Du diable et de sa grand-mère

Marxisme et mouvement ouvrier.

Du diable et de sa grand-mère

Message par com_71 » 11 Août 2014, 22:51

Les mannes du « diable et sa grand-mère » ayant plus d'une fois été convoquées ici, et recherchées dans l'oeuvre de Trotsky, en voici deux occurrences :

http://www.marxists.org/francais/trotsk ... 20127e.htm

Sans cacher ni modérer en rien notre opinion sur les chefs de la social-démocratie, nous pouvons et nous devons dire aux ouvriers sociaux-démocrates : "Comme, d'un côté, vous êtes d'accord pour vous battre avec nous, et que, de l'autre, vous ne voulez pas encore rompre avec vos chefs, voilà ce que nous vous proposons : obligez-les à entreprendre une lutte commune avec nous pour telles et telles tâches pratiques, par tels et tels moyens ; en ce qui nous concerne, nous, communistes, sommes prêts." Que peut-il y avoir de plus simple, de plus clair, de plus convaincant que cela ?
C'est précisément dans ce sens que j'écrivais - avec l'intention délibérée de susciter l'effroi sincère ou l'indignation feinte des imbéciles et des charlatans, - que, dans la lutte contre le fascisme, nous étions prêts à conclure des accords pratiques militants avec le diable, avec sa grand-mère, et même avec Noske et Zörgiebel
(Dans « Et maintenant, La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne » janvier 1932)


https://www.marxists.org/francais/trots ... 321015.htm

L'exemple que j'ai donné de l'accord des bolcheviks avec mencheviks et les socialistes révolutionnaires contre Kornilov retient également l'attention du " correspondant ouvrier " d'une usine imaginaire. " A cette époque, écrit-il, Kerensky lutta réellement, durant un laps de temps déterminé, contre Kornilov et aida le prolétariat à écraser Kornilov. Même un enfant en bas âge voit qu'actuellement la social-démocratie ne lutte pas contre le fascisme. " Thälmann qui n'est pourtant pas un " enfant en bas âge ", affirme que les bolcheviks russes n'ont jamais passé d'accord avec les mencheviks et les socialistes révolutionnaires contre Kornilov. Rude Pravo, comme on peut le voir, choisit une autre voie. Il ne nie pas l'accord. Mais, à son avis, l'accord était justifié par le fait que Kerensky luttait réellement contre Kornilov, à la différence de la social-démocratie qui ouvre au fascisme le chemin du pouvoir. L'idéalisation qui est faite ici de Kerensky, est tout à fait inattendue. Quand Kerensky commença-t-il à lutter contre Kornilov ? A l'instant précis où Kornilov brandit son sabre de cosaque au-dessus de la tête de Kerensky, c'est-à-dire le 26 août 1917 au soir. La veille encore, Kerensky complotait directement avec Kornilov pour écraser les ouvriers et les soldats de Petrograd. Si Kerensky commença à lutter contre Kornilov ou, plus exactement, ne s'opposa pas pendant un certain temps à la lutte contre Kornilov, c'est uniquement parce que les bolcheviks ne lui laissaient pas d'autre issue. Le fait que Kornilov et Kerensky, deux conspirateurs, rompent l'un avec l'autre et entrent en conflit ouvert, fut, jusqu'à un certain point, une surprise. Mais on pouvait et on devait prévoir, ne serait-ce que sur la base de l'expérience italienne et polonaise, que le fascisme allemand et la social-démocratie allaient entrer en conflit. Pourquoi serait-il acceptable de conclure un accord avec Kerensky contre Kornilov et interdire de faire de la propagande, de défendre, de soutenir et de préparer un accord avec les organisations de masses sociales-démocrates, contre le fascisme ? Pourquoi faut-il saboter de tels accords partout où ils se forment ? Car c'est précisément de cette manière qu'agissent Thälmann et Cie.
Rude Pravo s'est naturellement emparé avidement de mes paroles sur le fait que l'on pouvait conclure un accord pour des actions militantes avec le diable en personne, sa grand-mère et avec Noske, Grzesinsky. " Regardez, ouvriers communistes, écrit le journal, vous devez, ainsi passer un accord avec Grzesinsky qui a fusillé tant de vos camarades de combat. Discutez avec lui comment lutter en commun contre les fascistes, avec qui il siège à des banquets et dans les conseils d'administration des usines... " Tout le problème est déplacé sur le terrain d'un sentimentalisme artificiel. Cet argument est digne d'un anarchiste, d'un vieux socialiste révolutionnaire russe de gauche, d'un " pacifiste révolutionnaire " ou de Münzenberg lui-même. Mais il n'y a pas trace de marxisme.
Est-il exact que Grzesinsky soit avant tout le bourreau des ouvriers ? Indiscutablement, oui. Mais Kerensky n'était-il pas bourreau des ouvriers et des paysans à une échelle encore plus grande que Grzesinsky ? Et pourtant Rude Pravo approuve après coup l'accord pratique avec Kerensky.
Soutenir le bourreau dans son œuvre dirigée contre les ouvriers est un crime et même une trahison : l'alliance de Staline avec Tchang Kaï-chek en est une. Mais si, demain, ce bourreau du peuple chinois se trouvait en guerre contre les japonais, des accords pratiques de combat entre ouvriers chinois et le bourreau Tchang Kaï-chek seraient non seulement admissibles mais obligatoires.
Grzesinsky a-t-il siégé à des banquets en compagnie des dirigeants fascistes ? Je n'en sais rien, mais je l'admets tout à fait. Toutefois, Grzesinsky a dû par la suite séjourner dans une prison berlinoise, non pas au nom du socialisme, naturellement, mais parce qu'il ne voulait pas céder sa place au soleil aux bonapartistes et aux fascistes. Si le Parti communiste avait déclaré ouvertement, ne serait-ce qu'il y a un an : nous sommes prêts à lutter contre les bandits fascistes, même avec Grzesinsky ; si de cette formule il avait fait un mot d'ordre de lutte s'il l'avait développée dans ses discours et ses articles et l'avait fait pénétrer profondément dans les masses, Grzesinsky n'aurait pas pu en juillet justifier sa capitulation devant les ouvriers en se référant au sabotage du Parti communiste. Il lui aurait fallu soit s'engager encore plus dans la lutte, soit se compromettre définitivement aux yeux de ses propres ouvriers. N'est-ce pas clair?
(Dans "La seule voie" octobre 1932)


Reste à apprécier si le parallèle peut être fait
entre le mouvement ouvrier des années 1930, alignant des partis socialistes et communistes de masse et la situation d'aujourd'hui,
entre les masses chinoises mobilisées y compris derrière Tchang Kaï-chek, et l'armée de El Assad,
entre Trotsky ancien chef de l'Armée Rouge s'adressant au mouvement communiste international et les quelques gauchistes déboussolés s'adressant à... personne, sur des forums confidentiels...

Reste donc à... rester sérieux.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Du diable et de sa grand-mère

Message par Doctor No » 12 Août 2014, 07:21

Reste donc à... rester sérieux.


Ce qui ne fait pas Com 71 car la première chose à faire après avoir trouve des citations qui démentent si clairement ses propres dires, c'est de justement faire le parallèle avec la situation actuelle.

Cet "argument" de la date, utilisé déjà par toute sorte d'opportunistes, a été utilisé contre tous ceux qui se réfèrent tant à la Commune de Paris comme à la Révolution d'Octobre avec l'argument fallacieux de "Oh! cela s'est passé un siècle auparavant, même plus" pour éviter toute discussion sur le fond.

Que lui reste? Dénigrer ses interlocuteurs en prenant la pose de "grand parti" (qu'il n'est pas et qui tend plutôt à l'être de moins en moins). Pour un "trotskiste" qui a dû subir un tel "traitement" pour des décennies de la part des partis bien plus "grands" (mais qui se sont effondrés justement parce qu'ils n'avaient pas une ligne politique correcte...ni une attitude correcte) c'est un peu fort (de faiblesse il faudrait dire car quand on est à ce type "d'arguments" on est coincé au mur et on s'accroche aux pires branches pour se sauver).

Toute l'argumentation de Trotsky, parfaitement correcte et marxiste-léniniste dans ces écrits, dément la position de Com 71 et valide la position des trotskistes orthodoxes (et des marxistes-léninistes) sur tous les problèmes internationaux depuis la Libye au moins.

Mais si Com 71 continue à chercher les écrits de qui pourtant il se revendique, il trouvera encore bien plus, par exemple dans les deux articles qui sont publiés contre le gauchisme dans la rubrique "théorie".

L'évidence montre qu'il se trouve sur une position schatmanienne (pour parler "trotskiste" afin qu'il me comprenne bien) et il peut aller à "en défense du marxisme" à la polémique contre les petit-bourgeois US qui opposaient à Trotsky le même type d'arguments absurdes pour se défiler de la nécessaire défense de l'URSS, position de principes pour un communiste.

Car les principes, même si on est une personne (ce qui n'est pas le cas) doivent se défendre pour un communiste, même s'il reste seul devant l'opportunisme généralisé et la réaction triomphante. Et les forums, permettent aussi d'élargir, un peu, l'audience, car Com 71 ne peut pas douter que partout où mes camarades le peuvent, ils le font.
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Re: Du diable et de sa grand-mère

Message par com_71 » 12 Août 2014, 13:47

Doctor No a écrit :L'évidence montre qu'il se trouve sur une position schatmanienne (pour parler "trotskiste" afin qu'il me comprenne bien)...


:lol: :lol: On ne peut pas plus se tromper sur la personnalité de son interlocuteur...
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A propos de "Défense du marxisme".

Message par com_71 » 12 Août 2014, 16:42

http://www.marxists.org/francais/trotsk ... x/dma2.htm

Léon Trotsky a écrit :
On peut donner du syndicat à peu près la définition programmatique suivante: organisation des travailleurs d'une corporation ou d'une industrie qui se donne pour objectif : 1) de lutter contre le capital pour améliorer la situation des travailleurs ; 2) de participer à la lutte révolutionnaire pour renverser la bourgeoisie ; 3) de participer à l'organisation de l'économie sur des fondements socialistes. Si nous comparons cette réalité "normative" et la réalité effective nous paraissons contraints d'affirmer: il n'existe pas au monde un seul syndicat. Mais semblable façon d'opposer les normes et le fait, c'est-à-dire l'expression généralisée du développement et une manifestation particulière de ce même développement semblable opposition formelle, ultimatiste et non-dialectique entre le programme et la réalité est totalement privée de vie et n'ouvre aucune voie à l'intervention du parti révolutionnaire. En même temps les actuels syndicats opportunistes peuvent sous l'impact de la décadence du capitalisme et doivent, si nous menons une politique correcte dans les syndicats, se rapprocher de nos normes programmatiques et jouer un rôle historique progressiste. Cela suppose bien entendu un changement complet de direction.

Il est nécessaire que les travailleurs des USA, de France, d'Angleterre réussissent à chasser Green, Citrine , Jouhaux et Cie. Si le prolétariat réussit à chasser à temps la bureaucratie soviétique il trouvera au lendemain de sa victoire les moyens de production nationalisés et les éléments essentiels de l'économie planifiée. Cela signifie qu'il n'aura pas à tout recommencer à zéro. Avantage énorme ! Seuls des dandys radicaux habitués à sautiller avec insouciance de branche en branche peuvent mépriser à la légère une pareille possibilité. La révolution socialiste est une tâche trop grandiose pour que l'on puisse d'un coeur léger balayer d'un revers de main ses inestimables conquêtes matérielles et recommencer tout à zéro.


Les développements de Trotsky sur la "Défense de l'URSS" avaient, et ont, une valeur éducative sans pareille. Y compris quand, parlant du prolétariat soviétique, il souhaite qu'il réussisse, à temps, à chasser la bureaucratie. Oui, pour le prolétariat soviétique, la "Défense de l'Urss" c'était, d'abord et avant tout, se préparer à la révolution.

Et revenons à aujourd'hui, il faut souhaiter, et agir pour, selon les possibilités, la défaite de l'impérialisme.
Et il faut aussi souhaiter, et agir pour, selon les possibilités, que le prolétariat se libère au plus tôt des Assad, Hamas et tous leurs pareils. Sans cela toutes les arguties sur un "front unique" rangent leurs auteurs en dehors du camp prolétarien.
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Re: Du diable et de sa grand-mère

Message par Doctor No » 12 Août 2014, 19:30

Com 71 nous dit
Et revenons à aujourd'hui, il faut souhaiter, et agir pour, selon les possibilités, la défaite de l'impérialisme.
Et il faut aussi souhaiter, et agir pour, selon les possibilités, que le prolétariat se libère au plus tôt des Assad, Hamas et tous leurs pareils. Sans cela toutes les arguties sur un "front unique" rangent leurs auteurs en dehors du camp prolétarien.


Mais il ne se place pas "aujourd'hui" mais dans la nébuleuse abstraite de ses désirs.
Car, aujourd'hui, il n'y a presque plus de mouvement politique ouvrier avec un poids et une influence quelconque, nulle part.
Et pour se "libérer au plus tôt des Assad, Hamas et tutti quanti" on est forcés de passer par les Fourches Caudines d'une tactique de Front Uni.

Car cette tactique préserve l'avenir. Une fois que les politiques de l'impérialisme US et des Assad-Hamas auront donné toute leur mesure, les masses chercheront voir qui les a trompé, qui a appuyé ses ennemis (comme le NPA par exemple), qui est resté "neutre" et qui les a proposé, selon ses possibilités même si ce ne sont que théoriques, d'orientation, un appui à leur lutte.

Déjà l'expérience libyenne peut être vue avec quelque recul dans le temps, et ceux qui ont appuyé les bombardements, et qui continuent à parler de la même manière, cette fois-ci sur l'Ukraine, ont tout à fait appuyé une agression impérialiste qui a détruit un pays sans apporter aucune de leurs "promesses".

Les masses libyennes, totalement désorientées, n'ont aucun moyen et ne peuvent se tourner du coté de ceux qui ont appuyé la destruction de leur pays. Non plus de ceux qui sont restés "neutres" à leur malheur. Ils ne peuvent que se tourner, pour ceux qui seraient de gauche ou tout simplement véritablement nationalistes anti-impérialistes, du côté de ceux qui les ont soutenu lors de la destruction de leur pays.

Cela ne signifie pas du tout "appuyer Kadhaffi" mais appuyer ce leader quand il combattait l'impérialisme, sans lui faire la moindre concession politique. C'est ainsi que les marxistes-léninistes et les trotskistes orthodoxes l'ont compris et mis en pratique. C'est la seule condition pour pouvoir s'adresser aux masses libyennes, aujourd'hui sans perdre la face, en leur montrant qu'ils comptaient avec notre solidarité, ainsi minime soit-elle.

C'est la seule perspective politique possible.

Le cas de l'Ukraine est encore plus clair. (Voir par exemple les "Thèses sur Ukraine" de la TMI publiées aujourd'hui sur leur site "en défense of marxism" ou sur le site de La Riposte) Là-bas, il y a des partis de gauche, même des partis d'extrême-gauche qui sont devant une agression et une persécution.
Il est nécessaire non seulement une politique de Front Uni avec les pro-russes (majoritaires) mais aussi une campagne énergique de solidarité avec les partis et camarades frères persécutés par des nazis, tout de même!

Tous ceux qui resteront sur la touche, paieront politiquement cher, un jour ou l'autre, une telle attitude. Il est encore temps de se reprendre.
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Re: Du diable et de sa grand-mère

Message par com_71 » 12 Août 2014, 21:00

Doctor No a écrit :aujourd'hui, il n'y a presque plus de mouvement politique ouvrier avec un poids et une influence quelconque, nulle part.
Et pour se "libérer au plus tôt des Assad, Hamas et tutti quanti" on est forcés de passer par les Fourches Caudines d'une tactique de Front Uni.


Le "front uni" est ici égalé à la "révolution par étapes".

Je n'en doutais pas mais c'est passablement éclairci.

Le mélange contre-nature entre la tradition tiers-mondiste maoïste et le programme trotskyste de la révolution prolétarienne n'est possible que sur la base de la trahison de ce dernier.

CQFD.
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Re: Du diable et de sa grand-mère

Message par Doctor No » 12 Août 2014, 21:50

Le "front uni" est ici égalé à la "révolution par étapes".

C'est proprement délirant.
Com 71 doit faire express...
Comment peut-on confondre ces deux choses sans être au tout début de la "compréhension" de la politique?
La "révolution par étapes" est une tactique qui a eu lieu, (aujourd'hui il n'y a personne qui la propose car les conditions de développement des pays arriérés ont complètement changé) devant le manque de développement des pays arriérés. D'ailleurs le Programme de Transition reconnaît parfaitement l'existence des tâches démocratiques à réaliser.
Toute la différence se trouvait en que les mencheviques (et ses suivants) pensaient que la direction était entre les mains de la bourgeoisie et que les tâches démocratiques allaient prendre un certain temps historique.
Pour les marxistes-léninistes c'était le prolétariat qui conduisait ces révolutions et qui passait "de manière ininterrompue au socialisme".

Le Front Uni est tout autre chose et Com 71 devrait le savoir, il le sait même, mais quand on n'a plus d'arguments on parle des "maoïstes" (qui?) et de tout ce que lui vient à "l'esprit", manque d'arguments politiques.

Et il ferme le ban! Ainsi il voudrait fermer une discussion qui devient difficile. Il peut toujours le faire, comme on fait toujours ceux qui se trouvent acculés au mur.

Mais le Front Uni est rien de moins que la méthodologie du communisme quand les communistes se voient obligés de s'allier contre la réaction (avec des autres partis qui se réclament de la classe ouvrière ou populaires si la lutte se passe dans le cadre d'un pays capitaliste) ou avec les peuples et dirigeants bourgeois des pays semi-coloniaux ou opprimés ou agressés par l'impérialisme hégémonique ou principal et qui se battent réellement contre cet impérialisme.

Mais mettre dans un même sac la "révolution par étapes" (??!!) et le "Front Uni"...(cherchez la logique...) il n'y a que Com 71, aux abois.
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Re: Du diable et de sa grand-mère

Message par Doctor No » 12 Août 2014, 22:14

Com 71 devrait lire ceci
Léon Trotsky
Sur la guerre sino-japonaise
Écrit: Septembre 23, 1937
Première publication: Bulletin intérieur, Comité d'organisation des socialistes Convention du Parti (New York), non. 1, Octobre 1937.

Cher camarade Diego Rivera:
Pendant les derniers jours, j'ai lu quelques-unes des élucubrations de l'Oehlerites et le Eiffelites (oui, il y a une tendance de ce genre!) Sur la guerre civile en Espagne et sur la guerre Sino Japanese. Lénine appelait les idées de ces gens "troubles infantiles." Un enfant malade suscite la sympathie.

Mais vingt ans se sont écoulés depuis lors. Les enfants sont devenus barbus et même chauves. Mais ils n'ont pas cessé leurs babillages enfantins. Au contraire, ils ont augmenté tous leurs défauts et toutes leurs sottises décuplé et ont ajouté à leur ignominies. Ils nous suivent, étape par étape. Ils empruntent certains éléments de notre analyse. Ils déforment ces éléments sans limites et les opposent au reste. Ils nous corrigent. Lorsque nous traçons une figure humaine, ils ajoutent une difformité. Lorsque c'est une femme, ils la décorent avec de grosses moustaches. Lorsque nous dessinons un coq, ils ont mis un œuf sous lui. Et ils appellent tout cette charade marxisme et du léninisme.
Je veux m'arrêter à discuter dans cette lettre que sur la guerre sino-japonaise.

Dans ma déclaration à la presse bourgeoise, j'ai dit que le devoir de toutes les organisations des travailleurs de Chine était de participer activement et dans la ligne de front à la guerre actuelle contre le Japon, sans abandonner, pour un seul moment, leur propre programme et leur activité indépendante .

Mais cela serait du «social-patriotisme!" pleurent les Eiffelites. C'est de la capitulation devant Chiang Kai-shek! C'est l'abandon du principe de la lutte des classes! Le bolchevisme prêche le défaitisme révolutionnaire dans la guerre impérialiste. Or, la guerre d'Espagne et la guerre sino-japonaises sont à la fois les guerres impérialistes. "Notre position sur la guerre en Chine est la même. Le seul salut des ouvriers et des paysans de la Chine est à la lutte autonome contre les deux armées, contre l'armée chinoise de la même manière que contre l'armée japonaise. "

Ces quatre lignes, tirées d'un document Eiffelite du 10 Septembre 1937, suffisent entièrement pour nous pour dire: nous avons à faire avec des véritables traîtres ou des imbéciles complets. Mais l'imbécillité, élevé à ce degré, est égale à la trahison.

Nous n'avons pas et nous n'avons jamais mis toutes les guerres sur le même plan. Marx et Engels ont soutenu la lutte révolutionnaire des Irlandais contre la Grande-Bretagne, des Polonais contre le tsar, même si dans ces deux guerres nationalistes des dirigeants ont été, pour la plupart, membres de la bourgeoisie et même à certains moments de l'aristocratie féodale. . . en tout cas, réactionnaires catholiques.

Quand Abdel-Krim se souleva contre la France, les démocrates et les sociaux-démocrates ont parlé avec la haine de la lutte d'un «tyran farouche" contre la "démocratie". Le parti de Léon Blum a appuyé ce point de vue. Mais nous, les marxistes et les bolcheviks, nous avons considéré la lutte des Rifains contre la domination impérialiste comme une guerre progressive.

Lénine a écrit des centaines de pages démontrant la nécessité primordiale de faire la distinction entre les nations impérialistes et les nations coloniales et semi-coloniales qui constituent la grande majorité de l'humanité. Parler de «défaitisme révolutionnaire» en général, sans distinction entre pays exploiteurs et exploité , est faire une misérable caricature du bolchevisme et mettre cette caricature au service de l'impérialisme.

En Extrême-Orient, nous avons un exemple classique. La Chine est un pays semi-colonial dont le Japon est en train de transformer, sous nos yeux, en un pays colonial. La lutte du Japon est impérialiste et réactionnaire. La lutte de la Chine est émancipatrice et progressiste.

Mais Tchang Kaï-chek? Nous devons avoir aucune illusion sur Tchang Kaï-chek, son parti, ou toute la classe dirigeante de la Chine, tout comme Marx et Engels n'avaient aucune illusion sur les classes dirigeantes de l'Irlande et la Pologne.

Tchang Kaï-chek est le bourreau des ouvriers et les paysans chinois. Mais aujourd'hui, il est forcé, malgré lui, à la lutte contre le Japon pour le reste de l'indépendance de la Chine. Demain, il peut encore trahir. Il est possible. Il est probable. Il est même inévitable. Mais aujourd'hui il est en difficulté. Seuls les lâches, les scélérats, ou des imbéciles complets peuvent refuser de participer à cette lutte.

Prenons l'exemple d'une grève pour clarifier la question. Nous ne soutenons pas toutes les grèves. Si, par exemple, une grève est appelé pour l'exclusion des Noirs, Chinois, ou des travailleurs d'une usine japonaise, nous sommes opposés à cette grève. Mais si une grève vise à-améliorer -la mesure qu'elle le peut- les conditions des travailleurs, nous sommes les premiers à y participer, quelle que soit la direction.

Dans la grande majorité des grèves, les dirigeants sont des réformistes, des traîtres par profession, des agents du capital. Ils s'opposent à toute grève. Mais de temps en temps la pression des masses ou de la situation objective les force dans la voie de la lutte.

Imaginons, un instant, un travailleur se disant: «. Je ne veux pas participer à la grève parce que les dirigeants sont des agents du capital» Cette doctrine de cet imbécile ultragauche servirait à le marquer de son vrai nom: un briseur de grève.

Le cas de la guerre sino-japonaise, est de ce point de vue, tout à fait analogue. Si le Japon est un pays impérialiste, et si la Chine est la victime de l'impérialisme, nous privilégions la Chine.

Le patriotisme japonais est le masque hideux des exactions de par le monde entier. Le patriotisme chinois est légitime et progressiste. Pour placer les deux sur le même plan et à parler de «patriotisme social» qui peut être fait que par ceux qui ont lu rien de Lénine, qui n'ont rien compris de l'attitude des bolcheviks durant la guerre impérialiste, et qui peut, mais le compromis et la prostituée les enseignements du marxisme.
Le Eiffelites ont entendu dire que les social-patriotes accusent les internationalistes d'être les agents de l'ennemi et ils nous disent: «. Vous faites la même chose" Dans une guerre entre deux pays impérialistes, il n'est question ni de démocratie ni de indépendance nationale, mais de l'oppression des peuples arriérés. Dans une telle guerre les deux pays se trouvent sur le même plan historique. Les révolutionnaires dans les deux armées sont défaitistes.

Mais le Japon et la Chine ne sont pas sur le même plan historique. La victoire du Japon va signifier l'asservissement de la Chine, la fin de son développement économique et social, et le renforcement terrible de l'impérialisme japonais. La victoire de la Chine va signifier, au contraire, la révolution sociale au Japon et le libre développement, c'est-à-dire sans être gêné par l'oppression extérieure, de la lutte des classes en Chine.

Mais peut-Tchang Kaï-chek assurer la victoire? Je ne le crois pas. C'est lui, cependant, qui a commencé la guerre et qui aujourd'hui la dirige. Pour être en mesure de le remplacer, il est nécessaire d'acquérir une influence décisive au sein du prolétariat et dans l'armée, et pour ce faire il est nécessaire de ne pas rester en suspension dans l'air, mais de se placer dans le milieu de la lutte.

Nous devons gagner influence et prestige dans la lutte armée contre l'invasion étrangère et dans la lutte politique contre les faiblesses, les lacunes, et les trahison internes. À un certain point, que nous ne pouvons pas fixer à l'avance, cette opposition politique peut et doit être transformé en un conflit armé, en guerre civile, vu que tout comme la guerre en général, la guerre n'est rien de plus que la continuation de la lutte politique. Il est nécessaire, cependant, de savoir quand et comment transformer l'opposition politique en insurrection armée.

Pendant la révolution chinoise de 1925-1927, nous avons attaqué la politique du Komintern. Pourquoi? Il est nécessaire de bien comprendre les raisons. Le Eiffelites prétendre que nous avons changé notre attitude sur la question chinoise. C'est parce que les pauvres diables n'ont rien compris de notre attitude en 1925-27.

Nous n'avons jamais nié que c'était le devoir du Parti communiste de participer à la guerre de la bourgeoisie et petite bourgeoisie du Sud contre les généraux du Nord, les agents de l'impérialisme étranger. Nous n'avons jamais nié la nécessité d'un bloc militaire entre le parti communiste et le Kuomintang. Au contraire, nous étions les premiers à le proposer. Nous avons demandé, cependant, que le CP maintienne son entière indépendance politique et organisationnelle, c'est à dire, que pendant la guerre civile contre les agents internes de l'impérialisme, comme dans la guerre nationale contre l'impérialisme étranger, la classe ouvrière, tout en restant dans les lignes de front de la lutte armée, prépare le renversement politique de la bourgeoisie.

Nous défendons les mêmes politiques dans la guerre actuelle. Nous n'avons pas changé notre attitude d'un iota. Le Oehlerites et le Eiffelites, d'autre part, n'ont rien compris à notre politique, ni à celle de 1925-1927, ni à elles d'aujourd'hui.

Dans ma déclaration à la presse bourgeoise au début du récent conflit entre Tokyo et Nankin, j'ai insisté surtout sur la nécessité de la participation active des travailleurs révolutionnaires dans la guerre contre les oppresseurs impérialistes.

Pourquoi je l'ai fait? Parce que d'abord il est correct du point de vue marxiste, parce que, d'autre part, il était nécessaire du point de vue du bien-être de nos amis en Chine. Demain, les GPU, qui sont en alliance avec le Kuomintang (comme avec Negrin en Espagne),présenteront nos amis chinois comme étant "défaitistes" et les agents du Japon. Les meilleurs d'entre eux, avec Chten Tou-sieou à sa tête, peut être compromis au niveau national et international et tués. Il était nécessaire de souligner énergiquement que la Quatrième Internationale était du côté de la Chine contre le Japon. Et j'ai ajouté dans le même temps: sans abandonner soit leur programme soit leur indépendance.
Les imbéciles Eiffelites essayent de plaisanter à propos de cette «réserve». «Les trotskystes», disent-ils, "veulent servir Tchang Kaï-chek en action et le prolétariat dans les mots."

Participer activement et consciemment à la guerre ne signifie pas "à servir à Tchang Kaï-chek ", mais servir l'indépendance d'un pays colonial, en dépit de Tchang Kaï-chek.

Et les mots dirigées contre le Kuomintang sont les moyens d'éduquer les masses pour le renversement de Tchang Kaï-chek. En participant à la lutte militaire sous les ordres de Tchang Kaï-chek, car malheureusement, c'est lui qui a le commandement dans la guerre d'indépendance c'est préparer politiquement le renversement de Tchang Kaï-chek. . . qui est la seule politique révolutionnaire.

Les Eiffelites s'opposent à la politique de «lutte de classes» à cette politique «nationaliste et social-patriote".

Lénine a combattu cette opposition abstraite et stérile toute sa vie. Pour lui, les intérêts du prolétariat mondial dictent le devoir d'aider les peuples opprimés dans leur lutte nationale et patriotique contre l'impérialisme. Ceux qui n'ont pas encore compris que, presque un quart de siècle après la Seconde Guerre mondiale et vingt ans après la révolution d'Octobre, doivent être impitoyablement rejeté comme les pires ennemis internes par l'avant-garde révolutionnaire. C'est exactement le cas avec les Eiffel et ceux de son genre!
L. Trotski
et méditer sur les conclusions politiques à en tirer.

Trotski propose aux trotskistes chinois (une poignée) rien de moins que de prendre les armes et de combattre à côté de Tchang Kai Shek, cet assassin des communistes, sans perdre leur indépendance politique ni organisationnelle, contre l'agression impérialiste japonaise.

Exactement une tactique de Front Uni anti impérialiste comme a été exposé à maintes reprises dans ce forum et ailleurs.

C'est comme proposer la même chose au Hamas contre l'agression sioniste; ou aux nationalistes ukrainiens de l'est (avec la différence qu'il y a en Ukraine des marxistes persécutés par des nazis...excusez du peu)contre l'agression impérialiste US par oligarques et nazis interposés.

C'est peut-être LT qui propose "la révolution par étapes", hein?
Doctor No
 
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Re: Du diable et de sa grand-mère

Message par com_71 » 13 Août 2014, 01:57

Merci pour cette (re)lecture.

C'est peut-être LT qui propose "la révolution par étapes", hein ?


Trotsky ? Non, bien sûr. Mais la lecture brouillonne qu'en fait Doctor No, certainement !

Un exemple ?

Doctor No a écrit :C'est comme proposer la même chose au Hamas contre l'agression sioniste ; ou aux nationalistes ukrainiens de l'est (avec la différence qu'il y a en Ukraine des marxistes persécutés par des nazis...excusez du peu) contre l'agression impérialiste US par oligarques et nazis interposés.


Proposer quelque chose au Hamas ! Poliment ou en tapant du poing sur la table ? Supposons un embryon de regroupement communiste à Gaza. Il n'y aurait pas plus urgent, pour les aider, que leur suggérer de proposer au Hamas... ? Et proposer quoi... ? l'assurance de ne pas chanter l'Internationale en prison... ?

Doctor No prétend sortir ça du texte cité de Trotsky, à propos du conflit sino-japonais. Mais où voit-il que LDT parle de proposer quelque chose à Tchang-Kaï-Chek ? (Et laissons de côté le problème de savoir si cela aurait pu valablement se faire.) Lecture brouillonne. Trotsky ne propose rien à Tchang-Kaï-Chek. Il n'engage pas les militants chinois, membres du PCC ou trotskystes à proposer quoi que ce soit à Tchang-Kaï-Chek. Il se contente de conseiller de "participer activement et dans la ligne de front à la guerre actuelle contre le Japon", bref, ne pas être défaitiste.

Un autre exemple ? Doctor No prétend sortir de ce texte une "une tactique de Front Uni anti-impérialiste comme a été exposé à maintes reprises dans ce forum". (Et laissons encore de côté le problème de savoir si un "Front Uni anti-impérialiste" aurait été justifié). Trotsky ne parle pas de "Front Uni anti-impérialiste", et si il avait voulu le faire, il l'aurait fait.

Doctor No, lecteur brouillon ou tortionnaire des textes ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Du diable et de sa grand-mère

Message par com_71 » 13 Août 2014, 02:16

Et il ferme le ban! Ainsi il voudrait fermer une discussion qui devient difficile. Il peut toujours le faire, comme on fait toujours ceux qui se trouvent acculés au mur... Com_71, aux abois.


Réprouvant, un peu par principe, la chasse à courre, je n'écoute les "abois" que de très loin. Mais effectivement je ferme le ban. Des meilleures choses il ne faut pas abuser.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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