Révoltes à Londres

Dans le monde...

Message par luc marchauciel » 10 Août 2011, 18:55

Les identités recouvertes par des mots comme "communauté" ou "classe ouvrière" font l'objet d'un combat idéologique, c'est vrai. Tout le monde se reconnaît dans une identité collective, le tout est de savoir laquelle. On peut se sentir "français" avant tout ou "travailleur" avant tout, c'est l'objet d'un combat politique assez fondamental.
De là à nier que des gens se reconnaissent dans d'autres identités que leur classe.... Et de là à refuser d'employer des mots parce qu'on est en désaccord avec ce qu'ils recouvrent (va falloir sacrément amputer notre vocabulaire !)...
De plus j'ai volontairement utilisé un mot très général, "communauté", que j'ai en plus assorti d'un "éventuelles", pour marquer que cette reconaissance d'identités collectives est un processus, qui se construit dans le cours des événements, justement.
Bref, je vois pas où est le problème avec ce mot. Et je maintiens, sur la base de l'exemple des émeutes de Los Angeles dans les années 90 [au cours desquelles il y avait eu un fossé entre les émeutiers, majoritairement Noirs, et d'autres habitants du même quartier, les asiatiques - qui étaient souvent commerçants] , et en fonction du cours des événements, qu'il y a un risque de surgissement de logiques communautaires type ethnico-religieuses, qui verraient s'affronter des fractions d'une même classe (ou presque : disons les voisins immédiats de la classe ouvrière à ses deux extrêmes) dans le même quartier.
Que les communistes mettent en avant la logique de classe et luttent contre ces (autres) logiques communautaires est une (bonne) chose. Qu'on nie leur existence possible en est une autre, que je comprens pas bien.
C'est parce que tu crois que dire le risque des choses c'est contribuer à le faire advenir ?
luc marchauciel
 
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Message par meichler » 10 Août 2011, 19:40

a écrit :C'est parce que tu crois que dire le risque des choses c'est contribuer à le faire advenir ?


Hélas, on n'en est plus là, au futur. Le sentiment "communautariste" est une réalité malheureusement bien ancrée (et dans bien des milieux sociaux). Mais reconnaître une réalité est une chose, la valider et en encourager la perception dominante en est une autre.

Le mot communauté revêt du reste une connotation positive, rassurante, identitaire. "On en est" (ou pas). Cela flatte les projections transférentielles régressives, aliénantes, des individus, alors que la référence classiste des marxistes élève les prolétaires à la conscience du programme historique du communisme, donc universaliste, contre tous les particularismes réactionnaires.

Aujourd'hui en Angleterre, ce sont des luttes de CLASSE, prolétariennes, dont l'ennemi commun est le capital en crise, encore plus féroce de ce fait contre les pauvres, tout comme les luttes des tunisiens, des égyptiens, des masses arabes en général (cf. par exemple, Ceci, un peu ancien mais particulièrement actuel...). Ce sont des mouvements prolétariens contre le prix que le capital entend faire payer aux prolétaires pour sa crise profonde et convulsive. Les émeutes anglaises sont un effet combiné de l'exemple des révoltes arabes et de la chute des bourses et de l'économie capitaliste dans son ensemble, avec la misère accrue qui en résulte. Il leur manque un élément essentiel : le parti armé du programme de la révolution communiste.

J'observe au passage, à cet égard, que le mot communauté commence comme communiste, mais finit beaucoup plus mal. Il tire l'aspiration à l'unité humaine vers les particularismes du passé (la fermeture, l'exclusion, l'identité supposée du groupe restreint) et non vers l'universalité de l'avenir que seul le communisme peut exprimer.
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Message par Doctor No » 10 Août 2011, 19:43

[quote=" (meichler @ mercredi 10 août 2011 à 19:37"]
La révolution, ce sont toujours les eaux mêlées, la confusion, sans quoi il ne serait pas besoin du parti armé du programme marxiste. Il incombe aux communistes de dégager les lignes d'affrontement des classes, de montrer ces lignes aux masses, de les clarifier, d'en indiquer l'avenir.

Le mot "communauté(s)" est un de ces mots menteurs du capital aujourd'hui, porteurs de confusions et d'errements.

[«Buffon dit un jour que le style c'était l'homme. La terminologie politique ce n'est pas seulement l'homme, c'est aussi le parti. La terminologie est un des éléments de la lutte des classes.» (Léon Trotsky, Défense du marxisme, 7 janvier 1940)]

"Communauté" c'est un de ces mots répétés à l'envi par les communicants médiatiques pour tenter d'ensevelir la lutte des classes, de la nier, de domestiquer la haine générale des masses et de la dévoyer vers les haines particularistes. Il n'y a pas de "communautés". Il n'y a que des intérêts de classes opposés, antagoniques et qui se combattent. La "mondialisation" du capital et l'universalité des marchandises tend à briser toutes les frontières des particularismes "communautaristes". S'y accrocher ne peut que relever de la réaction.

Il vaut mieux pour les révolutionnaires éviter de parler de "communautés", comme éviter de verser le poison dans ce qu'ils servent aux masses.
Très bien, Meichler, comme d'habitude.

Et les termes aussi doivent être soigneusement calibrés."Communauté" c'est un de ces mots répétés à l'envi par les communicants médiatiques pour tenter d'ensevelir la lutte des classes, de la nier, de domestiquer la haine générale des masses et de la dévoyer vers les haines particularistes. Il n'y a pas de "communautés". Il n'y a que des intérêts de classes opposés, antagoniques et qui se combattent. La "mondialisation" du capital et l'universalité des marchandises tend à briser toutes les frontières des particularismes "communautaristes". S'y accrocher ne peut que relever de la réaction.

Je souligne ce qui me semble particulièrement correct. Tu aurais pu ajouter la couleur de la peau, mais ça doit être inclus.
Doctor No
 
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Message par pelon » 10 Août 2011, 23:46

(LO 2245 du 12/08/11 a écrit :
Émeutes en Grande-Bretagne : la pauvreté sème la colère
La vague d'émeutes que la Grande-Bretagne a connue ces derniers jours est partie de Tottenham, dans le nord de Londres, le 6 août. En trois jours, elle a gagné une quinzaine de municipalités londoniennes et une demi-douzaine de villes de province, dont les trois autres grandes agglomérations du pays : Birmingham, Manchester et Liverpool.

Ces émeutes en rappellent d'autres, en particulier celles de 1981. À l'époque, le harcèlement raciste de la police avait mis le feu aux poudres, sur un fond de colère alimentée par la montée de la pauvreté liée à la récession du début des années 1980.

C'est ce même harcèlement contre les jeunes de couleur qui a conduit à l'explosion actuelle. Elle s'est déclenchée suite au meurtre d'un jeune père de famille afro-caribéen, Mark Duggan, abattu alors qu'il était plaqué au sol par un commando des Forces spéciales. Et ce sont en gros des mêmes quartiers pauvres qu'en 1981 que sont venus les émeutiers -- des quartiers où le taux de chômage compte parmi les plus élevés du pays.

Là s'arrête le parallèle car, contrairement à 1981, les émeutiers ne se sont pas contentés cette fois-ci de livrer bataille à la police ou de s'attaquer aux commissariats. À la différence de ce qui s'était passé lors des émeutes des banlieues de 2005 en France, où les jeunes s'en étaient pris à leurs propres cités, à leurs écoles, aux voitures de leurs parents et de leurs voisins, les émeutiers anglais s'en sont pris, cette fois, aux symboles les plus ostentatoires de richesse qu'ils avaient à portée de la main.

Après l'explosion de 1981, une politique de « promotion de la mixité sociale » avait été mise en œuvre dans ces municipalités populaires, pour prétendument en assurer la « réhabilitation ». Dans ces municipalités, il y avait des quartiers plus aisés mais, du coup, la combinaison de cette politique, de la spéculation immobilière, de l'augmentation des inégalités sociales durant un prétendu « boom », puis de la montée de la pauvreté depuis le début de la crise, a accentué la ghettoïsation des quartiers les plus pauvres, tandis que les quartiers aisés voisins étalaient les richesses de leurs commerces et de leurs restaurants.

C'est à ces symboles, situés dans les quartiers aisés voisins, que les émeutiers s'en sont pris un peu partout, en brisant des vitrines, en particulier celles des banques, et en incendiant des édifices commerciaux. À Manchester et Birmingham, ils sont même allés jusqu'à s'attaquer aux riches centres commerciaux des centres-ville.

Une fois les vitrines brisées, les pillages ont suivi, venant d'une fraction des émeutiers, pour la plupart très jeunes, mais même de mères de famille qui ne résistaient pas à cette occasion inespérée de remplir un chariot. De façon tout aussi prévisible, derrière les émeutiers sont venues des bandes qui, elles, s'intéressaient plus aux opportunités offertes qu'aux symboles.

Mardi 9 août, alors que ni le déploiement massif de forces par la police, ni le recours aux chiens policiers et aux chevaux n'avaient eu vraiment d'effet à Londres, la fermeture générale des commerces en milieu d'après-midi dans la plupart des municipalités périphériques mit un terme à l'essentiel des émeutes dans la capitale. Nul ne peut dire si elle ne reprendra pas, d'autant que le mouvement s'intensifie en province.

Cameron, le Premier ministre, rentré précipitamment de vacances, n'a pas manqué de promettre aux « criminels » les sanctions qu'ils « méritent ». Prenant prétexte d'une telle promesse, des groupes de « vigilants » se sont formés dans quelques municipalités londoniennes, à l'initiative de personnages d'extrême droite et de groupes intégristes religieux.

Quant à ceux des jeunes émeutiers -- et certains ont eu l'occasion de l'affirmer devant les médias -- qui pensent pouvoir exprimer leur rejet de leur condition sociale en ne s'attaquant qu'à des symboles, ils se trompent eux-mêmes. Mais le fait que ces émeutes se produisent n'en est pas moins un symptôme de la maladie du système qui, semant la pauvreté, récolte la rancœur et la colère.

François ROULEAU
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Message par meichler » 11 Août 2011, 05:37

[edit]
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Message par luc marchauciel » 11 Août 2011, 06:33

http://www.lefigaro.fr/international/2011/...ers-anglais.php


a écrit :
Le profil complexe des émeutiers anglais

Par lefigaro.fr Publié le 10/08/2011 à 21:54 Réactions (54)

 
Si la plupart sont des jeunes hommes issus de milieux pauvres, les tribunaux voient aussi défiler parmi les personnes arrêtées des enfants, des femmes et des quadragénaires établis.

Lorsque les premières émeutes ont éclaté samedi soir, certains journaux et politiques britanniques ont immédiatement dénoncé les «gangs», à l'origine des attaque selon eux. Quatre jours plus tard, alors que les violences et les pillages se sont propagés en dehors de la capitale, la réalité semble plus complexe. Si une majorité des émeutiers sont bien de jeunes hommes issus des quartiers pauvres, les premières comparutions révèlent des profils très atypiques.

Parmi les personnes qui ont défilé à la barre, un homme qui s'apprête à intégrer l'armée, un chauffeur de chariot élévateur, un graphiste, un ouvreur dans un opéra de Londres. Un cuisinier d'un restaurant bio âgé de 43 ans et son frère de 47 ans ont également comparu pour avoir dévalisé une enseigne de restauration rapide à Clapham, un quartier relativement aisé du sud de Londres. La plupart des accusés ont un casier judiciaire vierge, rapporte le Times.

D'autre part, les différents témoignages recueillis par les journalistes britanniques montrent que l'origine ethnique des émeutiers est très diverse. Les pilleurs sont indifféremment asiatiques, noirs, blancs ou d'origine turque. Les foules de casseurs ne sont pas plus anarchistes ou altermondialistes. Le manque de revendications politiques est patent.

Des mères de familles parmi les pilleurs
Les émeutiers présumés comptent aussi dans leurs rangs de nombreux adolescents et même des enfants dont certains n'ont pas plus d'une dizaine d'années. Le porte-parole de la mairie de Manchester, où des troubles ont éclaté mardi soir, fait état «de jeunes de 9, 10 ou 12 ans, cagoulés, brisant des magasins». Un garçon de 11 ans a même été arrêté lundi soir alors qu'il pillait une boutique à Birmingham. Autre illustration de l'extrême jeunesse d'une partie des fauteurs de troubles, Tim Godwin, qui assure l'intérim à la tête de Scotland Yard, a appelé en début de semaine les parents à «contacter leurs enfants et à leur demander où ils se trouvent.»

Mais les parents censés aider la police à ramener le calme n'ont pas été les derniers à descendre dans les rues. «J'étais dans les émeutes et c'est ma fille de 16 ans qui m'appelait pour savoir où j'étais», glousse Jackie, une mère de famille de 39 ans. Elle n'est pas la seule femme à avoir participé, loin s'en faut. Une autre mère avec deux enfants a par exemple été filmée par une caméra en train d'essayer des chaussures qu'elle venait de dérober dans un magasin de sport de Tottenham, au nord de Londres. Des jeunes londoniennes, interrogées par la BBC, se sont elles félicitées d'avoir pu voler de l'alcool pour faire la fête toute la nuit. D'autres jeunes filles ont aidé par endroit à monter des barricades, rapporte le Guardian .

La distinction entre les participants responsables de délits d'émeutes - voitures brûlées, agressions de policiers - et des pillages opportunistes n'est jamais très claire. En dépit de la grande variété des situations et des profils identifiés, David Cameron persiste à incriminer les «gangs», comme s'ils formaient une entité homogène. «Il n'est que trop clair que nous avons un grand problème avec les gangs dans notre pays», a déclaré le premier ministre mercredi matin, ajoutant qu'ils n'étaient «en rien représentatifs de l'énorme majorité des jeunes gens de notre pays qui les méprisent.»

luc marchauciel
 
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Message par Doctor No » 11 Août 2011, 06:50

L'article de LO est mauvais.

Trop neutre, il n'explique rien, plus dans le journalisme (et un journalisme pas très bon, l'article du Figaro est meilleur de ce point de vue) et dans les "pillages" que dans les raisons politiques et économiques de cette explosion de colère justifiée.
Si on publie ce que les trotskystes anglais disent, la différence saute aux yeux.


a écrit :Socialist Workers Party statement on the riots

Why people are rioting

The riots that swept large parts of London, Birmingham, Liverpool and Bristol last night are an explosion of bitterness and rage.

This is what happens in a society of deep and growing inequality, where there are great pools of unemployment and poverty, where there is systematic police harassment and racism, and where many young people feel they have no future.

Just as with the student protests last year, it is the “lost generation” created by the Tories who are at the centre of these struggles—although many older people were also involved.

The factors that made them rebel affect millions. The riots are not about “criminality” or “mindless violence”. Political slogans such as “Whose streets, our streets”, demands for “Justice” and denunciations of the police have featured in all the protests.

The backdrop is the deepening of the capitalist crisis. The anarchy of the market is far more devastating than the supposed anarchy on the streets. The bankers and businessmen, who continue to grab bonuses even as wages are hammered, have enriched themselves more effectively than any looter.

Police racism and brutality

In Tottenham the flashpoint was the police killing of Mark Duggan—and the lies and callous treatment of his family and friends which followed. This is just the latest episode in a history of racism and police brutality in the area.

No police officer has been found guilty of a death in custody in the past 40 years, despite deaths averaging one a week. Earlier this year, thousands marched in south London over the death of reggae artist Smiley Culture, who police accused of stabbing himself while they were in his home.

These incidents are the sharp end of police racism. But the harassment of young black and Asian people is a daily feature of life in Britain. Black people are 26 times more likely to be stopped and searched by police than white people.

Already, during these riots, hundreds of people have been arrested. There will be a further clamour from the press and politicians for revenge, and to hand the police even greater powers. We utterly oppose such measures. Far too many rights have been stripped from us already.

The scandals in the Murdoch press highlighted the corruption of the Metropolitan Police. Their brutality and racism are clear to millions. The last thing we need is to strengthen their hand.

The Tory attacks

Equally the riots would not have happened without the attacks being launched by the Tory-led government.

In Haringey, the London borough that contains Tottenham, 54 people chase every job vacancy. Eight of the 13 youth centres are due to close because of the government’s cuts.

Last year the government took Education Maintenance Allowance from 630,000 young people and tripled university fees, putting up a great “No entry to education” sign to most.

Britain is already less equal that at any time since the 1930s. While many of those who left school last month face a future without hope, the combined fortunes of the 1,000 richest people in Britain rose £60 billion in 2011 to nearly £400 billion.

The £81 billion of cuts decreed by David Cameron’s government will mean hundreds of thousands of job losses, devastated communities and services destroyed.

At some point people pushed to the wall will turn and fight back. That is what is happening now, just as it did during Margaret Thatcher’s reign in the 1980s, the great slump of the 1930s and the great depression of the 1880s—all periods which saw riots in Britain.

The riots are also a judgment on the utter failure of Ed Miliband’s Labour Party to offer an alternative to the Tories. All the political parties offer essentially the same recipe, just as now they have no solutions except water cannon, prison sentences and the army on the streets.

Resistance is the answer

Riots are an expression of anger, as Martin Luther King said, they are “the language of the unheard”. But to stop the Tories more is needed.

We need more protests like the huge demonstration on 26 March and the strike by 750,000 workers on 30 June. Such struggles can unite desperate young people and workers who face job cuts, attacks on pensions, huge wage reductions and worse conditions.

We call for the TUC, trade unions, and campaign groups to hurl themselves into the fight against the cuts, poverty and racism. We call for building events such as the demonstration against the English Defence League in east London on 3 September, the protest at the Tory conference in Manchester on 2 October, and the coordinated strike by more than a million workers planned for November.

A real solution to the despair that creates riots will need a different sort of society, where the needs of the vast majority, rather than a tiny elite, come first.


Ce ne sont pas les révoltés (que non les émeutiers) qui se trompent eux-mêmes mais ceux qui persistent à voir dans un mouvement spontanné contre une oppression permanente et les effets de la crise du capitalisme que les cotés purement destructifs d'une révolte.
Doctor No
 
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Message par luc marchauciel » 11 Août 2011, 07:04

L'article de LO me semble au contraire être en phase avec ce qui ressort des enquêtes sur les émeutiers : d'un côté il s'agit de pauvres et pas (ou pas suelement) de gangs, de l'autre, après l'étincelle initiale du meurtre par la police, il y a surtout là dedans largement un côté "on en profite pour aller faire les courses gratos".
Avec toutes les limites que ça a, vu que, comme le dit l'article ci dessous,

a écrit :
«Dans la rue entièrement pillée de Croydon, un seul magasin était indemne : la librairie !»


On en serait presque désolés, pour le coup....

a écrit :
«Ces policiers tétanisés, ces fringues, c'est trop tentant…»

Par Cécilia Gabizon Publié le 10/08/2011 à 22:19 

 
SSi les gangs ont mené les charges et les actions les plus violentes, ils étaient entourés de «badauds» de l'émeute, qui ont donné de l'ampleur au pillage.


«Les peuples arabes luttent pour la liberté… ces jeunes pour un écran plasma !» ironise Yasar, un commerçant qui a vu son magasin partir en fumée à Croydon, dans le sud de la capitale. «Ce n'est pas une révolte, mais du shopping instantané de masse…», renchérit Yolanda, également attaquée.

Ce déferlement de violence leur semble meaningless (absurde, vide de sens). Ce mot revient dans toutes les bouches. Comme s'il était impossible de comprendre pourquoi les villes anglaises flambent depuis plusieurs jours. Car ce qui ressemblait à une révolte communautaire, dans le quartier pauvre de Tottenham, au nord de Londres après la mort d'un père de famille tué par des policiers dans des circonstances qui font l'objet d'une enquête, a très vite évolué en razzia généralisée.

Les casseurs, d'abord principalement noirs à Tottenham, à l'image du quartier qui regroupe de nombreux Jamaïquains et des familles originaires des Caraïbes, sont devenus sans couleur, sans religion. «C'est le ramadan, en ce moment, je doute que les musulmans soient impliqués», répètent les observateurs. Et si la rancœur contre des policiers régulièrement accusés d'opérer des contrôles au faciès ou d'être impliqués dans des bavures est réelle dans ces quartiers… elle n'a pas été le fuel de la révolte partout.

Les boys des quartiers nord qui se sont déchaînés le samedi soir ont donné le ton en ravageant tout autour d'eux. Quel que soit le niveau social de leurs voisins ou leur origine. Jean-Vincent, Antillais, était dans sa voiture en compagnie de trois amies noires, lorsqu'un groupe a fait irruption à Greenwood. Ils avaient bloqué la route et tenaient des briques. «Vous ne voyez pas qu'on est noir ?» a lancé l'une des jeunes filles en espérant ainsi apaiser leur rage. C'est à cet instant qu'un pavé a traversé le pare-brise, puis un deuxième, avant qu'ils ne réussissent à fuir… sonnés. «Au moins on ne se sent pas spécialement visé comme Blanc», ajoute Paul, un entrepreneur pris au milieu des feux le lundi soir à Cambden. Et ce sont des Sikhs qui ont entrepris de défendre à la fois leur temple et la mosquée voisine à Southall.

Casseurs endurcis et amateurs
Si l'émeute a démarré comme un de ces grands spasmes qui ont secoué les quartiers ghettos depuis les années 1980, elle s'est transformée en une «mob», une de ces mobilisations instantanées rassemblant des centaines de personnes qui ne se connaissent pas. Par Twitter, Facebook et SMS. En version bobo, cela consiste à rassembler des foules pour un apéro géant.

Ces derniers jours, les mobs sont devenues des meutes. Tous, qu'ils soient de petites frappes de quartier ou des jeunes grisés par l'événement, se sont greffés, par la magie d'Internet, saluée lors des printemps arabes, et détonante lorsqu'elle sert la casse. La messagerie gratuite du BlackBerry (BBM) a fait fureur, véritable «général d'armée qui dit où attaquer», ironise une policière. «Tout le monde à South London. (…) On emm… la police. Amenez vos sacs et caddies», intimait l'un des messages. Certains officiels souhaitaient couper le réseau pour tarir le flux de ces mots d'ordre, «mais c'était impossible».

Si les gangs ont mené les charges et les actions les plus violentes, ils étaient comme entourés de «badauds» de l'émeute, qui ont donné de l'ampleur au pillage. On a arrêté un serveur sans casier, une hôtesse d'accueil, un cuisinier de 47 ans, qui se servaient dans des magasins dévastés ou démolissaient eux-mêmes des vitrines ! Parmi les 750 personnes déjà interpellées à Londres, on trouve les habitués du commissariat. Mais aussi des anonymes qui semblaient promis à une vie rangée. «Je passais, je suis entrée dans le magasin éventré. Toutes ces fringues gratuites et les policiers qui semblaient tétanisés, c'était trop tentant… », explique une étudiante.

Ce mélange détonant brouille les explications. Même si la carte des émeutes recouvre largement celle des quartiers populaires. «Beaucoup d'émeutiers viennent probablement de familles défavorisées et marquées par le chômage. Ces jeunes ont pillé les magasins car ils en avaient l'opportunité et n'avaient rien à perdre», analyse John Pitts, criminologue, dans le Guardian. «Cette génération, bombardée de pubs et élevée dans le culte d'une consommation excessive, s'est déchaînée.»

La jonction entre les casseurs endurcis et les amateurs est d'autant plus facile que, à Londres, les quartiers sont mêlés. Ici, point de cités HLM massives avec leurs bandes d'en bas des tours. Les gangs sont dans la ville, plus discrets. «Normalement, chacun fait son business, dans son coin. Bien sûr y'a du trafic, y'a des meurtres parfois. Certains ont le couteau facile», explique un Jamaïquain de Greenwoood. «Mais on ne traîne pas en bas. Et on peut apparaître avec un 4 × 4 sans se faire embrouiller par les autres», raconte Denis. «On est des individualistes. Mais il faut croire que l'esprit des mobs a prospéré.» Notamment chez les plus jeunes. «On est descendu prendre des fringues, avouent deux sœurs de Hackney. Nos parents ont rigolé.»

Certains justifient leur pillage d'un sommaire : «Y'en a marre de voir les riches se goinfrer et nous trimer», comme cet adolescent au teint laiteux sous la capuche. Mais les arguments sociaux heurtent vite les nombreux épiciers immigrés qui ont vu leur boutique ravagée… «J'ai même vu un jeune voler du riz ! Quelle blague», raconte une victime. Et d'ajouter, pince-sans-rire, comme pour compléter sa démonstration : «Dans la rue entièrement pillée de Croydon, un seul magasin était indemne : la librairie !»

En être pour retenir l'attention
«En réalité, il y a les vrais gangs et beaucoup de petits jeunes du quartier totalement désœuvrés, raconte Coralie, tandis qu'elle surveille sa rue la nuit à Kentish Town. J'ai grandi ici, je suis la seule à avoir étudié. Leurs parents sont chômeurs. Ils ne font pas de différence entre ce qui est bien ou mal. Là, ils s'amusent. Pour une fois qu'on leur prête attention. Cela les change de la maison. Alors ils continuent pour qu'on les regarde.»

En 2005 et 2007 en France, les émeutiers branchaient la télévision, pour comparer «les performances» des quartiers. Désormais, le Net recrée le front en temps réel. «Et c'est vrai qu'on a envie d'en être», ne pas laisser passer les projecteurs, lâche un gamin. Sans réaliser que des milliers de clichés ont été placés sur les réseaux sociaux cette fois par la police qui appelle les internautes à identifier les pillards…



http://www.lefigaro.fr/international/2011/...tentant8230.php

Le truc qui me rassure, c'est qu'il n'y a pas de tensions "communutaires" apparues à cette occasion, ma crainte semble infondée.
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Message par Zimer » 11 Août 2011, 11:24

Le Doctor No ne comprend pas la politique visblement lorsqu'elle n'est pas exprimé avec des formules ronflantes et une phraséologie gauchiste ...
Inutile de dire en quoi ici l'article de LO dit bien des choses et pose le problèmes en terme de classe et de conséquence de la crise du capitalisme ....En revanche l'article du SWP montre de façon presque caricatural comment la "phrase" gauchiste peut cacher (mal cacher ) l'opportunisme ....Avec une réserve sur les travaillistes il dénonce surtout et avant tout et de façon usé les Tories !!! et aussi il quémande l'intervention de la bureaucratie syndical !
Zimer
 
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Message par luc marchauciel » 11 Août 2011, 11:39

Tiens, tout ça me fait réaliser que Cameron est un Tory, je croyais que c'était un travailliste. Faut dire que ça fait un bail que je fais plus trop la différence.
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