Faut-il sortir du nucléaire ?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Harpo » 21 Mars 2011, 18:03

Je développe un peu ma réponse pour ceux qui ne sont pas trop rebutés par la physique.

a écrit :Pour faire fonctionner ITER, il faut du tritium, or aujourd'hui pour produire du tritium on utilise les réacteurs CANDU, qui consomment de l'uranium.


Si l'on parvient à faire fonctionner un réacteur à fusion comme il est prévu avec le système d'ITER, le tritium sera formé in situ par le bombardement des neutrons sur une paroi "tritigène". Pour obtenir ce tritium, on consommera du lithium contenu dans la paroi. Le lithium étant extrêmement abondant dans la nature et ne présentant aucun de danger.

La réaction utilisée sera :

Lithium6 + neutron = Hydrogène3 + Hélium4

l'hydrogène3 n'est autre que le tritium et l'hélium4 (avec lequel on gonffle les ballons à la fête de LO) est absolument sans danger.
La réaction de fusion utilisée sera de toute façon :

Hydrogène2 + Hydrogène3 = Hélium4 + neutron

car actuellement on ne sait pas encore allumer la réaction :

Hydrogène2 + Hydrogène2 = Hélium4

qui serait idéale mais qui nécessiterait une température bien supérieure au 100 millions de degrés (environ) nécessaires pour la précédente.

L'hydrogène2 ou deutérium est présent dans la nature, il représente 0,02 % de l'hydrogène présent dans la nature (l'eau de mer en est donc une réserve inépuisable). Une partie des neutrons libérés par la fusion servira à produire le tritium en bombardant les atomes de lithium. Le bilan en neutrons devrait être nul. mais nécessairement une partie ne sera pas captée par le lithium et pourra être absorbée, par exemple avec du bore (abondant dans l'eau de mer et sans danger non plus) par les réactions :

Bore 10 + neutron = Lithium7 + Hélium4
ou Bore10 + neutron = Hydrogène3 + 2 hélium4

Le lithium7 n'est pas radioactif mais n'a pas à ma connaissance le caractère titrigène du lithium6.

Une très faible partie des neutrons sera probablement perdue et sera absorbée par le métal constituant l'enceinte du réacteur, ce qui produira obligatoirement des isotopes radioactifs. L'inconvénient sera la détérioration progressive du métal qui obligera à le remplacer au bout d'un certain temps de fonctionnement. Les déchets radioactifs provenant de l'irradiation du métal étant à faible durée de vie ne poseront pas de gros problème.

Ce n'est que dans la phase expérimentale actuelle d'ITER que l'on est obligé d'utiliser du tritium produit par un réacteur consommant de l'uranium. Il en faudra aussi pour le mode de fonctionnement définitif (si l'on y arrive) dans la phase de démarrage ou de redémarrage (après réfection de l'enceinte) d'une centrale à fusion. Mais les quantités nécessaires sont faibles (1 gramme de tritium produisant autant d'énergie que plus de 500 grammes d'uranium235). Elles le seront encore bien plus en fonctionnement normal et ne nécessiteront qu'un petit réacteur à uranium ou à plutonium.

D'autre part, le système utilisé par ITER n'est pas la seule voie de recherche pour la maîtrise de la fusion nucléaire et ce n'est peut-être pas le premier qui aboutira. Mais c'est le plus avancé actuellement.
Harpo
 
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Message par Sterd » 21 Mars 2011, 21:06

(Matrok @ lundi 21 mars 2011 à 16:29 a écrit : J'ai l'impression que certains réagissent comme s'ils étaient en train de moucher un militant du "réseau sortir du nucléaire".

:emb:


Faut dire que l'entrée en matière laissait présager le pire.



Le problème est que ce débat est pourri par les considérations irrationnelles voire carrément réactionnaires depuis au moins 40 ans.
Quand on fait sereinement et rationnellement le bilan coût/bénéfice. Le nucléaire est loin d'être la solution la plus mal placée. La perception du risque (probablement du au matraquage des écolos) est totalement à l'inverse de ce qui en est réellement.
Ça fait penser à ces gens qui font leur testament avant de prendre l'avion alors que le risque est 100 fois moindre que de traverser une rue à un passage piéton.
Sterd
 
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Message par Sterd » 22 Mars 2011, 06:41

24 morts et 24 disparus dans un coup de grisou au Pakistan lundi

http://www.tsr.ch/info/monde/3030024-accid...s-une-mine.html

9 morts en chine le 12 mars

http://french.peopledaily.com.cn/VieSociale/7317561.html

et encore 19 autres

http://www.aufaitmaroc.com/actualites/mond...est-de-la-chine

9 autres le 16

http://french.peopledaily.com.cn/VieSociale/7322417.html


Presque 100 prolétaires morts en moins de 15 jours, et ça ne fait même pas les titres, il faut fouiller pour le savoir. Qui pour réclamer un moratoire ?
Sterd
 
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Message par Sterd » 22 Mars 2011, 10:40

(La Tribune a écrit :Le charbon a encore de beaux jours devant lui

L'augmentation de la consommation d'électricité et les inquiétudes au sujet du nucléaire après l'accident de Fukushima offre de belles perspectives au charbon.

Avec la plus grande discrétion, le charbon reste encore le fournisseur de la majeure partie de l'électricité mondiale. Son impact sur l'effet de serre a beau être le pire de tous les hydrocarbures, il reste l'énergie la moins chère, donc la plus utilisée pour la génération d'électricité, qui est sa principale utilisation (près de 90 %). Et ce ne sont pas la catastrophe nucléaire au Japon ou les tensions dans les pays arabes producteurs de pétrole qui vont l'affaiblir, bien au contraire.

La croissance des besoins énergétiques de la planète se traduit surtout par une progression des besoins d'électricité dans les pays émergents. Or le charbon est de loin l'énergie la plus abondante : les réserves prouvées font état de 180 années de consommation au rythme actuel contre 40 années pour le pétrole et 70 années pour le gaz (ces deux derniers chiffres restant toutefois très controversés).

Mieux encore, le charbon est réparti relativement uniformément sur tous les continents, alors que pétrole et gaz sont concentrés dans quelques centres névralgiques. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la Chine, qui génère plus de 70 % de son électricité avec du charbon, devrait construire plus de 600 gigawatts de capacité de production dans les deux décennies à venir - ce qui représente autant de centrales que ce qui existe aujourd'hui dans toute l'OCDE ! « L'augmentation de la consommation de la Chine sur deux ans représente la consommation totale des États-Unis », relève Carlos Alvarez, responsable des marchés du charbon à l'AIE.

Violentes variations de prix

« La Chine a besoin de 5 à 7 % de charbon de plus par an, et doit donc en importer des quantités croissantes chaque année. En 2011, ce sera 233 millions de tonnes, ce qui est plus que les capacités d'exportation mondiales actuelles », assure la société de gestion Berhneim Dreyfus, qui conseille d'investir dans des mines de charbon puisque nombre d'entre elles sont amenées à fusionner. Et qu'elles risquent d'être durement sollicitées dans les années à venir. « Pour suivre la demande, les principaux pays exportateurs comme l'Indonésie, l'Afrique du Sud et l'Australie vont devoir investir dans des chemins de fer supplémentaires. S'ils ne le font pas assez vite, il y a un risque de création de goulets d'étranglement », prévient Carlos Alvarez.

Or, même s'il est abondant, le charbon subit de violentes variations de prix pour des raisons principalement logistiques. Ainsi, malgré une demande en berne en Europe cet hiver, les prix restent accrochés à des niveaux historiquement élevés, soit plus de 115 dollars la tonne, parce que l'offre de charbon peine à suivre. La tonne de charbon à coke, un combustible de très bonne qualité dont la moitié des mines sont concentrées dans le Queensland en Australie, a bondi début 2011 après les inondations gigantesques subies par cet État. Des signes de tension qui pourraient devenir récurrents.
Sterd
 
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Message par com_71 » 22 Mars 2011, 16:50

Sterd initie le lobby "il faut sortir du charbon" :roll: :roll:
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Zelda » 24 Mars 2011, 19:12

Dans le journal de cette semaine :


a écrit :La sous-traitance dans l'insécurité

Depuis une vingtaine d'années, EDF a renforcé sa politique de sous-traîtance, en ce qui concerne la maintenance de ses installations nucléaires. Ce qui n'est pas sans conséquences pour la sécurité des centrales et la santé des salariés de ces entreprises.

Tous les douze ou dix-huit mois, certains réacteurs doivent être arrêtés pour des travaux de maintenance. 25 000 à 35 000 travailleurs participent à ces travaux dans des zones dites « contrôlées », c'est-à-dire radioactives. Ils y effectuent des vérifications, réparations, modifications nécessaires au bon fonctionnement des installations.

Ces interventions exposent les salariés qui les effectuent à d'importantes radiations. Pour diminuer les coûts liés à cette exposition, notamment le coût d'un personnel nombreux pouvant se relayer souvent, les exploitants du nucléaire ont choisi de sous-traiter 80 % de ces opérations dangereuses et pénibles à plusieurs centaines d'entreprises et près de 20 000 sous-traitants.
La sélection s'effectuant sur appels d'offres, la tentation est grande pour ces entreprises de tirer leurs prix vers le bas pour remporter les marchés, quitte à jouer sur la formation et les conditions de sécurité de leurs propres salariés. Et sur les salaires, qui excèdent rarement le smic.

La situation de ces salariés, directement affectés aux travaux sous rayonnement, est aggravée par le fait que ce sont souvent des travailleurs précaires et qu'ils se déplacent de centrale en centrale. Cela rend plus difficile le suivi de leur exposition aux rayons et l'identification des responsabilités en cas de cancer, maladie fréquente au bout de quelques années de travail dans l'industrie nucléaire. Du coup, ces malades sont rarement considérés comme victimes d'une maladie professionnelle.

Au-delà des catastrophes de grande envergure comme celles de Tchernobyl ou Fukushima, l'industrie nucléaire, du fait des choix de ses responsables, contribue ainsi à une catastrophe sanitaire silencieuse, d'une ampleur que certains spécialistes estiment comparable à celle de l'amiante.

Roger MEYNIER
Zelda
 
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Message par lavana » 25 Mars 2011, 16:24

Article du Monde
a écrit :Débat
Nucléaire : la catastrophe sanitaire
| 21.03.11 | 13h21  •  Mis à jour le 22.03.11 | 09h21




Le peuple japonais vit l'un des pires accidents industriels de l'histoire du capitalisme. A l'occasion du 20e anniversaire de Tchernobyl, Sveltana Alexievitch, auteur biélorusse d'un livre de témoignages des victimes de Tchernobyl, avait eu cette pensée prémonitoire : "Tchernobyl : notre passé ou notre avenir ?" (Le Monde, 25 avril 2006). Hélas, en ce 25e anniversaire de Tchernobyl, le cauchemar de Fukushima renoue, au Japon, avec cette expérience terrible de l'accident nucléaire.



Tant l'exploitant japonais Tepco et les autorités japonaises que leurs homologues français n'ont admis la gravité de ce qui se passait à Fukushima qu'à reculons, au compte-gouttes, cherchant à protéger le plus longtemps possible l'industrie nucléaire elle-même des conséquences économiques et symboliques de ce désastre, plutôt que ses victimes. Les uns et les autres ont sans cesse parlé d'une catastrophe à venir, alors qu'elle est là depuis le premier panache de fumée radioactive. Les dirigeants d'Areva l'ont compris dès le vendredi 11 mars, jour du tremblement de terre, eux qui ont immédiatement fait évacuer leurs salariés allemands intervenant dans la maintenance du site de la centrale de Fukushima.

Cet accident dramatique s'inscrit en continuité d'une autre catastrophe, insidieuse et niée, celle des conséquences sanitaires - tenues délibérément invisibles - de la contamination et de l'irradiation de faible intensité, liées au développement de la filière nucléaire, au Japon comme ailleurs. Mais revenons tout d'abord sur ce qui se passe à Fukushima.

Fukushima : la contamination radioactive et ses victimes

Engagés dans une lutte acharnée contre le pire - l'explosion nucléaire, aux abords de Tokyo, ville de 35 millions d'habitants -, des travailleurs subissent depuis une semaine de très fortes expositions à la radioactivité au sein des installations détériorées. Mardi 15 mars, après l'explosion du bâtiment qui abrite le réacteur n° 2, explosion ayant entraîné une perte de confinement, les autorités japonaises ont publié des niveaux d'exposition externe excessivement élevés, de 30 à 400 milliSieverts (mSv) par heure, autour des différents réacteurs.

Selon le communiqué de la Criirad du 16 mars, avec des valeurs aussi élevées (1 million de fois et plus le bruit de fond naturel), des effets directs (dits "déterministes") sur l'organisme humain se produisent rapidement (en quelques heures, quelques jours, quelques semaines). Il s'agit d'une destruction massive des cellules, en particulier celles de la moelle osseuse, de la muqueuse intestinale, ainsi que les cellules basales de la peau.

Cette destruction cellulaire peut altérer le fonctionnement de certains organes, voire engager le pronostic vital. Plus le nombre de cellules détruites est important, plus les effets sont graves. Les travailleurs exposés à ces très fortes doses de rayonnements ont-ils été "désignés volontaires" ? Qui sont-ils ? Aucun témoignage direct n'a été recueilli auprès d'eux. Comme les "liquidateurs" de Tchernobyl, ils sont sacrifiés pour tenter d'empêcher l'apocalypse.

Depuis samedi matin 12 mars, et la première explosion sur le réacteur n° 1, l'échappement de vapeurs radioactives dans l'atmosphère est continu. Les populations vivant sous le vent de ces vapeurs radiotoxiques subissent une exposition à la radioactivité, sous forme de particules présentes dans l'air contaminé. A faible et très faible dose, les effets de l'exposition à la radioactivité sont différés dans le temps. Il s'agit, entre autres, des cancers et des atteintes à la reproduction.

La radioactivité entraîne des mutations cellulaires, à l'origine de la prolifération de cellules cancéreuses. Les cancers d'enfants peuvent être associés non seulement à une exposition aux rayonnements ionisants de l'enfant lui-même, mais aussi à une exposition in utero lors de la grossesse de sa mère ou à une mutation cellulaire de l'ADN du père du fait de sa propre exposition aux rayonnements ionisants. Des altérations génétiques provoquées par la radioactivité portent atteinte à la fonction reproductive, conduisant à la stérilité ou à des malformations graves chez les nouveau-nés.

Enfin, des effets de la contamination radioactive chronique à faible dose, mal étudiés, ont aussi été décelés, notamment chez les enfants biélorusses, à la suite de l'accident de Tchernobyl, provoquant notamment des pathologies cardiaques précoces. Les conséquences des expositions à faible dose se manifesteront, de façon aléatoire, dans dix ans, vingt ans, trente ans, voire plus.

L'absence de recensement rigoureux de ces atteintes, au fur et à mesure de leur apparition, comme dans le cas des essais nucléaires ou des catastrophes précédentes (en particulier Tchernobyl) empêchera de faire le terrible bilan de cette catastrophe. Quel est donc le retour d'expérience dont parlent les autorités gouvernementales françaises ?

En France, irradiation et contamination à bas bruit

La France n'a pas connu d'accident majeur, mais une contamination radioactive insidieuse s'est installée en continu à partir de différentes sources, à commencer par les déchets miniers de sites désormais fermés. Chaque année, l'Autorité de sûreté nucléaire recense sur le parc nucléaire plusieurs centaines d'"incidents", dont certains s'accompagnent de rejets radioactifs dans l'environnement.

Des autorisations de rejets radioactifs sont régulièrement octroyées aux différents sites nucléaires, entraînant une pollution radioactive de l'air et des rivières. La gestion des déchets nucléaires et le démantèlement des réacteurs en fin de vie supposent une pollution radioactive chronique, tandis qu'un arrêté ministériel du 5 mai 2009 prévoit la dérogation possible du code de la santé publique pour l'ajout de substances radioactives dans les biens de consommation (www.criirad.org). Il s'agit d'une augmentation lente et pernicieuse du niveau de radioactivité dite "naturelle".

Une longue enquête auprès des travailleurs intervenant en sous-traitance de la maintenance des installations nucléaires en France m'a permis d'approcher l'envers de l'industrie nucléaire. Les 58 réacteurs nucléaires français supposent la réalisation annuelle d'arrêt de certains réacteurs pour maintenance. Entre 25 000 et 35 000 travailleurs de la maintenance (robinetiers, décontamineurs, décalorifugeurs, mécaniciens, électriciens, agents de contrôle) interviennent en zones dites "contrôlées" (c'est-à-dire radioactives) pour effectuer les vérifications, réparations, modifications nécessaires au bon fonctionnement des réacteurs et des circuits de refroidissement.

Plus une centrale vieillit, plus la contamination radioactive est intense et plus l'intervention est "coûteuse en dose". C'est ainsi que les exploitants français du nucléaire ont été amenés à sous-traiter ces tâches dangereuses et à mettre en place un système de gestion de l'emploi par la dose.

Sur une intervention à fort débit de dose, plusieurs ouvriers vont se succéder très rapidement afin de rester dans la limite de dose autorisée. Le récit de ces activités permet de lever le voile sur cet envers incontournable, mais invisible, de l'industrie nucléaire. C'est ce que montre l'histoire de Pierre, atteint à 52 ans d'un cancer professionnel reconnu radio induit par l'assurance-maladie.

Directement affecté aux travaux sous rayonnement (DATR)

Pierre est DATR. Cela signifie qu'il a reçu une formation de quelques jours en radioprotection et que le médecin du travail a signé pour lui un certificat médical de "non-inaptitude à l'exposition aux rayonnements ionisants". Salarié d'une entreprise sous-traitante, il intervient en zone irradiée des centrales, par exemple pour la pose de protections aux "points chauds" (débit de dose : 50 à 60 mSv/heure).

Pour permettre la réalisation d'opérations de maintenance par d'autres travailleurs (robinetier, tuyauteur), il faut ramener le débit de dose en dessous de 2 mSv/heure. Pour cela, Pierre doit entourer la tuyauterie radioactive d'un matelas de plomb en le maintenant avec une sangle. C'est une opération pour laquelle les intervenants se relaient à plusieurs toutes les quinze minutes.

Une autre activité habituelle de Pierre est la décontamination des parois de la piscine dans laquelle le combustible a été entreposé lors des arrêts de tranche. Le travail se fait au chiffon, à genoux. L'ouvrier est protégé de la contamination radioactive par une tenue vinyle - dite "Mururoa" - et un appareil de respiration assisté. Mais cet équipement ne le protège pas de l'irradiation externe.

Se déplaçant de centrale en centrale, Pierre a accompli ce travail pendant vingt-huit ans avant de tomber malade. La reconstitution de son exposition aux rayonnements ionisants montre une dose cumulée tout au long de sa carrière de 316 mSv. La dose carrière moyenne sur trente ans d'un agent EDF est de 19 mSv, soit 15 fois moins. Or, une enquête épidémiologique internationale chez les travailleurs statutaires du nucléaire de 15 pays montre une surmortalité par cancer dans cette population exposée, en moyenne sur la durée de la vie professionnelle, à 19 mSv.

Les travailleurs sous-traitants reçoivent plus de 80 % de la dose collective annuelle subie sur les sites. Parmi ces travailleurs, certains sont aujourd'hui atteints de cancer, mais rien n'est fait pour relier précisément leur cancer à leur parcours professionnel dans l'industrie nucléaire.

Ils auraient dû ou devraient bénéficier d'un suivi médical gratuit permettant d'enregistrer au fil du temps, dans cette population fortement exposée, la survenue des cancers et d'étudier l'incidence du cancer en référence aux caractéristiques de leur exposition. L'enregistrement systématique de leur dosimétrie l'aurait permis. Le choix des autorités a été de ne pas s'engager dans cette voie. Ces travailleurs demeurent invisibles et leurs cancers se "diluent" dans l'ensemble des cas de cancer.

Un fléau comparable à l'amiante

Tricastin, Paluel ou Fessenheim, Tchernobyl et Fukushima, tous ces sites nucléaires participent d'une même catastrophe sanitaire d'une ampleur comparable à celle de l'amiante, qu'il s'agisse de la contamination radioactive à bas bruit dans la routine des parcs nucléaires, ou d'une pollution de grande ampleur provoquée par les accidents tels que ceux de Tchernobyl et de Fukushima.

Partout dans le monde, à longueur d'année, pour assurer la maintenance des installations nucléaires, des travailleurs, le plus souvent précaires, subissent des conditions de travail et de vie incompatibles avec la dignité humaine. Les maintenir dans l'invisibilité est le moyen choisi par le lobby nucléaire pour sauvegarder l'image, aujourd'hui brisée, d'une industrie sans risques.

La catastrophe de Fukushima révèle au monde cet autre scandale de santé publique. Puisse cet article contribuer à la reconnaissance de l'engagement des travailleurs de Fukushima qui, aujourd'hui, sacrifient leur vie pour tenter d'éviter l'apocalypse.





Annie Thébaud-Mony, sociologue, directrice de recherche honoraire à l'Inserm (Le grand débat)
A propos de l'auteur
Spécialiste des questions de santé au travail, Annie Thébaud-Mony est présidente de l'association Henri Pézerat, santé, travail, environnement. Elle a notamment publié "L'Industrie nucléaire. Sous-traitance et servitude", Inserm-EDK, 2000, et "Travailler peut nuire gravement à votre santé", La Découverte, 2007.
lavana
 
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Message par luc marchauciel » 25 Mars 2011, 19:05

ça ne me semble pas très sérieux, à première vue.
Comme indiqué en bas d'article, l'auteure est sociologue, et pas autre chose
Sur la question des effets des faibles doses, en fonction de ce qui a été constaté, d'autres estiment qu'elles offrent même une protection, du genre il faudrait presque s'irradier un peu pour être en meilleure santé.
Ce billet de Valérie Borde fait un peu le point sur cette question en expliquant en gros qu'on peut dire une chose ou son contraire, cela n'est pas très solide :

http://www2.lactualite.com/valerie-borde/2...-faibles-doses/

Pour une explication plus argumentée des dangers des doses importantes de radiation, voir :

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2...biologiste.html

et plus de détails là :

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2...s-dangers-.html

luc marchauciel
 
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Message par lavana » 25 Mars 2011, 21:46

(luc marchauciel @ vendredi 25 mars 2011 à 19:05 a écrit : .
Comme indiqué en bas d'article, l'auteure est sociologue, et pas autre chose


Alors là, Luc L'argument d'autorité peut t'être retourné.

Huet n'est que Journaliste...même spécialisé en sciences...


(Bon c'est pour rire. Je m'en fous et je ne connais pas la dame)
lavana
 
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Message par luc marchauciel » 27 Mars 2011, 08:22

(lavana @ vendredi 25 mars 2011 à 21:46 a écrit : Alors là, Luc L'argument d'autorité peut t'être retourné.


C'est pas faux...
luc marchauciel
 
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