Manifestation contre le racisme du 28 Mai 2011

[Puig Antich]

Oui c'est vrai, mais on peut pas faire abstraction de ce truc qui s'appelle la famille et des liens spéciaux qu'il crée à notre corps défendant....

[Jacquemart]

Par tout un appareil politique dominant. Un exemple parmi d'autres, plein de municipalités, et notamment de gauche, se sont appuyés sur les organisations confessionnelles, à une époque où le message sous-jacent était grosso-modo, vous êtes sois de bons musulmans, sois des délinquants en puissance (bon, on va pas non plus parler du foot) - pour ensuite dire aux mêmes, si vous êtes de bons musulmans, vous êtes des islamistes potentiellement terroristes. Tout ça n'a rien à voir avec un démon surgi du 14ème siècle, ça s'appelle la gestion du chômage de masse dans les banlieues...

Le message devait être tellement sous-jacent qu'il a échappé à beaucoup, dont à moi. Pour raconter un peu ma vie, ma compagne est d'origine algérienne, et elle n'a jamais eu le moindre sentiment que l'Etat, ou une municipalité, exerçait la moindre pression pour qu'elle devienne, ou se sente, musulmane. Pas plus qu'elle n'a jamais eu le sentiment d'être traitée en déliquante (sauf la fois où elle a passé 24h au gnouf pour avoir collé des affiches LO, mais elle y était en compagnie d'un autre camarade tout ce qu'il y a de plus franco-français).

Posons la question autrement. Un beur ou un immigré qui, aujourd'hui, et depuis quelques années, refuse ostensiblement de faire le ramadan ou mange un sandwich au jambon, s'il subit une pression, de qui vient-elle ? de l'Etat ? de "l'appareil politique dominant" ?... ou du milieu beur-immigré lui-même ?

[Jacquemart]

Bien sûr, les bons et les mauvais musulmans, ceux qu'on peut insulter et les autres. Comme si les autres ne pouvaient pas se sentir visés par la première insulte.

Je connais pas mal de musulmans qui parlent eux-mêmes des "barbus", et qui les haïssent copieusement. Mais bon j'imagine que tu t'en fous.

[Puig Antich]

Elle peut tout aussi bien venir du franco-français qui dit " Ha, tu manges du porc ?".

[Jacquemart]

Elle peut tout aussi bien venir du franco-français qui dit " Ha, tu manges du porc ?".

C'est une pression, ça ? décidément, on a du mal à se comprendre...

[Puig Antich]

C'est une identité assignée en tout cas

[Bertrand]

Oui c'est vrai, mais on peut pas faire abstraction de ce truc qui s'appelle la famille et des liens spéciaux qu'il crée à notre corps défendant....
Je ne vois pas bien le rapport.
Je voulais simplement préciser qu'un enseignant qui a besoin de 4 parents pour l'aider à encadrer sa sortie scolaire choisit 4 parents pour l'aider à encadrer sa sortie scolaire.
C'est compliqué ?

[redaxe]

Par tout un appareil politique dominant. Un exemple parmi d'autres, plein de municipalités, et notamment de gauche, se sont appuyés sur les organisations confessionnelles, à une époque où le message sous-jacent était grosso-modo, vous êtes sois de bons musulmans, sois des délinquants en puissance (bon, on va pas non plus parler du foot) - pour ensuite dire aux mêmes, si vous êtes de bons musulmans, vous êtes des islamistes potentiellement terroristes. Tout ça n'a rien à voir avec un démon surgi du 14ème siècle, ça s'appelle la gestion du chômage de masse dans les banlieues...

Le message devait être tellement sous-jacent qu'il a échappé à beaucoup, dont à moi. Pour raconter un peu ma vie, ma compagne est d'origine algérienne, et elle n'a jamais eu le moindre sentiment que l'Etat, ou une municipalité, exerçait la moindre pression pour qu'elle devienne, ou se sente, musulmane. Pas plus qu'elle n'a jamais eu le sentiment d'être traitée en déliquante (sauf la fois où elle a passé 24h au gnouf pour avoir collé des affiches LO, mais elle y était en compagnie d'un autre camarade tout ce qu'il y a de plus franco-français).

Posons la question autrement. Un beur ou un immigré qui, aujourd'hui, et depuis quelques années, refuse ostensiblement de faire le ramadan ou mange un sandwich au jambon, s'il subit une pression, de qui vient-elle ? de l'Etat ? de "l'appareil politique dominant" ?... ou du milieu beur-immigré lui-même ?

Là-dessus je suis assez d'accord avec Jacquemart. L'"assignation identitaire" est quand même aussi et surtout le fait des musulmans eux-même. Et là pour le coup les hommes comme les femmes sont concernés. A commencer par les petits garçons circoncis d'office...

[Jacquemart]

Puig, tu joues sur les mots.

"Identité assignée", je ne sais pas ce que cela veut dire. C'est toi qui a employé l'image de l' "assignation à résidence" dans une identité pour les populations d'origine maghrébine et l'Islam, en soutenant que cette contrainte (car qu'est-ce qu'une assignation à résidence, sinon une privation de liberté ?) provenait de l'Etat français. Eh bien non, désolé, cette contrainte-là n'existe pas, et lorsqu'elle existe, ce n'est pas l'Etat français qui l'exerce.

refuser de comprendre cela (en fait, simplement de le voir), c'est s'interdire de comprendre grand chose à la réalité française d'aujourd'hui (cela peut changer, bien sûr). En revanche, c'est un procédé qui évite d'avoir à parler des contraintes à l'oeuvre dans la "communauté" maghrébine elle-même, qui font que plutôt que se sentir solidaire de celle-ci (en fait, des plus réacs en son sein) contre l'Etat, on peut devoir prendre position, en tant que communistes, pour certains membres de cette "communauté" contre d'autres.

[Gaby]

Bien sûr, les bons et les mauvais musulmans, ceux qu'on peut insulter et les autres. Comme si les autres ne pouvaient pas se sentir visés par la première insulte.

Je connais pas mal de musulmans qui parlent eux-mêmes des "barbus", et qui les haïssent copieusement. Mais bon j'imagine que tu t'en fous.

Un peu, oui. Tu peux aussi avoir des copains juifs qui parlent de feujs, et pourtant tu ne te permettrais pas d'employer le mot dans tous les contextes. Tu peux aussi avoir des copains noirs qui parlent de nègres, et de même tu t'interdirais de l'employer. Dans le contexte américain, c'est une bonne illustration : le "n-word" est tabou pour les blancs, et certains noirs l'emploient comme une bannière de ralliement (même si ça évolue de plus en plus vers un refus des noirs d'employer le mot, à nouveau, même parfois pour insulter : les "niggers" sont dès lors des noirs qui font honte à leur race).