La LCR se donne une image d'ouverture au cours de son XVe congrès (PAPIER GENERAL)
SAINT-DENIS, 2 nov (AFP) - Le XVe congrès de la Ligue communiste révolutionnaire, réuni à La Plaine-Saint-Denis, aura été le congrès de l'ouverture et du rajeunissement de cette formation d'extrême gauche.
"Un de nos meilleurs congrès", se félicitait auprès de l'AFP, Alain Krivine, porte-parole et dirigeant historique de la LCR, qui se réjouit de la "diversité des délégués, des jeunes, des syndicalistes, des anciens du PC..." et de "la qualité des participants et des débats".
Repoussé de juin à novembre pour cause de mouvement social dans lequel la LCR s'est totalement engagée, ce congrès aura été celui qui prend acte des changements majeurs qui ont transformé ce parti depuis le succès de son candidat à l'élection présidentielle de 2002. Le jeune facteur Olivier Besancenot avait rassemblé 4,25% des voix au premier tour. Les trois candidats trotskistes avaient recueilli plus de 10% des suffrages.
Le combat contre la présence du président du Front national Jean-Marie Le Pen au second tour a donné plus de lisibilité politique à ce qui était jusque-là un groupuscule d'extrême gauche, notamment en doublant ses effectifs, qui sont passés de 1.500 à 3.000 adhérents. Un succès qui va au-delà de ce chiffre comme le montre un sondage Ifop publié par le Journal du Dimanche, selon lequel 22% des personnes interrogées reconnaissent qu'elles sont prêtes à voter pour le première fois pour un candidat d'extrême gauche.
Forte de cette reconnaissance, la LCR a tout fait pour que son congrès traduise, dans les faits, cette nouvelle notoriété et prenne toutes les dispositions pour accueillir les nouveaux militants dont la culture politique est souvent quasiment inexistante.
"réponse alternative"
Au terme de débats parfois vifs, et face à une importante opposition interne qui rassemblait près du tiers des adhérents, le congrès a finalement entériné l'accord électoral avec Lutte ouvrière pour les prochaines régionales et européennes. Cet accord, qui doit encore être voté au congrès de LO début décembre, veut prouver que l'extrême gauche ne refuse pas de jouer le jeu politique et entend prendre toutes ses chances pour gagner un maximum d'élus.
Pour contrer toute accusation de "tête-à-tête exclusif avec LO", la LCR a également lancé un appel pour la construction d'un grand parti anti-capitaliste, qui serait un grand parti des travailleurs. Il s'adresse "aux trois millions de personnes qui ont porté leurs voix sur l'extrême gauche en mai 2002" car, désormais, "l'extrême gauche a commencé d'apparaître comme une réponse alternative aux partis de la gauche traditionnelle", se félicite-t-on à la LCR.
Enfin, symbole du rajeunissement de la LCR, qui a recueilli nombre de jeunes adhérents tant après la présidentielle qu'au cours des manifestations contre la guerre en Irak et dans le mouvement social (retraites, éducation, intermittents du spectacle), de nouveaux statuts ont été adoptés pour remplacer ceux qui dataient de 1969, revus une seule fois en 1974.
Au-delà du toilettage du vocabulaire - on ne retrouve pas la dictature du prolétariat et le comité central devient direction nationale - il s'agit pour la LCR de prendre en compte "le tournant du siècle et le tournant de la Ligue".
"Pour moi, explique Alain Krivine, toutes les décisions prises au cours de ce congrès sont complémentaires". "Les listes communes pour les élections avec LO prouve qu'on sait faire un accord et l'appel à la création d'un grand parti anti-capitaliste montre que l'on ne se limite pas à un tête-à-tête exclusif à l'extrême gauche politique".