a écrit :Voici le détail de ces mesures fiscales :
- Taxe exceptionnelle sur les hauts revenus de 3% à partir de 500 000 euros de revenu fiscal annuel. Celle ci prendra fin quand le déficit sera réduit à 3% du Produit intérieur du brut (PIB) c'est à dire en 2013 selon les prévisions du gouvernement. Cette taxation doit rapporter 200 millions d'euros en 2012.
- Hausse des prix du tabac, de l'alcool et des sodas. «Nous aurons une hausse du prix du tabac de 6% quasi immédiate, puis une taxation supplémentaire qui sera mise en place en 2012 sur l'alcool et sur les boissons dans lesquelles on ajoute du sucre», a déclaré François Fillon. Ces mesures doivent fournir pour le seul tabac à la Sécurité sociale des recettes supplémentaires de 90 millions d'euros en 2011 et 600 millions d'euros en 2012. A cela vont s'ajouter 340 millions d'euros en 2012 de recettes supplémentaires grâce à la hausse des prix des alcools forts et 120 millions d'euros pour celle des boissons sucrés.
- Modification de la taxation des plus-values immobilières. C'est la mesure la plus révolutionnaire. Elle rapportera 180 millions d'euros en 2011 et 2,2 milliards en 2012. Elle prévoit la suppression de l'abattement de 10% par an sur les plus-values immobilières réalisées lors de vente de résidences secondaires, de logements vacants, de biens locatifs ou de terrains à bâtir. Désormais la plus-value sera calculée en fonction du prix d'achat, seulement majoré de l'inflation constatée depuis la date d'acquisition. Ce nouveau régime, qui s'applique aux cessions consécutives à des promesses ou compromis de vente signés après le 24 août 2011, ne concerne pas la cession des résidences principales.
- Coup de rabot sur les niches fiscales. Le gouvernement va inscrire dans le budget 2012 un nouveau coup de rabot de 10% sur une série de niches fiscales, après celui, du même ordre, adopté l'an dernier. «Le périmètre concerne les mêmes niches» que celle déjà visées en 2011. Ces réductions doivent rapporter 300 millions d'euros en 2011 et 5,6 milliards en 2012.
- La TVA pour les billets d'entrée des parcs à thème relevée de 5,5% à 19,6%. Recettes attendues: 90 millions d'euros en année pleine
- Relèvement de 12,3% à 13,5% des prélèvements sociaux sur les revenus du capital (...) «dans un souci de rapprochement de la taxation des revenus du capital et du travail», explique le Premier ministre. Cette taxe supplémentaire devrait rapporter 200 millions d'euros en 2011 puis 1,3 milliards en 2012.
- Heures supplémentaires. Les salariés continueront à bénéficier des abattements sur les heures supplémentaires. Mais le gouvernement propose de réintégrer les heures supplémentaires dans le calcul des allégements de cotisations patronales sur les bas salaires (dits "Fillon" et mis en place en 2003). Cette mesure, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier, doit permettre de générer 600 millions d'euros de recettes supplémentaires à la Sécurité sociale.
- Dépenses de l'Etat. «Un effort supplémentaire de réduction» des dépenses de l'Etat (crédits «gelés») devra dégager 1 milliard d'euros en 2012
- Complémentaire santé. Suppression de l'exonération partielle de taxe spéciale sur les conventions d'assurance pour les contrats solidaires et responsables. Recettes attendues: 1,1 md d'euros en 2012
-Départements d'Outre Mer. Suppression de l'abattement de 30% sur le bénéfice imposable des entreprises dans les départements d'outre-mer (100 millions d'euros attendus)
- CSG. Suppression ou réduction des dérogations en matière de CSG (800 millions)
- Harmonisation du report des déficits en matière d'impôts sur les sociétés avec les règles en vigueur en Allemagne.
- Les véhicules de société les plus polluants seront plus taxés. Le barème de la taxe sur les véhicules de société (TVS) va être revu, en favorisant les véhicules les moins polluants, avec l'objectif de dégager 100 millions d'euros pour la Sécurité sociale l'an prochain.
- Divers. Hausse du forfait social de 6% à 8% (400 millions), alignement sur le droit commun des cotisations sociales du secteur de l'énergie (200 millions), harmonisation dans la loi de l'assiette de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S, 200 millions)
La plus folle pour moi, c'est la hausse des prix des sodas !
C'est évidemment augmenter la tva, l'impôt le plus injuste et qui frappe le plus les milieux populaires, tout en gardant un prétexte vertueux : lutte contre l'obésité.
A ce niveau, on peut augmenter toute la TVA sur la bouffe, en dehors de la bouffe bio et du caviar, ça sera moins hypocrite !
Sinon, je pense qu'ils passeront un deuxi!ème train plus grave encore après les élections, comme en Italie.
A cet égard, je mets ici deux articles de la LO de cette semaine, qui aident bien à discuter :
Sur le culot de Sarko :
a écrit :
La « règle d'or » pour le budget : un gadget inefficace et une manœuvre politicienne
Depuis la mi-juillet, Sarkozy agite la question de la « règle d'or » qu'il prétend vouloir inscrire dans la Constitution. La prétendue règle en question aurait pour fonction de limiter de façon impérative toute dérive budgétaire.
Le plus grotesque dans cette affaire, c'est qu'il existe déjà bel et bien une règle : c'est le traité de Maastricht, qui interdit à tous les États de la Communauté européenne de dépasser, au titre du déficit budgétaire, 3 % du produit intérieur brut des États, le PIB. Or la droite, avec Sarkozy comme ministre des Finances puis Sarkozy comme président de la République, s'est régulièrement assise sur les règles impératives de ce traité, avec une explosion du déficit ces dernières années frôlant les 9 % du PIB, trois fois plus que le maximum autorisé. Alors, quand Sarkozy envisage de contenir la dette, c'est l'ivrogne qui promet de cesser de boire.
Et l'agence France Trésor qui emprunte pour l'État continue gaillardement de faire des émissions d'emprunts sans discontinuer.
La « règle d'or » c'est donc du pipeau. Et c'est surtout une petite manœuvre politicienne.
Le 26 juillet, Sarkozy a écrit à tous les parlementaires, avec ces mots : « La France doit être exemplaire dans la remise en ordre de ses comptes publics. Nous avons besoin de nous rassembler sur ces questions essentielles, au-delà des intérêts partisans. »
Pour que cette règle soit adoptée dans la Constitution, il faut l'accord des 3/5 des parlementaires, autrement dit l'accord de la gauche. Si celle-ci refuse, pas de « règle d'or ». Sarkozy veut donc faire porter sur la gauche, c'est-à-dire sur le PS, la responsabilité d'un refus de juguler la future dette, pour mieux faire oublier qu'il est le premier responsable de son niveau actuel.
Ces petites manœuvres politiciennes ne sauraient nous faire oublier l'essentiel. L'endettement du pays n'est pas celui de la population, il n'est pas le nôtre.
Notre seule « règle d'or » c'est : aux capitalistes de payer !
André VICTOR
Et sur ce qui nous pend au nez, le deuxième plan d'austérité comme en Italie, si l'on ne réagit pas :
a écrit :
Italie : deux plans d'austérité en un mois Une attaque brutale contre les travailleurs
« Notre cœur saigne. Notre gouvernement pouvait se vanter de n'avoir pas mis les mains dans les poches des Italiens ». C'est par ces mots que Berlusconi a commenté le projet de plan d'austérité, d'un montant de 45 milliards d'euros, présenté par son gouvernement le 13 août.
Il faut bien sûr comprendre, lorsque Berlusconi dit « les Italiens », qu'il parle des bourgeois, des hommes de sa classe, à qui en effet son gouvernement n'a jamais demandé de contribuer à restaurer les finances du pays. Et ils n'y contribueront pas beaucoup plus après ce plan, au contraire des autres « Italiens », ceux de la classe ouvrière et des classes populaires, qui ne feront que payer de plus belle.
Ce plan présenté en urgence, en plein milieu du mois d'août, fait suite à un premier plan de 45 milliards d'euros d'économies adopté à la hussarde en juillet. Sous la pression de la spéculation internationale, le gouvernement Berlusconi et en particulier son ministre des finances Giulio Tremonti ont estimé qu'il fallait, très vite, montrer qu'ils feront ce qu'il faut pour redresser les finances du pays et payer rubis sur l'ongle les intérêts de la dette.
Le plan prétend toucher les hauts revenus par une « taxe de solidarité » de 5 % sur les revenus salariés dépassant 90 000 euros par an, et de 10 % sur ceux dépassant 150 000 euros. Il parle également d'une taxe de 20 % sur les « rentes financières », qui devrait rapporter deux milliards d'euros. Mais il prévoit surtout une série de mesures contre les travailleurs du public et du privé.
Ainsi, l'augmentation prévue de l'âge de départ en retraite sera accélérée, en particulier pour les femmes du secteur privé, pour qui celui-ci atteindra 65 ans en 2027. Le versement de l'indemnité de départ des travailleurs de la fonction publique (la « liquidation ») sera retardé de deux ans. S'ajoutant au blocage des salaires déjà en vigueur, leur treizième mois sera supprimé s'ils sont salariés d'institutions qui « ne respectent pas les objectifs », une formulation qui semble ouvrir la voie à tous les arbitraires. La dotation des différents ministères sera réduite de six milliards dès 2012, ce qui laisse prévoir le gel de toutes les embauches, même sous contrat précaire. Les dotations des collectivités locales seront réduites d'autant, ce qui laisse prévoir un gel équivalent des embauches et des coupes drastiques dans les budgets de toute une série de services publics, allant des transports à la santé, déjà largement visés dans le premier plan d'austérité.
Le gouvernement n'oublie pas de faire plaisir au patronat au passage. Le projet de décret prévoit en effet de donner une valeur légale aux accords locaux ou d'entreprise conclus en dérogation aux accords nationaux. En pratique, cela sanctifie les accords imposés par la direction de Fiat dans ses usines de Naples et de Turin, contre lesquels des actions juridiques étaient en cours de la part des syndicats. Enfin, il prévoit une mesure bien symbolique : les jours fériés « non concordataires », c'est-à-dire les fêtes laïques, ne seront pas fêtés en semaine, mais reportés au dimanche le plus proche. Autant dire que seuls demeureront les jours fériés correspondant à une fête catholique, et que les autres jours fériés seront supprimés. Cela concerne l'anniversaire de la fondation de la République italienne, le 2 juin, celui de la chute du fascisme, le 25 avril, et enfin... le 1er°mai ! Passons sur le prétexte, qui est évidemment de renforcer la « compétitivité » de l'économie italienne, aux dépens des travailleurs bien sûr, en délivrant au passage un message politique qui devrait plaire à toute l'opinion réactionnaire.
Il reste maintenant à faire approuver ce projet par le Parlement. Cela devrait être fait début septembre, mais cela n'est pas sans susciter des polémiques au sein même de la majorité gouvernementale, et en particulier de la Ligue du Nord dont l'électorat montre de plus en plus son mécontentement pour le soutien du parti à Berlusconi. En revanche, comme pour le premier plan d'austérité en juillet, la collaboration d'une opposition que l'on n'ose même plus appeler de gauche permettra peut-être une approbation rapide. De même les organisations syndicales, et en particulier la CGIL, ne laissent prévoir rien d'autre que des protestations de principe. Reste à savoir ce que sera la réaction des travailleurs à ce plan qui ne leur annonce que des privations, la misère pour beaucoup, et certainement l'aggravation d'une crise aux conséquences déjà dramatiques.
André FRYS