par conformistepote » 18 Oct 2003, 08:44
Libération 18/10/03
CITATION
Frêche rêve de rassembler les gauches
Tête de liste aux régionales, le maire PS de Montpellier prône une alliance avec la LCR.
Par le laval gilbert
samedi 18 octobre 2003
Montpellier envoyé spécial
«Ce n'est pas crédible.» Le porte-parole héraultais de la LCR, David Hermet, qui enseigne l'histoire à Montpellier, ne peut pas avaler celle que raconte depuis lundi Georges Frêche, le maire PS de la ville. Promu tête de liste pour les régionales en Languedoc-Roussillon, Georges Frêche imagine en effet que les socialistes pourraient faire un peu de place aux «candidats d'extrême gauche» au second tour de l'élection de mars. «Notre réponse est non», a déjà tranché Lutte ouvrière. «Manoeuvre politicienne d'un PS en plein désarroi», ironise Olivier Besancenot pour la LCR. Mais le rejet à peine poli de l'invitation ne refroidit pas l'ardeur de l'élu, qui fonce à Montpellier pendant que ses amis du PS s'interrogent à Paris.
«Vivier». L'extrême gauche est «nécessaire», insiste Georges Frêche. Beaucoup de ses idées sont «valables» et le programme de Besancenot pourrait «à 90 %» être celui de la social-démocratie suédoise. Elle serait en outre un «vivier» pour le PS puisque, dit-il, les «trois cinquièmes» de son effectif en seraient issus. Frêche laisse François Hollande expliquer que le PS n'a pas «la volonté nationale d'entrer dans une telle stratégie». Il laisse aussi Lionel Jospin répéter que le «but de l'action politique reste l'exercice du pouvoir». Il ne serait d'ailleurs peut-être pas fâché que la LCR apprenne dans sa région ce que la gestion des affaires publiques veut dire.
Le maire de Montpellier alimente par ses travaux pratiques le débat qui s'ouvre à gauche. Dans sa ville, en tout cas. «Un refus de la LCR, ce serait dommage», regrette déjà Jean-Louis Roumegas. Selon cet élu vert à la mairie de Montpellier, il y aurait une «opportunité historique» de renverser la majorité régionale de l'UMP Jacques Blanc : «La LCR veut-elle prendre la responsabilité de faire le jeu de la droite ?», interroge-t-il. La fédération PCF de l'Hérault se désole, elle aussi, de voir les amis d'Alain Krivine bouder toute «démarche de rassemblement». Elle leur a proposé de discuter d'un projet régional au «contenu transformateur». Au lieu de quoi, explique le secrétaire fédéral Jean-Louis Bousquet, la LCR semble préférer «s'enfermer avec LO». «Il faudra peut-être un jour que les copains de la Ligue mettent enfin les mains dans le cambouis de la gestion», juge pour sa part l'altermondialiste Hervé Roux. Le conseiller régional PS et politologue montpelliérain Paul Alliès fait ses calculs : dans un scrutin à deux tours, il faut toujours jouer le rassemblement pour espérer l'emporter. «L'initiative de Frêche visait à placer la LCR dans l'arc de la gauche régionale, explique-t-il. Elle allait dans le bon sens.»
«Pragmatique». La LCR n'a jamais menacé de bouleverser un scrutin. Olivier Besancenot a récolté 4,12 % à la présidentielle en Languedoc-Roussillon (1). Mais c'est comme si toute la gauche non extrême de cette ville comptait sur elle pour le prochain scrutin. Georges Frêche est «pragmatique», dit l'un de ses amis au PS. «Il ne se faisait aucune illusion sur l'écho que pourrait recevoir sa proposition», assure un autre à la mairie. Le jeu pour lui consisterait, au moins le temps d'une campagne, à se faire «rassembleur pour quatre».
Georges Frêche a fréquenté les réseaux maoïstes il y a plus de trente ans. Le conseiller régional Paul Alliès a été un cadre du parti d'Alain Krivine, et Henri Talvat, devenu son adjoint municipal à la culture, en a été un militant. Mais cela ne suffit pas encore à ranger les «trois cinquièmes» de l'effectif du PS comme issus de l'extrême gauche. «Je ne sais pas, s'amuse le porte-parole de la LCR David Hermet. Peut-être y compte-t-il l'ex-trotskiste Lionel Jospin ?»
(1) Dans la région, les trois candidats de l'extrême gauche avaient obtenu au total 10,44 % des voix à l'élection présidentielle de 2002.
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