Sanctionnés pour délit de pédagogie

Message par abounouwas » 02 Oct 2010, 20:30

La notation est une mesure,
il n'est pas clair que tout le monde ici mette derrière ce mot les mêmes choses.
Que cela constitue une fin en soi, un fétiche qui voudrait rendre compte du prétendu mérite dans le cadre de l'école bourgeoise (laquelle, au mieux, reproduit les inégalités de classe), il semble qu'on soit une écrasante majorité contre sur ce forum.
Que l'on refuse en revanche à l'enseignant et à l'élève à un moment donné de voir où l'on en est dans l'apprentissage, alors là, en ce qui me concerne, c'est de la démagogie pure et simple.
Tout le problème est que cette note soit juste, c'est-à-dire qu'elle reflète au plus près ce qu'un effort a produit à partir d'une situation donnée et d'une interaction qu'on appelle le cours. Cela évite de mentir aux élèves (comme c'est le cas par exemple avec les examens nationaux dont la notation échappe aux enseignants pour une bonne partie).
Pour résumer, cela doit rester un outil pédagogique, par une statistique au service de la bourgeoisie et de son État. Une note est là pour mesurer, pas pour casser.
abounouwas
 
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Message par Matrok » 02 Oct 2010, 21:57

Assez d'accord avec abounouwas.

Je dois préciser que je ne suis pas prof non plus, mais étant d'une famille de profs je trouve également très démago cette idée de supprimer les notes, et très dubitatif sur l'application stricte de méthodes dîtes "pédagogie Freinet", genre Philippe Meirieu. Sur le cas dont parle Valière je ne sais à vrai dire rien, mais il ne me semble pas impossible que des gens se réclament de ce courant et soient par ailleurs incompétents.

Le message de Gédéon a été visiblement mal compris. Je n'y vois aucun mépris de classe car des gens à l'orthographe catastrophique j'en ai vu de diverses origines, et même jusqu'à un niveau d'étude relativement élevé : c'est quand ils arrivent au moment de rédiger un CV et une lettre de motivation que la catastrophe ne peut plus être masquée. Il fait visiblement référence à une ânerie propagée il y a quelques années par des tenants de la pédagogie Freinet - je ne suis pas sûr que c'était Meirieu, mais c'était typique de l'époque où il a collaboré avec Claude Allègre au ministère de l'éducation nationale. On entendait dire que les fautes d'orthographe et de grammaire étaient la preuve de la créativité des pauvres choux injustement brimés par une éducation nationale totalitaire. Ce genre de bêtises n'est qu'une façon de renoncer à une école qui obtiendrait des résultats.
Matrok
 
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Message par Wapi » 02 Oct 2010, 23:54

Eh bien pour ma part je suis largement d'accord avec Quidam, et je comprends l'indignation de Crockette sur le fait qu'on note les élèves bien trop jeunes, sans se poser une seule seconde la question de l'identification de l'élève à sa note, surtout quand elle est infâmante, sans compter que les bonnes notes produisent facilement et souvent des élèves prétentieux.

Si les mauvaises notes mises aux élèves suffisaient à faire disparaître la dysorthographie, ça se saurait, non ? A ce compte là, il ne devrait plus y en avoir depuis longtemps...

Cela traduit à mon sens un manque terrible d'imagination dans la façon de rendre compte de la progression ou de la stagnation des jeunes. Et cela n'a absolument rien à voir, mais alors rien du tout avec le maintien d'exigences élevées pour ceux qui sont en situation d'apprendre.

Aujourd'hui, on assiste à un retour en force de la notation, du classement, et de la mise en concurrence des élèves entre eux, des écoles entre elles, des collèges, des lycées. Etre un bon prof, aux yeux de l'administration, c'est produire beaucoup de notes. Gare à ceux qui refusent les "évaluations" au niveau ou ça se pratique.

Tout ceci accompagne la casse de l'école, comment ne pas le remarquer ?


Et puis aujourd'hui les agences de notation fleurissent partout. Les "pays", les hôpitaux, les universités, les salariés aussi sont notés à tour de bras. N'est-ce pas la même logique qui est à l'oeuvre ?

Comment peut-on défendre le fait de noter des enfants et refuser que des adultes le soient ?



Wapi
 
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Message par Zelda » 03 Oct 2010, 07:16

a écrit :Comment peut-on défendre le fait de noter des enfants et refuser que des adultes le soient ?


Peut-être parce qu'un enfant et un adulte, ce n'est pas pareil. Tu te rappelles, un enfant il "faut" l'éduquer, un adulte est censé être déjà éduqué dans les grandes lignes. :roll:

Peut-être pour les mêmes raisons qu'il n'est pas recommandé d'introduire de la négociation dans l'éducation des jeunes enfants, sauf à prendre le risque de le paumer totalement (il faut avoir acquis les repères AVANT de pouvoir négocier dessus), tandis que l'on peut l'insérer chez les ados.

C'est pas un peu une fausse barbe cette histoire de notation qui classerait les élèves de façon malsaine, qui les rendrait prétentieux ou malheureux ? Si tu fais un autre type d'évaluation, tu pourras jamais empêcher les mômes de parler entre eux et de s'envoyer des trucs à la tête, du style "Et ben moi, j'ai un "acquis" sur toutes mes compétences heu..."

Si tu décrètes que les enfants se montrent plus de choses entre eux, ça peut aussi être vécu comme encore plus humiliant pour les gamins pas scolaires...

Les enfants sont les enfants, je pense qu'ils seront toujours en compétition devant le professeur, qu'ils admirent et à qui ils veulent ressembler. Enfin, ça, c'est quand ça se passe bien en tout cas.

Ca ne change pas grand chose à mon avis, cette histoire de notation.

Je crois que l'on pourra dire de toutes les méthodes : "Voyez comment le gouvernement s'en sert pour faire des économies. N'est ce pas la preuve que..."

Ben non, apparemment, le gouvernement fait feu de tout bois pour faire des économies, et ce n'est pas une validation ni invalidation d'une méthode, mais juste la preuve que le gouvernement est au service des riches.

En somme, je dirais plutôt la réciproque : les deux méthodes, si elles sont appliquées avec de bons moyens budgétaires, ont fait leurs preuves. Ce qu'il faudrait, c'est que l'école s'adapte au gamin et quand elle en voit un en échec, puisse lui proposer un plan B (oups, une méthode B ), plutôt que d'avoir une politique éducative mono-méthode. Ca manque totalement de souplesse la scolarité, et en plus, comme c'est long et lourd, on comprend que ça génère des dégoûts définitifs pour les études.
Zelda
 
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Message par Valiere » 03 Oct 2010, 08:56

Je ne rentrerais pas dans le débat sur la notation des élèves car là n'est pas mon propos mais sur le délit pédagogique.
Hier et encore aujourd'hui il y a l'inspection notation : des technocrates qui n'ont jamais enseigné d'ailleurs viennent visiter une classe et noter un enseignant.
Aujourd'hui l'administration veut mettre au pas tous les enseignants différents qui refusent la pédagogie officielle ou qui refusent la chasse à l'enfant organisé par ce gouvernement (sans papier).
Son action est relayée par une délation-dénonciation faite par des groupuscules comme SOS Education....
Valiere
 
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Message par yannalan » 03 Oct 2010, 09:30

Travailler en Freinet est intéressant mais très lourd pour l'enseignant. On peut discuter de l'efficacité ou pas de la méthode, mais je connais un tas d'écoles où ca fonctionne. Sur l'orthographe, il -y a un travail quotidien, dans la mesure où les élèves écrivent beaucoup et les textes sont corrigés et relus avant édition.
Meirieu et Freinet sont deux choses différentes.
Ce qui pose problème c'est l'emprunt de certaines techniques à Freinet par l"'administration et la tentative de les généraliser en dehors de tout l'esprit de la méthode. Par exemple, balancer d'un coup des cahiers de compétences dans les collèges à des enseignants qui n'en ont pas envie et sans aucun outil.
Pour les notes, il y a eu de nombreuses études sur leur fiabilité, c'est pas triste! Pour les élèves, surtout en secondaire, on en arrive à rechercher "la moyenne". Comme j'ai expliqué aux parents des miens, quand on appelle le plombier pour une fuite, on attend qu'elle soit totalement bouchée, pas à moitié et en scolaire aussi, le but est d'arriver au bout correctement, pas de naviguer entre deux eaux.
Faut-il aussi noter de la même façon un gamin qui se défonce et n'y arrive pas et un fouteur de zone qui s'en fout ?
Pour certains élèves, ça demande un sérieux coup de main et c'est là que se pose le problème des moyens
yannalan
 
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Message par Zelda » 03 Oct 2010, 09:31

a écrit :Hier et encore aujourd'hui il y a l'inspection notation : des technocrates qui n'ont jamais enseigné d'ailleurs viennent visiter une classe et noter un enseignant.


Et tiens puisqu'on parlait de la notation des adultes, Wapi, tu es contre la notation des profs ?

Moi, je suis contre telle qu'elle est faite actuellement par des inspecteurs (qui sont contrairement à ce que dit Valière, souvent d'anciens profs, mais ça ne change rien, ce qui est choquant effectivement, c'est qu'ils jugent le travail de plusieurs années sur une heure subjective et qu'ils te donnent des conseils du haut de leur chaire de supérieur hiérarchique qui ne met plus les mains dans le cambouis, juste dans la pédagogie théorique, et ça, c'est forcément plus cool).

Mais sur le principe, je suis pour que les enseignants à qui l'on confie des dizaines ou des centaines d'enfants ou d'ados chacun chaque année soient évalués. Le mieux serait sans doute que tous les enseignants soient naturellement observateurs et observés à tour de rôle. Ca romprait l'isolement que ressentent souvent les profs, et ça promettrait probablement des échanges passionnants, sans présence de la hiérarchie, chef d'établissement ou inspecteur. Un prof serait sans doute surpris de voir qu'un élève qui ne bronche pas chez lui bronche chez le collègue... ou la réciproque !
Zelda
 
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Message par Zelda » 03 Oct 2010, 09:40

a écrit :Faut-il aussi noter de la même façon un gamin qui se défonce et n'y arrive pas et un fouteur de zone qui s'en fout ?


Excellente question Yannalan.
En lycée pro, où cette question est un problème de survie de la classe et de l'enseignant, la hiérarchie a tranché. Il faut noter pareil sinon c'est subjectif !!! Un élève qui te fait chier, tu comprends, c'est subjectif, c'est l'enseignant qui a ses humeurs, c'est bien connu.

La hiérarchie méprise les profs et les culpabilise comme c'est pas croyable.
Zelda
 
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Message par Zelda » 03 Oct 2010, 09:51

a écrit :Pour les notes, il y a eu de nombreuses études sur leur fiabilité, c'est pas triste! Pour les élèves, surtout en secondaire, on en arrive à rechercher "la moyenne". Comme j'ai expliqué aux parents des miens, quand on appelle le plombier pour une fuite, on attend qu'elle soit totalement bouchée, pas à moitié et en scolaire aussi, le but est d'arriver au bout correctement, pas de naviguer entre deux eaux.


Yannalan, je ne comprends pas ta métaphore du plombier... La fuite, je crois deviner, mais le plombier, c'est qui ou quoi en l'occurrence ?
Zelda
 
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Message par quijote » 03 Oct 2010, 10:42

noter c'est une chose ,évaluer c'est autre chose . quand j 'étais prof , j 'appréciais beaucoup les conseils et remarques , de collègues moniteurs ( conseillers pédagogiques), qui étaient là quand je faisais cours dans ma période de probation .( je ne sais plus comment ça 'appelle). ça n 'a rien à voir avec un inspecteur qui déboule une fois tous les 10 ans ( qui , parfois ça existe, n'a quasiment jamais fait cours , et qui vient pour t 'assommer , imbu de son savoir et de son autorité . En fait l 'Inspecteur ( c 'est pourquoi ce corps a été créé ) ne sont que le relais du pouvoir et ils sont chargé de surveiller les profs autant "pédagogiquement" qu' idéologiquement . Petit aparté : je vais vous dire quand j 'ai cessé de faire des fautes d 'orthographe et la "méthode " .Au début de l année en 3 ème : le prof nous dit : "voilà avec moi ; c'est simple " " 5 fautes d 'orthographe " ça vous vaudra un zéro .Simpliste peut-être? en tout cas , efficace . En classe , dorénavant les élèves firent attention et rédigèrent pour l 'essentiel sans fautes . Voilà.
quijote
 
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