A Granit.
Bon, nous règlerons pas nos désaccords de suite, et ce sont doute les évènements à venir qui démontrerons que la position de Lutte Ouvrière est juste. Tu as ta propre vision des choses, ta propre manière de les comprendre et de te positionner en fonction de ta manière de les comprendre. Tu défends tes positions, oui, tu as raison de les défendre, si tu crois justes. Tu éviteras simplement d'associer le nom de Trotsky, ou de trotskisme à tes positions politiques sur la question de la révolution bourgeoise en Libye, et des choix positionnels qui tu fais découler de ta vision des choses : c'est le parfait contrepied de la politique qu'a défendu Trotsky sur ces questions. Et jamais il ne défendrait une telle politique aujourd'hui. Que tu te trompes et accole le nom de Trotsky sur ta politique, c'est déjà faux politiquement, mais en plus tu devais défendre une telle politique autour de toi en l'appelant "trotskiste", là ce serait tromper ces personnes et serait infiniment plus grave.
A Pelon.
Oui, tu as raison, et j'ai présenté les choses de manière un peu trop tranchée. La politique du parti bolchévique quant au gouvernement provisoire ne changera radicalement qu'avec avril et le retour d'exil de Lénine.
Autrement, j'ai cherché quelques données sur l'économie libyenne, sur le poids des campagnes, les secteurs d'activités industrielles... Il y a peu de choses disponibles. Le truc le plus complet sur lequel j'ai pu mettre la main est une étude de marché commandée par le "Centre marocain de promotion des exportations". J'ignore le degré de fiabilité du document, mais comme j'imagine que les bourgeois aiment savoir où ils mettent les pieds... et leurs capitaux, ils ont sans doute fait appel à des gens qui connaissaient leur affaire.
Voici le lien, tout d'abord :
http://www.asmex.org/asmex/fichiers/Etude_libyen.pdfLes données que je cite ici sont issues de la partie "II Principaux secteurs économiques", à partir de la page 10.
Sur les campagnes, il y a plusieurs articles concernant l'agriculture et l'élevage. EN voici la teneur :
a écrit :1-Fruits et légumes frais
La Libye est caractérisée par l’importance des zones désertiques et le
problème de l’eau se fait cruellement sentir entraînant de sérieux handicaps
- La surface cultivée est estimée aujourd’hui à 2 170 000 ha sur une superficie totale
de 176 millions d’hectares,
- Le pays est confronté à des problèmes d’irrigation et de dessalement de l’eau,
- Les conditions climatiques sont favorables mais les sols sont le plus souvent
sableux,
- Le développement de l’agriculture est et reste l’une des priorités avec le projet de la
« Grande Rivière Artificielle » qui fournit 6 Mm3 d’eau fossile dédiée pour 40 % à
l’agriculture.
Le poste agroalimentaire représenterait 23 % du montant total des
importations. L’agriculture occupe 18 % de la population active et contribue pour 6,7
% au PIB. La production locale ne suffit pas à couvrir les besoins du pays et couvre
plus de 70 % des besoins nationaux.
Dans le cadre de l’accroissement de son potentiel agricole, la Libye a besoin
de (serres, unités de tirage, calibrage et emballage des produits, hangars de
stockage, entrepôts réfrigérés, camions frigorifiques) et la valorisation des produits
agroalimentaires.
2- Elevage
La Libye importe très peu de bétail vivant. Le cheptel est estimé à :
- 7 millions d’ovins et caprins
- 140 000 bovins
- 150 000 dromadaires
L’élevage bovin est surtout un élevage destiné à la production laitière. Les
races à viande ne sont pas très demandées. Pour ses besoins en viande de
boucherie, la Libye s’approvisionne auprès de la Roumanie, de l’Egypte et de
l’Australie. Elle importe également de la viande congelée d’Australie et de Nouvelle
Zélande.
5- le marché des machines agricoles
C’est vrai que la Libye est un pays désertique, mais avec la politique
volontariste, elle arrive à concrétiser son souhait d’accroître ses surfaces cultivables,
bien que la plupart des matériels agricoles dont elle dispose soit inadaptée.
Il n’y a qu’une seule unité de production de matériels agricoles en Libye qui
semble satisfaire la demande du marché locale. Mais, la Libye continue à importer
des matériels agricoles, mais aussi de groupes électrogènes et des pompes
d’irrigation pour les fermes éloignées.
L'agriculture concernerait, selon ce document, 18% de la population active, on peut donc supposer que c'est un chiffre beaucoup plus important que l'on trouverait si l'on voulait le % de la population habitant dans les campagnes et en vivant. Par ailleurs, ce chiffre est produit dans le chapitre "agriculture", mais qui concerne la seule culture, pas l'élevage. Pour ce chapitre, aucun chiffre concernant la population active. Il y a donc ambiguïté. Le chiffre total est-il supérieur, ou est-ce le même?
Pour l'activité industrielle, en voici la teneur :
a écrit :6- Secteur du bâtiment
La production locale des matériaux de construction très spécialisée, malgré
des réserves en matières premières consistantes, ne peut répondre à une demande
locale, d’où un recours systématique aux importations.
Outre cette spécialisation des unités de production de matériaux de
construction, la caractéristique principale de ce marché est de faire la part belle à une
multitude d’importateurs dont il est difficile d’évaluer la taille économique et leur
importance sur le marché : détaillants ou grossistes, ils ont un grand impact sur le
marché privé des particuliers.
Les besoins dus à la croissance démographique sont de 50 000 logements
chaque année. On évalue ainsi à 500 000 habitations le déficit en logements. Ces
besoins constituent donc la priorité première dans le secteur du bâtiment, devant
même les projets d’infrastructure.
7- Secteur industriel
La Libye a privilégié un développement industriel reposant sur l’industrie
lourde basée sur ses ressources pétrolières et la métallurgie lourde.
L’industrie de transformation n’est pratiquement pas développée. Un plan
quinquennal de privatisation prévoyait que 360 entreprises devaient être privatisées
d’ici 2008, dont 41 ouvertes au capital étranger majoritaire. Ce plan concerne en
priorité les industries lourdes (métallurgie, chimie, ciment, assemblage de véhicules),
les entreprises de textile et de chaussures.
Dans le secteur de l’industrie électrique et électronique, la société Générale de
Produits Electriques monte des appareils téléphoniques et de télécommunications,
des téléviseurs, des transformateurs et des haut-parleurs.
8- Chimie, Pétrochimie
Ce secteur représente plus de la moitié du PIB Les raffineries existantes en
Libye sont la propriété de la NOC (National Oil Corporation) et sont exploitées par
ses filiales. La Libye dispose de cinq raffineries, avec une capacité totale d’environ
380000 b/j, plus que le volume de consommation intérieure en pétrole (230 000 b/j),
le reste étant destiné à l’exportation.
Afin d’augmenter ses capacités de raffinage et de porter sa production de 1,7
M b/j actuellement à 3 M b/j à l’horizon 2010, la NOC a toujours en projet de
construire une nouvelle raffinerie à Sebha, pour le pétrole brut du champ voisin de
Mourzouk, en partenariat avec une société étrangère.
Le pétrole brut libyen est très apprécié sur les marchés internationaux parce
qu'il est de grande qualité et ne contient qu'une faible teneur en souffre, ce qui exige
peu de traitement avant d'être acheminé sur les marchés.
De plus, parce qu'il est situé près de la surface, le forage se fait à un faible coût
et le fait préférer comme source d'approvisionnement.
9- Textile
L’industrie textile est peu développée. La « National Textile Company » produit
des chemises (capacité de production annuelle : 480 000 unités), des survêtements
(940 000 unités), des sous-vêtements (1 250 000 unités), des vêtements pour
enfants (1870 000 unités), des vêtements femmes (480 000 unités), des vêtements
hommes (160 000 unités), des vêtements traditionnels (160 000 unités), des
vêtements en coton (94 000 unités).
Les importations dans le secteur du textile et de l’habillement se sont élevés,
en 2004, à près de 32 millions de dinars libyens : 12 millions pour les tissus et 20
millions pour les vêtements. Ce résultat est en léger recul par rapport aux chiffres de
2003.
Deux segments semblent composer le marché de l’habillement: celui du bas
de gamme et celui du moyen/haut de gamme. Le segment du bas de gamme
concerne la majorité des importations de vêtements réalisées par les grossistes
libyens et représente 4/5ème du marché. Le créneau du moyen/haut de gamme est
au contraire le fait de quelques importateurs privés.
La production de tissus est assurée par une société nationale (GCSW), qui
possèderait une capacité de production annuelle de 35 millions de mètres de tissus
par an, aussi bien pour la fabrication de vêtements, que pour celle de matelas ou
couvertures. Les importations de fils à tisser réalisées par la GCSW se composent, à
85%, de fils synthétiques importés essentiellement d’Asie. Cependant, en raison
d’une qualité très médiocre, la production de GCSW a de plus en plus de mal à
trouver preneur.
Les importations de vêtements se sont élevées en 2004, à plus de 19 millions de
dinars : 9 millions pour les vêtements « hommes », 5 millions pour les vêtements
«femmes et enfants » et 5 millions pour les vêtements mixtes.
La majorité est importée d’Asie (Chine et Turquie) et correspond à des
produits plutôt « bas de gamme ». En revanche, une part non négligeable,
notamment dans le domaine des vêtements « hommes » où elle représente près de
20% des importations, provient d’Europe, notamment l’Italie : elle se compose
évidemment de vêtements de « marque » haut de gamme, mais également de
produits « moyenne gamme » attractifs grâce à un meilleur rapport qualité/prix.
On constate, entre 2003 et 2004, une progression des parts de l’Asie dans les
importations de tissus synthétiques, au détriment des Pays Arabes. De faible qualité,
mais acheté à des prix « cassés », le tissu asiatique constitue l’essentiel des
importations réalisées par les grossistes libyens.
Une réflexion me vient, qui fera aussi réponse à l'affirmation de Granit, disant que la classe ouvrière libyenne n'est pas "locale". Si le secteur de l'agriculture n'emploie que 18% de la population active, à quoi s'occupe les 82% restant? Nul doute que la composition du prolétariat libyen est plus complexe que ce que l'on présente ici. Aux côtés de prolétaires qui ont émigré, il y aussi des prolétaires nés en Libye. Et les secteurs d'activité ne se limitent pas au pétrole et au gaz.