Informations Ouvrières N° 166, semaine du 15 au 21 septembre 2011
L'EDITORIAL
Pour le peuple, par le peuple
Le mécontentement s’accentue et avec lui le fossé entre gouvernants et gouvernés, entre partis institutionnels et population laborieuse.
La classe politique, minée par les affaires à répétition, s’apparente à un théâtre d’ombres, incapable de répondre aux aspirations de la nation.
Dans la logique des institutions de la Ve République, après avoir confisqué le pouvoir, et les moyens qui vont avec, ces élites sacrifient le rôle des partis et mettent en cause la démocratie politique.
Il y aura cinquante ans, en 2012, que l’élection du président de la République se déroule au suffrage universel.
Tous les cinq ans désormais, nous sommes sollicités pour élire un personnage se situant au-dessus des partis et censé se poser en défenseur de l’intérêt général.
Dans le cadre de l’alternance prévue par les institutions de la Ve République, les « écuries présidentielles », majorité et opposition, se disposent à solliciter les suffrages du bon peuple.
Pour la première fois, six postulants vont s’affronter lors de « primaires » chargées de désigner le candidat qui portera les couleurs « socialistes » en avril-mai 2012.
Ce type de désignation constitue-t-il un progrès dans la pratique de la démocratie politique ?
On peut en douter lorsque l’on voit les sondologues affirmer la victoire de Hollande, tout en déclarant avoir des difficultés à mesurer l’influence de chacun des concurrents.
S’il y a longtemps que le PS s’est pris aux délices de la Ve République, il avait jusqu’alors préservé sa capacité à désigner son (sa) représentant(e).
Il n’est pas certain que ces primaires, sorte de miroir aux alouettes, renforcent son influence dans toutes les couches sociales.
En sacrifiant au système institutionnel le mode de désignation de son candidat, le PS s’éloigne un peu plus des positions traditionnelles de la gauche et des positions de classe.
Cette évolution n’est pas véritablement une surprise, elle n’est pas non plus sans conséquence.
Si l’on perçoit un rejet de la politique de Sarkozy, rien n’est joué et il y a beaucoup de désarroi dans la population laborieuse, qui se reconnaît de moins en moins dans les partis se réclamant de la gauche.
Engagez la discussion, et vous pourrez mesurer les dégâts produits par l’absence de choix clairs, de positionnement de classe ou par le ralliement à l’économie de marché (appellation pudique du capitalisme).
Ajoutez-y les affaires, les scandales, le mépris dans lequel on tient les citoyens dans une République qui dépérit, et vous aurez l’exacte photographie de la situation.
Il y a urgence à rappeler que l’expression raisonnée du citoyen formé et informé, reste le fondement de la souveraineté pour « un gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple ».
C’est possible !
Mais cela ne se fera pas sans irruption massive de la volonté populaire dans le débat électoral.
Comme en mai 2005, lors du référendum sur le traité constitutionnel européen, le peuple doit faire entendre sa voix et imposer d’autres choix que ceux destinés à « rassurer les marchés financiers ».
C’est possible si, comme en Tunisie, la population impose que soit convoquée l’élection d’une Assemblée constituante.
A condition, toutefois, que celle-ci soit souveraine dans ses décisions et forte de l’appui de la population laborieuse et du soutien des partis et organisations démocratiques.
Le POI doit prendre ses responsabilités pour avancer, avec d’autres, vers un front commun pour reconquérir la démocratie politique et sauvegarder le peuple de la barbarie où les spéculateurs et les capitalistes l’entraînent.
Il y a urgence, car la crise s’accélère !
Claude Jenet Secrétaire national du POI