Bradley a écrit :
Le problème pour LO c'est qu'il ne considère l'existence d'une révolution que dirigée par un parti de type bolchevique, donc pour elle pas de révolution chinoise par exemple
Alors là, pas du tout. La Commune de Paris était-elle dirigée par un parti de type bolchevique ??? N'y a-t-il pas eu une révolution ouvrière à Barcelone en 1936 ou en Hongrie en 1956 ? Par contre, c'est vrai que si elles ont échoué, cela venait du fait qu'il n'y avait pas de parti de type bolchevique...
Pas de révolution chinoise ? Bien sûr que si ! Pour ne pas voir de révolution chinoise il faudrait être aveugle ! Une vraie révolution paysanne, sur laquelle Mao a pu surfer : une armée d'intellectuels encadrant des paysans et prenant les villes. La très grande majorité de la classe ouvrière chinoise n'était pas dans le coup. Ce n'était pas une révolution ouvrière et donc pas un état ouvrier. Bradley, puisque tu sembles bien aimer ce genre d'analogies, c'était un 1789 et pas un 1917. Mais un 1789 dans un pays de bourgeoisie compradore, où celle-ci s'est empressée de fuir (pour une bonne partie) et où la reconstruction d'une économie ne pouvait se faire que sous l'égide de l'Etat contrôlé par la petite bourgeoisie, faute de bourgeois chinois assez puissants pour le faire. Depuis, après avoir accumulé du capital sur le dos des ouvriers chinois, des pans entiers de l'économie ont été privatisés auprès de bourgeois chinois ou étrangers. Et Hong-Kong a pu être absorbé sans problème et réintégré à la Chine sans rien modifier de son fonctionnement économique. Mais, Bradley, cela semble te laisser de marbre, tout autant que l'existence de bourses à Hong-Kong, Shanghai ou Shenzhen...
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2017/1 ... ilibre.php
"La Chine n'a pas fait son 1989-91", dis-tu. En effet. Sur le plan économique en tout cas, nul besoin, c'est déjà capitaliste !
Mais que dis-je ? C'est vrai, le yuan n'est pas convertible (ou du moins, pas "pleinement" convertible ; si un touriste va en Chine on lui convertit bien ses euros ou ses dollars en yuans). N'est-ce pas une preuve évidente du caractère ouvrier de son Etat ? En tout cas, cela n'empêche pas que le yuan devienne l'une des monnaies de référence reconnues par le FMI :
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/0 ... erence.php
l'armée de Mao, encadrée par de nombreuses insurrections paysannes et révoltes ouvrières, a dû aller plus loin qu'elle ne le voulait dans la voie de la rupture avec le capitalisme (hypothèse textuellement prévue dans le programme de transition, programme de fondation de la Quatrième Internationale)
Le problème avec cette hypothèse qui était évoquée comme une éventualité exceptionnelle, c'est qu'une fois Trotsky mort, pour un certain nombre de trotskystes elle est devenue la règle : Chine, Cuba, Vietnam, Corée du Nord, Cambodge de Pol Pott, Nicaragua et j'en passe... tout est rupture avec le capitalisme, tout est Etat ouvrier déformé. Eh bien non. La Chine est un Etat bourgeois longtemps sans grande bourgeoisie, géré par la petite en attendant le retour de la grande (ou sa transformation en grande).
centaines de millions de prolétaires chinois toujours debout avec de très nombreuses grèves et de multiples syndicats indépendants au niveau local
De ce qu'on arrive à en savoir, il y a effectivement beaucoup de grèves et de luttes en Chine. Lorsqu'elles sont ouvrières, elles sont dirigées contre le patronat et assez souvent aussi contre l'Etat qui le couvre et réprime. C'est quand même un peu fort de café que les luttes des ouvriers contre cet Etat soient considérées comme la preuve que c'est un Etat ouvrier... Quant aux luttes de paysans qui contestent à l'Etat le droit de vendre les terres villageoises (gérées par les paysans mais détenues par l'Etat) à des promoteurs de zones industrielles, incarnent-ils la volonté de garder les terres publiques, ou la volonté d'avoir la propriété privée de leurs terres ? Bref, si l'on reprend tes analogies, défendent-ils un 1917 ou luttent-ils pour un 1989-91 ?
"restauration globale du capitalisme ou révolution politique"
Ce que craint le PC chinois côté bourgeoisie c'est bel et bien une "révolution politique". Si sa classe sociale - la bourgeoisie - estime qu'elle serait mieux représentée par d'autres partis que le PC chinois et qu'il faut donc desserrer l'étau, le PC risquerait gros.
Ce que craint le PC chinois côté travailleurs, c'est que leur mobilisation s'inscrive dans une révolution politique au service d'autres courants bourgeois (un peu comme en Pologne avec Solidarnosc). Ce qu'il peut craindre aussi, mais malheureusement ce n'est pas à l'ordre du jour et il n'y a pas de "parti de type bolchevique" en Chine, c'est une révolution prolétarienne, politique et sociale, qui confisquerait au bénéfice des travailleurs toutes les activités économiques du pays, qu'elles aient actuellement un statut public ou privé (privé chinois ou privé étranger) et donc exproprierait les bourgeois.
C'est cette deuxième voie que nos organisations révolutionnaires devraient s'attacher à préparer si elles avaient des contacts en Chine (mais c'est plus facile et moins dangereux à dire qu'à faire). Et pour y parvenir il vaudrait mieux qu'elles ne considèrent pas que c'est déjà fait...