Salut Com_71,
com_71 a écrit :Mais au fait, toi GdM, tu en penses quoi ? Vois-tu ces préoccupations de certaines organisations (se présenter aux européennes pourquoi, comment, avec qui...) de très loin, ou estimes-tu que les réponses qui seront données par les uns ou les autres peuvent compter pour les perspectives de révolutionnaires voulant limiter leur activité à l'arène du PCF ?
En juin 1999 : lors des élections européennes, la liste commune présentée par Lutte Ouvrière et la LCR obtient 5 élu-e-s, élisant en autre, Arlette Laguiller et Alain Krivine, j'avais voté pour cette liste, avec beaucoup d'espoir. C'était peu et beaucoup, c'était une tribune pour les travailleurs, parler de leurs luttes, une parole de travailleurs au coeur de l'Europe dans cette assemblée, cela changeait !
Alors une alliance LO/NPA pourquoi pas, cela changerait des ritournelles que nous raconte le PCF sur l'Europe, qui veut s'allier avec tout et n'importe quoi, sans base marxiste, lorgnant encore sur ce qui reste de la Social-démocratie, je te dirai aussi, en étant ironique, que je suis pour une Europe socialiste de Lisbonne à Moscou !
Pour te parler plus concrètement de ce que je pense de l'Europe et de l'UE, voilà ce que défendent les camarades de
La Riposte dans le PCF comme position...
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L’Union Européenne est au service des grands capitalistes qui dominent le continent. Le pouvoir au sein de l’UE est concentré entre les mains d’une caste de bureaucrates dont la politique est façonnée par les impératifs du capitalisme européen. L’indifférence totale de cette caste à l’égard des conséquences sociales de leurs décisions est illustrée par leur attitude envers le gouvernement Tsipras qui a tenté de négocier avec eux en 2015. Au lieu d’une négociation, l’UE a accablé la Grèce d’une succession d’exigences implacables et destructrices, assorties de menaces et de chantages.
Depuis les années 1950, chaque étape dans l’émergence de ce qui est devenue l’Union Européenne a réorganisé les lois, les traités et les marchés pour répondre aux intérêts des grands groupes industriels, financiers et commerciaux. La concentration du capital est allée de pair avec une forte interpénétration des économies nationales. En les protégeant des taux d’échange variables des anciennes monnaies nationales, la monnaie unique a grandement contribué au renforcement de l’assise internationale des entreprises et banques les plus puissantes.
Alors que chaque nouveau traité dans la « construction européenne » s’est accompagné, dans la propagande libérale, par la promesse d’une croissance économique et d’une stabilité sociale, la réalité a été tout autre. Les grands indicateurs depuis une vingtaine d’années montrent que les années 2007-2009 marquent un tournant dans l’évolution des économies européennes. Dans la période précédente, déjà, les inégalités sociales s’accroissaient dans tous les pays de l’UE. La concentration des richesses allait de pair avec la persistance du chômage de masse et la précarité croissante de l’emploi. Mais la crise de 2007-2009 a accentué ces tendances négatives. La promesse de croissance et de stabilité s’est complètement évaporée. Les économies nationales n’ont connu que de très faibles taux de croissance, quand elles n’ont pas été en récession. L’échec de l’UE fait qu’au lieu de gérer son élargissement et les demandes d’adhésion, elle doit lutter désormais contrer le risque de sa dislocation.
Si la situation politique de l’UE diffère d’un pays à l’autre, il y a un point commun entre pratiquement tous les pays membres, à savoir la montée en puissance des mouvements nationalistes et racistes. Les dirigeants de l’UE se moquent des souffrances qu’ils imposent à ceux qui sont « en bas ». Et en retour, leurs victimes considèrent de plus en plus que l’Union Européenne, loin d’être la solution à leurs problèmes, en est la cause. Un aussi vaste continent aux frontières nationales ouvertes exposant les entreprises et l’emploi de chacun à une concurrence féroce suscite les peurs et les insécurités qui sous-tendent les réflexes nationalistes. C’est notamment le cas en Autriche, en Hongrie, en Pologne, en Allemagne, et en Italie.
Au Royaume-Uni, le référendum sur l’appartenance à l’UE a été marqué d’une campagne imprégnée de nationalisme et de racisme de la part du Parti Conservateur et de l’UKIP. Jouant sur les peurs et les préjugés d’une partie de la population, ils prétendaient que l’UE obligeait le Royaume-Uni à accueillir une masse sans cesse grandissante de travailleurs étrangers profitant des emplois, des logements et des allocations sociales au détriment des Britanniques. Sortir de l’UE, disaient-ils, permettrait de bloquer l’entrée de ces étrangers, voire de les déporter. La régression sociale était mise sur le compte de l’UE, laissant entendre que la sortie du Royaume-Uni signifierait aussi la fin de l’austérité.
En France, le Front National est depuis longtemps porté par un réflexe nationaliste du même ordre. Mais le Front National n’a plus le monopole du « populisme » nationaliste, qui figure en bonne place dans la propagande du gouvernement Macron, des Républicains et de l’ensemble des partis de droite. Le nationalisme est une idéologie extrêmement dangereuse qui, dès lors qu’elle s’installe dans la conscience populaire, est très difficile à enrayer. Il prépare le terrain aux haines raciales et communautaires et favorise le développement de mouvements fascistes. À terme, il peut même ouvrir à voie à la guerre. Les terribles leçons du passé ne doivent pas être oubliées. Le nationalisme est un fléau que les communistes doivent combattre sur tous les plans et de toutes leurs forces.
Avec l’option d’une Europe « unie » autour d’intérêts capitalistes d’un côté, et la menace de replis nationalistes et xénophobes de l’autre, nous sommes pris entre deux feux. Les discours sur le thème de l’« Europe sociale » de la part des partis de gauche sont largement inaudibles parce qu’ils ne correspondent pas du tout à l’expérience collective de l’immense majorité de la population. En l’absence d’un programme politique expliquant la nécessité d’une rupture avec le capitalisme et indiquant comment cette rupture pourrait se réaliser, le ressentiment populaire contre les dictats de l’UE risque de couler davantage dans les canaux du nationalisme.
Les graves dangers que comporte cette situation nous renvoient à notre programme sur la question européenne. En se réclamant d’une « Europe sociale », nous avons voulu nous démarquer des politiques de régression imposées par les forces du capital. Cette démarcation était bien évidemment tout à fait nécessaire. Cependant, les propositions principales que nous avançons manquent de cohésion et ne sont pas à la hauteur des enjeux. Elles ne remettent pas en cause le caractère capitaliste de l’Union Européenne et se bornent à proposer la réforme des institutions existantes. Or, une « Europe sociale » au service des travailleurs du continent est clairement irréalisable sous le capitalisme et dans le cadre de l’Union Européenne.
Prenons par exemple la réforme de la Banque Centrale Européenne, qui constitue le socle même de tout l’édifice de la finance capitaliste européenne. Sa transformation en un instrument de progrès social, agissant contre l’intérêt des capitalistes, est-elle vraiment concevable ? Même si une telle réforme était imaginable, qui la mettrait en application et dans quelles circonstances ? Dans nos publications et dans les interventions de nos dirigeants, on ne trouve nulle part ne serait-ce qu’une tentative de répondre à ces questions.
Les institutions de l’UE, dont la BCE, ont été mises en place pour défendre les seuls intérêts des plus grands groupes capitalistes. Et c’est exactement ce qu’elles font. La BCE est si totalement intégrée aux infrastructures du capital financier que l’on peut difficilement imaginer qu’elle adopte une politique contraire aux intérêts capitalistes sans un bouleversement des rapports de propriété capitaliste à l’échelle continentale. Nous avons besoin d’une alternative à l’Europe capitaliste. Le PCF peut contribuer grandement à l’émergence de cette alternative si, sur son propre terrain, celui de la France, son programme relie les revendications sociales et politiques immédiates à la nécessité de supprimer la propriété capitaliste des banques, de l’industrie et de tous les rouages principaux de l’économie nationale.
Notre hostilité à l’UE capitaliste n’a rien à voir avec le nationalisme. Comme le montre le cas du Royaume-Uni, l’idée que les travailleurs puissent résoudre ou atténuer la crise sociale par le simple fait de se séparer de l’UE n’est qu’un leurre. La rupture avec l’UE capitaliste doit s’effectuer par le biais de transformations sociales profondes pour mettre le contrôle de l’industrie, du commerce et des moyens financiers entre les mains de la collectivité. Cette politique de transformation sociale aiderait à créer les conditions de l’effacement progressif des rivalités et oppressions nationales et favoriserait l’instauration d’une coopération libre et mutuellement bénéfique entre tous les peuples du continent. Voilà la grande perspective internationaliste et transformatrice que nous voulons pour l’Europe."
Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."