TOUT CE QU'ILS ONT, ILS L'ONT VOLÉ !
La taxe Zucman, une taxation de 2 % du patrimoine pour les 1800 personnes possédant plus de 100 millions, a été définitivement écartée par un vote à l’Assemblée.
Oh, cette taxe n’avait pas de quoi casser trois pattes à un canard, ni à un capitaliste ! Elle n’enlevait rien à leur pouvoir d’exploiter des millions de travailleurs. Ces 2 % de taxe n’auraient même pas fait dégonfler leurs immenses fortunes car celles-ci augmentent au rythme de 5 à 6 % par an, en moyenne. Elle donnait juste l’illusion d’un peu plus de justice sociale, et c’est pour cela que le PS l’a défendue, avant de l’abandonner pour d’autres marchandages avec Lecornu.
Mais cette taxation a fait bondir le ban et l’arrière ban de la bourgeoisie qui a déclenché une intense campagne médiatique. « Spoliation !», « Furie fiscale ! », « Expropriation ! », ont hurlé certains, comme si ces ultrariches allaient être jetés à la rue ou contraints de se nourrir aux Restos du cœur !
On pourrait en rire si ce n’était aussi révoltant. Car des millions de femmes et d’hommes ont vraiment du mal à se nourrir, se loger, se chauffer et se soigner. Des centaines de milliers sont licenciés, privés de leur gagne-pain, chassés de chez eux parce qu’ils n’arrivent plus à faire face à leur loyer ou à leur crédit. Et ils sont bien obligés de régler leurs impôts, à commencer par la TVA de 20 %, payée sur la plupart des achats.
Bernard Arnault, qui a reçu en 2024 trois milliards de dividendes du groupe LVMH et les a placés dans sa holding financière pour qu’ils ne soient pas taxés, est intervenu en personne : cette taxe, qu’il dit conçue par « un militant d’extrême gauche », attesterait de la « volonté de mettre à terre l’économie française ».
Le gouvernement, les politiciens du centre et de droite, ainsi que Le Pen et Bardella se sont portés au secours « du pauvre et de l’orphelin ». Tous se sont opposés à la taxation « des biens professionnels ». Comme s’ils défendaient l’atelier de l’artisan, le four du boulanger ou la voiture du chauffeur VTC !
Dans un langage des plus imagés, Lecornu a déclaré que ce serait « tuer la vache », donc « abandonner toute forme de perspective d’avoir du lait, un jour ». Mais les plus riches du pays, les familles Arnault, Pinault, Hermès, Wertheimer qui possède Chanel, la famille Bettencourt Meyers à la tête de L’Oréal, n’ont pas investi dans un troupeau de vaches ni dans des produits indispensables à la société, mais dans l’art, le luxe et la cosmétique. Si nous avons du lait, nous le devons au travail des paysans et des ouvriers qui n’ont pas peur de se retrousser les manches et de mettre les pieds dans le fumier !
Les prétendus « biens professionnels » de ces 1800 ultrafortunés sont des actions qu’ils détiennent dans des groupes industriels et commerciaux, et ils n’ont souvent jamais mis les pieds dans les usines ou les entrepôts qu’ils possèdent.
Et c’est leur faire trop d’honneur que de les qualifier d’investisseurs. Ce sont des rentiers qui placent leurs capitaux là où ils espèrent toucher le gros lot. Ces dernières décennies, ils n’ont daigné investir que là où l’État les aidait et leur garantissait le jackpot.
Dernièrement, ils ont laissé l’entreprise Carmat, qui produisait des cœurs artificiels, faire faillite, faute de 350 millions d’euros. Nos prétendus investisseurs n’ont pas été intéressés par cette entreprise qui sauvait des vies. Ils n’ont d’yeux que pour l’envolée des cours boursiers du secteur militaire et de l’intelligence artificielle !
Alors, ne laissons pas dire que la société repose sur eux, que la prospérité du pays dépend de leur prospérité et que nous ne vivons que grâce à eux ! C’est l’inverse. Ces ultrariches sont des assistés et des parasites de première classe, inutiles quand ils ne sont pas nuisibles.
Ces millions de capitaux, pour lesquels il faudrait les vénérer tels de nouveaux dieux intouchables, devraient être, depuis longtemps, propriété collective de tous les travailleurs, car ils ont été sués par des générations d’ouvriers, de techniciens, d’employés, d’ingénieurs. Car nous produisons tout, y compris les capitaux dont ils se prévalent pour nous exploiter et nous commander !
Alors, quand nous serons en capacité de les faire reculer par nos luttes et qu’ils feront leur chantage habituel, en menaçant de quitter le pays, il faudra pousser le bras de fer plus loin et leur dire : « Partez, nous gardons les usines, les entreprises, les banques et leurs capitaux que nous avons produits ! Partez, nous saurons investir dans ce qui est utile et nous ferons tourner la société à notre façon, c’est-à-dire pas pour les profits, mais pour les besoins de tous ! ».
Nathalie ARTHAUD