par Matrok » 13 Nov 2010, 10:36
C'est indéniablement magnifique la troisième symphonie de Gòrecki. Il y a là dedans des finesses d'orchestration et d'harmonie assez rares, très bien rendues dans l'interprétation de Dawn Upshaw en soliste avec le London Sinfonietta dirigés par David Zinman, qui réussit à donner en permanence l'impression d'un son fondu - je ne trouve pas d'autre expression mais cette impression m'a toujours marquée, je n'ai jamais entendu un orchestre sonner de cette façon là. Un succès mérité, donc.
Ceci dit, dès la première fois où je l'ai écoutée, j'ai eu une impression mitigée : c'est beau mais ça parait long et franchement répétitif, et du coup un peu ennuyeux. J'écris "ça parait" parce qu'en fait c'est quand même vachement bien écrit, et c'est finalement moins long que certaines symphonies de Bruckner ou de Mahler. Mais c'est que passée la première impression, on n'a guère de surprises, et on se retrouve un peu à attendre sagement la fin. Ce défaut est moins sensible dans le deuxième mouvement, plus court.
Et en cherchant un jour d'autres musiques de Gòrecki, je suis tombé sur des œuvres plus récentes où ça frise le foutage de gueule tellement c'est "simple" et répétitif. Même chose avec bien des œuvres d'Arvo Pärt - quoique, l'autre jour à la radio j'ai entendu une création d'une courte pièce pour orchestre de Pärt, en hommage à Gustave Eiffel, et j'ai été agréablement surpris : on dirait qu'il a enfin réussi à sortir de cette soupe consonante et répétitive. En fait, ce qui m'horripile le plus avec ces deux compositeurs, ainsi que quelques suiveurs (ils forment vraiment une école), c'est le côté religieux, naïf et conservateur. Et tout le marketing qui allait avec, sur le thème "vive le retour du religieux dans les pays de l'ex-bloc de l'Est".