a écrit : LCR-LO : c'est parti !
Après celui de la LCR, le congrès de LO a accepté l'accord pour des listes communes des deux organisations aux prochaines élections régionales et européennes. Les médias ont largement rendu compte de l'événement. Les échos sont bons en ce qui concerne les réactions du "grand public" à ce choix. La campagne va maintenant commencer. Au-delà d'une couverture médiatique souvent disproportionnée par rapport à la réalité de l'extrême gauche, la dynamique du débat politique, comme les premières enquêtes d'opinion, plante bien le décor des prochaines échéances électorales.
Le sondage Le Monde-Cecop-CSA du 25 novembre est, de ce point de vue, particulièrement intéressant. La gauche révolutionnaire apparaît comme une "force montante " : 23 % des sondés se déclarent "très" ou "assez" proches de ce qu'elle représente. Pour 30 % d'entre eux, elle apporte des idées neuves. Bien entendu, cela ne veut pas dire que cette sympathie équivaut à des intentions de vote, et encore moins à un soutien au programme des organisations révolutionnaires. Plus, la campagne électorale sera difficile. Nos adversaires ne nous feront pas de cadeaux. Et il faudra aller chercher chaque voix, dans les quartiers, dans les entreprises, sur le terrain. Mais ce sondage traduit surtout l'espace qu'occupe actuellement la gauche révolutionnaire. Les thèmes qui l'identifient aux yeux de la population sont, dans l'ordre, la lutte contre les patrons, la critique de la mondialisation, la lutte contre les OGM, le refus des guerres, la défense des sans-papiers, la critique des Etats-Unis, la défense des sans-logis, des services publics, des immigrés, et l'hostilité à la police et à l'armée. Voilà bien des pistes pour une première réflexion sur les axes de campagne pour les prochaines échéances.
De même, à la question "Quel est le mot qui vous semble le mieux s'appliquer à l'extrême gauche actuelle ?", "contestation" recueille 41 %, "révolte" 23 %, "réforme" 19 %, "révolution" 11 %. Ces indications confirment un processus en cours depuis plusieurs années. L'extrême gauche occupe non seulement son créneau traditionnel, mais elle constitue, pour des millions de salariés et de jeunes, la force politique qui défend vraiment des objectifs d'égalité et de justice sociale, qui ont été abandonnés par la gauche traditionnelle.
Défendre une politique révolutionnaire, aujourd'hui, c'est d'abord défendre jusqu'au bout les revendications des classes populaires, lutter pour de vraies réformes qui améliorent la situation du monde du travail et ne pas hésiter à s'affronter au patronat pour réaliser ces objectifs. Car, notre première bataille sera de combattre la politique du patronat et du gouvernement, de s'opposer aux attaques des Seillière, Chirac et Raffarin, de refuser leurs plans de licenciements, la privatisation des services publics, les attaques en règle contre les retraites et la Sécurité sociale. Bref, de s'opposer vraiment à la droite et au patronat.
Notre objectif consiste à tout faire pour que les listes communes LCR-LO soient l'instrument le plus efficace pour battre la droite et l'extrême droite. Car la gauche traditionnelle n'est plus une force d'opposition. Et elle ne peut plus l'être car sa politique d'accompagnement social du libéralisme a préparé le terrain aux attaques de la droite. Comment l'ex-gauche plurielle peut-elle critiquer la réforme des retraites de Raffarin, alors que Jospin préconisait un dispositif proche de celui que la droite met en oeuvre ? Comment peut-elle refuser la privatisation d'EDF et la déréglementation des services publics alors que Fabius et Strauss-Kahn ont défendu cette même politique ? Comment peut-elle dénoncer la réforme fiscale de la droite qui abaisse les impôts des plus riches alors que Fabius a été précurseur en la matière ? Bref, si la gauche est inaudible ou si son message est illisible, c'est parce qu'elle persiste et signe dans son adaptation au libéralisme.
Mais la gauche révolutionnaire est aussi l'instrument le plus efficace contre le Front national. Bien entendu, lorsqu'il y a aura un risque que celui-ci dirige une région, les listes LO-LCR appelleront à voter pour la gauche. Dans la continuité de notre combat antifasciste, nous proposons en permanence l'unité de l'ensemble du mouvement ouvrier et démocratique contre le Front national. Mais, plus que jamais, pour combattre l'extrême droite, il faut donner sa place centrale à la question sociale, et défendre vraiment les revendications des plus pauvres. Interdire les licenciements, créer des millions d'emplois, augmenter les salaires, défendre la Sécurité sociale, l'égalité des droits, c'est la seule politique qui s'attaquera aux causes de la montée du Front national.
François Sabado