Les sondages sont ils scientifiques

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Louis » 24 Oct 2003, 12:09

Philippe Champagne. Faire l'opinion. Minuit, Paris : 1990.
L'auteur étudie la notion d' " opinion publique " telle qu'elle a évolué depuis le dix-neuvième siècle jusqu'à aujourd'hui où elle est accaparée par les instituts de sondages après l'avoir été par les hommes politiques. Retraçant l'historique de cette idée, il étudie les manifestations de rue comme moyen premier d'exprimer une opinion publiquement. Puis l'idée de l'opinion publique est progressivement reprise par les représentants du peuple, ou bien les délégués syndicaux, ou plus précisément par les hommes politiques qui estiment incarner l'" opinion publique ", puisqu'il représente leurs électeurs. Enfin, depuis les années 60, le développement des instituts de sondage a induit un déplacement de la notion : désormais, se plaçant sur un terrain ambivalent, ceux-ci affirment évaluer et connaître l'" opinion publique ".

Or l'action des instituts de sondage est loin d'être innocente : prétendant utiliser des méthodes sociologiques (statistiques, questionnaires notamment), et arguant de techniques de mesure " scientifiques ", ils en imposent aux acteurs politiques qui étaient " traditionnellement " les incarnations de l'" opinion publique ". Toutefois, l'hétérogénéité de l'origine sociale des personnes interrogées (par opposition à l'homogénéité du groupe étudié par un sociologue, ouvriers, sportifs, bourgeois, etc.), et l'aspect général et donc vague des questions ont différentes conséquences aberrantes : notamment, une même question ne comporte pas la même signification selon l'origine sociale de la personne interrogée, ce qui rend d'autant plus inepte l'établissement arbitraire de groupes exemplaires (les satisfaits vs les insatisfaits, avec les plutôt, pas du tout et très satisfaits), qui regroupent dans les faits des individus aux opinions parfois antithétiques - et dont le groupe majoritaire est souvent proclamé incarnation du pays ou de son " opinion ".

Aux critiques des sociologues, les instituts de sondage rétorquent offrir une information nécessaire à la démocratie. Or, ils ne sont devenus ni plus ni moins qu'un intervenant de plus du champs journalistico-politique, dont ils tirent profits économiques et symboliques. En effet, ils fournissent aux médias d'information (journaux, radios, etc.) des sujets voire des scoops toujours possibles et inépuisables puisque éternellement renouvelables. En outre, ils créent des situations qui n'existent pas dans la réalité sociale. Par ailleurs, ils se présentent comme éléments du jeu démocratique, alors qu'ils constituent un véritable danger pour la démocratie, en ce qu'ils encouragent chez les acteurs politiques davantage la démagogie (savoir comment séduire tel groupe social) que la volonté de persuader en fonction de ses convictions. Enfin, ils minent la légitimité des représentants élus et au-delà, du suffrage universel : un élu qui obtient dans les sondages une " chute " de popularité doit-il démissionner, même s'il n'a pas achevé son mandat ? En sorte que les instituts de sondage, relayés par les médias, confisquent à la fois la légitimité des acteurs politiques et celle de la base en affirmant connaître la " véritable " opinion publique, qui n'est en réalité qu'un artefact, dans la mesure où, face à la diversité sociale, il ne saurait exister " une " opinion publique et une seule.

Louis
 
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Message par Stanislas » 24 Oct 2003, 12:52

Je me fous complètement de savoir s'il y a trop de sondages qui sont scientifiques ou pas selon qui pose la question dont elle dépend. D'ailleurs, quelle est la question ? J'ai jamais vu un sondage plus arbracadabrancheux que ce sondage dont le fond de la question concerne les sondages, sachant que je me contrefiche de la question des arbres qui n'ont pas de couleur la nuit alors que la lumière est absente du langage des peupliers rouges, hors de toute question qui sonde la fsciene, et vice versa : qui fonde la science. Tout ceci est un immense désert métaphysique, dont le prolétariat arboricole seul pourra nous sortir par la force des couleurs.

Signé: les ouvriers de Metaleurope qui ont acheté aux enchères leur outil de production par le biais de la lumière des arbres et des sondages en couleurs. NAN MAIS ....
Stanislas
 
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Message par Louis » 24 Oct 2003, 13:26

précisément ! Le but de ce sondage était de montrer que les sondages n'ont aucune valeur scientifique (alors qu'ils sont omniprésent dans les journaux bourgeois pour mesurer "l'opinion publique" en particulier) Utilisé pour l'amusement (comme sur ce forum) , c'est autre chose, mais la question de leur valeur "référencielle" ne me semblait pas si nulle que ça (meme si effectivement les questions étaient "connotés")
Louis
 
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Message par com_71 » 24 Oct 2003, 23:35

Il y a sondage et échantillonnage.
Si tu as 1000 boules noires ou rouges dans un rapport inconnu. Tu peux avoir une information sur ce rapport
en tirant un échantillon, et pas besoin d'en tirer beaucoup pour avoir une précision acceptable.
Il y a des formules, c'est parfaitement scientifique.

Un sondage c'est différent, comment tous les sondés peuvent être considérés comme équivalents, comment poser la question ?....
C'est biaisé.

Exemple : un sondage au domicile par téléphone sur le cinéma effectué le samedi à 20h30 trouvera 0% de sondés allant habituellement au cinéma le samedi soir....
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Louis » 24 Oct 2003, 23:39

Tout a fait ! Je ne voulais pas remettre en cause le calcul des probabilités :hinhin:
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Message par titi » 26 Oct 2003, 10:56

les sondages sont scientifiques, il s'agit de méthode d'extrapolation à partir d'échantillons, en général parce que on ne peut pas faire un recensement exhaustif.
Les méthodes d'extrapolation existantes sont d'ailleurs communément décrites dans des ouvrages disponibles. Le choix et l'application de ces méthodes varie d'un institut de sondage à l'autre.

la discussion ici porte, comme sur bien d'autres sujets, sur l'utilisation qui en est faite dans la société capitaliste.
Je dirais au passage que cette discussion porte aussi sur 2 aspects
- les personnes qui commandent les sondages ont tout de meme intéret à ce que le sondage donne un résultat correct, que le résultat soit publié ou réservé à celui qui a commandé l'étude.
- le choix de publier tout ou partie d'un sondage est plus polémique.

pour ma part, en société communiste, je pense que les sondages nous seraient d'une grande utilité, comme d'ailleurs le nucléaire, les ogm, la télévision, etc.
titi
 
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Message par Nadia » 21 Nov 2003, 16:52

Pour moi aussi, les sondages sont un outil parfaitement scientifique. Au même titre que l'expérimentation pour les sciences physiques.

Tout dépend cependant du sérieux et de l'honnêteté de ceux qui fabriquent le sondage. Il faut vérifier :
* l'échantillon. Si on interroge tout le monde, c'est un suffrage universel. Or en France on n'interroge pas les immigrés et les enfants. Pour un sondage on se contente d'un échantillon de gens, ça coûte moins cher et statistiquement ça peut être représentatif. En général les sondages interrogent au moins 1000 à 2000 personnes. Si on fait un sondage par téléphone, on n'a que des personnes qui "ont" le téléphone. C'est con, mais dans des pays où seulement 50% des gens l'ont... Ensuite, pour voir si notre échatillon a l'air représentatif, on compare certains ratios (hommes/femmes, répartition des âges, catégories socio-professionnelles, ect). De même si le sondage est réalisé au centre-ville, ou près d'une université, ou si la majorité des gens refusent de répondre "parce qu'ils sont pressés", etc.
* la question : C'est sûr, si la question est "Etes-vous d'accord pour appliquer des mesures sécuritaires pour assurer la sécurité de tous ?", ben à priori tous vont répondre "oui", même s'ils sont contre de telles mesures parce qu'ils ne pensent pas que la sécurité soit tellement un problème (et patati et patata). Voire aussi le choix des réponses possibles.
* un sondage est un sondage. Selon la façon de questionner, l'actualité, l'anonymat ou non, etc, les réponses des gens peuvent varier. Surtout en politique.

Les instituts de sondage ne font pas que des sondages politiques, mais aussi beaucoup pour des boîtes qui veulent savoir s'ils achètent Omo-Micro à cause du nom ou à cause des singes de la publicité (par exemple), ou pour savoir si leur nouveau produit est "mangeable" par rapport à ce qui existe déjà sur le marché. C'est très marquetingue tout ça.
Nadia
 
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