Faut-il sortir du nucléaire ?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par luc marchauciel » 14 Sep 2011, 18:46

Sur la question des cancers de la tyrhoïde en Corse, l'article de LO de cette semaine est catégorique... en ne se fondant que sur l'avis (partiel) de quelques médecins, et sur aucune étude épidémiologique :

a écrit :
Le docteur Denis Fauconnier qui avait très tôt dénoncé les conséquences des retombées radioactives sur la population de la Corse, signalait qu'il y avait eu après 1986 dans l'île une augmentation de 117 % des consultations pour des pathologies thyroïdiennes.


Sur son blog, Huet fait lui le point d'ensemble sur les enquêtes menées sur cette question, et estime que précisément pour les raisons pour lesquelles on peut dire que Tchernobyl a provoqué une hausse des cancers de la tyrhoïde chez les enfants ukrainiens [cancers pour la plupart soignés, mais c'est une autre histoire), on ne peut pas dire qu'il y a un lien quelconque entre la catastrophe et la hausse des cancers de la tyrhoïde en France (qui a commencé en 1982... sans doute une anticipation de la catastrophe nucléaire). On ne le peut pas, et même pas vraiment en Corse, où la question se poserait pourtant le plus ( c'est là où les dépôts radioactifs ont été les plus élevés) :

a écrit :
On voit donc que si cette contamination a pu provoquer des cancers de la thyroïde chez les personnes âgées de moins de 18 ans en 1986, on les verrait dans l'Est de la France et en Corse de manière assez nette relativement au reste de la France. Les études menées en Corse ne montrent qu'une incidence un peu plus élevée chez les hommes adultes que dans d'autres départements, qui reste inexpliquée. En Corse, 128 cas incidents de cancer de la thyroïde ont été observés entre 1998 et 2001, soit 32 cas par an en moyenne, dont 13 étaient âgés de moins de 15 ans en 1986.

► Mais l'affaire n'est pas close. Car si l'effet n'a pas été observé, ce n'est pas seulement parce qu'il  aurait pu ne pas exister, mais surtout parce qu'il n'aurait pu être que très petit relativement au nombre de cas attendus hors Tchernobyl. Ainsi, une étude théorique faisait l'hypothèse d'une relation linéaire sans seuil entre dose reçue et cancer (une hypothèse qui maximise le risque au delà du plausible), calcule que l'excès de cancer pour les 0-15 ans au moment de l'accident de toute la zone la plus touchée (bande Est de la France et Corse, voir carte ci-dessus) serait entre 7 et 55 sur 899 cas attendus sans rapport avec Tchernobyl... sauf que ce dernier chiffre est à plus ou moins 60, soit plus que le maximum possible de cas dû à Tchernobyl. Impossible donc de "voir", puisque la précision du regard est inférieure au détail que l'on recherche.



Voir

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2...tchernobyl.html
luc marchauciel
 
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Message par Jacquemart » 14 Sep 2011, 18:52

Je vais me répéter, mais je crois que le mieux est d'écrire au journal, en présentant tes arguments.
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Message par canardos » 14 Sep 2011, 20:13

Aurengo a très bien expliqué l'augmentation des cancers de la thyroïde au chapiteau scientifique à la fête de LO. Dommage que le rédacteur de l'article ne soit pas allé l'écouter.

le cancer de la thyroïde est largement une maladie du vieillissement comme tous les cancers et la population de la corse est plus agée que la moyenne. l'augmentation des cancers de la thyroïde comme celui des autres cancers a commencé bien avant tchernobyl et a accompagné ce vieillissement. la seule augmentation significative serait celle des cancers de la thyroide des enfants qui n'a jamais eté relevée.

les antinucléaires s'en tirent en établissant comme le dit une relation linéaire entre dose et cancer.

250 millisieverts c'est la dose à partie de laquelle il faut se montrer vigilant

à 1000 millisieverts il y a modification des globules blancs du sang

à 2400 millisieverts la probabilité de cancer augmente fortement

5000 millisieverts c'est la dose mortelle.


selon Aurengo, ceux qui affirment que le nombre de cas de cancers va forcement augmenter considèrent que si 100 personnes exposées à de fortes doses 2400 millisieverts par exemple ont une surmortalité de x% par cancer, alors les personnes exposées à 24 millisieverts (100 fois moins) auront une surmortalité de x/100%.

effectivement comme les personnes exposées à des faibles doses sont des milliers de fois plus nombreuses que celles exposées à de fortes doses, même avec un risque divisé par 100 cela ferait beaucoup de victimes.

Or Aurengo a expliqué que l'ensemble des travaux scientifiques consacrés à la question ont démontré que l'incidence de la surmortalité liées à l'irradiation n'était pas proportionnelle à la dose reçue car nous disposons de mécanismes de de réparation contre les effets de la radioactivité naturelle et les autres mécanismes mutagènes et que jusqu'à un certain seuil assez élevé de 2400 millisieverts aucune augmentation du nombre de cancers n'avait été mis en évidence.

ps: rappelons que la radioactivité naturelle à laquelle nous sommes exposés est en moyenne de 2,4 millisieverts par an

re ps: ont peut toujours accuser tous ces travaux scientifique d'être truqués par des mercenaires au service des lobby du nucléaire mais encore faudrait-il le démontrer et présenter des travaux scientifiques dans ce sens. Au lieu de ça on continue à lire le même calcul absolument appuyé par rien sur les effets des faibles doses. une nouvelle légende urbaine

re ps: l'argument selon lequel les consultations pour des pathologies thyroïdiennes aurait augmenté de 117% en 1986 est ridicule. bien sur que les gens ont davantage consulté après avoir entendu parler des retombée!
canardos
 
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Message par luc marchauciel » 16 Oct 2011, 20:29

Le nouveau numéro de Sciences et pseudo-sciences est largement consacré à la question du nucléaire après Fukushima. En voici le sommaire :


a écrit :
298 - octobre 2011
Sommaire

Éditorial p. 1
Du côté de la science p. 2
Regards sur la science p. 7

Retour sur la fin des dinosaures, la limite Crétacé-Tertiaire et les datations « absolues » (Alain Blieck) p. 12


--------------------------------------------------------------------------------

Dossier : après Fukushima
Les conséquences sanitaires des accidents nucléaires (Roland Masse) p. 15

De Tchernobyl à Fukushima, les risques de la radioactivité (André Aurengo) p. 22

Quelles doses ? p. 25
Becquerel, gray et sievert : mesure et évaluation p. 26

Faut-il revoir les normes d’évacuation à la suite d’un accident nucléaire (Hervé Nifenecker) p. 27

Perception du risque et nucléaire (Nicolas Gauvrit) p. 35

Le nuage de Tchernobyl « qui s’arrête à la frontière » :
la légende urbaine décryptée à travers Le Figaro de 1986 (Yann Kindo) p. 39

Les conséquences environnementales (Henri Métivier) p. 42

Un accident nucléaire sûr à 129% :
nouveau record du monde de probabilités (Nicolas Gauvrit) p. 46

La nécessité d’une perception équilibrée des risques technologiques (Jean-Paul Krivine) p. 50

Jeûner pour combattre la radioactivité ? (Brigitte Axelrad) p. 51

Peut-on se passer du nucléaire ? (Claude Acket et Pierre Bacher) p. 52

Le futur de l’énergie passe par davantage d’innovation (Jean-Luc Dormoy) p. 64

Où en est la prédiction sismique ? (Georges Jobert) p. 74

Notes de lecture p. 82


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Un monde fou, fou, fou... (Brigitte Axelrad) p. 86
Dialogue avec nos lecteurs p. 91
Livres et revues p. 95


--------------------------------------------------------------------------------

En ligne sur le site
Éditorial
  Est-il encore possible de parler sereinement du nucléaire ?
luc marchauciel
 
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Message par canardos » 17 Oct 2011, 09:32

le problème c'est que vu que la peur fait vendre, et que des qu'on avance des arguments scientifiques ou techniques raisonnables, la grande presse et la télé crient à la désinformation et les auteurs des travaux en question sont traités de vendus...par exemple Aurengo qui est pourtant intervenu à la fête de LO.

combien de gens sont au courant que Fukushima n'a fait aucun mort et aucun irradié grave, et si on le dit, combien le croiront.
canardos
 
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Message par roudoudou » 17 Oct 2011, 22:32

vivement une rectification sur le journal, vue qu'il y a erreur :whistling_notes:
a écrit :Canardos Dommage que le rédacteur de l'article ne soit pas allé l'écouter.

Ah que oui alors!!! donc vivement la rectif sinon ça punition sera obligation de suive tout les débat science à la fête.
Non mais alors faut pas déconné à la fin.
Il ma fait peur avec son article à la con. :ohmy:
“J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé.”
Voltaire
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roudoudou
 
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Message par Matrok » 17 Nov 2011, 11:14

Au sujet du MOX, pomme de discorde ce matin entre socialistes et écologistes...

Le MOX, c'est 7% de plutonium dans 93% d'uranium appauvri. C'est donc un combustible nucléaire fabriqué à partir de produits issus du combustible usé et/ou du démantèlement des armes nucléaires.

Valorisation des déchets, désarmement... Cela devrait plaire aux écologistes, non ? Et bien non ! EE-LV veulent à tout prix imposer au PS la "reconversion de la flière MOX".

Comment les médias en parlent-ils ? N'importe comment, comme d'habitude. Ce matin sur France Inter, j'ai juste entendu que le MOX serait "hautement radioactif". La belle affaire ! Comme si un combustible nucléaire pouvait être autre chose que "hautement radioactif ! Pas un mot sur l'utilité technique du MOX. De peur de passer pour des vendus au "lobby nucléaire" ?
Matrok
 
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Message par redspirit » 18 Nov 2011, 00:13

(Matrok @ jeudi 17 novembre 2011 à 11:14 a écrit : De peur de passer pour des vendus au "lobby nucléaire" ?

Rassure-toi, cette peur là n'a pas l'air bien présente sur ce forum.
Dès que l'on ose émettre l'idée que le nucléaire ne serait pas une source d'énergie viable à long terme, on est considéré comme un réactionnaire voulant imposer le retour à la bougie. Je force à peine le trait. Et à l'arrivée on défend tout et n'importe quoi.

a écrit :combien de gens sont au courant que Fukushima n'a fait aucun mort et aucun irradié grave, et si on le dit, combien le croiront.


Moi déjà, je ne te croirai pas. J'avais lu un article cet été, dans courrier international il me semble (je vérifierai si tu me le demandes) qui rapportait une enquête réalisée par le gouvernement japonais sur les enfants de Fukushima. 45% d'entre eux présentaient des signes de contamination. Comment savoir aujourd'hui, si dans 5, 10 ans cette contamination ne sera pas grave pour leur état de santé futur ?
redspirit
 
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Message par canardos » 18 Nov 2011, 10:22

le problème avec les vrais croyants c'est qu'ils ne cherchent pas à vérifier. qu'est ce que ça veut dire des signes de contamination, d’où vient la source? à quelle dose en millisieverts les populations ont elles été exposées?

avec l'évacuation des zones touchés et les interdictions des produits alimentaires provenant de cette zone, l'ensemble de la population n'a été exposée qu'à des doses tres faibles n'entrainant aucun effet mesurable statistiquement et aucun symptôme de troubles lié à l'irradiation n'a été relevé.

en ce qui concerne les travailleurs de la centrale selon les derniers chiffres disponibles, 3.700 personnes ont travaillé sur le site de Fukushima Dai-ichi depuis le 11 mars, et 3.514 d'entre eux ont subi récemment un "checkup".

Les chiffres résultants de ces analyses sont les suivants : 124 personnes ont subi une dose supérieure à 100 millisieverts, dont 107 entre 100 et 200 mSv, 8 entre 200 mSv et 250 mSv, 9 plus de 250 mSv dont les deux plus élevées à 643 et 678 mSv.

Selon Alain Rannou spécialiste à l'INRS : «il n'y a pas de risque identifié de cancer en dessous de 100 mSv pour la leucémie et en dessous de 250 mSv pour les autres cancers radioinduits (pour les adultes, car pour les enfants la limite serait plutôt à 50 mSv). D'où la qualification de "faibles doses" de ces valeurs. Au delà, le risque monte en proportion de la dose reçue. Avec 0,5% de risque supplémentaire (par rapport à une vie sans exposition à cette radioactivité là et une population où le Ouvriers devant réacteur 4 décès par cancer touche entre 25% et 30% des individus) pour 100 mSv, et, pour prendre l'exemple des deux personnes les plus exposées, 3% de risque en plus pour 600 mSv.»

C'erst un grave accident, mais les conséquences sanitaires sont bien sans commune mesure avec celles constatées chaque année pour la production de charbon d'une quantité d'énergie equivalente.

et des accidents comme Tchernobyl ou dans une bien moindre mesure il n'y en a eu que 2 dans l'histoire du nucléaire.

En fait ce discours sur les dangers intrinsèques du nucléaire ne sert qu'à dédouaner le capitalisme et les patrons du site de leur responsabilité dans la gestion de la centrale et à faire oublier que l'incident n'aurait jamais eu lieu même avec le Tsunami si les investissements de sécurité avaient été effectués.
canardos
 
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Message par Matrok » 18 Nov 2011, 10:41

(canardos @ vendredi 18 novembre 2011 à 09:22 a écrit : En fait ce discours sur les dangers intrinsèques du nucléaire ne sert qu'à dédouaner le capitalisme et les patrons du site de leur responsabilité dans la gestion de la centrale et à faire oublier que l'incident n'aurait jamais eu lieu même avec le Tsunami si les investissements de sécurité avaient été effectués.

Toutafé.

Ceci étant dit, les risques spécifiques au nucléaire et l'irresponsabilité des patrons existe... L'autre actualité du nucléaire en France, mise à part la farce du MOX, c'est ça :

(communiqué de l'IRSN a écrit :Evaluations complémentaires de sûreté post-Fukushima : analyse et conclusions de l’IRSN à l’issue de l’expertise des rapports fournis à l’ASN par les exploitants
17/11/2011

Le 17 novembre 2011, lors d'une conférence de presse organisée conjointement par l'ASN et l'IRSN, a été présenté le rapport d’expertise remis par l’IRSN à l’ASN et aux membres des groupes permanents d’experts à la suite de l’examen des rapports des Evaluations complémentaires de sûreté (ECS) des exploitants nucléaires. La version intégrale du rapport (environ 500 pages) ainsi qu’une synthèse technique sont disponibles ci-dessous.

Cet imposant travail d’analyse a été réalisé dans un délai très court à la fois par les exploitants d’installations nucléaires (EDF, CEA et Areva notamment) et par l’IRSN, qui a mobilisé sur ce sujet une centaine de ses experts pendant plusieurs mois.

La contre-expertise menée par l’IRSN sur les dossiers de sureté soumis par les industriels, en cas de catastrophe exceptionnelle, a permis de dégager trois grands constats :

    1. Un faible nombre d’installations nucléaires présente des écarts de conformité aux exigences requises qui fragiliseraient leur sureté dans le cadre d’évènements pris en compte dans leur dimensionnement. Des actions correctives sont déjà en cours et seront accélérées.
    2. Les évolutions de connaissances doivent conduire à réexaminer certaines exigences de manière anticipée. C’est particulièrement le cas de la prise en compte des séismes pour lesquels  la connaissance a beaucoup progressé ces dernières années.
    3. La question du comportement des installations nucléaires en cas de catastrophe naturelle extrême envisageable se pose car, en l’état, cela pourrait avoir des conséquences inéluctables, avec à terme la fusion du cœur et des rejets radioactifs.

Face à ces scénarios exceptionnels mais néanmoins envisageables, l’IRSN recommande l’adoption d’un niveau supplémentaire d’exigence de sureté, intitulé « noyau dur », qui garantirait la pérennité des principales fonctions vitales des installations nucléaires durant plusieurs jours, le temps que des moyens externes au site puissent intervenir.

Télécharger la note d'information de l'IRSN « Analyse et conclusions de l’IRSN à l’issue de l’expertise des rapports d’Evaluation Complémentaire de Sûreté (ECS) fournis à l’ASN par les exploitants, à la demande du Premier Ministre, suite à l’accident de Fukushima » (document pdf)

Consulter le rapport de l'IRSN « Evaluations complémentaires de sûreté post-Fukushima : comportement des installations nucléaires françaises en cas de situations extrêmes et pertinence des propositions d’améliorations » :
>> Lire la synthèse du rapport de l'IRSN (document pdf)
>> Tome 1 du rapport de l'IRSN (nouvelle fenêtre)
>> Tome 2 du rapport de l'IRSN (nouvelle fenêtre)

Lire l'avis du Groupe permanent d'experts sur le site de l'ASN.
Matrok
 
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