Bolivie

Dans le monde...

Message par Screw » 18 Oct 2003, 21:57

La COB rassemble naturellement les travailleurs urbains où l'élément "purement" indien et moins nettement prédominant.
Attention, "indien" désigne plutôt le travailleur rural dans la stratification sociale...
Screw
 
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Message par pelon » 18 Oct 2003, 22:56

CITATION (ravine chien @ samedi 18 octobre 2003, 22:38)j'ai pas une trés bonne vue mais sur les photos dont screw a mis le lien, il me semble ne pas avoir vu beaucoup d'indiens dans l'assemblée de la COB alors que dans les manifestations ils sont trés nombreux. Croyer vous possible que les masses puissent suivre la COB ?[/quote]
La classe ouvrière est très majoritairement indienne à commencer par les mineurs qui sont la force principale de la COB. la réunion dont tu parles est une assemblée de direction élargie de la COB et on voit peut-être plus de métis. La paysannerie a d'autres syndicats mais la classe ouvrière, indiens ou pas, se reconnaissent dans la COB.
pelon
 
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Message par pelon » 18 Oct 2003, 23:02

CITATION
Vainqueurs, les habitants d'El Alto dégagent leurs barricades
18/10/2003 - 22:35

EL ALTO (Bolivie), 18 oct (AFP) -

Des milliers d'habitants de la ville de El Alto, près de La Paz, d'où s'est propagée la rebellion populaire contre le gouvernement bolivien, s'affairaient samedi pour dégager les barricades qu'ils avaient érigés, satisfaits d'avoir fait chuter le président Gonzalo Sanchez de Lozada, mais encore méfiants envers le nouveau pouvoir.


"La démission de "Goni" (surnom du président Lozada) nous satisfait, mais elle n'est pas suffisante. Nous voulons que le nouveau pouvoir fasse des réformes en profondeur pour améliorer le sort du peuple bolivien", déclare Ramon Paredes, au milieu de centaines de personnes déblayant l'Avenue Jean Paul II, bloquée en de nombreux endroits au début du mouvement de protestation.


Cette artère, l'une des principales de El Alto, la quatrième ville du pays, située à 4.000 mètres d'altitude et peuplée de quelque 800.000 personnes vivant la plupart dans la pauvreté, était encore encombrée samedi d'énormes barricades, érigées à l'aide de pierres, de blocs de béton, de poutres, de ferrailles et de carcasses métalliques.


"Nous sommes dans une phase intermédiaire, dans l'attente de voir ce que va faire le nouveau président" Carlos Mesa, qui a remplacé Sanchez de Lozada qui a démissionné et quitté le pays vendredi, ajoute Paredes, en faisant passer un cable sous une passerelle pour piétons en béton armé, abattue sur l'avenue qu'elle surplombait auparavant.


Les efforts d'un camion tentant de treuiller le long bloc de plusieurs tonnes et des dizaines de personnes qui cherchent à le pousser de toutes leurs forces resteront cependant vains, ce qui les obligera à faire appel à un engin de travaux publics.


Plus loin, certains s'acharnent à coups de massues sur une passerelle similaire, ne réussissant à entamer que partiellement le bloc de béton armé.


Partout ce n'est que travaux. Dans une rue adjacente, des femmes, armées de pioches, remettent en état la chaussée dont les pavés avaient été disjoints pour élever un barrage. Les moins costauds, des enfants et des personnes âgées, se contentent de ramasser les détritus et les débris de verre à l'aide de pelles et de brouettes.


A la Ceja, le quartier central commerçant de El Alto, un jeune, au milieu d'un rassemblement, dit sans nuance sa satisfaction. "Nous fêtons la chute de "Goni", lance-t-il.


"Non, pour l'instant il n'y a rien à fêter!", l'interrompt sèchement un homme d'âge mur, Martin Tambo, un artisan du quartier.


"Nous sommes venus remercier moralement et matériellement les mineurs qui sont venus nous aider à renverser Goni", ajoute-t-il pour expliquer la raison du rassemblement.


Soudain, une salve d'applaudissements monte de la foule, où les ponchos richement colorés des femmes contrastent singulièrement avec les tenues ternes des hommes, aux visages généralement fermés, peu loquaces et inexpressifs malgré leur victoire.


Dans un bruit assourdissant de moteur torturé par la montée et dans un nuage de gaz d'échappement, un énorme camion vient de déboucher au coin de la rue, avec des dizaines de mineurs d'Oruro (sud) rentrant chez eux, entassés debout sur la remorque découverte du véhicule.


Sur l'autoroute d'une douzaine de km conduisant à La Paz dans une impressionnnante descente de plusieurs centaines de mètres, les vestiges de deux semaines d'une totale furie populaire seront plus difficiles à faire disparaître.


Plusieurs wagons d'un train de marchandises précipités dans le vide depuis un pont gisent sur la chaussée, qui n'a cependant pas été totalement bloquée.


Quant à la station de péage, il n'en reste que le gros-oeuvre. Tout ce qui pouvait être détruit l'a été, à coups de masses ou par le feu.


Quelques heures après la réouverture de l'autoroute, le nouveau président Carlos Mesa n'a pas hésité à l'emprunter pour venir à El Alto, afin de promettre notamment à ses habitants des sanctions contre les auteurs de la répression militaire qui a fait de nombreuses victimes.



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Message par ianovka » 20 Oct 2003, 10:16

Déclaration de l'UIT (4°Internationale) parue dans "La Commune"


CITATION
Vive la lutte du peuple bolivien !

Comité Exécutif de l'UIT (IVème Internationale) - le 14 octobre 2003



  A nouveau la Bolivie est au centre d'une révolution ouvrière, paysanne et populaire. Cette fois-ci demandant la tête du président pro-américain Sanchez de Losada. Depuis trois semaines la rébellion ouvrière et paysanne s'amplifie. Les paysans ont coupé et bloqué toutes les routes du pays. La COB (Centrale Ouvrière Bolivienne) a appelé à la grève illimitée. Les mineurs de Huanuni sont rentrés dans La Paz avec leurs cartouches de dynamite. Entre dimanche 12 et lundi 13 octobre ont eu lieu les affrontements les plus importants, principalement dans la ville de El Alto située au-dessus de La Paz, le nombre de victimes s'élève à trente morts. Les locaux des différents partis patronaux ont été brûlés, un camion militaire a été incendié dans la zone sud de La Paz par les manifestants. La marche de El Alto à La Paz a rassemblé des milliers de personnes qui ont pris le contrôle de la capitale, ont coupé les rues avec des barricades.
  Au Chapare, les cocaléros ont mis en place les barrages routiers. L'aéroport international est fermé car il n'y a aucune garantie pour les passagers de pouvoir se rendre à La Paz.
  Le détonateur a été, cette fois, l'exportation du gaz par un gouvernement totalement vendu aux Etats-Unis. Le gaz a été privatisé en 1995, avec le pétrole, pour être vendu à bas prix aux Etats-Unis via le Chili. Par un accord avec REPSOL-YPF, British Petroleum et d'autres, le gaz serait livré à une raffinerie chilienne pour être ensuite exporté aux Etats-Unis par bateaux. C'est la braderie des ressources naturelles d'un pays où la majorité du peuple manque de gaz et d'électricité.
  La première mobilisation contre l'exportation du gaz a eu lieu le 19 septembre, avec une manifestation de trente mille personnes réprimée par le gouvernement et faisant cinq morts, depuis lors cette mobilisation n'a cessé de croître, jusqu'au blocus national depuis trois semaines avec des barrages routiers mis en place par les paysans du mouvement indigène de "los aymares". 80% de la population est d'origine indienne, ouvriers, professeurs, paysans. La semaine dernière la COB a appelé à la grève générale illimitée. Les mots d'ordre mis clairement en avant sont : Non à l'exportation du gaz vers les Etats-Unis ! Dehors le président ! Pour la renationalisation du gaz et du pétrole ! A partir de la dynamique qui s'est ouverte pour arrêter l'exportation on est passé à la question centrale de la chute du gouvernement et de la renationalisation du gaz et du pétrole. C'est une lutte objectivement anticapitaliste.
  La répression criminelle de Sanchez de Losada n'a pu en finir avec la mobilisation révolutionnaire des masses. Les trois principaux accès à La Paz sont bloqués, ainsi que les routes d'Oruro, de Cochabamba, de los Yungas qui entre dans la jungle, ainsi que celle qui traverse l'altiplano nord jusqu'aux communes frontalières du Pérou et du Chili. Les autoroutes ont, elles aussi, été bloquées à Cochabamba.
  Sur la grève de la COB il y a des informations contradictoires : la grève n'est pas totale. Elément nouveau c'est l'intervention en force des mineurs de Huanuni qui ont démarré par une marche de cinq cent d'entre eux depuis Oruro jusqu'à La Paz, rejoints par environ mille cinq cent paysans et étudiants, émaillée de violents affrontements tout le long de son trajet. El Alto, qui se trouve à douze kilomètres au-dessus de La Paz, à quatre mille mètres d'altitude, est une cité dortoir ouvrière, c'est la région la plus combative, la plus pauvre sur l'altiplano, c'est là où la grève est la plus forte. A El Alto, la grève est totale, dirigée par la COR (Centre Ouvrière Régionale) et les assemblées de quartiers - il y en a plus de quatre cent- affiliées à la centrale ouvrière, décidant de tout démocratiquement dans chaque quartier et se centralisant dans l'Assemblée "Altenidad" qui résout tous les conflits qui affectent la ville.
  De fait, il existe une situation de double pouvoir, le gouvernement pro-américain est suspendu en l'air et n'a aucune maîtrise sur cette situation révolutionnaire, il y a un vide de pouvoir et d'un autre côté existe un pouvoir alternatif dans la rue et dans les organisations qui se trouvent à la tête de ce mouvement : la COB, le COR, le MAS, la Fédération Paysanne et les Assemblées de quartiers de El Alto. A ce jour, le gouvernement de Sanchez Losada ne peut compter que sur l'appui des forces armées et des Etats-Unis qui lui ont donné leur soutien, malgré le rejet massif du peuple bolivien. La crise gouvernementale et du régime est totale. Les rats quittent le navire qui est entrain de sombrer. Le vice-président Carlos Mesa, du MIR, s'est éloigné et a retiré son soutien à Losada pour pouvoir se présenter comme une alternative bourgeoise de rechange. De nombreux ministres ont démissionné, tandis que l'église appelle au dialogue et que le parlement est dans l'incapacité de se réunir.
  Le gouvernement aux abois pense pouvoir se maintenir en massacrant le peuple, et, maintenant, il prétend s'en sortir par une consultation populaire sur le thème de l'exportation du gaz, reculant et essayant d'éviter sa chute. Mais la classe ouvrière, les paysans, et le peuple bolivien ne croient pas un seul mot de ce que dit Sanchez Losada et continuent leur combat pour qu'il s'en aille. Si Losada n'est pas tombé c'est en raison des oscillations des dirigeants politiques et syndicaux de l'opposition, ce sont des dirigeants réformistes qui chevauchent le mouvement et l'amène sur le chemin de la négociation. C'est ainsi que, pendant l'insurrection de février, ils ont sauvé Sanchez Losada. Ils n'ont même pas constitué une direction pour organiser la lutte en commun. C'est le même péril qui menace aujourd'hui l'héroïque force du peuple bolivien
  Le risque existe, également, que le gouvernement, dans cette situation désespérée pour lui, amplifie la répression ou qu'ait lieu un coup d'état militaire, on ne peut pas écarter cette possibilité, malgré que les masses boliviennes restent mobilisées pour l'empêcher, dans les manifestations il y a eu des signes clairs de fraternisation entre les manifestants, les soldats et la police, il faut appeler les sous-officiers, les soldats, à ne pas tirer contre le peuple et qu'ils se joignent à la grève, comme ce fut le cas avec la police en février, qu'ils distribuent les armes au peuple pour qu'il se défende contre la répression assassine du gouvernement de Losada.
  Ce sont les travailleurs et les paysans boliviens qui possèdent tous les éléments pour gagner en raison de leur combativité et de leurs forces organisées. La grève générale et les barrages routiers démontrent qu'il existe une alternative de gouvernement pour sortir la Bolivie de la misère et de sa subordination à l'impérialisme. Il faut soutenir le peuple bolivien pour qu'il puisse en finir avec le gouvernement de Sanchez Losada et impose un gouvernement d'urgence de la COB, de la COR, de la Fédération paysanne, des assemblées de quartiers, du MAS et de toutes les organisations en lutte. C'est l'axe de la bataille aujourd'hui en Bolivie. Dans ce cadre nous appelons à la solidarité totale avec le peuple bolivien pour imposer la non exportation du gaz aux Etats-Unis, la renationalisation du gaz et du pétrole, la convocation d'une assemblée constituante libre et souveraine qui débattra et résoudra la réorganisation de la Bolivie au service du peuple travailleur et des paysans.
  Nous appelons à développer à ce que se tiennent des rassemblements et des manifestations en solidarité avec le peuple bolivien devant les ambassades et les consulats du monde entier.
Il faut rejeter l'appui de Bush au gouvernement assassin de Sanchez Losada, exiger dans chaque pays la rupture des relations avec les Etats-Unis, en soutien avec le peuple bolivien.


Vive la lutte du peuple bolivien ! A bas Sanchez Losada !
Halte à la répression contre le peuple bolivien !
Non à l'exportation du gaz aux Etats-Unis ! Renationalisation du gaz et du pétrole !
Assemblée constituante libre et souveraine !
Pour un gouvernement de la COB, de la Fédération paysanne, du MAS et de toutes les organisations en lutte !

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"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par Barnabé » 20 Oct 2003, 11:48

Et celle de la LIT-QI:

CITATION Vive la lutte des travailleurs boliviens contre l'impérialisme et ses agents assassins.
Une fois de plus, la classe ouvrière et le peuple bolivien montrent le chemin à leurs frères latino-américains. La lutte héroïque des travailleurs et des paysans boliviens pour empêcher le gouvernement de Goni Lozada, l'agent cynique de l'impérialisme, de livrer le gaz aux entreprises américaines à un prix dérisoire, a mené à une insurrection qui polarise tout le pays. Le gaz bolivien est la seconde réserve du monde. Les pillards impérialistes et leurs marionnettes indigènes qui appliquent sans pitié le néolibéralisme, qui ont privatisé toutes les principales entreprises, qui ont déjà volé l'argent et l'étain du pays, pensaient compléter le pillage sans réaction populaire  ; mais les travailleurs et le peuple bolivien ont perdu patience et ont décidé de faire face au "gringo".

Pour commencer, les paysans de l'Altiplano ont paralysé les routes de leur région et ont fait face à la répression gouvernementale à Warisata, où ont été tuées au moins 5 personnes. A partir du 29 septembre, les travailleurs convoqués par la Centrale Ouvrière Bolivienne (COB) ont commencé une grève générale avec coupure de routes, qui avait comme objectif explicite - en plus de défendre le gaz du pays - de se débarrasser du gouvernement fantoche de l'impérialisme. Cette grève s'est étendue autour de la capitale et elle a paralysé complètement la ville de El Alto.

Face à ce véritable soulèvement national, le régime de Goni avec le MNR, le MIR, etc. a répondu avec la répression militaire en tirant à balles réelles contre des civils, ayant déjà assassiné au moins 50 personnes, y compris un enfant de 5 ans, et blessé des dizaines d'autres, à El Alto et sur les routes qui entourent la capitale La Paz.

D'autres secteurs sont en train de rejoindre ce soulèvement  : les camionneurs, les enseignants, les paysans d'autres régions comme Cochabamba et Oruro  ; ils isolent de plus en plus le gouvernement qui ne sait rien faire d'autre que répondre par la répression armée au nom de la "démocratie"  !

Face à cela, et voyant que le bateau coule, des secteurs de la bourgeoisie bolivienne et des gouvernements latino-américains parlent de "reprendre le dialogue" et d'arriver à un grand accord social en défense de la démocratie  ; parmi eux, il y en a qui parlent d'une "nouvelle fondation de la Bolivie" par le biais d'une quelconque "réforme constitutionnelle" ou Assemblée Constituante.

Malheureusement, des secteurs de la gauche bolivienne font écho à ce type de proposition, qui cherche à sauver le régime démocratique colonial quoiqu'au prix d'une diminution du pouvoir de Goni ou même d'une démission du président.

D'abord, il est nécessaire de soutenir la lutte des travailleurs et du peuple jusqu'à la chute du gouvernement Goni. Deuxièmement, il ne faut pas chercher des médiations ou accorder un répit pour qu'un autre Goni, comme son vice-président Mesa, émerge d'une négociation entre les secteurs de l'oligarchie pour continuer à soumettre le pays. Il est inconcevable que cette lutte héroïque se termine dans une issue constitutionnelle bourgeoise, pour qu'ensuite on continue à appliquer les plans du FMI et de l'impérialisme, comme en Argentine et en Equateur.
Pour un gouvernement des travailleurs

L'unique voie pour mettre un terme à la faim, à la politique d'abandon des richesses du pays et à la recolonisation, est un gouvernement des travailleurs et des paysans. Il faut associer la COB avec les organisations paysannes et populaires et former un gouvernement basé sur l'immense majorité du peuple bolivien, qui prend en mains la tâche non seulement de défendre les richesses comme le gaz, mais aussi d'expulser l'impérialisme et d'assumer la conduite du pays.

Ce gouvernement devrait être constitué par la COB, avec la participation de la Confédération Syndicale Unique des Travailleurs Paysans de la Bolivie (CSTUCB) et des forces politiques de gauche comme le MAS d'Evo Morales et le MIP de Felipe Quispe (Malku) et devrait assumer la défense du gaz et des richesses du pays pour les mettre au service des travailleurs et du peuple bolivien, ainsi que le non-paiement de la dette exterieure et la rupture avec la ZLEA (ALCA) et le FMI.

Soutien total à la lutte de la COB, à la grève générale et aux coupures de routes.

Le gaz pour le peuple bolivien, non pour les impérialistes des transnationales !

A bas le gouvernement de Goni et du FMI  !

Rupture de relations diplomatiques avec ce gouvernement assassin, agent de l'impérialisme !

Aucun pacte, aucun accord avec l'oligarchie !

Pour un gouvernement de la COB avec Solares, Evo Morales et Malku !

Ce qui se passe aujourd'hui en Bolivie intéresse tous les travailleurs et tous les peuples d'Amérique Latine. Tout comme en 1952 la grande révolution bolivienne a montré la possibilité d'un processus révolutionnaire ouvrier en Amérique Latine, maintenant la grève générale avec coupure de routes fait chanceler un gouvernement qui s'est fait remarquer par son asservissement au grand maître du nord. Une victoire des travailleurs boliviens sera une grande victoire de toute l'Amérique Latine contre les bourgeoisies à solde et l'impérialisme américain. Ce serait une victoire contre la ZLEA, contre le FMI, pour la défense de l'indépendance nationale, contre la soumission à l'impérialisme et contre les gouvernements ghurkhas qui répriment leur peuple. Nous devons entourer cette lutte de notre solidarité, faire valoir dans toutes les organisations ouvrières et populaires le soutien à la rébellion des travailleurs boliviens et exiger des gouvernements latino-américains la rupture immédiate des relations avec le gouvernement assassin de Goni.

Secrétariat International de la

Ligue Internationale des Travailleurs - Quatrième Internationale

15/10/2003


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Barnabé
 
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Message par stef » 20 Oct 2003, 12:02

Et "Rouge" :

CITATION "Les mobilisations et le blocage des routes se poursuivront jusqu'ý la dÈmission de Gonzalo Sanchez de Lozada." Evo Morales, dÈputÈ bolivien du Mouvement vers le socialisme (MAS, qui a recueilli 21 % des voix ý l'Èlection prÈsidentielle du 30 juin 2002), dÈnonce les massacres perpÈtrÈs depuis un mois par la police et l'armÈe contre un mouvement social d'une ampleur inÈgalÈe. De plus en plus populaire, ce mouvement, structurÈ dans la Coordination nationale de dÈfense du gaz (voir Rouge du 2 octobre), s'oppose au nouveau plan d'exportation du gaz naturel bolivien vers les Etats-Unis et le Mexique, qui fait la part belle aux multinationales et d'aprËs lequel la Bolivie ne percevrait que 18 % des recettes.
Depuis le dÈbut du conflit, les organisations humanitaires ont dÈcomptÈ prËs de cent morts et plusieurs centaines de blessÈs. La ConfÈdÈration syndicale des travailleurs agricoles, la Centrale ouvriËre bolivienne (COB), le MAS, rejoints par de nombreux collectifs de professeurs, d'Ètudiants, de commerÁants, de mineurs et par les comitÈs de quartiers d'El Alto, la banlieue populaire de La Paz (700 000 habitants), bloquent les routes, font le siËge des raffineries, manifestent et sont en grËve illimitÈe depuis plusieurs jours. Partie de La Paz et d'El Alto, la mobilisation s'est Ètendue ces derniers jours aux autres villes du pays, telles Oruro, Potosi, Cochabamba et Santa Cruz, capitale Èconomique du pays. DÈbordÈ - quatre de ses ministres ont dÈmissionnÈ -, le prÈsident dÈnonce un "processus sÈditieux de coup d'Etat menÈ ý l'instigation d'Evo Morales et d'autres dirigeants politiques" qui recevraient de "l'aide extÈrieure". Cela lui permettrait de dÈnoncer les principaux dirigeants du mouvement devant l'Organisation des Etats amÈricains.
Les rÈserves de gaz naturel de Bolivie Ètant les plus importantes d'AmÈrique du Sud aprËs celles du Venezuela, le porte-parole du dÈpartement d'Etat US, Richard Boucher, a dÈclarÈ, lundi 11 octobre, que "la communautÈ internationale et les Etats-Unis ne tolËreront aucune interruption de l'ordre constitutionnel et n'appuieront aucun rÈgime qui ferait surgir des moyens antidÈmocratiques". La menace est claire. DÈjý, plusieurs dirigeants syndicaux sont passÈs ý la clandestinitÈ de peur d'Ítre arrÍtÈs.
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Sans entrer dans les détails, Rouge présente donc la direction du MAS comme l'un des moteurs du mouvement. La réalité : c'est la COB - CONTRE la direction du MAS - qui a appelé. Devant la puissance du mouvement, Morales et le MAS ont du se rallier. Mais ce n'était pour que se rallier en vitesse au gouvernement bourgeois dirigé par Mesa - et bien sur s'opposer à la mise en place d'un gouvernement ouvrier-paysan en Bolivie :
CITATION
Le leader de l'opposition Evo Morales a déclaré qu'il offrirait un répit au nouveau président bolivien Carlos Mesa pour qu'il puisse "s'organiser pour répondre aux demandes des organisations sociales". Evo Morales, également député et dirigeant du Mouvement pour le socialisme (MAS, extrême gauche), a estimé "important" que Carlos Mesa dispose d'un certain temps "pour recueillir auprès de la base les revendications syndicales". M. Morales s'est félicité de la promesse d'organiser un référendum sur l'exploitation du gaz formulée par le nouveau président dans son discours d'investiture.
[/quote]

Après le Brésil, voici un nouvel exemple d'où mène la ligne de l'"altermondialisation" de la direction de la LCR (Morales n'est-il pas une des "figures" acclamées de ce courant). A soutenir ceux qui se battent CONTRE la perspective du gouvernement ouvrier-paysan !

Les choses pourraient elles être plus claires ? Comment se dire révolutionnaire et publier de tels articles ?
stef
 
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Message par Barnabé » 21 Oct 2003, 08:40

Tract de FT-SI diffusé à la manif du trocadéro.

CITATION VIVE L'INSURRECTION OUVRIERE ET POPULAIRE EN BOLIVIE !
POUR UN COMITE DE SOUTIEN AUX LUTTES OUVRIERES ET POPULAIRES BOLIVIENNES !

Le président Sanchez de Lozada (Goni) a démissionné hier et s'est envolé pour Miami, renversé par l'insurrection ouvrière et populaire, après plus d'un mois de crise politique et sociale aigue. La grande majorité du peuple opprimé et extrêmement pauvre s'est organisée afin de répondre à  la vente de gaz aux Etats-Unis et au Mexique. Il n'est plus concevable pour le peuple bolivien que les gouvernements qui se suivent bradent leurs ressources naturelles.
Face à  ce mouvement populaire, le gouvernement de Goni et son vice-président Carlos Mesa (actuel président) a décidé, dès le départ, de répondre par une répression féroce, active et sans répit. Dès la mi-Septembre, il massacrait à  Warisata, puis à  El Alto. Aujourd'hui on dénombre plus d'une centaine de morts parmi les manifestants.
La Centrale Ouvrière Bolivienne (COB) a appelé il y a plus de 3 semaines à  une grève générale indéfinie qui au fil des jours s'est étendue. Des comités de voisinage, les différentes organisations de travailleurs (Centrale Ouvrière Régionale (COR) ou départementale (COD)), notamment de la ville de El Alto, ont organisé plusieurs manifestations de dizaines de milliers de travailleurs, paysans et étudiants jusqu'au siège du gouvernement afin de demander la démission du président Sanchez de Losada, 'El Gringo'. Ces manifestations ont culminé jeudi avec plus de 250.000 personnes défilant dans les rues de La Paz.
La ville de El Alto, épicentre de l'insurrection ouvrière et populaire s'est transformée au cours de l'insurrection en un champ de bataille où le peuple bolivien a lutté héroïquement en transformant chaque coin de rue en barricade pour résister à  la répression tout comme à  Cochabamba, Potosi, Sucre ou Oruro. La COB a déjà  annoncé qu'elle n'entendait pas laisser Mesa gouverner à  sa guise et a rendu public un programme de revendications.
Pour appuyer activement les travailleurs et les paysans boliviens, il faut que nous organisions ici à  Paris, comme cela a déjà  été fait à  Buenos Aires et Sao Paolo, un comité d'appui aux luttes ouvrières et populaires boliviennes. Nous appelons les organisations syndicales françaises, les associations populaires, partis et groupes d'extrême gauche ainsi que les travailleurs et étudiants solidaires à  soutenir inconditionnellement leurs frères de classe boliviens qui ont combattu héroïquement et auront encore à  se battre sur les barricades et dans les rues, et à  former un tel comité sur les bases les plus larges possibles :

Pour la victoire de l'insurrection ouvrière et populaire !
Non à  toute intervention des USA, l'OEA et de l'Union Européenne.

Fraction Trotskyste (France), organisation soeur de la Ligue Ouvrière Révolutionnaire-Quatrième Internationaliste (Liga Obrera Revolucionaria-Cuarta Internacionalista) de Bolivie.
Paris le 18 octobre 2003.[/quote]
Barnabé
 
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Message par Barnabé » 21 Oct 2003, 08:43

Interview de Ferreira, dirigeant de la LOR (liée au PTS argentin) dans la Verda Obrera du 17/10:
CITATION Vive l’insurrection ouvrière et populaire en Bolivie !
Entrevue avec Javo Ferreira, dirigeant de la Ligue Ouvrière Révolutionnaire (LOR-CI) de Bolivie .


LVO : Peut-on affirmer que la « Guerre du Gaz » s’est transformée en une dynamique de lutte pour le pouvoir en Bolivie, c’est-à-dire qu’une révolution a commencé ? Dans ce cas, quelles classes et alliances de classe sont le moteur de ce processus ?
JF : Oui. Actuellement le conflit est arrivé à un niveau tel qu’il pose la question du pouvoir politique. Le refus de démissionner de Sánchez de Lozada exprime ce sentiment de détresse au sein des classes dominantes qui ne trouvent aucune alternative bourgeoise solide de changement. La Bataille du Gaz a permis de condenser un ensemble de revendications structurelles du mouvement de masse, qui jusqu’à présent s’exprimaient de manière latente ou localement, mais qui dorénavant ont un impact national. En fait, dans ce que l’on appelle la Guerre du Gaz, il existe plusieurs composantes qui ont provoqué le soulèvement actuel. C’est une combinaison de revendications de classe et de revendications ethniques qui sont le produit de l’oppression brutale, locale et régionale, dont sont victimes les peuples indigènes . De ce point de vue, et à partir du changement dans la situation qu’a signifié le soulèvement de El Alto  [les 12 et 13 octobre], on peut dire qu’une révolution a commencé en Bolivie, même si la chute révolutionnaire du gouvernement n’est pas consommée. Dans les faits, une alliance de classes est née entre le prolétariat, qui agi de manière différenciée, avec les mineurs de Huanuni et d’autres détachements de mineurs qui marchent actuellement sur La Paz, le mouvement paysan de l’altiplano et des vallées, les cocaleros , les pauvres des villes et le semi-prolétariat des ateliers, du secteur des transports, des marchés, etc., sans oublier l’université qui a également joué un rôle.

LVO : Quelle est la signification des événements de El Alto du 12 octobre ? Quel type d’organisations se sont données les masses au cours de ce soulèvement ?
JF : On peut discuter du caractère semi-insurrectionnel ou insurrectionnel des événements. Mais à la différence des événements de Cochabamba en [avril] 2000  que nous avions caractérisés comme semi-insurrectionnels, les revendications de El Alto aujourd’hui sont clairement politiques, comme l’annulation de la loi sur les hydrocarbures, ce qui implique leur renationalisation, l’industrialisation et la transformation du gaz [localement] et la démission de Sánchez de Lozada. En tout cas, même si l’on parle d’une semi-insurrection dans les deux cas dans la mesure où aucune direction claire n’a surgi et les éléments spontanés ont primé, il faut reconnaître que le soulèvement de El Alto a été bien supérieur à celui de Cochabamba, avec des éléments plus conscients. Et c’est véritablement ce processus insurrectionnel qui a transformé la situation et a commencé à poser plus ouvertement le problème du pouvoir.
Pour répondre à la question sur les organisations dont se sont dotées les masses, il faut parler des comités de voisinages [juntas vecinales], une forme d’organisation très étendue dans le pays . A El Alto, il y a prés de 500 comités. Ils sont organisés au sein de la FEJUVE, Fédération des Comités de Voisinage [Federación de Juntas Vecinales]. La FEJUVE aux côtés de la Centrale Ouvrière Régionale (COR), et répondant à la COB , ont dirigé la lutte. Actuellement, et notamment en raison de la répression qui a frappé les Comités, l’ordre de constituer des comités d’autodéfense a été donné. Aujourd’hui dans cette ville s’est formé un Commandement Général Communautaire [Comando General Comunitario] impulsé par la coordination de la COR, de la FEJUVE et de la CSUTCB (Confédération Syndicale Unitaire des Travailleurs Paysans de Bolivie, Confederación Sindical Unitaria de Trabajadores Campesinos de Bolivia). Il s’agit d’une instance de coordination appelée à résoudre, d’après le Mallku , le problème militaire.
Néanmoins, au cours des 12 et 13 octobre, la résistance face à la sauvage répression militaro-policière a été largement spontanée, sans organisation préalable d’aucune sorte, ce qui met en relief l’état de léthargie dans laquelle se trouvent les organisations [ouvrières et populaires] existantes. En règle générale, l’état d’esprit de la base tend à aller au-delà de la politique et des hésitations des directions, non seulement à un niveau nationale mais aussi localement. Ainsi, certains dirigeants ont tenté de dialoguer avec le gouvernement et ils ont rapidement été destitués, ou remis dans le droit chemin sous la menace d’être lynchés.

LVO : Pourquoi Sánchez de Lozada n’est pas encore tombé ? Quels secteurs de classe et quels partis l’appuient ?
JF : Il est principalement soutenu par l’ensemble des organismes internationaux, à commencer par l’ambassade des Etats-Unis, l’Organisation des Etats Américains (OEA), le Pacte Andin et plusieurs organisations internationales qui voient en sa chute « un danger » pour l’ensemble de la région dans la mesure où après vingt ans de « démocratie orchestrée » (democracia pactada), [entre les différents partis politiques bourgeois], excluante, raciste et répressive, l’ensemble des médiations politiques bourgeoises traditionnelles manquent cruellement de légitimité. Voilà pourquoi en ce moment critique, il est soutenu par le MIR  et la NFR  tout comme les chambres d’industrie, les banquiers, l’Eglise et toutes les organisations patronales. A leurs côtés, les classes moyennes favorisées, à mesure où la situation évolue, commencent à adopter des positions clairement fascisantes comme le montre l’assassinat d’un bloqueador  dans un quartier bourgeois par un jeune de dix-sept ans, ou les menaces proférées par la Nación Camba  à l’encontre des bloqueadores dans le département de Santa Cruz.
Cependant, si Goni n’est pas encore tombé, il faut trouver l’explication centrale du côté de la stratégie des dirigeants des organisations de masse, notamment à la tête du MIP , du MAS  et même de la COB. La politique qu’ils ont systématiquement impulsée consistait dans un premier temps  à faire pression afin de « convaincre » le gouvernement. D’abord ces dirigeants entendaient que Goni s’exprime, à travers une déclaration, pour savoir si le gaz appartenait aux Boliviens ou aux multinationales. Ensuite, lorsque le mouvement de masse a fait irruption sur le devant de la scène les 12 et 13 octobre à El Alto, afin de « faire pression » sur Goni pour qu’il démissionne. Ainsi, si Goni n’est pas encore tombé, c’est en raison de cette politique qui conduit à faire des grèves de la faim, mécanismes de conciliation, à restreindre les plénums ouverts de la COB et à restreindre le plus possible, dans les circonstances actuelles, la participation de l’avant-garde au sein de ces plénums, en utilisant comme argument la « question de la sécurité » afin d’essayer de castrer « l’action directe » du mouvement de masse.

LVO : A quel type de « changements institutionnels » peut avoir recours le vieux régime et qui en sont les porte-parole ?
En premier lieu, le gouvernement entend rester en misant sur une usure du mouvement, en le réprimant davantage si cela est nécessaire comme en témoigne le nombre de morts et de blessés des dernières semaine (soixante-dix morts et plus de quatre cents blessés ) tout comme l’interdiction de certains médias  ou les mandats d’arrêt lancés contre certains dirigeants et militants. Néanmoins, face à une possible radicalisation plus importante du mouvement, le gouvernement envisage un changement institutionnel comme une issue possible. Dans ce changement, le vice-président Carlos Mesa prendrait la tête du gouvernement ou le cas échéant le président de la Cour Suprême, préservant de cette façon l’ensemble des institutions et de la législation actuelle. Cela représente une tentative d’expropriation de la magnifique lutte que sont en train de mener les travailleurs des villes et des campagnes, en essayant de changer quelque chose pour que rien ne change.

LVO : En quelques mots, quel est l’axe politique des révolutionnaires de la Ligue Ouvrière Révolutionnaire (Quatrième Internationaliste), LORCI, dans les événements actuels ?
JF : Je ne vais te parler que des axes essentiels de notre politique au cours des quatre dernières semaines de lutte, car à mesure que changeait la situation, nous nous voyions obligés de recadrer quotidiennement notre politique, voire même heure par heure, puisque actuellement, sur les tracts que nous éditons figurent la date et l’heure, en raison des changements vertigineux [de la situation].
Nous avons essentiellement combattu pour que le mouvement de masse se dote de formes d’organisation et d’auto-organisation pour la lutte. Ainsi, dans un premier temps, nous nous sommes battus pour la nécessité d’une Coordination Nationale de Lutte et de Mobilisation basée sur des délégués révocables et mandatés, et pour que cette forme d’organisation s’étende à un niveau local, régional et départemental. Dans ce sens, nous considérons extrêmement progressiste la naissance d’instances d’organisation et de coordination locales comme la coordination de El Alto entre la COR et la FEJUVE. C’est également dans ce sens que nous nous sommes adaptés aux changements qui ont eu lieu au sein des différentes organisations du mouvement de masse, en soulignant la nécessité de créer un Comité National de Grève et de Mobilisation, en approfondissant la participation de l’avant-garde au sein des plénums de la COB.
La situation requiert également la création de comités d’autodéfense, question qui a commencé à se poser et à grandir au sein de certains secteurs du mouvement de masse qui n’ont néanmoins pas encore réalisé de pas significatifs en ce sens. En ce moment nous sommes en train de livrer un dur combat contre l’ensemble de la gauche de la COB, le MAS, les staliniens, les sociaux-démocrates, et malheureusement contre certains courant qui revendiquent le trotskysme, tel que le POR . Ces courants appuient les grèves de la faim qui ne servent qu’à exproprier la lutte. Nous opposons à cette politique la nécessité de développer et de renforcer les comités d’autodéfense, et cela pour aller dans le sens de la constitution de véritables milices ouvrières, paysannes et populaires.
Nous croyons que la seule manière d’imposer un véritable gouvernement ouvrier, paysan et populaire ne peut se faire que sur la base des organismes de démocratie directe qui surgissent au sein du mouvement de masse.    [/quote]
Barnabé
 
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Message par Screw » 21 Oct 2003, 10:28

Un article très intéressant publié par Econoticiasbolivia.com:
CITATION
LOS YERROS DE LA REBELIÓN DEL ALTIPLANO
Econoticiasbolivia.com (Miguel Pinto Parabá)

Dirigentes de todos los sectores laborales y populares que protagonizaron la sublevación civil analizan los desaciertos, errores y limitaciones que no permitieron tomar el poder. La ausencia de un partido revolucionario, la falta de una dirección única del movimiento y objetivos dispersos y difusos ocasionaron que en Palacio ahora esté Carlos Mesa, al que califican como "cachorro de la burguesía"


La Paz, octubre 19, 2003.- Después de activar y protagonizar una gran eclosión social, que tuvo el trágico saldo de cerca de 70 muertos a bala y más de 500 heridos, los trabajadores del país, en el último Ampliado Nacional de la Central Obrera Boliviana (COB), sacaron una conclusión principal: los obreros, campesinos, naciones oprimidas y clases medias empobrecidas no le arrebataron el poder a la "clase dominante" porque "no cuentan" aún con un "partido revolucionario".

La estrepitosa caída en cadena de los países "socialistas" de Europa del Este, a fines de la década del '80, parece que fue letal para la izquierda boliviana y Latinoamericana.

Según los dirigentes de los sectores que participaron activamente en el último levantamiento nacional, los partidos que, hasta 1985, tuvieron una gran influencia en los movimientos sociales y sindicales --como el Partido Comunista de Bolivia (PCB) y el Partido Obrero Revolucionario (POR)--, a la hora de la verdad, otra vez, "no estuvieron a la altura de los acontecimientos".

Para las organizaciones sociales que combatieron con gigantescas manifestaciones, barricadas, dinamita, piedras y palos al régimen de Gonzalo Sánchez de Lozada y al ejército, el Movimiento Al Socialismo (MAS) de Evo Morales y el Movimiento Indígena Pachacuti (MIP) de Felipe Quispe tampoco fueron "referentes nacionales" de la rebelión.

Los dirigentes de los mineros, fabriles, constructores, maestros, campesinos, periodistas, trabajadores en salud, universitarios, estudiantes de secundaria, gráficos, harineros, gremiales, vendedores de mercados, artesanos, jubilados, desocupados, colonizadores, carniceros, transportistas, juntas vecinales, profesionales, cooperativistas mineros y agropecuarios, las centrales obreras departamentales y otras organizaciones populares que participaron del evento nacional coincidieron en que las direcciones partidarias y sindicales fueron "rebasadas" por la "furia" de la población.

"Los que nos consideramos revolucionarios no nos podemos mentir. Ningún líder ni ningún partido político dirigió este levantamiento popular. Ni Evo (Morales) ni Felipe (Quispe) ni nosotros encabezamos la rebelión. Este conflicto, lamentablemente, no tuvo una dirección unitaria. Los trabajadores bolivianos, desde abajo, fueron los que echaron a patadas del poder al asesino de 'Goni' (Gonzalo Sánchez de Lozada). Fueron las masas enfurecidas las que le dieron un sopapo al imperialismo norteamericano. Nadie, individual y partidariamente, se puede adjudicar el liderazgo de este conflicto. !Nadie¡", resumió, con vehemencia, el secretario Ejecutivo de la COB, Jaime Solares, al sacar las conclusiones del Ampliado Nacional, en medio de efusivos aplausos de los cerca de 150 dirigentes nacionales, departamentales, regionales y delegados de base que participaron de la emotiva reunión.


LAS LECCIONES DE FEBRERO

A los cinco días del levantamiento popular boliviano del 12 y 13 de febrero del 2003, que dejó el lamentable saldo de 35 muertos a bala y más de 210 heridos, los dirigentes de partidos revolucionarios" y organizaciones gremiales confesaron que "no estuvieron a la altura de los acontecimientos".

El domingo 16 de febrero, en Cochabamba, las organizaciones obreras departamentales y nacionales, el "Estado Mayor del Pueblo" y algunos partidos de izquierda reconocieron "autocríticamente" que ninguna de las organizaciones a su mando "coordinaron acciones para dirigir este movimiento".

Pasaron 7 meses y el conflicto volvió a surgir con fuerza, como un sorpresivo y voraz volcán. En un mes de ascenso social, la coordinación nacional del inusual conflicto, a decir de los sindicalistas, fue "muy precaria". Pero, al final, el Presidente se vio obligado a escapar y dejar la presidencia a Carlos Mesa, el 17 de octubre.

En más de seis horas de debate, los sindicalistas y revolucionarios --en el amplio auditorio de la Federación de Maestros de La Paz, el sábado 18 de octubre-- realizaron la "crítica y autocrítica" de la eclosión social nacional, que dobló en número a los muertos y heridos de febrero.

Este Ampliado de la COB, aparte de realizar un "análisis preliminar" de las luces y sombras de la rebelión social boliviana, decretó un "repliegue táctico" de los sectores en conflicto,

ANALISIS DESDE LAS BASES

El ampliado comenzó a las 9:45 de la mañana. Dos temas se pusieron en el tapete de la discusión: 1) la evaluación del conflicto y 2) el levantamiento o no de la huelga general indefinida con bloqueo nacional de caminos.

Luego de que el máximo líder cobista, Jaime Solares, presentará un informe verbal del conflicto y convocará a los asistentes a oficiar un conmovedor "minuto de silencio" por los "héroes de la guerra del gas", los dirigentes hablaron por sectores, ante un expectante, radical e inusual número de dirigentes y delegados de base.

A contrapelo de los denominados "analistas políticos" que son muy requeridos por los medios de comunicación comercial, el primero que hizo uso de la palabra, en medio de emotivos aplausos, fue el secretario Ejecutivo de la Federación de Mineros, Miguel Zuvieta:

"Ningún sindicato ni partido de izquierda se imaginó sobre la magnitud del conflicto que se venía. No entendimos las lecciones de febrero. La masacre de El Alto (el 12 de octubre) fue el detonante que hizo estallar la guerra contra el gobierno y el imperialismo. De ahí para adelante, el conflicto se nos escapó de las manos. Fue incontrolable. Eso nos plantea la urgente necesidad de organizarnos de mejor manera".

Para Zuvieta, quien fue uno de los artífices de la llegada de 5 mil mineros a la ciudad de La Paz, la insurgencia popular tampoco tuvo un objetivo muy claro. "Con la huelga general indefinida, que duró dos semanas, planteamos la renuncia de 'Goni', pero no pensamos seriamente en lo que tenía que venir después". Este balance del dirigente minero fue respaldado por la mayor parte de los asistentes.

"CACHORRO DE LA BURGUESIA"

Tras apoyar los puntos de vista de Zuvieta, el secretario Ejecutivo de la Confederación de Fabriles, Alex Galvez, subrayó que esa falta de "objetivos claros" fue la causa principal por la que, ahora, "otro neoliberal" tomó el poder.

"Carlos Mesa es un cachorro de la burguesía. Como dijo el dirigente de la Central Obrera Regional de El Alto (Juan de la Cruz), es la misma 'chola' (mujer originaria) con otra 'pollera' (vestimenta)". Además, en el parlamento, siguen siendo mayoría los partidos neoliberales. ¿Esos oportunistas qué leyes a favor del pueblo van a aprobar? Hemos cambiado al Presidente, pero sus secuaces siguen en el poder, explicó, al recibir el efusivo respaldo de los asistentes al Ampliado.

"Cayó 'Goni', pero no derrotamos aún al modelo neoliberal-capitalista. Mesa no va industrializar el gas a favor de los bolivianos. No va sacar de la crisis a los trabajadores. Por eso, ahora, debemos organizar una dirección única. Hemos ganado una batalla, pero aún no hemos ganado la guerra", agregó, tras plantear que la COB debe decretar un "cuarto intermedio" en la lucha, para reorganizar a los trabajadores y encarar organizados la "madre de las batallas ('la guerra del gas')".

A nombre de los trabajadores de la construcción, Víctor Taca, aclaró que esa "dirección única" debe tener un "contenido de clase". "Carlos Mesa es representante de una clase social y nosotros somos de otra clase social. Por eso él (Mesa) mañana nos va meter bala igual que 'Goni'".

INDEPENDENCIA DE CLASE

El secretario Ejecutivo del magisterio urbano nacional, Jaime Rocha, ante el pedido de algunos dirigentes de "co-gobernar" con el nuevo gobierno para hacer "respetar los derechos de los trabajadores", subrayó, con vehemencia, que la COB debe mantener un principio fundamental: "la independencia de clase" ante cualquier gobierno de corte burgués. Este planteamiento fue también ampliamente respaldado con aplausos.

Rocha, además, calificó como una "gran victoria" la "expulsión" del país de Gonzalo Sánchez de Lozada. "Hay que entender que el ascenso de masas es un proceso. Si Mesa no respeta los pedidos de los trabajadores, se va tener que ir igual que 'Goni'. Ahora debemos plantear objetivos estratégicos y revolucionarios ".

A nombre de Felipe Quispe, el secretario ejecutivo de la Federación de Trabajadores Campesinos de La Paz, Rufo Calle, respaldó el balance de Zuvieta, Galvez, Taca y Rocha: "Estamos de acuerdo en todo lo que han dicho los hermanos. Para nosotros, la guerra del gas no ha concluido. Mesa no va resolver este tema fundamental. Sólo un gobierno nuestro va lograr la realización de este pedido del pueblo boliviano".

Las palabras del joven líder campesino fueron interrumpidas varias veces por los vítores de los asistentes, que de este modo mostraron su respeto y admiración por la lucha de los campesinos del altiplano, que mantienen un mes de bloqueo de caminos.

Calle exigió al ampliado de la COB mantener las medidas de presión. "Nosotros no vamos a levantar el bloqueo. Mesa tiene que solucionar todos nuestros pedidos o, caso contrario, debe irse a Estados Unidos igual que el 'Gringo' asesino (Gonzalo Sánchez de Lozada)".

PLATAFORMA DE LUCHA

El Ampliado Nacional, de forma repentina, subió de tono. Las palabras del líder campesino elevaron la temperatura del debate.

José Luis Alvarez, secretario Ejecutivo del Magisterio urbano de La Paz, explicó, en medio de aplausos, que las bases han demostrado a los dirigentes como se debe luchar para voltear a un gobierno.

"Lamentablemente, sin objetivos y dirección revolucionaria, los trabajadores entregaron valientemente sus vidas, pero no para que haya cambio constitucional. Los que se sublevaron quieren mejores condiciones de vida y un nuevo tipo de Estado".

Tras compartir los planteamientos de quienes le antecedieron en el uso de la palabra, afirmó que el gobierno está históricamente imposibilitado de resolver la crisis estructural del país. "Por lo tanto, es preciso hacer una plataforma de lucha que permita a los explotados llegar al poder y, así, "estructurar" el gobierno revolucionario de "obreros y campesinos".

"Hay que renacionalizar, estatizar y socializar todos los hidrocarburos. Se debe anular globalmente el decreto neoliberal 21060 (de 1985). Se debe pelear por tierra y territorio y el libre cultivo e industrialización de la hoja de coca para los campesinos. Se debe liquidar la Ley de Reforma Educativa y el Código Tributario impuesto por el Banco Mundial. No sólo se debe hacer un juicio de responsabilidades a 'Goni', sino que los mineros deben ocupar todas sus minas", planteó, en medio de aplausos, luego de explicar que el Parlamento, donde Carlos Mesa juró a la presidencia, ya no tiene respaldo social.

CLASE, NACION Y PRENSA

Otro hecho que fue analizado por los trabajadores del país fue el papel de los medios de comunicación en la convulsión social. El dirigente de la Confederación de Trabajadores de la Prensa de Bolivia, Remberto Cárdenas, calificó de "terrorista" el intento del gobierno de "silenciar" algunos medios de comunicación que reflejaron de forma veraz la rebelión de septiembre y octubre.

También destacó que, en pleno conflicto, se dio una particular "unidad social" entre las clases sociales explotadas, las naciones oprimidas, las clases medias postergadas por el modelo neoliberal y algunos medios alternativos de comunicación.

Para Cárdenas este inédito hecho debe constituirse en la base para forjar la dirección política de los trabajadores. "Esa unidad política debe ser amplia y debe hacerse bajo la dirección de la COB".

El secretario ejecutivo de la Federación de la Prensa de La Paz, Arcenio Alvarez, aclaró que esa unidad debe tener como cimiento la "estructuración" de un programa revolucionario.

Varios dirigentes sindicales de otros sectores, a su turno, condenaron la "posición progubernamental" de algunos medios de comunicación, como las radios "Panamericana" y "Fides", el periódico "La Razón" y las redes de televisión "Unitel", canal 2, y PAT, canal 39.

Los dirigentes de la prensa, en su momento, aclararon que no hay que confundir a los honestos asalariados de la prensa (los periodistas), con los "comentaristas", presentadores de noticias y los propietarios de los medios de difusión que distorsionaron la información.

LA EMBAJADA Y LOS "MARINES"

Otro hecho que se planteó en el radical Ampliado fue el rol de la Embajada norteamericana en el conflicto.

"Estados Unidos, la Organización de Estados Americanos (OEA) y los gobiernos derechistas del continente y el mundo respaldaron la masacre desatada por los militares y la coalición de gobierno conformada por el MNR (Movimiento Nacionalista Revolucionario), la NFR (Nueva Fuerza Republicana) y el MIR (Movimiento de Izquierda Revolucionaria), recordó el dirigente nacional de los rentistas y jubilados, Julio García.

Incluso el embajador norteamericano decidió "abandonar" Bolivia e informó que llegarían, a cambio, "Marines estadounidenses" para "resguardar" su sede diplomática y a los ciudadanos estadounidenses que radican en Bolivia.

Este hecho, según Jaime Solares, demuestra la forma como, en futuras batallar, puede actuar Estados Unidos para evitar que en Bolivia se desarrolle un proceso revolucionario:

"Para seguir dominando América Latina, los gringos van a apelar incluso a las armas para hacernos hincar. Es por eso que también tenemos que pensar en cómo vamos a responder a una posible invasión y agresión internacional con diversos pretextos, como se hizo en Panamá (1989) y otros países".

Al respecto, Toribio Hinojosa, dirigente de la Caja Nacional de Salud, explicó que la única forma de avanzar en el actual proceso antiimperialista, que en Bolivia comenzó desde el año 2000, es "mediante el retorno de los dirigentes a las bases" para preparar las futuras luchas.

A su modo, en el altiplano, los Yungas, los Centros Mineros, el Chapare, las bases están creando órganos de poder y de "auto-defensa", que según algunos dirigentes, deben ser "armados". Este delicado tema no fue analizado a profundidad por el ampliado, pero fue destacado por varias organizaciones sociales.

LAS BASES SE SUBLEVAN

En pleno ampliado, se constató que, igual que el sector de los universitarios y los gremiales, la Federación de Juntas de Vecinos de la ciudad de La Paz tienen varias direcciones paralelas.

Jaime Solares, confundido por la cantidad de dirigentes que pedían la palabra, sólo atinó a criticar a las "direcciones burocratizadas" que sólo aparecen para "discursear" cuando hay Ampliados y desaparecen cuando llega la hora de organizar y luchar.

En medio de la agria discusión por pasar a la palestra y tomar el micrófono, una pregunta de Solares desorientó a los asistentes: "¿cómo se explica que las juntas vecinales de La Paz, que fueron las que protagonizaron inéditas y gigantescas marchas, no tengan una dirección única?"

En medio de la confusión, la explicación la dio el Presidente del "comité de movilizaciones" de la Junta de Vecinos de la zona Sur, Faustino Quintana fue contundente.

Dijo que "a diferencia de lo que ocurre en El Alto, donde los vecinos, desde las bases, están bien organizados, en la ciudad de La Paz, los partidos neoliberales, hace más de una década, que se disputan la dirección de la Federación Departamental de Juntas Vecinales. Ahora tenemos tres direcciones departamentales, pero ninguna hace nada por nosotros. Por eso, igual que en otros barrios, nos hemos organizado en cabildos emergencia, en pleno conflicto, para pedir la renuncia del Presidente. Hemos rebasado a las direcciones del gobierno. Ahora pedimos a la COB que nos reorganice para la próxima batalla".

Este pedido vehemente de Quintana fue respaldado por el Ampliado Nacional con efusivos aplausos y Solares destacó que este hecho es otra lección importante del conflicto que vivió Bolivia. "Las bases tienen sed de justicia y, en el próximo conflicto, van a pasar por encima de las direcciones que no se pongan a su altura".

A diferencia de lo que ocurrió con el gobierno de Sánchez de Lozada, el pueblo "reconoció" y le dio "legalidad y legitimidad" a la COB; pero si no se reorganiza puede ser también puesta al margen de la historia, agregó, luego de hacer aprobar el "repliegue táctico" de los sectores que, hasta el sábado, estuvieron en pie de lucha por mejores condiciones de vida.[/quote]
Screw
 
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Message par reval71 » 21 Oct 2003, 15:08

Un article de latinreporters.com

CITATION Bolivie - Nouveau gouvernement: deux Amérindiens, un général et des indépendants
Le président Carlos Mesa prie l'armée de défendre les droits de l'homme

LA PAZ, mardi 21 octobre 2003 (LatinReporters.com) - Des technocrates indépendants, deux autochtones amérindiens et un général forment le gouvernement bolivien présenté dimanche soir à La Paz par le nouveau président Carlos Mesa Gisbert.

Pour la première fois dans l'histoire de la Bolivie, l'exécutif ne compte aucun ministre représentant un parti politique. La récente convulsion sociale appelée "guerre du gaz", qui a fait plus de 80 morts et provoqué la chute et l'exil de l'ex-président Gonzalo Sanchez de Lozada, a discrédité davantage les partis. Le leader autochtone Felipe Quispe, dirigeant du plus grand syndicat agricole bolivien, prétend que le retour au calme n'est que "tactique". Il n'exclut pas une prochaine "guerre civile".

Un nouveau ministère des "Affaires indigènes et des peuples originaires" (Asuntos Indígenas y Pueblos Originarios) est confié à Justo Seoane Parapaino, un Amérindien chiquitano de l'est tropical bolivien. Les observateurs s'interrogent sur sa représentativité, alors que la "guerre du gaz" contre l'exportation et la gestion néo-libérale du gaz naturel bolivien fut menée essentiellement par les ethnies quechua et surtout aymara dans le Chaparé et sur l'Altiplano, qui borde l'occident du pays.

Par contre, c'est un Aymara, Donato Ayma Rojas, qui est nommé ministre de l'Education, de la Culture et des Sports.La désignation des ces deux ministres autochtones est un geste symbolique fort à l'égard des Amérindiens. Ils constituent plus de 60% de la population bolivienne, mais les partis politiques traditionnels sont dominés par des blancs ou des métis. Journaliste et intellectuel respecté, le président Carlos Mesa est un indépendant n'appartenant pas au sérail politique. Il lui sera toutefois difficile, sinon impossible, de gouverner sans l'appui du Parlement, composé d'élus des partis.

Autre innovation découlant de l'urgence de paix sociale en Bolivie, un ministère de la Participation populaire est attribué à Roberto Barbery Anaya, qui enseigna les sciences politiques et l'économie à L'Université privée de Santa Cruz, la capitale économique bolivienne.

Répondant également aux revendications populaires de justice sociale, un poste de délégué présidentiel anti-corruption est confié à une femme, la journaliste Guadalupe Cajías de la Vega. Le président déchu Sanchez de Lozada avait déjà créé un secrétariat à la Lutte contre la corruption, rattaché la vice-présidence, alors assumée par l'actuel chef de l'Etat, Carlos Mesa.

Un général prend la relève d'un civil à la Défense

Si le ministère de l'Intérieur revient à l'analyste politique Alfonso Ferrufino Valderrama, par contre c'est le général de l'armée de terre Gonzalo Arredondo Millán qui prend la relève d'un civil à la Défense. Le président Carlos Mesa estime utile de confier ce portefeuille à "un spécialiste".

Cette décision est paradoxale. C'est en effet l'armée qui a réprimé dans le sang les manifestations de la "guerre du gaz", au prix de plus de 80 morts et quelque 400 blessés. En outre, la réapparition d'un général dans l'exécutif risque de souligner davantage que la démocratisation de la Bolivie, à partir de 1982 après diverses dictatures militaires, demeure incomplète. Dans l'évolution immédiate du pays, le ministère de la Défense exercera certainement un rôle plus décisif que celui des "Affaires indigènes".

Les Affaires étrangères passent aux mains d'un jeune diplomate, Juan Ignacio Siles del Valle, l'un des principaux responsables de l'organisation du 13e Sommet ibéroaméricain (sorte de Commonwealth hispanique) convoqué pour les 14 et 15 novembre à Santa Cruz. La récente "guerre du gaz" a fait envisager de transférer à Madrid ce sommet auquel assisteront les chefs d'Etat et de gouvernement des pays d'Amérique latine, du Portugal et d'Espagne.

Le titulaire des Finances, Javier Gonzalo Cuevas Argote, est lié à la Confédération des chefs d'entreprises privées de Bolivie. Développement soutenable et Planification, Travaux publics, Santé, etc. sont confiés à divers technocrates plus ou moins proches du nouveau président. Le cabinet compte au total 15 membres. Le poste de ministre de la Présidence (équivalant à celui de Premier ministre) est assumé par José Antonio Galindo. Il était secrétaire général de la vice-présidence, assumée jusqu'à vendredi dernier par Carlos Mesa, désormais chef de l'Etat.

Significativement, un portefeuille demeurait encore sans titulaire lundi: celui des Mines et des Hydrocarbures. Les candidats ne se bousculent donc pas au portillon pour assumer la responsabilité d'un secteur que les vainqueurs autochtones et syndicaux de la "guerre du gaz" veulent renationaliser, ce qui supposerait d'en expulser les sociétés américaines et européennes qui en ont pris le contrôle. La première promesse du président Carlos Mesa, dès son investiture, vendredi, fut celle d'un référendum sur l'éventuelle exportation, très contestée, de gaz natural bolivien vers le Mexique et les Etats-Unis, via le Chili ou le Pérou. Mais Carlos Mesa s'est fait aussi l'avocat du "respect des investissements".

Quelques heures avant de présenter son gouvernement, le président recevait le serment d'allégeance de l'armée, qui a reconnu en lui son commandant suprême. Il demandait alors aux militaires de défendre la Constitution et les institutions, "mais en respectant les droits de l'homme".

"Si nous défendons l'Etat, ajoutait-il, si nous croyons en la Bolivie et si nous l'aimons, nous devons défendre le bien le plus précieux de cet Etat, à savoir tous les Boliviens et chacun d'eux".

"Jusqu'à la guerre civile"...

Trois jours après la fin de la "guerre du gaz", des routes de l'Altiplano étaient encore coupées lundi par des travailleurs agricoles. Cinq mille d'entre eux ont marché hier sur le centre de La Paz pour réclamer "la fin de l'économie de marché" et des poursuites judiciaires contre l'ex-président Sanchez de Lozada, exilé aux Etats-Unis.

Son successeur, Carlos Salas, a eu le courage d'aller à la rencontre des manifestants, réunis sur la Plaza de San Francisco, au centre de la ville. "Je vous en prie. Nous allons construire la paix ensemble. Laissez-moi un espace. Donnez-moi la possibilité de gouverner" a-t-il supplié. En présence de leur chef, Felipe Quispe, les manifestants lui ont offert une trêve de 90 jours qui ressemble à un ultimatum.

Dirigeant du principal syndicat paysan de Bolivie, l'amérindien aymara Felipe Quispe avait déclenché la "guerre du gaz" à la mi-septembre. Il fut rapidement épaulé par des syndicats ouvriers, des mineurs, des cocaleros (cultivateurs de coca), des comités de quartier, etc. Aujourd'hui, il se révèle plus radical que l'autre stratège aymara de la "guerre du gaz", Evo Morales, le charismatique porte-parole des 30.000 familles de cocaleros du Chaparé.

"Notre organisation adoptera sans doute un retrait tactique" annonçait dès dimanche Felipe Quispe. Mais il prévenait: "Nous ne pouvons pas sacrifier un mois de protestations et de manifestations pour un simple changement de président, car le système capitaliste et impérialiste est toujours en vigueur... Il y aura des problèmes en avril prochain. Nous pourrions aller jusqu'à la guerre civile pour prendre le pouvoir. Si nous ne le faisons pas nous-mêmes, nos enfants le feront"...[/quote]
reval71
 
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