Bonjour,
Je ne vais pas laisser Wolf défendre tout seul ma position quand même (je n'avais pas vu que mon message avait été déplacé ici). Donc je vais réexpliquer pourquoi je pense qu'en cas de danger UMP ou FN, il faut voter gauche plurielle (à moins que l'alliance LO-LCR soit susceptible de faire mieux que la gauche plurielle et soit présente au second tour).
Comme l'a dit le petit-bourgeois François Hollande :
(Discours à la Convention Nationale @ samedi 13 décembre a écrit :
"L’élection va déterminer aussi, et ce n’est pas sa moindre des conséquences, la durée de vie du gouvernement Raffarin. Les Français ont en effet l’occasion de porter, au-delà des manifestations qui ont eu lieu au printemps dernier, des mouvements sociaux qui se prolongent ou des sondages qui rappellent l’impopularité du gouvernement, un jugement électoral sur la manière dont les Français sont dirigés depuis bientôt deux ans. Selon le nombre de régions gagnées ou perdues par l’UMP dépendra le sort de l’équipe Raffarin, mais, surtout, la marge de manœuvre de l’équipe suivante."
Moins l'UMP aura de sièges, mieux ce sera. Il ne s'agit pas de voter pour le PS, mais de contrer l'UMP, c'est donc un vote protestataire, un vote de sanction, et non d'approbation de la ligne politique du PS (il faudrait déjà qu'il en ait une déjà, mais c'est un autre problème).
(idem a écrit :
[La sanction, elle] est d’abord méritée au vu des résultats du gouvernement Raffarin. Il a échoué au plan économique : Moins de croissance qu’au temps où nous étions aux responsabilités. Mais aussi moins de croissance que les principaux pays européens. Nous avons plus de chômage et une progression plus forte du chômage que partout ailleurs. Ce gouvernement a échoué au plan financier, avec des déficits abyssaux et avec cette humiliation qui consiste à manquer à nos engagements européens sans être en capacité de les renégocier. Il a failli au plan social avec le recul de tous les droits sociaux. D’abord, les droits des chômeurs, rejetés de l’UNEDIC vers l’allocation spécifique de solidarité puis de l’allocation spécifique de solidarité au RMI puis encore du RMI au RMA. Et puis après, plus rien.
Réduction des droits des salariés qui vont être menacés, au nom d’une fausse réforme appelée dialogue social, par la mise en cause du droit dans notre pays fondé sur la négociation, qui devait améliorer, et qui, maintenant, de la branche à l’entreprise, va déroger l’ordre public social.
La sanction est méritée à l’aulne des choix fiscaux et politiques qui sont apparus pour ce qu’ils sont : doux pour les plus forts, on le voit à travers la baisse de l’impôt sur le revenu, dures pour les plus faibles, à travers la hausse de la fiscalité sur l’essence et le forfait hospitalier.
Ce gouvernement n’aura finalement réussi qu’une chose, c'est à associer la réforme à l’injustice et à mettre chaque citoyen en position de repli ou de crainte chaque fois que le mot réforme lui-même est avancé.
[...]
Car, disons-le franchement, si pour je ne sais quelle raison, la droite venait à y échapper en mars prochain si, par je ne sais par quelle abstention, elle parvenait à se soustraire à cette sanction, alors, elle pourrait à bon droit considérer qu’elle aurait désormais les mains libres pour non seulement poursuivre sa politique, mais aussi en accélérer le rythme, en intensifier le contenu, à la veille de dossiers aussi fondamentaux pour l’avenir du pays que ceux de l’assurance maladie, de l’éducation ou des services publics.
[...]
Emploi, éducation, environnement, égalité sous toutes ses formes : nous montrerons que ces priorités peuvent être accomplies dès aujourd’hui pour améliorer la vie quotidienne de nos concitoyens, renforcer l’égalité des destins à l’échelle des territoires, donner de nouvelles garanties collectives, élargir la solidarité.
Et nous ancrerons nos propositions aux idées que nous voulons promouvoir le moment venu à l’échelle nationale : la formation sur toute la vie, la Sécurité sociale professionnelle, la couverture logement, le développement durable, la lutte contre toutes les discriminations. Tous ces objectifs nationaux doivent se retrouver sur le plan territorial.
Ce contrat sera présent dans toute la campagne. Il nous mobilisera tous au-delà de la spécificité de nos régions. Il sera suffisamment concret pour valoir engagement sur les six prochaines années partout où nous serons majoritaires. Il marquera l’identité et l’utilité de la gauche, et mettra aussi chacun devant ses responsabilités. Refuser de voter pour nous au second toujours, ce sera refuser aux citoyens la réalisation concrète de ces avancées.
Bon, il est tout de même clair que le PS est petit-bourgeois là dejà non ? Si vous ne faites toujours pas la différence entre la gauche et la droite bourgeoise, comparons donc Jospin et Chirac, ou ceux que vous appelez "Chirospin" et "Chirospin"...
Chirac a effectivement tenu ses promesses : La loi sur l'autonomie des universités était voulue par Chirac qui avait inscrit dans son programme la volonté de "conforter l'autonomie des universités, en développant aussi la politique d'évaluation", le service minimum était aussi dans son programme puisqu'il voulait "mettre en place par voie d'accord avec les syndicats un service garanti aux usagers dans tous les grands services publics et d'abord dans les transports, pour en assurer la continuité en cas de conflit social", tout comme figurait aussi "l'assouplissement des 35 heures" pour permettre "à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus" (sic), le contrat-jeunes, "un contrat sans charges [pour les] jeunes n'ayant pas atteint le niveau bac + 2, pour leur mettre le pied à l'étrier : demain, les vrais emplois-jeunes seront des emplois en entreprise" (beau cadeau pour le patronat).
Le RMA figurait aussi au programme : "Tous les titulaires d'un RMI bénéficieront d'un contrat d'insertion conclu avec les services sociaux, avec un suivi régulier des engagements pris de part et d'autre, grâce à l'institution d'un véritable
revenu minimum d'activité, toute reprise d'activité s'accompagnera d'une hausse de revenus garantie par l'Etat". On y trouve aussi "la baisse des charges", les emplois-vieux dénomés péjorativement une "possibilité offerte aux salariés de plus de 60 ans qui le souhaitent de continuer à travailler en augmentant leurs droits à la retraite" (sic). Bien sûr la fameuse baisse d'impôts pour les plus riches : "l'impôt sur le revenu sera réduit d'un tiers en cinq ans, au bénéfice de plus de 15 millions de foyers". Au passage, par contre on peut lire que "la taxe d'habitation sera, en concertation avec les collectivités locales, remise à plat : elle est devenue très inéquitable et pèse fortement sur les Français modestes", et là on peut toujours attendre... Les promesses pour les riches elles ont été tenues, mais les pauvres n'ont qu'à crever et subir l'injustice sociale ! (Voir le programme complet de Jacques Chirac ici :
http://perso.wanadoo.fr/rpr64/proposition%...le%20projet.htm)
Que voulait Lionel Jospin avec son "programme qui [n'était] pas socialiste" selon ses propres dires (voir ici :
http://cr.middlebury.edu/public/french/Lex..._programme.html) ? Déjà, il ne voulait pas de remise en cause de la réduction du temps de travail et était contre la thèse de "l'assouplissement des 35H" (avec Chirac, c'est l'assouplissement des 40 heures, si vous ne voyez pas de différence là quand même...). Par contre, cela je me demande si c'est pas un RMA déguisé : réduire de 900.000 le nombre de chômeurs en 5 ans dont 200.000 emplois affectés au plus de 50 ans et aux exclus du marché du travail via des
"contrats de retour à l'emploi". En tout cas, si Raffarin crée 900 000 RMAstes, bonjour la catha ! De même, on retrouve le fameux "contrat jeunes" : un "contrat d'autonomie pour les 18-25 ans" qui s'engagent dans une démarche de formation ou d'insertion. Il était contre la privatisation d'EDF mais d'accord pour "certaine ouverture" du capital et des participations ou des achats à l'étranger par le biais de filiales d'EDF "à condition que celle-ci soit maîtrisée et qu'elle repose sur un consensus des salariés".
Par contre, pour les impôts, Lionel Jospin souhaitait abaisser la taxe d'habitation de moitié, baisser de 10% environ l'impôt sur le revenu sur la période 2002-2007, une
mesure financée par l'augmentation du prélèvement libératoire sur les intérêts et le taux d'imposition sur les plus-values (donc peut-être pas en prenant aux pauvres pour donner aux riches comme le fait Raffarin sous l'égide de Chirac) et il voulait étendre la Prime à l'emploi (PPE). Mais il ne faut pas oublier au passage tout ce qui a été démoli du gouvernement précédent par Raffarin. En outre des 35 heures, c'est aussi l'APA, l'Allocation Personnalisée d'Autonomie qui a été attaquée, ainsi que la CMU (Couverture Maladie Universelle). C'est également la suppression des emplois jeunes. Mais aussi l'abrogation de la loi Hue sur le contrôle des fonds publics, ainsi que de la loi de modernisation sociale, pour laquelle des amendements communistes avaient été adoptés, renforçant les droits des salariés face aux projets de licenciements collectifs, qui "constituaient des atouts aux mains des travailleurs et des élus pour limiter quelque peu l'arbitraire du pouvoir des actionnaires et insuffler un peu de transparence dans l'utilisation des fonds publics" (La Dépêche de l'Aube, jeudi 2 janvier 2003, Liberté pour les prédateurs,
http://www.ladepechedelaube.org/archive-jan2003/693/).
Bon alors vous préférez laisser la grande bourgeoisie de l'UMP vaquer à ses occupations de casse sociale en refusant de voter PS s'il est nécessaire de contrer l'UMP ? Ou alors préférez-vous lancer un avertissement à l'UMP sans pour autant cautionner le PS et voter PS lorsque l'UMP risque d'obtenir des sièges ? Rien n'empêche de dire aux travailleuses et aux travailleurs qu'il est préférable de voter pour la petite bourgeoisie pour contrecarrer la grande bourgeoisie là où c'est nécessaire, tout en rappellant qu'ils ont ont flexibilisé le travail, qu'ils ont fait compté les pauses et les temps d'habillage/déshabillage hors du temps de travail, qu'ils ont accordé des baisses de cotisations au patronat qui s'en sont mis plein les poches et qu'eux aussi ils ont faits des cadeaux aux riches (baisse de la fiscalité sur les stock-options par exemple), mais que l'UMP, c'est 10 fois pire (RMA, jour férié, retraites, remise en cause des 40 heures, raccourcissement de l'ASS à deux ans, baisse des droits au chômage, intermittent-e-s, ...).
Mais pourquoi ne pas en profiter aussi pour faire de la mauvaise pub pour les syndicats (UNEF, CGT, FO, UNSA, CFDT, etc.) qui sont là pour sauvegarder le système capitaliste et font de la collaboration avec le gouvernement ? Et pourquoi ne pas faire campagne pour prôner l'autogestion des prochaines luttes contre le gouvernement en se passant des bureaucraties syndicales ? A moins que ce ne soit interdit ? Mais rien n'empêche de distribuer des tracts à ce sujet aux portes des entreprises, dans les bahuts, sur les marchés, dans les quartiers, ... On pourrait aussi mentionner la nécessité de construire une démocratie directe par la base, afin de créer une dualité de pouvoir avec les institutions bourgeoises puis abolir ces institutions afin que ce soit les citoyen-ne-s qui dirigent par eux-mêmes et pour eux-mêmes, et bien d'autres choses donc je vais m'arrêter là.
Fraternellement,
Maël Monnier