(Jacquemart @ samedi 2 juillet 2011 à 10:22 a écrit : Sur les maths, "invention ou découverte", j'imagine que c'est un sujet qui est une bouteille à l'encre depuis toujours, non ? Il y a du nouveau ? Des textes relativement abordables par un non spécialiste ?
(shadoko @ samedi 2 juillet 2011 à 12:15 a écrit : Je ne connais pas cette interview de Serre, si tu peux me la retrouver, ça m'intéresse.
Le portrait de Jean-Pierre Serre est ici. Mais en fait on n'y trouve pas vraiment d'affirmation 100% idéaliste. J'avais confondu avec une interview d'Alain Connes, beaucoup plus explicite : elle est ici et ici (deux parties). Je cite le passage résolument platonicien :a écrit :Vous présentez souvent cette recherche comme une exploration géographique, à l’image de celle de la Terre. Est-ce plus qu’une métaphore?
Deux points de vue extrêmes s’opposent sur l’activité mathématique. Le premier, dans lequel je m’inscris volontiers, est d’inspiration platonicienne : il postule qu’il existe une réalité mathématique, brute, primitive, qui préexiste à sa découverte. Un monde dont l’exploration passe par la création d’outils, comme il a fallu inventer les navires pour passer les océans. Le mathématicien va donc inventer, créer des théories dont le but est de lever un coin du voile sur cette réalité préexistante.
Le second point de vue est celui des formalistes ; il nie toute préexistence aux mathématiques, estimant qu’elles sont un jeu formel, fondé sur les axiomes et les déductions logiques, donc une pure création humaine. Ce point de vue paraît plus naturel au non-mathématicien, qui renâcle à postuler un monde inconnu dont il n’a aucune perception. Les gens comprennent que les mathématiques sont un langage, mais pas qu’elles constituent une réalité extérieure à l’esprit humain. Les grandes découvertes du XXe siècle, en particulier les travaux de Gödel (2), ont pourtant montré que le point de vue formaliste n’est pas tenable. Quel que soit le moyen exploratoire,le système formel utilisé, il y aura toujours des vérités mathématiques qui lui échapperont, et l’on ne peut réduire la réalité mathématique aux conséquences logiques d’un système formel.
a écrit :« Passant au crible les manuscrits mathématiques de Marx, il n’y trouvait guère plus que les connaissances d’un étudiant alerte de notre premier cycle, et s’étonnait qu’il eût pu sérieusement se prendre pour un mathématicien. Face à tant de suffisance, comment, se demandait Van Heij, se fier au jugement de Marx sur d’autres sujets ? »
a écrit :« A complete answer to this question would lead us into an examination of Engels' ways of thinking, writing and polemizing. We would have to show by many other examples how he often disregards facts when they do not suit him, how he fads to mention and refute possible objections to his blunt statements, how he answers an opponent by a joke or by calling him names. .......»
« ......Mathematics is undoubtedly the field in which Engels is at his weakest. His views on mathematics, however, are too deeply ingrained in his general conceptions to be dismissed lightly. They form a frame of reference that can never be forgotten in a general examination of his ideas. .......»
« .......only socio-political events, not its intrinsic value, can explain why so mediocre a book as the Anti-Dühring could become the philosophical Bible......... »
«...... This puts the finishing touch to our picture. Engels now stands as a man full of prejudices, unable to freely enter the competition of ideas. .......»
a écrit :
Bref, j'aurais tendance pour ma part à essayer de sauver le vieil Engels, en comprenant sa démarche, ce qu'il savait et ne savait pas, ce qu'il cherchait à faire passer comme idées, même si ses exemples peuvent paraître aujourd'hui dépassés ou faux, comme ils le peuvent l'être en ethnologie par exemple sur la famille.
a écrit :Suffice it to say that the fate of Engels' writings has been determined by social considerations rather than by a rational examination of their contents; only socio-political events, not its intrinsic value, can explain why so mediocre a book as the Anti-Dühring could become the philosophical Bible (if we may use these two words together) of so many men.
(traduction a écrit :Il suffit de dire que le destin des écrits d'Engels a été déterminé par des considérations sociales plutôt que par un examen rationnel de leurs contenu ; ce sont seulement des évènements socio-politiques, et non sa valeur intrinsèque, qui a fait qu'un livre aussi médiocre que l'Anti-Dühring a pu devenir la Bible philosophique (si ces deux mots peuvent être utilisés ensemble) de si nombreux hommes.
Retour vers Histoire et théorie
Utilisateur(s) parcourant ce forum : com_71 et 0 invité(s)