Nos morts, notre légitime défense
Publication: 16/11/2015 13h59
ATTENTATS - Comme le 11 janvier, les Français se sentent unis et solidaires après une attaque aussi lâche et monstrueuse. Mais on entend déjà des voix discordantes. Par esprit retors ou faussement rebelle, à moins que ce ne soit le syndrome de Stockholm, vous en trouverez toujours pour donner raison aux assassins.
Leur tâche est de moins en moins facile. Mais ils ont des ressources.
Lorsque des terroristes Algériens égorgeaient des Algériens en Algérie, on nous a expliqué qu'il ne fallait pas leur en vouloir. Parce qu'ils étaient opprimés par les militaires et le pouvoir.
Lorsque les islamistes ont accédé au pouvoir en Tunisie et en Égypte, en laissant des jihadistes menacer ceux qui ne pensaient pas comme eux, il ne fallait pas s'en émouvoir. Par respect pour la démocratie.
Lorsque les terroristes se sont mis à tuer en France des Juifs, parce que Juifs et Français, certains n'ont pas versé une larme. Parce que des Israéliens opprimaient des Palestiniens.
Lorsque des terroristes ont tué des militaires français d'origine arabe, parce que militaires et Français, on ne les a pas particulièrement pleurés. Sous prétexte que la France avait jadis colonisé.
Lorsque des terroristes ont tué des dessinateurs et des journalistes de Charlie parce qu'ils défendaient le droit au blasphème et la liberté de rire du terrorisme, des voix se sont élevées pour nous expliquer qu'il ne fallait pas "être Charlie" et le 11 janvier une imposture.
Maintenant que les terroristes visent tout le monde, les footeux, ceux qui aiment boire un verre en terrasse ou écouter de la musique, que peuvent-ils bien inventer ? Et bien ils ont trouvé. Très vite. Trop vite. Cette fois, c'est décidé, c'est la faute à notre intervention en Syrie.
À "nos guerres" extérieures contre "l'Islam politique", selon Michel Onfray et le NPA. À notre "islamophobie" et à notre loi sur les signes religieux à l'école publique, selon Les Indigènes de la République ou le Guardian.
C'est donc notre faute si l'on nous tue parce que nous aimons l'égalité, la laïcité et la liberté d'expression. Notre faute si nous nous défendons pacifiquement quand on menace nos droits. Et militairement quand on nous déclare la guerre.
Ces rengaines ne sont pas seulement immorales. Elles arment les terroristes. Elles facilitent leur recrutement. Elles nous désignent comme cible. Ce sont des refrains de collaborateurs, de supplétifs, qui font le jeu d'une propagande visant à nous détruire.
Sommes nous-en guerre ?
Ce qui est certain, c'est que la France n'est plus en paix. Un groupe terroriste devenu État nous a déclaré la guerre. Il envoie ses soldats commettre des crimes de guerre sur notre sol. Plus important encore, l'État islamique ne nous vise pas pour ce que nous faisons mais pour ce que nous sommes.
Un pays libre, laïque, et bon vivant. C'est écrit en toutes lettres dans le communiqué revendiquant l'attentat du 13 novembre. Et cela change tout.
La guerre en Irak à laquelle nous avons eu raison de ne pas participer, était sans lien avec le 11 septembre et en dehors du droit international. L'intervention en Syrie, elle, est fondée. Elle correspond aux critères internationaux Ceux de la légitime défense.
Aux Russes de nous rejoindre, pas le contraire
Que penser d'autres voix qui s'élèvent... Celles qui, au nom de cette légitime défense, suggèrent d'abandonner nos pudeurs envers Bachar El Assad et de se joindre aux Russes ?
Qu'ils renversent tout, eux aussi. Ce n'est pas à nous de nous allier aux Russes pour soutenir Bachar El Assad. C'est aux Russes de nous rejoindre pour combattre l'État islamique. Au lieu de bombarder en priorité les groupes rebelles modérés.
Miser sur Bachar El Assad, comme nous le demandent les Russes et ses alliés du Front national, n'aidera pas à combattre l'État islamique, mais ferait de nous une cible bien plus justifiée.
Se défendre sans Bachar el Assad
Frapper notre pays, qui a refusé la guerre en Irak et se bat en état de légitime défense en Syrie, sans prendre le parti d'un dictateur sanguinaire, n'a de sens que pour les fanatiques de l'EI.
Frapper un pays perçu comme soutenant Bachar El Assad et ses massacres de masse aurait plus de sens. C'est exactement la polarisation souhaitée par Daech : être seul contre tous, les démocraties étant dans le même sac que le bourreau de Damas. C'est un piège. Nous perdrions notre avantage moral et Daech gagnerait le pouvoir de séduire et de recruter davantage parmi les musulmans européens. Ceux qui s'identifient aux victimes de Bachar El Assad et se sentent rejetés.
Le FN nous affaiblira
Il existe un autre piège. Tomber dans le racisme qui nourrit nos ennemis. L'idée que le Front national puisse représenter plusieurs régions de France et donc son image extérieure a de quoi réjouir leur propagande.
C'est un choix offert par notre démocratie électorale et donc un droit. Mais un choix qui brisera notre cohésion nationale et nous affaiblira comme jamais dans cette guerre. Une guerre à la fois militaire, idéologique et psychologique.
un confus notoire, qui a participé au gloubi-boulga qu'est "Nouvelle Donne" sans que ça le tienne jamais à la moindre discipline, et qui loue aussi bien ses services d'expert autoproclamé à des journaux bourgeois parfois de gauche qu'à des sites d'extrême droite comme celui de Soral.
Je ne changerai pas ma photo de profil pour le drapeau français, même si je suis Française et de Paris. Si je faisais ça seulement pour Paris, ça serait une erreur. Si je faisais ça pour chaque attaque dans le monde, je devrais changer mon profil plusieurs fois par jour. Mon cœur appartient au monde, sans frontières, ni hiérarchie, je tiens à toute vie humaine attaquée par des croyances extrémistes, qu'elles soient basées sur la religion, les préjugés, ou le profit. Ne faites pas partie de cette mentalité "nous et eux", c'est ce que les semeurs de guerre attendent!
Déclaration du Comité confédéral national de la CGT
mercredi 18 novembre 2015 , par Laura
Le Comité confédéral national de la CGT réuni les 17 et 18 novembre 2015, tient à témoigner son soutien et sa solidarité à l’ensemble des familles touchées par la tragédie du vendredi 13 novembre. Elle salue à nouveau la mobilisation extraordinaire de l’ensemble des agents des services et entreprises publiques.
Ces attentats, perpétrés sur des lieux de culture et de vie, frappent et concernent chacune et chacun d’entre nous, toutes les populations de toutes religions, origines ou nationalités et particulièrement la jeunesse. Des salariés, des adhérents d’organisations syndicales, sont au nombre des victimes, dont plusieurs de la CGT.
Les attentats qui ont touché la France, frappent les populations partout dans le monde, comme à Beyrouth et en Turquie dernièrement, ou lors de l’explosion de l’avion Russe.
Notre solidarité s’adresse à toutes les victimes de ces assassinats. Derrière ces atrocités, des discours trop souvent entendus reviennent à grands pas. La guerre ne règle rien, au contraire. Les lieux de tensions et conflits se multiplient avec leurs cortèges de morts, de destruction, de désolation et de haine. Les multiples interventions militaires (en Irak, en Lybie, en Syrie, etc.), loin d’instaurer la démocratie ont généré un appauvrissement des populations avec des centaines de milliers de victimes et une impasse économique et sociale. C’est le terreau sur lequel le terrorisme se développe, poussant des populations entières sur le chemin de l’exil.
Avant la fin de la 2ème guerre mondiale, lors de la déclaration de l’OIT en 1944, l’ensemble des pays de la planète avait affirmé que seule la justice sociale serait facteur de paix.
Bon nombre de gouvernements l’ont oublié et font le contraire.
La CGT réaffirme ses valeurs de paix et de fraternité dans son combat pour le progrès social, la démocratie, la liberté, la laïcité, nécessaires au bien vivre ensemble. Elle s’insurge contre l’invitation du front national à l’Elysée. Elle refuse toute stigmatisation des étrangers et amalgame entre immigration et terrorisme.
Aujourd’hui, la CGT prend note que le Président annonce dans son discours, ne plus considérer le pacte de stabilité comme un horizon indépassable. Elle exige donc un pacte de progrès, de démocratie sociale, d’éducation, de sécurité et de paix pour toutes les populations.
Nous sommes favorables à un renforcement de la sécurité et des libertés des citoyens. Il ne faut pas confondre des moyens et des effectifs de police et gendarmerie supplémentaires avec une restriction des libertés individuelles et collectives. De même, combattre, écarter les formes de radicalisation passe avant tout par le respect des droits fondamentaux d’accès à l’éducation, à la culture, à la santé et à l’emploi.
Ce n’est pas une quelconque modification de la constitution qui permettra de tarir les sources de financement et d’armement des terroristes. Il faut d’ailleurs souligner que l’Etat français est le 2ème pays vendeur d’armes au monde, devant la Russie et la Chine. La CGT exige l’arrêt de tout commerce d’armes avec les Etats qui entretiennent des liens avec les terroristes. Elle demande que la priorité soit donnée à la recherche de solutions multilatérales dans le cadre de l’ONU.
Elle refuse que les salariés et la population française, à travers des modifications de la constitution, soient placés de fait dans un état d’urgence permanent.
Elle refuse que l’expression revendicative et le mouvement social soient muselés.
Cette situation douloureuse touche la conscience de chacun des citoyens, mais c’est bien le combat pour la justice sociale qui fera reculer les guerres, le terrorisme, le fondamentalisme, la xénophobie, le racisme, l’obscurantisme et la régression.
Plus que jamais, la CGT appelle les salariés à refuser les reculs sociaux et se mobiliser pour les salaires, l’emploi, la réduction du temps de travail et l’amélioration des conditions de travail, la protection sociale, les libertés syndicales.
La CGT engage une large consultation des salariés, afin d’être à l’écoute et de partager avec eux ses propositions pour sortir de cette crise. Elle débattra de la nécessaire mobilisation à mettre en œuvre pour y parvenir.
Pour cela, le Comité confédéral national, appelle à poursuivre et amplifier la rencontre de ses syndiqués dans leurs syndicats, sur leurs lieux de travail.
Après le temps du recueillement, les rendez-vous revendicatifs et mobilisations programmés doivent avoir lieu en travaillant des modalités permettant d’assurer la sécurité des salariés. Pas plus qu’il n’y a de trêve dans les attaques contre le monde du travail, il n’y aura de trêve dans l’action syndicale pour le progrès social.
Notamment, le 2 décembre où la CGT appelle à une journée nationale d’action organisée en territoire, ayant pour thème « NON à la violence sociale, OUI à l’efficacité économique, sociale et environnementale ».
La CGT œuvre pour préserver les droits et la citoyenneté de tous. C’est en ce sens, qu’elle a sollicité une rencontre avec le Gouvernement, sur le contenu des futures modifications constitutionnelles envisagées et pour les mesures à prendre allant dans le sens des attentes des salariés, dans le cadre de l’état d’urgence.
Montreuil, le 18 novembre 2015
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