Bonjour,
(Nadia @ mardi 16 décembre 2003 à 10:10 a écrit :
"On est vendu à meilleur marché", id est moins cher, super contents qu'on est ! Et en plus on bosse plus intensément ! Chouette alors !
"Nos services publics sont de qualité"... T'inquiète, ils se dégradent.
"malheureusement nos cerveaux partent à l'étranger" Bah s'ils se trouvent mieux payés ailleurs...
"notre système de santé est l'un des meilleurs au monde" : plus pour très longtemps !
Et puis quand Maël nous dit qu'il y a pénurie de main d'oeuvre dans l'informatique, ça doit en faire marrer plus d'un ici sur ce forum ! Déjà il y a 5 ans, bon je veux bien croire, quoique la main d'oeuvre ils l'ont trouvée et formée et payée. Mais maintenant ils licencient un peu...
Quant aux PME qui ont des difficultés et pire qui ferment, ben ça c'est pas nouveau, et c'est pas à nous de pleurer sur ces pauvres petits bourgeois qui ont quand même réussi à vivre de leur boîte un certain temps.
Je ne dis pas que c'est chouette que nous soyons vendus moins chers que les Allemands et les Américains, que nous travaillons plus intensément, mais c'est un fait. Effectivement les services publics se dégradent, mais avec un gouvernement de casseurs d'acquis sociaux à la tête, ce n'est pas étonnant. Concernant les cerveaux, les élites, je suis désolé mais s'ils partent ailleurs, c'est tout un ensemble d'emplois qui disparaît en même temps (commerces, secrétariat, ...). Et en outre, si c'est bien un secteur sur lequel il faut miser, c'est bien la recherche et le développement puisque nous ne pouvons plus être compétitifs sur la production, mis à part pour les produits de luxe qui nécessitent une haute qualité et de l'expérience. Concernant l'informatique, je parlais de 2000, je sais très bien que maintenant avec le retournement de conjoncture que l'on a connu, il n'y a pas de problème pour le patronat, mais pour le prolétariat.
Sur les PME, je ne vous comprends pas : si elles ferment, ce n'est pas que le petit dirigeant qui trinque, c'est aussi ses salarié-e-s, et je ne vois pas quel mal il y a à être dirigeant d'une PME si on peut le faire, il faut mieux faire cela que d'être à la rue ou que de faire du trafic de drogues ou d'armes quand même. Et puis ils ne gagnent pas tant que cela, vous le savez très bien. La moyenne du salaire d'un dirigeant d'une entreprise est dans les 40 000 €, 40 470 € exactement, soit le double du salaire d'un salarié. Un ingénieur gagne dans les 33 K€ (220 KF). Un petit dirigeant a tout de même tout un tas de responsabilités, doit avoir des connaissances en économie, gestion, marketing et sur son secteur d'activité, doit suivre la vie de son entreprise, prendre les bonnes décisions, aller chez les grands clients, négocier avec les fournisseurs, ... Un petit dirigeant travaille beaucoup et ils ont des pressions énormes sur le dos, doivent souvent sacrifier leur vie de famille... C'est vrai qu'ils ont l'avantage de travailler pour eux-mêmes, d'avoir une certaine liberté, mais bon. Je vois pas pourquoi on aurait les gentils prolétaires d'un côté, et les méchants patrons de l'autre, comme dans les histoires pour enfants, c'est ridicule.
(Wolf @ mardi 16 décembre 2003 à 11:58 a écrit :
La logique du gouvernement [Aubry, ndlr] c'était: pour aller plus loin dans la flexibilité, il faut annualiser le temps de travail, tout en baissant les salaires réels. Rien ne pouvant se faire sans y impliquer jusqu'au cou les confédérations ouvrières.
Oui, effectivement, l'intention affichée de Martine Aubry était : "on partage du travail, donc plus de personnes travaillent, donc la consommation augmente, donc la croissance s'accélère", sauf que dans la réalité elle céda aux pleurnicheries injustifiées du patronat.
Sur l'annualisation, voilà ce que l'on lire dans l'Huma du 4 février 1998 :
a écrit :
La réduction du temps de travail à l'Assemblée nationale
La droite revendique l'annualisation
Le premier amendement du jour émanait de l'UDF. Il posait le principe simple du calcul de l'horaire légal du travail "en moyenne de l'année", l'exposé des motifs expliquant sans détour qu'il s'agit là de "la revendication principale des chefs d'entreprise". Martine Aubry a rejeté cette "généralisation unilatérale sans aucune limite" et y opposa le "souhait" du gouvernement d'un "examen, par la négociation, de certaines modulations dans un nombre de cas limités". Sur le même sujet, Maxime Gremetz (PCF) répliqua à l'opposition : "Vous ne parlez jamais des conditions de travail des salariés, aujourd'hui, dans les entreprises. Vous dites "loi autoritaire", mais l'autoritarisme c'est ce que vivent aujord'hui un très grand nombre de salariés confrontés à une intensification des cadences, à une dégradation des conditions de travail. De cela, vous ne parlez jamais. Nous sommes pour laisser une large place à la négociation. Celle-ci ne peut être tout pour les patrons, rien pour les salariés. La loi doit cadrer un certain nombre de choses afin que les salariés puissent se faire entendre sur le fonctionnement de l'entreprise, sur les marchés à gagner... La loi du patronat de droit divin, ce n'est plus possible."
Mais ensuite, l'annualisation est mise en place par cette même Martine Aubry dans l'article 3 de la loi Aubry II. Voilà le commentaire de l'Humanité, du même jour, sur cette loi :
a écrit :
Article 1. Il confirme le passage à 35 heures par semaine de la durée légale du travail effectif au 1er janvier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salariés et au 1er janvier 2002 pour l'ensemble des entreprises. Tout le débat tourne autour de la définition du " temps de travail effectif ", que le patronat cherche à étendre. Un amendement présenté par les communistes et les Verts propose de préciser cette durée effective en y intégrant les temps de pauses dites " coutumières " (habillement, casse-croûte, douche, etc.).
Article 2. Il porte sur les heures supplémentaires. Pour les entreprises de plus de 20 salariés, le contingent annuel de 130 heures - seuil à partir duquel intervient un repos compensateur - s'appliquera au-delà de 37 heures en l'an 2000 et au-delà de 36 heures en 2001. Les heures supplémentaires seront majorées de 10 % en 2000, puis de 25 % en 2001, sauf si elles sont récupérées en repos compensateur. Dans les entreprises passées à 35 heures, cette majoration ira aux salariés. Pour les autres, elle sera versée à un fond pour l'emploi. Les Verts et les communistes voudraient voir relever le taux de majoration et supprimée la période de transition d'un an.
Article 3. Il traite de " l'annualisation ", qui permet de faire varier la durée du travail sur l'année. Si tel est le cas, la durée hebdomadaire ne doit pas excéder, en moyenne, 35 heures par semaine, et, en tout état de cause, 1 600 heures sur l'année.
Article 5. Très contesté, il traite du statut des cadres en distinguant trois catégories. Les cadres " dirigeants ", non concernés, les cadres " postés ", soumis aux mêmes règles que l'ensemble des salariés et les autres. Le décompte de leur temps de travail peut être fait sur une base hebdomadaire, mensuelle ou annuelle, en heures ou en jours. Dans ce dernier cas, le nombre de jours travaillés ne peut être supérieur à 217. Les communistes souhaitent introduire des plafonds horaires journaliers ou hebdomadaires et ramener le décompte annuel des jours à 212 ou 213 maximum.
Article 6. Il doit clarifier le régime du temps partiel. Sous l'impulsion des Verts et des communistes, la commission des Affaires sociales a adopté un amendement visant à supprimer d'ici à un an, l'abattement de 30 % des cotisations patronales dont bénéficient les " temps partiel " depuis 1992.
Article 11. Il provoquera les débats les plus houleux. Il préconise que les entreprises ayant signé un accord reçoivent un allégement de charges sur les bas et moyen salaires et l'aide pérenne aux 35 heures. Contrairement à la première loi, aucune obligation d'embauche n'est prévue, ce que dénoncent les Verts, les communistes et le MDC. Même grogne quant au financement des allégements de cotisations, notamment partagé entre l'État et les régimes de protection sociale. L'allégement étant subordonné à un accord, il pose la question de la représentativité syndicale et de la consultation des salariés par référendum.
Article 16. Les smicards ne verraient pas leur salaire diminuer grâce à un " complément différentiel de salaire ", revalorisé chaque année. Communistes, Verts et une partie du PS souhaitent une hausse de 11,4 % du SMIC au 1er janvier 2000.
Donc, tout ce qui en a résulté, c'est une stagnation du pouvoir d'achat des salarié-e-s, des cadeaux au patronat, une annualisation du temps de travail qui détruit la vie de famille des salarié-e-s et ne leur permet plus de maîtiser leur temps comme avant, une flexibilité accrue, une attaque forte avec l'article 1 qui change le décompte du temps de travail, et qui a fait que le patronat a pu faire passer aux 35 heures tout en faisant faire le même travail qu'en 39 heures dans certaines entreprises.
(Wolf @ mardi 16 décembre 2003 à 11:58 a écrit :
Résultat, les profits en France ont battu leurs records historique en 2000.
Sauf, que la croissance aurait pu être bien plus importante sans cette stagnation du pouvoir d'achat des salarié-e-s qui était injustifiée compte tenue des aides importantes de l'Etat, qui proviennent en grande partie de la poche des salarié-e-s eux-mêmes, si on avait conditionné ces aides à l'embauche ou à la sauvegarde d'emplois, et la croissance fut également ralentie par la réorganisation du travail dans les entreprises et par la tension du marché du travail.
(alex @ mardi 16 décembre 2003 à 14:59 a écrit :
En fait, d'après toi, c'est la faute aux méchants patrons étrangers, les notres bien de chez-nous voudraient tellement mieux faire et moins exploiter leurs CHERS salariés.
Evidemment, si toute ta prose provient du MEDEF!
Recherche plutôt les chiffres sur l'augmentation de la productivité depuis 50 ans, la répartition des richesses!
Même les chiffres de baisses des profits que tu indiques pour certaines entreprises annoncent quand même toujours...de confortables profits!
Déjà que ta logorrhée m'incitait pas à tout lire mais en plus elle devient de plus en plus explicitement indigeste!
Ce n'est pas la faute aux patrons étrangers, et les patrons français ne sont pas mieux que les autres patrons probablement. Concernant la productivité, juste il y a un problème. Selon un rapport d'Olivier Blanchard et de Jean-Paul Fitoussi pour Lionel Jospin, intitulé Croissance et chômage et rendu public par la Documentation Française (voir
http://lesrapports.ladocumentationfrancais...000599/0000.pdf), depuis 1975, la productivité potentielle a baissé de 50% (page 11), d'où une croissance moindre. Alors certes, les profits se sont envolés, et la répartition des richesses est passée de 70% de la valeur ajoutée pour les salariés pour 30% pour le patronat à 60/40 parce que les cotisations patronales ne furent pas augmentées depuis 1979. Mais peut-on réellement augmenter le poids des cotisations patronales ? A mon avis, non, à cause de cette guerre économique qui fait des ravages sur toute la planète. Si les bénéfices possibles pour le patronat sont trop peu importants en France, celui-ci préfèrera investir ailleurs, délocaliser ses usines dans des pays où la main-d'oeuvre est corvéable a merci et bon marché, délocaliser ses sièges sociaux où les conditions fiscales sont meilleures, etc.
Comme je l'ai déjà dit maintes fois, par la voie réformiste, par la voie institutionnelle, une amélioration n'est possible qu'à l'échelle de l'Europe en modifiant les règles douanières et en harmonisant le plus positivement possible les législations sociales, environnementales et fiscales, mais il faudra aller de toute façon vers une harmonisation mondiale avec une Fédération Mondiale, permettant une véritable redistribution des richesses et l'arrêt de tout dumping social, environnemental ou fiscal, et donc d'aboutir à une concurrence non faussée. Il est illusoire de dire que l'on peut améliorer de manière importante les choses en en restant à un niveau national. Ou bien, il faut passer par la collectivisation des moyens de production, d'échange et de financement, avec une logique autogestionnaire, donc par la voie révolutionnaire, par l'anarchisme. Tout cela dépendant de la conscience des masses et de la géopolitique.
Fraternellement,
Maël Monnier