Le vétéran de la LCR "sur le pont" en perspective des régionales (PAPIER D'ANGLE)
BREST, 17 déc (AFP) - Vétéran de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), André Fichaut, qui vient de publier à 77 ans une partie de ses souvenirs à la demande de son parti, affiche désormais son appui à l'alliance avec la grande rivale trotskyste Lutte ouvrière, dans la perspective des régionales de mars.
"LO commence à entrebâiller les portes de son organisation", se félicite cet homme à la grande liberté de ton, militant trotskyste depuis mars 1949.
Pour les prochaines élections régionales, il explique avoir voté "pour l'accord avec Lutte ouvrière car avec la barre des 10%, il fallait bien rechercher des alliances". Il se dit aussi convaincu qu'en Bretagne les "10% seront dépassés".
A la requête de son organisation, le militant, installé à Brest, a accepté de consigner par écrit quelques éléments de sa vie dans un récit intitulé "Sur le pont, souvenirs d'un ouvrier trotskiste breton".
Dans la préface, Alain Krivine a noté: "C'est un militant qui aime la lutte révolutionnaire, les copains, la nature et les huîtres, bref un militant normal qui veut renverser un ordre social anormal".
Les deux hommes se connaissent bien. En 1969, le bureau politique de l'organisation avait demandé à André Fichaut d'être son candidat à l'élection présidentielle. Il avait décliné l'offre.
Remplacé par Alain Krivine
"Etant toujours membre du PCF (...), je ne tenais pas à passer pour un fou (..). Il n'était pas question pour moi d'accepter ce rôle", dit-il, laissant à Alain Krivine le soin de représenter l'organisation au scrutin.
A cette époque, il est à la fois secrétaire adjoint de l'union locale CGT, militant du mouvement de la place du Colonel-Fabien où il pratique l'entrisme et membre du comité central du Parti communiste internationaliste (PCI, devenu LCR).
"L'expérience que j'ai menée n'existe plus", raconte le militant en évoquant son passé.
D'abord garçon de ferme, puis mécanicien automobile au sortir de la guerre, ajusteur diéséliste aux ateliers de réparation Dubigeon (sous-traitant de l'arsenal de Brest), celui qui est surnommé "Max" à la LCR est embauché en 1958 à la centrale EDF du Porzic (Finistère).
Entre-temps, il a été quinze jours "ouvrier du port", nom donné aux employés de l'arsenal mais la sécurité militaire s'était opposée à son embauche. "Je n'ai même pas eu le temps de rendre les outils", se rappelle-t-il.
Dans l'Europe du rideau de fer, c'est un militant infatigable, adepte du camping-car dans lequel il sait aménager des "planques".
Il a parcouru l'Europe avec notamment des boîtes de petits-pois remplis d'exemplaires de "Ma Vie" de Léon Trotski pour la Pologne, ou des ordinateurs camouflés dans des télévisions pour la Tchécoslovaquie et les militants de la Charte 77. Et il est toujours ému d'avoir participé au premier congrès de "Solidarité".