(AFP @ 6 décembre 2010 a écrit :
Nathalie Arthaud, dans les pas d'Arlette Laguiller
De Julie DUCOURAU (AFP)
PARIS — Porte-parole de Lutte ouvrière depuis deux ans, Nathalie Arthaud qui se lance à 40 ans dans sa première campagne présidentielle, a la lourde tâche de succéder à la toujours populaire Arlette Laguiller, sextuple candidate du parti trotskiste de 1974 à 2007.
"Je mettrai mes pas dans les siens", a déclaré lundi la nouvelle candidate, dans un centre de conférences de la très chic avenue George V à Paris, mais "pas à l'hôtel George V !", précise son entourage...
Dans les sondages de 2012, cette agrégée d'économie, née le 23 février 1970 à Peyrins (Drôme) d'un père garagiste et d'une mère comptable, est créditée de 1% des voix, non loin des 1,3% de Mme Laguiller en 2007, le plus faible score de celle qui fut la première femme à se présenter à la présidentielle en 1974 (2,3%) et dont le pic fut un 5,7% en 2002 (5,3% en 1995).
Devant ce bilan, l'ombre d'"Arlette" plane toujours sur Mme Arthaud. Après une période où elle escortait sa dauphine, l'ex-employée du Crédit Lyonnais qui bénéficie, à 70 ans, d'un fort capital de sympathie, s'est, pourtant, depuis des mois, mise en retrait.
Mais tout au long des mobilisations contre la réforme des retraites du gouvernement - "ce que le Parlement fait, la rue peut le défaire", scandait LO -, c'est elle que les manifestants venaient constamment saluer sur le trottoir.
Difficile pour "Nathalie" de faire son trou sur le terrain ou dans les médias qui à ses débuts focalisaient sur sa ressemblance avec "Arlette" : "il y a quand même 50% des femmes qui ont les cheveux courts !", répliquait alors celle qui laisse aujourd'hui un peu pousser ses cheveux châtains.
"La marque Nathalie Arthaud, j'espère que ce sera +travailleuses, travailleurs+", dit-elle, reprenant l'expression légendaire de son aînée qui lui "donne des conseils".
Aujourd'hui enseignante d'économie à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), la trotskiste, favorable à l'interdiction des licenciements et à l'expropriation des banques, assure faire son "travail dans les conditions qui (lui) sont demandées", souhaitant amener ses élèves à "réfléchir par eux-mêmes, à se forger une opinion", tout en respectant le programme.
La conseillère municipale déléguée à la jeunesse à Vaulx-en-Velin, élue en 2008 sur une liste d'union de gauche, ne se fait par ailleurs "aucune illusion" sur la politique du Parti socialiste en cas de retour aux affaires en 2012.
Militante LO depuis ses 18 ans après un sport-études à Lyon puis un passage en hypokhâgne dans un lycée chic de la capitale des Gaules où elle rencontre "quelques contestataires", elle pense aussi que le Front de gauche PCF/Jean-Luc Mélenchon n'est que "la cinquième roue du carrosse d'un gouvernement socialiste" et que l'anti-capitaliste Olivier Besancenot (NPA) fera une "campagne différente" de la sienne.
Pour ses premières élections, Mme Arthaud a obtenu 0,84% aux européennes de 2009 quelques mois après sa nomination comme porte-parole de LO (décembre 2008), puis 1,42% aux régionales de mars en Rhône-Alpes.
En 2012, "je ne serai peut-être pas élue mais je ne serai pas la seule", ironise celle qui reste très discrète sur sa vie privée comme on l'est à Lutte ouvrière, faisant valoir qu'obtenir "2, 5, 10 ou 40%, le résultat est le même".
Quant à empiler les candidatures comme "Arlette", "je ne sais pas", sourit-elle, ajoutant "c'est ma vie, c'est mon combat de changer la société". Mais "je ne me résigne pas au ronron d'une élection où on change d'équipe au pouvoir sans que rien ne change", dit-elle, pariant sur une prochaine "explosion sociale", seul "espoir des travailleurs".
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