Comment ne pas faire bouger les choses...

[volia]

C'est de politique qu'il faut causer.

Les questions à résoudre sont en définitive assez simples : comment faire pour changer la situation politique actuelle  : un gouvernement Sarkozy fortement affaibli, un début de division dans la bourgeoisie, une volonté des travailleurs d'en découdre mais un barrage des appareils syndicaux réformistes (de la CGT à FO en passant par l'UNSA, etc)

Ben non, justement, on n'est pas d'accord là dessus.
Qu'est-ce qui te permet de dire que les travailleurs ont envie d'en découdre ?
La manif de mardi ? Franchement, je ne suis pas sis vieux, mais j'en ai vu des plus grosses, des plus combattives.
L'ambiance, les discussions qu'on peut avoir ? c'est pas tellement le ton je trouve.

Et puis, les syndicats ne freinent rien. La CGT a fait le boulot pour le 7, la CFDT aussi (les autres je ne sais pas). Les centrales ne sont en rien débordées ou prises de vitesse.

[pelon]

polo, nous ne faisons pas de la politique de la même manière. Si nous affirmions comme toi "une volonté des travailleurs d'en découdre mais un barrage des appareils syndicaux réformistes" c'est que nous l'aurions vérifié (la première partie de ton affirmation, la 2ème n'ayant pas de sens sans la 1ère) ou au moins essayé de le vérifier. Quand on te donne des exemples de ce qui se passe dans les entreprises cela te parait anecdotique. Tu n'essaies même pas de donner des contre-exemples. Peut-être cela te serait-il difficile.
Quant à cette manière de mettre au pied du mur les directions syndicales chère au courant lambertiste, elle ne m'a jamais convaincu. Soit on n'est pas dans une période de lutte et cela ne reste qu'un petit jeu de militants qui se passe complètement à l'insu de la classe ouvrière et n'a donc aucun impact; soit on est dans une période de lutte généralisée où la classe ouvrière montre sa force et c'est la direction du mouvement qui est en jeu. Cela ne nous empêche pas aujourd'hui de nous adresser directement aux travailleurs car c'est une évolution de la conscience et de la combativité qui pourra permettre de rentrer dans une nouvelle période.
Mais encore une fois, comme te l'a expliqué volia, nous ne voyons pas la situation avec les mêmes yeux. A partir de là nous ne pouvons pas raisonner de la même manière. Menez votre politique, nous mènerons la nôtre. Et moi j'en resterai là d'une discussion qui n'en est pas vraiment une.

[Ottokar]

Pelon a raison (j'ai sauté Polo et son million à l'assemblée rituel), les syndicats ne sont pas débordés, ils en sont au niveau où en sont les gens en ce moment. Cela pouvait se sentir avant. En caravane à la fin aout par exemple, les gens que nous rencontrions voulaient aller au 7, ce qui montrait que ce serait un succès, mais ne pensaient pas qu'on gagnerait.

Faire une manif le 23, 15 jours après, dire comme Chérèque qu'on peut ENCORE gagner (ce qui signifie qu'on a déjà à moitié perdu), cela correspond au sentiment des gens en ce moment, mais cela ne permettra pas de gagner.

Faire reculer le gouvernement serait tenir un autre langage, montrant qu'on n'a pas le choix, qu'il faut taper plus fort, qu'on ne lâchera pas l'affaire, etc. Et tenter d'en convaincre les gens.

Les syndicats ne tiendront pas ce langage et il est impossible de les déborder si les travailleurs n'ont pas cette volonté de gagner en tête. Il faut donc préparer le 23, tâcher que ce soit un succès, noter attentivement ce qui se passe (j'ai d'autres exemples concrets comme Pelon) et voir alors si l'état d'esprit change. C'est le succès des mobilisations, couplé avec l'attitude du gouvernement, qui peut faire changer les choses. Notre propagande n'a qu'un bien trop faible effet. Si les centrales syndicales menaient la même propagande que nous, un peu comme le LKP l'a fait aux Antilles, peut-être réussirions-nous à changer ce climat, malgré les reculs accumulés, la crise, etc.

Mais il ne sert à rien de prendre ses désirs pour des réalités et sa vessie pour un Front unique... Allez, tous en grève le 23 !

[Ottokar]

on lit ce qu'on a envie de lire, comme toujours, et on comprend ce qu'on peut.

Il y a certains rapports (que je n'ose dire dialectiques) entre les directions et les travailleurs. Dire que les travailleurs ne débordent pas, n'ont pas la rage, ne demandent pas plus que ce qu'on leur propose, c'est un constat, pas une mise en accusation (de qui ? au nom de quoi ?). Si les syndicats avaient une autre politique, s'ils avaient ne serait-ce que l'attitude de 95 ou du LKP, les choses pourraient changer. Peut-être. Et encore, ce n'est pas sûr. Mais au moins, on aurait essayé, on n'aurait pas été en deçà de ce que veulent les gens.

Mais cela, ils ne le feront pas.

Quant à faire des batailles de motions (dans des syndicats d'enseignants, en plus) c'est du crétinisme parlementaire... sans parlement. Ou en d'autres termes, c'est prendre sa vessie pour une lanterne.

[titi]

en ce moment, ce que je raconte au boulot, c'est
- qu'on peut encore gagner, car ce n'est pas parce que le texte a été voté à l'assemblée, que c'est fini, en donnant les autres exemples historiques
- que la réforme est une attaque contre le niveau de vie des futurs retraités (le chomage des "seniors" = manque de trimestres = baisse des pensions), ce chomage des seniors étant évoqué par le gouvernement lui meme
- que la réforme est une attaque contre le niveau de vie de tous les travailleurs, cf les hausses de cotisation chomage qui s'annoncent, cf là encore le gouvernement lui meme
- que toute cette réforme, c'est le patronat qui cherche encore à gagner plus, en prenant sur notre dos, par tous les moyens
- et pour ceux avec qui je peux aller plus loin, discussion générale sur le socialisme...
bref rien d'original pour nous, mais si le moral n'est toujours pas là, lça gronde quand meme, ça discute bien plus que d'habitude, et c'est une période où j'ai l'impression qu'on m'écoute plus

donc là pendant les 2 semaines qui viennent, je vais encore et encore et encore discuter avec ceux autour de moi, et pas uniquement ceux qui sont venus à la manifs, aussi les autres, qui ne manifestent pas car ce n'est pas leur "habitude", qui ne voient pas plus loin que la journée de salaire perdu (meme si chez nous, pme, les quelques uns qui sont venus ont posé un rtt pour aller manifester, la grève ce n'est pas encore ça)

d'ailleurs j'y vais...