La Libye, l'autre pays du mirage

[Vania]

Le pétrole libyen de nouveau convoité

Le Figaro, Eugène Zagrebnov, Mis à jour le 22/08/2011 à 21:34

Contrôlée par les forces rebelles à l'est, la Libye se dit prête à reprendre les exportations de pétrole. Cependant, la chute du régime de Kadhafi pourrait ouvrir les réserves du pays à de nouveaux acteurs.

Après que les rebelles libyens ont pris d'assaut Tripoli ce lundi, les prix du pétrole ont chuté sur le marché londonien. Cette forte baisse s'explique par le retour prochain sur les marchés du douzième plus gros exportateur mondial. Selon les estimations, la Libye possèderait 44 milliards de barils de pétrole de réserves, loin devant le Nigéria (37,2 milliards de barils) et l'Algérie (12,2).Pendant le conflit, la production du pétrole libyen, qui atteignait près de 1,6 million de barils par jour, a chuté jusqu'à 50.000 barils par jour, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Jusqu'au début de l'année, la Libye était le 17e producteur de pétrole dans le monde et le troisième en Afrique, alors qu'il ne représentait que 2% de la consommation mondiale.

Les analystes du secteur espèrent une reprise progressive de la production, qui devrait atteindre, en 2012, la moitié de son niveau d'avant-guerre et retourner à la normale en 2013. Les rebelles contrôlent désormais l'Arabian Gulf Oil Company (AGOCO), basée à Benghazi. Avant le conflit, la société produisait près de 440.000 barils de pétrole par jour, pompés depuis plusieurs champs pétroliers à l'est du pays. Il s'agit notamment de Sarir, le plus important champ pétrolier libyen, ainsi que du gisement de Mesla. Selon un responsable d'AGOCO, la production due ces sites pourrait reprendre d'ici à trois semaines.

Le bassin de Syrte, qui accueille environ 80% de gisements pétrolifères confirmés du pays reste encore aux mains des fidèles de Mouammar Kadhafi, tout comme d'autres lieux clés de l'industrie, d'après l'agence Reuters.
Un retour des producteurs étrangers attendu

L'entrée des rebelles à Tripoli a permis à certains producteurs étrangers d'annoncer leur retour en Libye. C'était le cas lundi de l'italien Eni, principal acteur étranger du secteur en Libye avec une production de près de 110.000 barils de pétrole par jour avant le conflit. Selon le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, des employés d'Eni sont arrivés sur place pour superviser le redémarrage des installations pétrolières dans l'est du pays.

D'autre part, son président Giuseppe Recchi a indiqué lundi que la Libye pourrait redevenir une source pétrolière et gazière avant l'hiver, une fois le conflit terminé. Le britannique BP, qui a dû suspendre en début d'année le lancement d'une campagne d'exploration pétrolière dans le pays, espère y rédemarrer ses activités dès que la situation le permettra, et en a informé le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion.

De son coté l'autrichien OMW n'a dit entamer aucune négociation avec les rebelles pour l'instant. Quant au français Total et l'allemand Wintershall, ils se sont refusés à tout commentaire sur le sujet.

Malgré un retour progressif des compagnies pétrolières étrangères en Libye, de nouveaux acteurs, comme la compagnie nationale du Qatar ou la société de négoce Vitol, seront en concurrence avec les géants occidentaux déjà présents. Selon les analystes, Total et Eni pourraient sortir grands gagnants de la redistribution des cartes dans le secteur grâce au soutien précoce apportés par Rome et Paris à la rébellion.

http://www.lefigaro.fr/matieres-premieres/...au-convoite.php

On comprend mieux l'empressement de la France à intervenir... Et comme le "CNT" recycle une bonne partie de l'encadrement politique et militaire de la dictature presque défunte de Kadhafi, on peut s'attendre à ce que les salaires et les conditions de travail soient les mêmes, voire qu'elles s'aggravent, destructions et appauvrissement aidant. Reste à savoir comment réagiront les travailleurs du pétrole, et comment réagiront les classes populaires en général face à l'affirmation du pouvoir de ce "CNT", qui ne manquera pas de vouloir remettre le pays au pas, pour le plus grand profit des compagnies pétrolières. Elles ont hâte en tout cas, et ne semblent rien avoir à craindre de ce "CNT".

[quijote]

mais Granit en dehoirs de quelques declaratioins du CNT qui n engagent a rien quelles garanties avons nous ? On a lieu de tout craindre .. quant a la possibilte de creer des syndicats etc , la aussi tu t emballes un peu trop vite .. l

[abounouwas]

allez, juste pour rigoler sur les libertés,
Sallâbi et Belhâj - qui ne cachent pas leur fervent amour islamiste des libertés démocratiques - se retrouvent (je n'invente rien, ils interviennent à visage découvert sur al-Jazeera et al-Arabiyya) commandants militaires. Par amour de la "révolution bourgeoise" (celle-là, aussi, elle me fait bien marrer) ?

[abounouwas]

eh bien tu ne manques pas d'air,
c'est plutôt à toi de justifier qu'il y a une révolution bourgeoise en l'occurrence,
moi, pour l'instant, je vois une clique de bureaucrates et des islamistes s'appuyer sur un mouvement populaire pour ravir à l'ancienne clique dont une partie est issue le pouvoir politique et économique.
Les gros bourgeois, Granit, ils étaient du côté de Kadhafi, voire dans sa famille. Le soulèvement n'est pas de leur fait. Si tu veux te faire une idée de ce qu'est l'opposition politique en Libye, tu peux aussi réfléchir aux mouvements politiques qui composent le "17 février" : monarchistes, islamistes, nationalistes...
ensuite, poser sur le papier qu'il y aura une constituante n'engage que ceux qui les croient, a fortiori la méfiance est de rigueur quand on sait que ceux qui dirigent le mouvement d'insurrection se contrefoutent des intérêts de la population. Oui, des centaines de milliers de Libyens risquent leur vie pour se débarrasser de leurs tyrans, je ne vois pas en quoi cela t'autorise à blanchir le CNT qui demeure un ramassis d'opportunistes réactionnaires.

[Vania]

A Granit

Bon, je parlerai de la fin de ta réponse, seulement, qui réitère ce que tu as déjà pu affirmer par ailleurs. Les évènements en cours en Lybie sont, tu l’écris, une révolution bourgeoise. Je ne relèverais pas le fait que tu hésites entre le présent et le passé pour parler des révolutions bourgeoises (dans le passé et donc dans l’histoire) « qui (ont été) un immense facteur de progrès pour l’humanité ». C’est sans doute que tu (et nous) manqu(ons) de références pour le XXe… Mais bon, admettons… Ok, c’est une révolution bourgeoise. Tu m’excuseras tout d’abord, je connais très mal la société libyenne. C’est ainsi. Le monde est vaste, peut-être deux cent pays, avec chacun son histoire, ses particularités… Un homme seul ne peut connaître à lui seul le passé et le présent de chacun de ces pays, en comprendre les enjeux sociaux et politiques à un moment donné… Mais bon, puisque tu sembles être sûr de ton fait, c’est une révolution bourgeoise, soit, allons-y. J’imagine du coup que tu perçois la société libyenne sous Kadhafi comme encore empreinte de nombreux traits féodaux, avec notamment sa question agraire. Ce en quoi je serais je ne disconviendrai pas. Mais j’imagine aussi, puisque tu sembles si sûr de toi sur la nature des évènements en cours, que tu as fait un diagnostic de l’état de la société au départ des évènements, de ses forces sociales, de leurs rôles, de leurs objectifs, de leurs possibilités…
Du coup, une série de question : toi comme moi devons du coup savoir qu’une révolution bourgeoise, une vrai, comme la révolution de 1789, ne peut se limiter aux seules libertés « démocratiques » (au sens bourgeois du terme). Devant elle se dressent les féodaux (les propriétaires terriens) et la hiérarchie religieuse. Alors quel est le statut de la terre aujourd’hui, qui la possède, existe-t-il un petit paysannat face à de gros propriétaires, des paysans sans terres, un prolétariat agricole, et si oui, que prévoit le « CNT » pour régler la question de la terre ? Cela fait partie (ou a fait partie…) des tâches historiques de toute révolution bourgeoise digne de ce nom. (Si la Libye est un pays surtout désertique, elle possède aussi des terres agricoles, à l’ouest autour de Tripoli et dans le Djebel Nefoussa, une fine bande dans le golfe de Syrte, et de plus vastes terres en Cyrénaïque, mais bon, tu sais déjà tout ça…) Sur le poids de la religion et de la hiérarchie religieuse, dont les membres sont souvent aussi des propriétaires terriens, quid ? S’il s’agit d’une authentique révolution bourgeoise, qui s’attaque aussi à la question agraire, alors nul doute que cette hiérarchie religieuse y est opposée. Et j’imagine du coup que le « CNT » a fort à faire avec les courants religieux…
Voilà, si en dehors des seules « libertés démocratiques », tu pouvais nous éclairer sur ces questions. Ah, et si l’on pouvait lire cette « feuille de route », aussi. Discuter dans le vide, c’est ennuyeux, au bout d’un certain temps.

[abounouwas]

le site officiel :
http://www.ntclibya.com/
en anglais :
http://www.ntclibya.com/Default.aspx?SID=1...ntID=0&LangID=1

[abounouwas]

"mardi 23 août 2011
Libye, un dictateur sanguinaire chancelle, par qui sera-t-il remplacé ?

En entrant dans la capitale, Tripoli, les rebelles libyens semblent avoir obtenu une victoire militaire décisive contre le pouvoir du dictateur Kadhafi, grâce à l’aide des grandes puissances. Rappelons que Kadhafi, il y a quelques mois encore, était un allié des Obama et Sarkozy qui osent se présenter aujourd’hui cyniquement comme des « champions de la liberté des peuples ».

Alors il est certain que le pouvoir que ces grandes puissances contribueront à mettre en place ne représentera en rien les intérêts des masses pauvres de Lybie. Et il est à souhaiter que celles-ci ne se laisseront pas duper et sauront faire entendre leur voix."

LO