par Harpo » 09 Mai 2012, 20:04
Je comprends les propos de Rocard comme ceci :
Il faut effacer une partie de la dette sinon il y aura un coup d'état militaire.
Il ne dit pas qu'il le souhaite mais que c'est inévitable.
Malheureusement, compte-tenu des forces en présence :
Une armée très puissante, un budget militaire énorme, pour un petit pays (armée préparée de longue date à un éventuel conflit avec la Turquie), qui n'a subi aucune épuration sérieuse après la chute du régime des colonels et qui reste le recours ultime de la bourgeoisie.
Une opposition de la population, opposition qui s'est accrue rapidement ces dernières semaines au point de balayer les deux plus grands partis complètement discrédités, mais aucun parti ouvrier conséquent et assez puissant pour prendre le pouvoir et faire basculer l'armée ou du moins gagner sa neutralité.
Le risque de coup d'état militaire est bien réel. Pour Rocard, il est inévitable si la dette n'est pas effacée. La seule chose, essentielle, qu'il ne dit pas parce que cela n'entre pas dans son mode de pensée, c'est que dans une telle crise, le prolétariat grec, face à ce danger mortel peut relever la tête et passer d'une opposition électorale et pacifique à une lutte réelle et gagner à sa cause la petite bourgeoisie. Tout ceci n'est possible que s'il existe ne serait-ce qu'un embryon d'un parti réellement communiste prêt à assumer sa tache historique. Si ce noyau militant existe, Il peut se développer très rapidement dans une telle période et prendre de vitesse les militaires et leurs donneurs d'ordre, les capitalistes.
Hélas, j'ai bien peur que ce noyau n'existe pas ou qu'il soit bien trop petit pour se développer assez vite. La classe ouvrière de Grèce risque bien d'être écrasée sans combattre...
Notre tâche, ici et ailleurs, c'est d'expliquer que la construction d'un parti révolutionnaire, léniniste, est indispensable si l'on ne veut pas se retrouver dans une telle situation dans un avenir peut-être proche.