CITATION Poussée d’adrénaline entre LO et la LCR
Elsa Freyssenet
« C’est tendu. » Les négociateurs électoraux de Lutte Ouvrière (LO) et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) partagent au moins ce constat sur l’ambiance, dégradée depuis dix jours, de leurs négociations pour les régionales et les européennes de 2004. Après la dernière réunion, mercredi, LO a refusé la publication d’un communiqué commun, produisant à la place une déclaration où l’organisation d’Arlette Laguiller liste les « problèmes » et « divergences qui subsistent ».
A l’origine des tensions, les fuites dans la presse sur le partage des têtes de listes en Ile-de-France. Les formations trotskistes voulant faire croire que, « contrairement aux partis de gouvernement », les places sont pour elles beaucoup moins importantes que le contenu politique, chacune reproche à l’autre d’avoir mis le sujet sur le tapis. Agacé qu’Olivier Besancenot (LCR) ait pu être présenté comme possible tête de liste régionale, Arlette Laguiller a annoncé sa candidature la semaine dernière (nos éditions du 4 octobre). « On n’avait pas d’autre moyen d’arrêter les rumeurs », explique le négociateur LO Georges Kaldy.
Le procédé n’a pas plu à la LCR, qui critique cette semaine dans Rouge « ce type d’initiative unilatérale » et a, en réponse, réclamé la première place aux européennes en Ile-de-France. « C’est pour en finir avec le débat minable sur les noms », assure Alain Krivine. Un doublé Laguiller aux régionales, Besancenot aux européennes se profile donc en Ile-de-France. « C’est tout à fait envisageable mais ce n’est pas décidé », précise Georges Kaldy, car LO ne veut parler que « d’accord global ». La répartition des places dans le nord de la France, autre grande région où, malgré la réforme des modes de scrutin, l’extrême gauche peut espérer décrocher un élu, risque elle aussi d’être ardue.
Surtout LO vient de préciser (et raidir) sa position sur l’ouverture des listes à des mouvements régionaux proches de l’extrême gauche. Le parti d’Arlette Laguiller refuse de lancer, comme le suggérait la LCR, un appel à « tous ceux et toutes celles qui se retrouvent dans les axes de notre campagne ». « La LCR est engagée depuis toujours dans une politique inefficace de recherche d’alliés dans laquelle nous n’avons pas l’intention de nous engager », dit-on à LO. Et Georges Kaldy de poursuivre : « Des groupes peuvent venir, à condition qu’ils ne pèsent pas sur notre plateforme politique. »
« LO veut nous faire avaler notre chapeau », dénonce Christian Picquet, un dirigeant de la LCR rétif à l’accord LO-LCR. Chaud partisan, lui, d’une alliance, Alain Krivine relativise « les petits bras de fer, les coups de gueule ». « Il y en aura encore », prévient-il. Convaincu que les deux organisations finiront par s’entendre, poussées à l’alliance par la réforme des modes de scrutin.
[/quote]