Mais j'ai lu avec délectation cette critique de Télérama :
Louis Guichard sait manier la plume assassine. =D>
a écrit :LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 15/02/2012
Sans surprise, Meryl Streep part favorite pour l'oscar de la meilleure actrice, alors que le film n'est cité dans aucune autre catégorie. Même l'actuel Premier ministre anglais David Cameron a loué la performance de la star américaine, sans cacher tout le mal qu'il pense de ce biopic. Mais comment peut-on séparer le film de l'interprète, trouver l'une bien et l'autre pas ? Le film, c'est elle. Que Margaret Thatcher soit incarnée par une actrice aimée et admirée, universellement considérée comme une « femme bien », est tout sauf innocent. Et lui faire jouer, la moitié du temps, la vieillesse, la maladie, la solitude de la veuve inconsolable confine à l'arnaque. Quel intérêt de raconter sous l'angle de l'attendrissement la trajectoire d'une femme politique implacable, pionnière en Europe d'un libéralisme inhumain ? Meryl Streep n'est pas une actrice « distanciée » à la Isabelle Huppert : elle n'envoie par son jeu aucun signe d'écart entre elle et le personnage. Son immense cote de sympathie, son pouvoir de fascination sont directement transférés vers le rôle. Et son image de féministe superposée à celle de Thatcher.
Le poids de Meryl Streep n'est pas seulement affectif, mais aussi artistico-industriel, avec des retombées sur les contours de son personnage. Ses récents mégasuccès internationaux (tel Mamma Mia !, déjà signé Phyllida Lloyd) l'établissent désormais comme une actrice de comédie ultra rentable. Donc, quand les flash-back montrent l'autoritarisme ignoble de Thatcher, le film bascule avec opportunisme dans la farce : on sent bien que la réalisatrice escompte un effet Le Diable s'habille en Prada, où la diva cartonnait drôlement en Cruella de la mode. Face à la va-t-en-guerre des Malouines, on aurait donc le choix entre la compassion et l'amusement, alternative pour le moins saugrenue. Peu im-porte, dans ces conditions, que le film soit mal construit, répétitif et laborieux. Peu importe que Meryl Streep réussisse, techniquement, un numéro d'imitation sans équivalent, du brushing à la dentition, du phrasé à la longueur de la jupe. C'est sa performance la plus spectaculaire, mais aussi la plus absurde. Dame de fer, film de plomb.
Louis Guichard