avec les taxes, je suis obligé de prendre 10 dinars comme marge pour faire face aux charges », explique un grossiste de produits alimentaires.
Les commerçants vont également revoir leur prix à la hausse s’ils sont obligés de déclarer la totalité de leur personnel à la sécurité sociale. « Les charges sociales représentent 9 % du salaire d’un employé. Elles seront répercutées sur le prix de vente et supportées par le consommateur final », explique un économiste.
Pour réduire le poids de l’informel, le gouvernement a pris une série de mesures visiblement sans calculer leurs conséquences sur le consommateur et la paix sociale. Au lieu de lutter progressivement contre l’informel en l’étouffant via le développement d’un véritable système bancaire et d’un réseau de distribution dans le pays, les autorités ont choisi la voie des décrets et des lois décidées à la hâte par des bureaucrates.
a écrit :TSA - 18 jan 2011
Par crainte de nouvelles émeutes
Le ministère de l’Intérieur ordonne aux autorités locales de se débarrasser des pneus usagés
http://www.tsa-algerie.com/divers/le-minis...ages_13849.html
Le ministère de l’Intérieur multiplie les mesures pour éviter de nouvelles émeutes populaires. Le département de Daho Ould Kablia a instruit les autorités locales (walis, chefs de daïras et élus communaux) de nettoyer les rues et les quartiers des vieux pneumatiques usagés que les émeutiers utilisent lors des manifestations populaires, a-t-on appris mardi de source proche du dossier. Le ministère de l’Intérieur a également demandé aux vulcanisateurs de se débarrasser de leurs stocks de pneus usagés pour éviter qu’ils soient utilisés dans d’éventuelles émeutes pour barrer les routes. Les communes d’Alger ont déjà entamé l’application de l’instruction du ministère de l’Intérieur.
Le gouvernement craint la contagion de la révolution tunisienne qui a conduit au départ du président Ben Ali, après 23 ans de règne sans partage sur la Tunisie. Les risques de reprise des émeutes contre la cherté de la vie qui ont endeuillé l’Algérie du 5 au 10 janvier sont réels avec la multiplication des tentatives d’immolation par le feu de la part de chômeurs et demandeurs de logements. Le ministère de l’Intérieur avait déjà enjoint les autorités locales de geler la destruction d’habitats précaires pour éviter l’embrasement du front social.
Rania Slimane
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Pour prévenir les dérapages lors des manifestations
L’UGTA installe des comités de vigilance dans les entreprises
http://www.tsa-algerie.com/divers/l-ugta-i...ises_13844.html
L’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a décidé d’installer des comités de vigilance au sein des entreprises publiques. « L'installation de ces comités de "vigilance" a pour objectif la prévention de tout dérapage pouvant toucher l'outil de travail des entreprises lors des manifestations », a précisé un cadre syndical, cité par l’agence APS.
Réunis mardi à Alger, en présence du secrétaire général Abdelmadjid Sidi Saïd et de Salah Djenouhat, SG de l’union de wilaya d’Alger, les responsables des unions locales de l’UGTA et les responsables des zones industrielles de Rouiba, Reghaïa, Oued Smar, El Harrach, Cheraga et Baba Hassen ainsi que les responsables des ports et aéroports ont été instruits pour « sensibiliser les travailleurs sur l’instauration et le maintien d'un climat sain dans le milieu du travail », rapporte la même source.
Sonia Lyes
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Pour éviter de nouvelles tensions sociales
L’Union générale des commerçants appelle les boulangers à assurer la disponibilité du pain
http://www.tsa-algerie.com/divers/l-union-...pain_13851.html
Plus d’une semaine après la décision du gouvernement de baisser les prix du sucre et de l’huile, des commerçants continuent à pratiquer des prix supérieurs aux plafonds fixés. L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a appelé, mardi 18 janvier, les commerçants de gros et les détaillants « à respecter les dernières mesures prises par le Gouvernement relatives à la baisse des prix de certains produits alimentaires de large consommation ».
L’Union des commerçants a également appelé « les boulangers à respecter les prix soutenus et réglementés par le Gouvernement et à ouvrir leurs locaux en assurant des permanences afin de garantir l'approvisionnement des citoyens, et à respecter les prix du pain tout en assurant sa disponibilité ». Elle a demandé aux boulangers d’attendre « les résultats du dialogue en cours entre l'Union générale des boulangers et le ministère du Commerce en vue d'alléger les charges de ces artisans ».
L’UGCAA a relevé la disponibilité de la farine au niveau de toutes les minoteries à travers le territoire national selon les prix déterminés par le gouvernement. L’Union des commerçants a demandé aux commerçants et artisans d'être vigilants face aux « rumeurs qui visent à porter atteinte à l'économie nationale et ternir l'image de l'Algérie ».
Dimanche dernier, l’opération de contrôle des prix initiée par le ministère du Commerce s’était soldée par un échec. Le même jour, de nombreux grossistes ont fermé leurs magasins pour éviter d’être contrôlés.
Riyad Hamadi
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Pour tenter d’absorber la colère des chômeurs
Le gouvernement presse les entreprises publiques de créer des emplois avec effet immédiat
http://www.tsa-algerie.com/divers/le-gouve...diat_13841.html
Après les importations massives, les emplois artificiels. Pour calmer le front social en ébullition depuis quelques semaines en raison du chômage et de la mal-vie, le gouvernement multiplie les recettes. Dernière initiative en date, il a demandé aux entreprises et banques publiques de créer rapidement des emplois. Selon nos informations, plusieurs organismes publics ont reçu l’instruction de préparer un plan d’embauche et de le présenter dès aujourd’hui à leur tutelle.
« Le gouvernement nous a demandé de créer des emplois avec effet immédiat, même si nous n’en avons pas vraiment besoin », affirme à TSA un dirigeant d’une entreprise publique. « Le gouvernement a demandé de présenter un plan sur nos possibilités de recrutement », confirme un autre chef d’entreprise qui a requis l’anonymat.
Les entreprises des travaux publics et du bâtiment ont reçu des ordres de la part des ministres dont elles dépendent pour créer rapidement le maximum d’emplois. Le gouvernement veut ainsi absorber la colère des chômeurs, dont sept ont dernièrement recouru à une tentative d’immolation par le feu pour réclamer du travail.
Officiellement, le taux de chômage est de 10 % en Algérie. Mais ce chiffre ne reflète pas la réalité. Le gouvernement n’arrive pas à offrir du travail aux 120 000 nouveaux diplômés qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Toutefois, le problème du chômage n’est pas seulement lié à la situation économique du pays. Depuis deux ans au moins, le gouvernement bloque de nombreux projets d’investissements nationaux et étrangers.
Si l’absence d’autorisations pour les projets émanant d’investisseurs étrangers est liée à la volonté du gouvernement de contrôler le flux des devises qui sortent du pays, les blocages concernant des privés algériens est plus difficile à expliquer. « Il y a dix ans, on pouvait créer une entreprise et commencer à travailler en l’espace de dix jours. Avec un récépissé délivré par l’administration, on pouvait même importer du matériel. Aujourd’hui, tout est bloqué. Les dossiers attendent plusieurs mois, parfois sans réponse », se plaint un chef d’entreprise privée. « On peut créer des emplois. Mais le gouvernement doit d’abord autoriser les projets et cesser les blocages », conclut-il. Mohamed Benmeradi, ministre de l’Industrie, n’a-t-il pas affirmé début janvier que Renault et Volkswagen voulaient investir en Algérie mais que le gouvernement était en train de « réfléchir » ?
Ali Idir
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TSA - 17 jan 2011
http://www.tsa-algerie.com/economie-et-bus...utes_13821.html
L’Algérie multiplie les commandes de blé pour prévenir des émeutes
L’Algérie s’approvisionne massivement en blé. Depuis le début de l’année 2011, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a acheté plus d’un million de tonnes de blé meunier. Selon des traders européens cités par l’agence Reuters, l’OAIC a acheté en fin de semaine dernière au moins 600 000 tonnes de blé. Il recherche au moins 50 000 tonnes de blé dur. L'un des traders a estimé que l'office pouvait ainsi avoir acheté jusqu'à 750 000 tonnes de blé meunier pour alimenter les moulins du pays.
« Manifestement, ils cherchent à constituer des stocks de réserve », a dit un trader, estimant « fortement probables » des consignes gouvernementales en ce sens, selon Reuters. « Il faut qu'ils achètent. Ils ont peur de ce qui se passe ailleurs », a ajouté un autre, faisant allusion aux émeutes tunisiennes. Selon les sources, l'Algérie aurait payé le blé entre 360 et 365 dollars la tonne, coût et fret. Selon des données compilées par Reuters, un peu plus de deux millions de tonnes de blé tendre ont déjà été chargées vers l'Algérie depuis le début de la campagne.
Ces achats interviennent en pleine période de tensions sociales provoquées en partie par des hausses des produits de première nécessité. Depuis le 8 janvier, le quota de blé tendre livré aux transformateurs est passé de 50 à 60 %. Une mesure gouvernementale qui vise à prévenir la pénurie de farine sur le marché. « Aujourd’hui, 100 % des transformateurs reçoivent leurs quotas dans le cadre de ces nouvelles dispositions. L’office dispose de suffisamment de stocks pour assurer la disponibilité du produit jusqu’à la fin du deuxième trimestre 2011 », a déclaré, le 11 janvier Noureddine Kahel, directeur général de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC).
Le blé est un produit subventionné en Algérie. Ces mesures en faveur du blé viennent s’ajouter à celles annoncées pour le sucre et l’huile. Le gouvernement a décidé d’importantes baisses de taxes pour faire face à la hausse de ces produits sur les marchés internationaux. Mais les prix des produits alimentaires devraient poursuivre leur hausse sur les marchés internationaux. Une tendance de fond que l’Algérie aura du mal à combattre uniquement à coups de subventions et de suppressions de taxes. Dans les prochains mois, le gouvernement pourrait être confronté de nouveau à des situations similaires à celles qui étaient en partie à l’origine des dernières émeutes.
Cette situation illustre les limites de la gestion administrative de l’économie, en vigueur depuis deux ans à la faveur des lois et des mesures sur le patriotisme économique. Une législation restrictive et fiscaliste a paradoxalement favorisé le retour des importations que le gouvernement promettait de combattre.
Sonia Lyes
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