Espagne: le mouvement des "indignés"

Dans le monde...

Message par Gaby » 29 Mai 2011, 11:23

:w00t2:
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Message par Zappa » 29 Mai 2011, 12:53

Ah, John Connor était de passage en Espagne à ce que je vois.
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Message par abounouwas » 29 Mai 2011, 13:12

a écrit :
"La jeunesse espagnole est capable de s'organiser seule, sans parti ni syndicat"
LEMONDE.FR | 29.05.11 | 10h22

Les jeunes Espagnols ont longtemps été considérés comme détachés de la vie politique. Depuis le 15 mai, ils ont prouvé qu'ils pouvaient "prendre leur destin en main", sous la forme d'un mouvement socio-politique autonome, épondant aux principes de la démocratie directe et respectant les spécificités de chaque région, explique Jaime Pastor Verdú, politologue à l'université nationale d'enseignement à distance de Madrid.

Quels rapports la jeunesse espagnole entretient-elle avec la politique ?

Depuis des années, la jeunesse a le sentiment que la classe politique ne s'occupe pas de son avenir. Ce divorce a été accentué pa la crise économique. Car le principal sujet de préoccupation de cette génération des 18-30 ans est le chômage, un jeune sur deux étant actuellement sans emploi. Elle estime que les grands partis politiques, en raison de la corruption qui les touche, ne luttent pas de manière efficace contre ce problème.

Ce rejet de la politique se traduit dans les urnes par une forte abstention, qui tourne autour de 50 % à chaque élection, contre 37 % pour l'ensemble de la population. Par ailleurs, très peu de jeunes prennent leur carte dans un parti ou s'engagent dans un syndicat, dans la mesure où ils ne se sentent pas représentés. Ils ont une sensibilité, de manière générale, plus proche de la gauche, mais critiquent néanmoins autant les socialistes du PSOE que le Parti populaire. Ils dénoncent ainsi le bipartisme et la subordination des grands partis aux diktats du marché.

Comment les hommes politiques, de leur côté, considèrent-ils les jeunes ?

Beaucoup de stéréotypes sur la jeunesse circulent dans la classe politique. Pour nombre de politiciens, les jeunes n'apprécient que les botellón [grands rassemblements dans les espaces publics, où l'on boit et on s'amuse], ne s'intéressent pas à la chose publique, sont individualistes et seulement attirés par la société de consommation.

De fait, avant le 15 mai, les jeunes ne s'étaient jamais fédérés autour d'une même cause. Il y avait bien eu le mouvement pour un logement digne, en 2005, ou les manifestations contre la loi Sinde contre le piratage sur Internet, en janvier 2011. Mais aucune de ces mobilisations n'a été aussi massive que le mouvement actuel des «indignés».

Que change le mouvement du 15-Mai à cette incompréhension mutuelle ?

Le mouvement du 15-Mai a fait voler en éclat les idées préconçues des hommes politiques, mais aussi des médias, qui ont compris que la jeunesse espagnole éprouvait un malaise important, qui ne s'était jusqu'alors pas exprimé publiquement.

Depuis deux semaines, les jeunes ont revendiqué leur existence et leur volonté de se battre pour leur avenir. C'est bien la démonstration qu'ils ne s'opposent pas à la politique en général mais seulement au système des partis. Ils prouvent qu'ils sont capables de s'organiser seuls, dans un nouveau type de mouvement social et politique, autonome des partis et des syndicats. Ils montrent par ailleurs une volonté de représentation, d'auto-organisation, de démocratie avec des assemblées et un droit de parole pour tout le monde.

La mobilisation va-t-elle faire évoluer le discours des partis politiques ?

Les grands partis vont être obligés de répondre à certaines des revendications du mouvement des "indignés", comme par exemple limiter les salaires de leurs représentants ou les obliger à plus de transparence sur leurs revenus. Mais ces gestes risquent d'être limités et relever du domaine de la rhétorique.

Dans la pratique, les grands partis n'ont par exemple pas intérêt à la réforme de la loi électorale, l'une des principales revendications des "indignés", dans la mesure où elle les favorise.

Quelle forme le mouvement peut-il adopter pour continuer à peser dans le débat public ?

La mobilisation ne peut pas s'organiser en un parti politique en raison du rejet de cette forme d'organisation par une partie de la population mais aussi parce que cela impliquerait de réaliser un programme, qui créerait des lignes de fracture au sein du mouvement. Ce dernier est en effet trop hétérogène, tant de par la sociologie des gens qui le composent, que leur sensibilité politique et leur vision de la question nationale et des régionalismes.

Les manifestants doivent donc continuer à se fédérer au sein d'un mouvement socio-politique, avec des spécificités pour chaque région et une auto-administration au niveau territorial. Ils doivent se mettre d'accord sur une plateforme de revendications et un calendrier de mobilisations, par exemple tous les 15 du mois. Ils auront ainsi une garantie de continuité du mouvement, au moins jusqu'aux élections générales, et pourront même décider de dialoguer et être soutenus par certains partis. Reste à savoir si l'adhésion de la population restera massive dans le temps. Tout dépendra du comportement des autorités : si elles répriment le mouvement, la solidarité qui le caractérise devrait s'en voir renforcée.
Propos recueillis par Audrey Garric


Le refus du parti et de son programme promet des jours sombres à ces mouvements spontanés.
abounouwas
 
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Message par Gaby » 29 Mai 2011, 13:28

(abounouwas @ dimanche 29 mai 2011 à 14:12 a écrit : Le refus du parti et de son programme promet des jours sombres à ces mouvements spontanés.

"Du" parti avec son programme supposé naturel c'est normal et sain, des partis, c'est déjà plus fâcheux. Ceci dit, c'est une étape inévitable des révoltes aujourd'hui, où qu'elles soient. La politique est déconsidérée, le communisme fait légitimement peur, la violence n'est pas non plus quelque chose qui va de soi. Alors le mouvement a un temps payé sa faiblesse théorique, et ils se sont fait taper dessus tout en professant la non-violence. Mais ça n'a pas forcément duré et on voit qu'ils ont repris la place vendredi à Barcelone. Un mouvement comme celui-ci peut évoluer. On ne vient pas à la nécessité de prendre le pouvoir comme ça, sans faire un certain nombre d'expérience, sauf à avoir un rapport très littéraire avec le marxisme. Oui, le mouvement a tout à gagner à se politiser. Et il peut encore le faire.
Gaby
 
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Message par Puig Antich » 29 Mai 2011, 21:52

On peut et doit sûrement gagner quelques personnes aux idées communistes dans mouvement. Mais, en substance, je crois qu'il ne s'agit que d'une première vaguelette de contestation face au plan d'austérité, vaguelette encore très marquée et encadrée par des idéologies très bourgeoises et anti-prolétariennes, qui porte en fait le sceau de ce qu'elle est : une réaction des couches moyennes, citoyennes et démocratiques, à leur paupérisation - couches qui réclament en fait un statu-quo dans leur situation et la fin de la conflictualité et de la violence dans la société, de " bons " mécanismes de collaboration de classe, sous la forme de l'amour universel, d'une " vraie démocratie " etc.

Peut-être que la répression de ces jeunes au final assez peu dangereux peut produire une petite étincelle et faire entrer les prolétaires dans la bagarre, mais pour l'instant ce n'est pas vraiment le cas. Nous verrons...
Puig Antich
 
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Message par Doctor No » 29 Mai 2011, 22:39

a écrit :Mais, en substance, je crois qu'il ne s'agit que d'une première vaguelette de contestation face au plan d'austérité, vaguelette encore très marquée et encadrée par des idéologies très bourgeoises et anti-prolétariennes, qui porte en fait le sceau de ce qu'elle est : une réaction des couches moyennes, citoyennes et démocratiques, à leur paupérisation - couches qui réclament en fait un statu-quo dans leur situation et la fin de la conflictualité et de la violence dans la société, de " bons " mécanismes de collaboration de classe, sous la forme de l'amour universel, d'une " vraie démocratie " etc.


Une étincelle peut mettre le feu à la prairie. L' herbe est suffisamment sèche?

Le gouvernement semble le penser vu qu'il a envoyé les CRS "nettoyer" la place de La Bastille. Et cela, après le journal télévisé et un dimanche à 21,30 hrs. Ils doivent être pas mal nerveux. Parce qu'à 1000 personnes à Paris ce n'était pas très dangereux...

Quant à ceux qu'y participent, c'est tant mieux si sont eux qui commencent. D'ailleurs ce sont toujours les étudiants qui commencent.

Rien de mieux pour provoquer une lame de fond que la nervosité du gouvernement.

Demain ou après les "expulsés" reviendront à la charge, comme à Barcelona et voila le cycle instauré.

Y a t-il suffisamment d'herbe sèche parmi les étudiants et la jeunesse? Voila toute la question.

Les partis? qu'ils ne se précipitent pas. Tout prend l'air de se dérouler à souhait. Une fois le tout consolidé, les gens se tourneront pour chercher "ceux qui ont des idées pour faire triompher le mouvement". Alors si à ce moment "les partis" n'en profitent pas...

On va voir ceux qui savent travailler parmi "toute sorte de publics" et ceux qui ne savent que répéter des dogmes à faire fuir ces "innocents" en politique, que pourtant font la partie la plus importante de la politique...un peu partout ce temps-ci.
Doctor No
 
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Message par quijote » 30 Mai 2011, 00:18

j 'y suis allé faire un tour cet après midi .. quelques centaines de personnes regroupées sur le parvis de 'Opéra .. des banderoles .. en fait il m ' a semblé que c'était le public "gauchiste" habituel . J 'ai rencontré un jeune du PCF ( depuis deux ans ) .. a adhéré sur des bases réformistes ..reproche à LO de ne pas être "responsable " et ne semble pas contester Le choix de Mélenchon pour le représenter .. discussion avec un gars du MRC ( chevenementiste) .. j'a vu des tracts du NPA par terre , une table avec des "Révolutions internationale" .. Y'avait une sorte de mini forum animé apparemment par un gars du NPA(?).. avec sono .. une prise de parole au sujet des retraites ..
quijote
 
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Message par Gaby » 30 Mai 2011, 00:54

Une intervention NPA à la manifestation de soutien à Paris. Appel à la grève générale, ceux qui connaissent cet affreux guévariste ne seront pas surpris.

http://www.ustream.tv/recorded/15039894

Evidemment je me sens bien plus proche de cette intervention gauchiste (je le dis parce qu'il nous lit et que j'aime le fâcher) mais motivée, que des exagérations sur la stérilité du mouvement ou des caractérisations type "anti-prolétarien". Non, "anti-prolétarien", c'est le patronat.
Gaby
 
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Message par Puig Antich » 30 Mai 2011, 10:31

On voit bien que les travailleurs du téléphone et les immigrés pakistanais ça fait pas spécialement applaudir le public, contrairement aux revendications féministes. Bien sûr ces dernières sont légitimes, mais on voit bien les aspirations interclassistes, de transformation pacifique de la société, de ce mouvement, ainsi que son rejet des méthodes les plus basiques de lutte prolétarienne que sont la grève, la manifestation, l'action au niveau de la production. Tout cela apparaît comme des veilleries à ces centaines de jeunes jetés dans la rue par la crise économique. Il s'agit pas de les rejeter, de refuser son appui au mouvement, d'intervenir en donnant simplement des leçons, mais il faut le faire en étant très conscient de ses limites, qui font que même les vieux militants réformistes qui ont une culture un peu lutte de classe sont déconcertés par cet apolitisme bisounours ambiant...
Puig Antich
 
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Message par Puig Antich » 30 Mai 2011, 10:49

Mais tout cela est le produit de la promotion de l'apolitisme par la gauche officielle, syndicale et politique, depuis des dizaines d'année, ainsi que des défaites où cette politique a conduit...
Puig Antich
 
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