par boispikeur » 15 Nov 2003, 23:48
Les autre articles:
CITATION Lutte Ouvrière : cause commune et campagne à part
Plutôt satisfaits de l'accord avec la LCR, les militants de LO joueront le jeu de l'union mais garderont leurs propres couleurs.
Si l'accord pressenti entre Lutte Ouvrière et la LCR suscite parfois quelques réserves dans les rangs de la Ligue Communiste, il semble en revanche faire pratiquement l'unanimité au sein de LO. « La grosse majorité des militants y est favorable », confirme Monique Dauphin, l'une des représentantes dans le Rhône de la formation d'Arlette Laguiller, en rappelant que « c'est Lutte Ouvrière qui avait pris l'initiative en proposant dès le mois de juin à la LCR un accord électoral pour les régionales et les européennes. » Tout en soulignant que « la décision doit encore être entérinée lors de notre congrès national en décembre. »
Dans ce contexte, elle ne cache pas qu'un certains nombre points restent à finaliser, s'agissant notamment de l'attitude observée au second tour par les amis d'Olivier Besancenot et d'Arlette Laguiller. « Une chose est sûre, il n'est pas question si l'on obtient entre 5 et 10 % de fusionner avec les partis de l'ex gauche plurielle. C'est inscrit dans le protocole d'accord ». Pas question non plus d'appeler à voter en leur faveur, à une exception près toutefois : « Nous appellerons à voter à gauche uniquement s'il y a un rique de voir le Front National prendre la tête d'une région ». Un geste qui ne serait pas une première : « LO l'a déjà fait par le passé, lorque le FN était menaçant. » Par contre, les militants de Lutte Ouvrière entendent bien voir la liste d'extrême-gauche se maintenir au second tour si elle obtient plus de 10 % des suffrages : « On ne va pas censurer les électeurs qui nous auront fait confiance et que la gauche traditionnelle a désespéré », proclame Monique Dauphin.
Quant au déroulement de la campagne, « chaque formation utilisera ses propres tracts et ses propres affiches, en appelant à voter pour la liste commune ». S'il feront ainsi campagne à part, les militants de Lutte Ouvrière entendent pourtant faire franchement cause commune : « Sur le programme nous n'avons pas de vrais désaccords, estime Monique Dauphin, même si l'on ne met pas forcément toujours l'accent sur les mêmes choses. Nous fonderons la campagne sur des priorités évidentes comme la lutte contre le chômage et les licenciements et pour la défense des services publics. »
[/quote]
CITATION Les scores de l'extrême-gauche depuis cinq ans
Lors des dernières régionales, en 1998, l'extrême-gauche avait recueilli, au total, 4,24 % des suffrages en Rhône-Alpes. Lutte Ouvrière était présente dans tous les départements, à l'exception de l'Ardèche et avait réalisé son meilleur score dans l'Isère, avec 5,02 % et le moins bon en Haute-Savoie (2,82 %) qui n'est pas une terre d'élection pour la formation d'Arlette Laguiller. Dans le Rhône, LO avait réalisé 3,61 % des suffrages tandis que « A gauche autrement », créée l'année précédente et qui comptait sur sa liste des militants LCR, obtenait 1,86 % des voix.
Lors des dernières européennes, en 1999, Lutte Ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire, en tandem, ont obtenu 4,90 % des suffrages en Rhône-Alpes et créé la surprise avec une élue, Roselyne Vachettta, de Grenoble, en 4e position sur la liste Laguiller-Krivine. Dans le Rhône, où les deux formations espéraient faire mieux qu'Arlette Laguiller aux présidentielles de 1995 (5,10 %) elles réalisaient 4,36 % soit un point de moins que l'année précédente en additionnant les deux listes (5,47 %).
Lors des présidentielles de 2002, l'extrême gauche a totalisé, en Rhône-Alpes, 9,64 % des voix (9,97 % au niveau national, dont 5,72 % pour LO, 4,25 % pour la LCR). Aux législatives suivantes, l'extrême gauche a recueilli 2,76% des suffrage au niveau national et des scores comparables dans les circonscriptions de la région.
[/quote]
CITATION « A Gauche Autrement » prépare des listes
La déclaration de « A Gauche Autrement » à l'adresse des congressistes de la LCR n'a pas influé sur le vote final : les alliés de la LCR lors des derniers scrutins y dénonçaient le projet d'accord avec LO, au profit d'une autre «dynamique», celle de militants non inscrits dans des partis prêts à s'investir « dans une organisation ouverte, large et loin de tout sectarisme ». Regrettant ce choix « qui affaiblit cette dynamique», les membres du regroupement ont écrit à vingt-quatre organisations ou partis -dont les Verts, les Alternatifs et les « dissidents » du PC- afin de leur proposer de constituer un pôle anticapitaliste et de travailler pour constituer des listes aux régionales et aux cantonales.
« Les négociations sont en route », indique Bruno Guichard, l'un des responsables de « A Gauche Autrement», confiant dans l'avenir de ces candidatures, «nous avons de bons échos à Saint-Etienne, dans l'Ardèche et en Isère».
Les Verts : « Un risque de faire perdre la gauche ! »
«Cet accord ne change pas grand chose car l'extrême-gauche allait être présente de toute façon ; mais c'est vrai qu'ensemble ils ont un peu plus de chance de faire 10 % des suffrages », constate Jean-Charles Kohlhaas, secrétaire fédéral des Verts du Rhône, qui estime que « c'est un accord sur des positions très dures où l'on reconnaît 80 % de Lutte Ouvrière et 20 % de LCR ». Jean-Charles Kohlhaas s'inquiète notamment de « leur refus de travailler avec la gauche, s'ils obtiennent entre 5 et 10 % ». Une attitude dont le représentant des Verts considère qu'elle risque de faire le jeu de la droite. D'où son appel aux sympathisants de la LCR pour « les avertir qu'ils risquent de faire perdre à la gauche des régions qu'elle peut gagner, comme Rhône-Alpes. »
Pour autant, les Verts n'entendent pas renoncer à leur autonomie au premier tour. « Pas question de remettre en cause cette stratégie, proclame Jean-Charles Kohlhaas, c'est d'autant plus l'intérêt du PS que les Verts offrent à ceux qui ne veulent pas voter socialiste au premier tour une alternative à l'extrême-gauche, avant de se rassembler au second tour. La liste des Verts doit capter les suffrages d'un maximum de mécontents qui veulent que les choses changent à gauche. Tandis que LO et la LCR veulent que les choses ne changent pas, ou changent en faveur de la droite. »
PC : « Les incantations ne résolvent rien »
«L'extrême gauche est un courant d'opinion. Ce changement d'orientation n'est pas de bon augure : la LCR a fait le choix du sectarisme et d'une prise de distance par rapport aux autres partis de gauche », observe Marie-France Vieux-Marcaud. La secrétaire fédérale du Parti communiste français, qui est « prête à discuter avec tout le monde», regrette le choix entériné par la LCR : « Ce n'est pas ce qu'attendent les gens, ils veulent que l'on résolve leurs problèmes, leurs difficultés quotidiennes et on ne les résoudra pas par de grands discours, par des incantations ou des déclarations de principe ! »
En clair, au PC, on considère « qu'il est facile de tenir le discours de la radicalité, un discours qui enferme ». Et l'on affirme avoir fait le choix inverse, celui d'aller écouter dans des forums ce qu'attendent les citoyens. « On ne s'en sortira que par le rassemblement le plus large du peuple de gauche », poursuit Marie-France Vieux-Marcaud, qui ne veut pas, pour composer les futures listes aux élections, « des seules discussions d'états-majors, en dehors du contrôle citoyen. »
PS: « Drôle d'alliance entre frères ennemis ! »
«Cette alliance entre les frères ennemis de l'extrême gauche est plutôt surprenante », s'étonne Christiane Demontès, première secrétaire de la fédération du Rhône du Parti Socialiste qui se dit notamment « surprise par le chemin parcouru par la LCR » Pour autant, elle se refuse à voir dans cette alliance électorale un événement majeur car, dit-elle « Je ne suis pas sûre que somme des résultats respectifs de LO et de la LCR aux présidentielles se retrouve aux régionales. » Pour autant, Christiane Demontès, qui se dit « davantage préoccupée par l'extrême-droite», estime que « cette situation confère au PS des responsabilités supplémentaires ; ainsi il faut absolument faire comprendre aux électeurs qui ont pu être attirés par la personnalité d'Olivier Besancenot, ou qui se sont défoulés par rapport à la gauche, qu'il y a là un risque de faire le jeu de la droite. »
Dans ce contexte, la première secrétaire fédérale insiste d'autant plus sur « la nécessité d'être unis avec nos partenaires dès le premier tour ». Un point sur lequel elle se veut encore optimiste même si les Verts semblent bien décidés à jouer l'autonomie au premier tour. « La porte n'est pas fermée, observe Christiane Demontès, et j'ai même tendance à penser qu'elle s'entrouvre un peu ».
Extrême gauche : haro sur les patrons
La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) organisait, samedi à Chambéry, un Forum social local. L'occasion de constater que le discours de la nouvelle génération de militants se calque sur celui des « anciens ».
Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es. En politique, il est toujours intéressant de chercher à savoir avec qui les militants d'un parti se sentent à l'aise. On applique fréquemment la recette au Front national. Elle permet ainsi de relever la présence régulière dans leurs défilés de manifestants aux crânes rasés et aux mines peu engageantes ; le genre de personnes que l'on préfère habituellement ne pas croiser au détour d'une rue obscure.
Au lendemain de l'accord que viennent de signer les deux principales formations d'extrême gauche, nous sommes allés samedi à Chambéry. Avec une dizaine d'autres organisations (1), la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) représentée par une vingtaine de militants organisait un Forum social local dans la cité savoyarde. Une occasion d'écouter les discours dans lesquels perce souvent la nostalgie des grandes luttes sociales des années 70. « On a vécu des choses », rappelle un retraité qui reparlera à plusieurs reprises du conflit chez Lip. Une lutte présentée comme un « modèle », sans qu'aucun des plus jeunes présents ne semble s'étonner que ce fameux modèle n'a rien permis de sauver, aboutissant finalement à la totale disparition de ce qui fut l'un des fleurons de l'industrie horlogère française.
Première constatation : on serait presque tenté de dire que Madame Thatcher a, bien involontairement, rendu un immense service à l'extrême gauche toujours prompte à dénoncer les « attaques libérales » contre les services publics. Dès lors qu'il s'agit de prouver que la privatisation mène inéluctablement à la catastrophe, chacun ressort le même exemple : les chemins de fer britanniques privatisés par la Dame de Fer. Membre de la LCR et d'Attac, Michel Husson explique ainsi que « dans le meilleur des cas, les correspondances ne sont plus assurées ; dans le pire des cas, ce sont directement les trains qui ont tendance à dérailler et à se rentrer dedans ». Et de dénoncer ce qu'il appelle « une offensive totalitaire contre les services publics ». Sur ce point, il n'a pas besoin d'efforts pour convaincre les quelque cinquante participants à la table ronde.
Tout le monde est d'accord pour reconnaître qu'à « chaque fois qu'on supprime des services publics, c'est l'inégalité qui progresse ». « On court vers la barbarie » renchérit une militante pour qui la réponse la plus adaptée passe par une « intervention citoyenne ».
Convaincus, les militants le sont assurément. Il faut effectivement l'être pour consacrer un samedi après-midi à suivre très attentivement ce genre de débats. Quelle que soit leur origine politique, tout le monde se retrouve sur la même longueur d'onde pour rêver d'autogestion, de contre-pouvoir. Il n'est toutefois pas facile de comprendre exactement ce que les uns et les autres entendent par là. Les intervenants préfèrent le style imprécation, avec des phrases du style : « le système bouffe tout » ; « il va falloir faire autre chose ». Un jeune militant de la Fédération anarchiste, partisan comme les autres de mettre à bas le pouvoir capitaliste, se veut plus précis ; il appelle directement « à la grève générale avec expropriation des patrons qui ne servent à rien ». L'idée n'est pas pour déplaire à cet ancien professeur d'anglais reconverti dans la musique. Il raconte qu'il ne se sentait pas à l'aise dans son ancien métier où, regrette-t-il, même ses collègues avait du mal à le suivre. Son problème est pourtant tout simple : on l'obligeait à faire la totalité du programme officiel, ce qui semble lui apparaître comme une véritable infamie. Et d'expliquer que « si les élèves de 6e font tout le programme, ils parlent couramment anglais à la fin de l'année ». La salle n'a nullement réagi.
GERARD ANGEL
1- Les Alternatifs, Association pour l'Insurrection des consciences, Appel des 100, Artisans du Monde, Association France-Palestine Solidarité, Attac, Confédération paysanne, Esperantovive, FSU, GIO-Solidaires, Ligue Communiste Révolutionnaire, Ligue des Droits de l'Homme, Mutuelles de France-73, Les Verts.
[/quote]
CITATION Une alliance difficile
Partant du constat qu'elles ont réalisé à elles deux 10 % des suffrages aux présidentielles, Lutte Ouvrière (LO) et la LCR ont donc choisi de faire listes communes aux élections régionales et européennes. Elles espèrent additionner leurs suffrages et parvenir à compter sur l'échiquier politique national.
Les mathématiques ne font cependant pas toujours bon ménage avec la politique. Rien ne dit que les électeurs du 21 avril confirmeront leur vote au printemps prochain. Nombre de sympathisants socialistes avaient alors simplement voulu donner un avertissement à Lionel Jospin. Le séisme a été tel qu'ils risquent fort d'y réfléchir à deux fois avant de recommencer. On a d'ailleurs bien vu qu'aux législatives qui ont suivi, les candidats d'extrême gauche se sont retrouvés à la peine. Le problème pourrait également venir des rangs mêmes de l'extrême gauche. Jean-Marie Le Pen est parvenu à fédérer l'ensemble de la mouvance extrême-droite ; l'extrême gauche en est encore loin. LO et la LCR conservent leur propre identité. Le parti d'Olivier Besancenot vient d'ailleurs de renoncer à la dictature du prolétariat, ce qui n'est pas le cas des amis d'Arlette Laguiller. De la même façon, ils acceptent désormais l'existence d'un parlement.
L'accord électoral entre Arlette et le postier ressemblerait-il dès lors à l'alliance de la carpe et du lapin ? A la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), certains le pensent considérant qu'un rapprochement avec LO est en totale contradiction avec la volonté de continuer à travailler dans les forums où se retrouvent d'autres associations, notamment altermondialistes. Ils reprochent aussi à LO de n'avoir pas appelé à voter contre Le Pen aux présidentielles. La LCR fait au contraire une différence entre la gauche et la droite et pense qu'il n'y a pas égalité entre la droite classique et l'extrême droite.
Pour l'instant, l'accord signé (non encore ratifié par LO qui doit le faire début décembre) précise que les listes ayant atteint les 10 % des voix se retireraient au second tour face au danger de voir le FN remporter la présidence d'une région. Insuffisant ont répondu un tiers des militants LCR, qui craignent que ce message brouillé ne décourage une partie de leurs électeurs.
G.A.
[/quote]