a écrit :Les mirages libyens arrivés à Malte remis en état par des sociétés françaises
Créé le 2011-02-22 10:24
Par RFI
Libye / France / armement
Les deux avions de combats libyens Mirages F1 qui se sont posés sur l'aéroport de Malte ce lundi 21 février, avaient été réparés et armés par des sociétés françaises. Les deux hélicoptères dédiés au transport off-shore, qui se sont également posés à Malte, sont immatriculés en France.
Les hélicoptères sont des super-puma civils utilisés par la société française Héli Union, spécialisée dans le transport off shore. Les passagers, au nombre de sept au total, se disent Français et affirment qu'ils travaillaient sur une plate forme en haute mer, près de Benghazi. Ils auraient demandé la protection des autorités maltaises.
Pour les avions de combats c'est plus compliqué. Il s'agit de Mirage F1 monoplace, portant des cocardes libyennes. Tripoli avait acheté une quarantaine d'exemplaires de ces appareils dans les années 70. Après des années d’embargo international contre la Libye, ces avions ont été récemment remis en état par des sociétés françaises. Entre 2007 et 2009, Paris aurait ainsi réparé cinq appareils de ce type et assuré la remise à niveau d'une poignée de pilotes reçus en France sur la base aérienne de Reims.
Ce sont peut-être deux de ces pilotes qui ont fait défection ce lundi. De source militaire maltaise, ils ont affirmé avoir refusé de bombarder les manifestants à Benghazi et décidé de se poser à Malte. L’un des pilotes aurait même demandé l'asile politique.
Quoiqu’il en soit, les photographies des deux Mirage montrent clairement que les appareils étaient bien armés de roquettes de fabrication française, prêtes à l'emploi. A Paris, le ministère de la Défense assure qu'il n'y pas en ce moment de coopérants militaires français en Libye. En revanche il y aurait encore des techniciens venant du privé pour entretenir les appareils.
a écrit :Coupables complaisances à l'Ouest avec Kadhafi
LEMONDE | 23.02.11 | 12h55 • Mis à jour le 23.02.11 | 14h10
Doyen des chefs d'Etat du monde, Mouammar Kadhafi est le plus ancien dictateur dans le plus petit grade (il n'est que colonel), mais pas le moins sanguinaire vis-à-vis de son peuple. Il a aussi fait tuer des militaires américains passant une soirée dans une discothèque berlinoise ou de simples passagers de compagnies aériennes sans oublier la prise en otage des infirmières bulgares, entre autres. Ces différents agissements lui ont valu un raid américain sur Tripoli en 1986 et d'être considéré comme un commanditaire terroriste.
Kadhafi a franchi un pas supplémentaire en mettant en place un programme de fabrication d'armes de destruction massive avec l'aide des Nord-Coréens avant 2003. Il y a finalement renoncé en voyant que les Etats-Unis envahissaient l'Irak de Saddam Hussein, officiellement pour éradiquer un programme similaire.
Dès 2004, Washington rétablit ses relations diplomatiques avec Tripoli, pétrole oblige. A noter que, même durant les années de l'embargo, quelques centaines de pétroliers américains étaient restés en Libye avec des passeports canadiens ou irlandais. Commence alors un plan de communication basé sur un échange pétrodollars contre respectabilité. Juste après l'ouverture de l'ambassade des Etats-Unis à Tripoli, Kadhafi s'envole pour Bruxelles où on lui déroule le tapis rouge.
A son arrivée, il déclare que la Libye est déterminée et engagée à jouer un rôle de chef de file pour arriver à la paix dans le monde. Il consolide une politique africaine en créant le ministère des affaires africaines, doté d'un budget de 5 milliards de dollars pour aider les "pays frères" afin d'étayer son discours au continent noir : cessez de mendier à l'Occident et retrouvez votre indépendance. Cette défense de l'organisation africaine n'a d'autre objectif que de positionner en force la Libye vis-à-vis de l'Union européenne et des Etats-Unis comme la nouvelle porte de l'Afrique. En 2004, le président Jacques Chirac lui rend d'ailleurs visite en pleine crise ivoirienne. En 2007, la France reçoit un "Guide" aussi atypique que controversé. A la suite du référendum suisse contre la construction de minarets, en 2010, il appelle au djihad contre la Confédération helvétique.
La contestation du régime libyen ne date pas d'aujourd'hui. Déjà en 1993, la puissante tribu des Warfallah (1 million de personnes environ), au centre-est du pays, s'est soulevée ; la répression avait fait 1 200 morts, et de généreuses promesses avaient rétabli un semblant d'ordre. Quelques années plus tard, Kadhafi fait bombarder au napalm les combattants islamistes réfugiés dans le maquis du djebel vert, non loin de Benghazi. C'est dans cette même région qu'il échappe à un attentat en 1998. L'embargo décrété à cette époque sur la Libye a laissé les mains libres à Kadhafi pour gérer toute forme de protestation sans tendresse.
Benghazi a toujours été une ville frondeuse. Mais est distante de plus de 1 000 km de Tripoli, dépourvue d'investissements et tenue à l'écart des ambitieux programmes de développement, elle est devenue la capitale du mécontentement. Durant les années d'embargo, de nombreuses familles benghaziotes ont envoyé leurs enfants étudier en Egypte grâce à un dinar libyen fort et une livre égyptienne faible. Ces derniers, de retour dans leur pays, se sont vu octroyer au mieux des emplois fictifs mais toujours sous-payés.
On retrouve la situation de diplômés chômeurs ou sous-employés comme en Tunisie ou en Egypte voisines, malgré l'énorme richesse pétrolière gaspillée dans les projets délirants du régime, comme la grande rivière artificielle, qui achemine l'eau d'une nappe phréatique sur 3 000 km dans des tuyaux gigantesques fuyant de partout. Après la chute de Tunis et du Caire, l'embrasement de Benghazi, qui subit une répression sanglante, est inévitable. Benghazi humiliée, puis martyrisée, sera la première libérée.
Le clan Kadhafi commence à s'inquiéter sérieusement dès le 20 février en fin d'après-midi quand la tribu des Warfallah rallie les manifestants. Suit de peu la mise en garde de cheikh Zaoui, qui menace d'interrompre les livraisons de pétrole malgré la répression exceptionnelle : tirs à l'arme lourde, usages de balles explosives, 20 000 mercenaires africains pour pallier les défections des militaires de l'armée régulière, miliciens postés en snipers, bombardements aériens, vols de médicaments et de lots de sang dans les hôpitaux par les miliciens restés fidèles au colonel Kadhafi.
La longue liste des cruautés prouve que le régime est aux abois puisque la révolte s'étend à tout le pays et touche même Tripoli le dimanche soir. Après plus de 300 morts et quelques dénonciations européennes de cette violence, Kadhafi charge son fils Saïf Al-Islam de s'adresser au peuple libyen. Le Guide envoie un pyromane au lieu d'un pompier. En échange de l'arrêt des manifestations, Saïf Al-Islam s'engage (vis-à-vis des Libyens) à créer une commission pour discuter d'une nouvelle Constitution et insiste sur l'importance des projets en cours, qu'il évalue à 200 milliards de dollars (146,6 milliards d'euros). Sans quoi le "Guide junior" promet une guerre civile où ses opposants seront exterminés.
La diffusion de son discours sur un écran géant est saluée par des lancers de chaussures. La rupture est définitive. Reste à connaître l'étendue de la politique de la terre brûlée, tandis que l'aviation bombarde Tripoli et les arsenaux militaires pour empêcher la population de s'armer. Reste aussi à connaître le nombre exact de victimes avant que Kadhafi ne rejoigne le cercle des dictateurs disparus, tandis que se multiplient les défections des dignitaires, ambassadeurs et des pilotes de chasse qui fuient avec leur avion à l'étranger.
Quarante et un ans de terreur et de délire idéologique gagés par 200 milliards de dollars de réserves et placements à l'étranger, une semaine de massacres n'auront pu enrayer la marche de la révolution démocratique arabe venant de l'ouest puis de l'est qui a pris en tenaille le dictateur libyen.
Naoufel Brahimi El-Mili, consultant international, docteur en sciences politiques de l'IEP de Paris
(Lutte Ouvrière a écrit :
Libye - La dictature de Kadhafi : Du nationalisme radical au ralliement à l'impérialisme
Kadhafi, dont le pouvoir chancelle, était arrivé au pouvoir en 1969, à la suite d'un coup d'État conduit par des officiers inspirés par le nationalisme arabe de Nasser. Celui qui se présentait alors comme un champion du nationalisme arabe et de la lutte contre le colonialisme et l'impérialisme est donc au pouvoir depuis 42 ans.
À ses débuts, le nouveau pouvoir lança un projet d'unité arabe avec l'Égypte et la Syrie, nationalisa les banques étrangères, confisqua les propriétés des colons de cette ex-colonie italienne, tout en exerçant des pressions sur les compagnies pétrolières étrangères et en obtenant l'évacuation des bases militaires anglo-saxonnes. En 1973-1974, ce fut avec la Tunisie voisine qu'un projet d'unité fut discuté.
Kadhafi, qui voulait apparaître comme un successeur libyen de Nasser disparu, s'affirma partisan d'un confus « socialisme arabe ». Il prétendait lancer une révolution qui aurait donné le pouvoir à des comités révolutionnaires, institué une démocratie directe dans le cadre d'une forme originale d'État, la Jamahariya arabe populaire et socialiste, nom pompeux destiné à envelopper ce qui n'était qu'une dictature militaire. Kadhafi en même temps se présentait comme une alternative aux grandes puissances et à l'URSS qui lui avait refusé son soutien. Fort des revenus du pétrole, il chercha à s'attacher des mouvements nationalistes dans le monde, contesta une bande de territoire du Tchad voisin.
Pour remettre ce dirigeant à ce que les grandes puissances considéraient comme sa juste place, c'est-à-dire celle d'un État subordonné qui devait se contenter de les fournir en pétrole, celles-ci ne tardèrent pas à exercer contre lui des représailles dans l'intention de le faire plier.
En 1982, ce fut le boycott commercial de la Libye. En 1986, le président américain Reagan fit bombarder Tripoli et Benghazi pour tenter d'éliminer le dirigeant libyen. L'attaque échoua mais des centaines de civils furent tués. Kadhafi était alors l'une des « bêtes noires » de Washington.
Paradoxalement, l'attentat imputé à la Libye en 1988, contre un avion de la Panam en Écosse, qui fit 270 victimes pour la plupart nord-américaines, permit par la suite à Kadhafi de réintégrer les bonnes grâces de Londres puis de Washington. Cet attentat suivi d'un autre, en 1989, contre un appareil français au-dessus du Tchad, entraîna d'abord des sanctions de l'ONU en 1992 et 1993. Mais des tractations eurent lieu dans la coulisse. En 1998, la Grande-Bretagne accepta de reconnaître à nouveau la Libye, celle-ci venant de lui livrer deux agents impliqués dans un des attentats. Dès lors, il ne fut plus question de sanctions.
Le versement de dédommagements aux familles des victimes américaines amorça le rapprochement avec les États-Unis. La France, présentant moins d'intérêt pour la Libye, eut plus de mal à obtenir la pareille. En décembre 2003, des pourparlers secrets entre Londres, Washington et Tripoli, amenèrent le régime libyen à renoncer à des « programmes d'armement interdits par la communauté internationale ». En 2004, des relations diplomatiques directes étaient rétablies entre Washington et Tripoli.
Le soi-disant « guide de la révolution libyenne » voulait attirer sur son sol les hommes d'affaires séduits par un pétrole facile à extraire ou la perspective de grands chantiers de construction. Il accéléra la privatisation de l'économie, permettant aux représentants des gouvernements occidentaux et des grands groupes capitalistes de venir s'installer à Tripoli parmi lesquels, entre autres, les groupes français Total et Vinci.
L'affaire des infirmières bulgares, sans oublier le campement dans la capitale française, montra en Kadhafi un tyran mégalomane, avec lequel les grandes puissances impérialistes n'avaient pas de scrupule à traiter. Principal fournisseur d'hydrocarbures à l'Italie, il exauça la demande de Berlusconi de créer sur le sol libyen des camps de rétention pour les immigrants venus d'Afrique qui tentaient de passer en Europe. Le régime de Kadhafi entassait là dans des conditions terribles les candidats à l'émigration interceptés par sa police. Ce sont ces camps que Kadhafi menaçait ces jours-ci d'ouvrir, si l'Italie ne venait pas à son secours face à la révolte de son peuple.
Tel le vieux roi Idris 1er qu'il avait contribué à renverser quand il avait 27 ans, Kadhafi n'imaginait sa succession que par la transmission du pouvoir à l'un de ses fils, play-boys cyniques qui défraient régulièrement la chronique,.
Kadhafi a publié un « livre vert » imitant le « livre rouge » de Mao, et distribué à des millions d'exemplaires à la population libyenne. Le « guide » y expliquait entre autres qu'« un peuple furieux est en droit de chasser ses dirigeants ». Il ne croyait sans doute pas être aussi bien compris...
Jacques FONTENOY
(yannalan @ lundi 21 février 2011 à 12:08 a écrit :a écrit :pécialistes patentés des "états-ouvriers nés déformés"(sic) d'origines multiples wink.gif .
A part Healy et la SLL qui vendaient le "Livre Vert" dans les années 70, je ne vois pas de qui tu veux parler...
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