par bradley » 13 Nov 2017, 22:38
Position de la TCI, tendance trotskyste du POID:
Formidable et puissante manifestation de Barcelone, qui a
rassemblé plus de 750 000 participants
(l’équivalent de 7 millions de manifestants à Paris),
derrière deux banderoles, l’une réclamant la
libération des prisonniers politiques, l’autre
proclamant « Nous sommes la République ». Que
signifie cette manifestation ? Ceci :
– malgré la répression et le coup de force de l’article
155 ;
– malgré l’extraordinaire arc d’union sacrée de toutes
les forces institutionnelles en défense de la monarchie
franquiste (allant de l’extrême droite à l’extrême
gauche, incluant les directions des PSOE, PCE,
Izquierda unida, Podemos, UGT, Commissions
ouvrières, jusqu’au POSI/CCI), tous sont d’accord pour
nier le vote du 1er octobre pour la République, et pour
décerner un label de légitimité aux élections du
21 décembre sous la botte de la répression
franquiste ; tous sont terrorisés par l’ouverture d’une
brèche, posant, de manière immédiate, la question de
la République, donc de la liquidation, par le
surgissement des masses, des institutions de la
monarchie ;
– malgré les déclarations des principaux dirigeants de
la Généralité déchue, s’engageant à respecter le cadre
institutionnel de l’État espagnol et s’inscrivant dans
les élections du 21 décembre, renonçant de fait à
mettre en place la République ;
– malgré cela, l’irruption des 750 000 exprime la
puissance révolutionnaire de la volonté des masses.
La banderole « Nous sommes la République »
concentre la question centrale de la rupture.
– Les développements en Catalogne posent une
nouvelle fois de façon aigüe la tâche centrale de la
IVe Internationale, à savoir : résoudre la crise de la
direction révolutionnaire du prolétariat. Certes, le
mouvement a vu surgir les comités de défense du
référendum et de la République comme une volonté
d’organisation par les masses elles-mêmes de leur
combat. Mais l’absence de toute direction ouvrière
orientée sur le combat pour imposer la République
et, dans ce combat, la République sociale, la
trahison des dirigeants se réclamant du mouvement
ouvrier créent une situation où ce mouvement d’une
puissance considérable se cherche une direction, qui
ne se présente pas à lui. Cela ne signifie pas que cette
phase de surgissement de la masse est close. Tous les
problèmes restent posés. Une brèche a été ouverte,
qui terrorise tous les tenants de l’ordre établi.
Répétons-le : de l’extrême droite à l’extrême gauche,
en Espagne comme en France et dans toute l’Europe,
tous agissent pour refermer la brèche. Pour l’instant,
les choses ne sont pas conclues.
L’absence, non seulement du parti
révolutionnaire, mais même de toute organisation
combattant consciemment pour la construction
d’un tel parti sur la ligne du Programme de
transition, se fait sentir cruellement dans les
développements en Catalogne. Il faut souligner ici la
responsabilité majeure des dirigeants du centre
révisionniste qui ont non seulement impuissanté
toute possibilité pour le POSI de jouer un rôle dans
l’organisation des comités de défense de la
République, mais pire : l’histoire retiendra que le POSI
s’est prononcé contre la proclamation de la
République (et avec lui le CCI), se situant dans le camp
de ceux qui cherchaient à colmater la brèche au lieu
d’aider les masses à l’élargir .