texte du speech d'AL à la conférence de presse

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Barnabé » 17 Déc 2003, 20:45

Comme le titre l'indique:
a écrit :
Et, à mon tour, je voudrais exprimer ma satisfaction et celle de mes camarades d'avoir trouvé une base d'accord politique pour se présenter ensemble avec la LCR aux prochaines élections régionales et européennes.
    Si, malgré les divergences entre nos deux organisations sur bien des points, nous avons réussi à nous mettre d'accord sans difficultés sur le programme que nous défendrons ensemble et sur une répartition équilibrée des têtes de listes, c'est que la situation sociale nous a rapprochés. Ce sont toutes les attaques du gouvernement contre le monde du travail, qui ont fait que nous nous sommes retrouvés côte à côte dans les mouvements que ces attaques ont provoqués. Le fondement de cet accord, c'est notre volonté commune de combattre toutes les mesures rétrogrades, opposées aux intérêts élémentaires des classes populaires prises par ce gouvernement réactionnaire, sans pour autant décharger la gauche ex-gouvernementale de sa responsabilité dans la situation dramatique où elle a amené les classes populaires.
    Car la situation ne cesse de s'aggraver pour les travailleurs. Elle s'aggrave pour tous ceux qui ont déjà été jetés à la porte de leurs entreprises au cours des derniers mois, comme pour tous ceux qui le seront pendant les mois à venir dans le cadre de plans de licenciements d'ores et déjà annoncés, y compris par des entreprises dont les affaires marchent plus que bien.
    Et, une fois jetés à la porte par les patrons, les chômeurs se trouvent face à un gouvernement qui, au lieu de les aider, les enfonce dans la misère avec un cynisme grossier et révoltant. Vous les entendez, ces ministres, aller répétant qu'il faut redonner à ceux qui sont au chômage le goût du travail ? Vous les voyez bien s'en prendre aux allocations chômage pour en réduire le montant et la durée. Vont-ils fournir du travail ? Vont-ils s'en prendre aux licencieurs ? Bien sûr que non !
    Ces gens-là ont une haine, un mépris ouvert envers les classes populaires. Leur haine, c'est celle des laquais des riches, des exécuteurs du sale boulot envers ceux qui travaillent vraiment !
    La richesse du pays augmente d'année en année, lentement peut-être mais augmente quand même. Et, pourtant, le nombre de pauvres, au lieu de diminuer, s'accroît. Les Restos du coeur, qui devaient être provisoires lorsque Coluche les avait fondés, sont aujourd'hui indispensables pour des centaines de milliers de femmes et d'hommes dans le dénuement.
    On fait des économies sur le dos de ceux qui crèvent de misère, et tout cela dans le seul but d'accroître les revenus des plus riches.
    Et cela va aussi de mal en pis, même pour ceux qui ont un emploi. Car les salaires sont bloqués depuis des lustres. Mais, plus encore, parce que la précarité des emplois et les salaires précaires qui vont avec deviennent la règle.
    Là encore, le gouvernement achève les mesures dévastatrices du grand patronat. Cette année, le gouvernement s'en est pris aux retraites et aux retraités, c'est-à-dire à tous les salariés, en augmentant pour tous le nombre d'années de cotisations pour avoir une retraite complète. Pour des milliers de travailleurs trop usés pour continuer à travailler ou licenciés avant qu'ils aient cotisé le nombre d'annuités exigé, cela signifie des amputations dramatiques sur des retraites déjà insuffisantes.
    Et, avant même que le gouvernement ait commencé ce qu'il appelle sa "réforme de la Sécurité sociale", il a déjà engagé une offensive systématique pour interdire littéralement l'accès aux soins pour ceux qui ont les revenus les plus modestes.
    Alors, la raison principale de notre participation commune à ces élections, c'est de dénoncer le patronat, de dénoncer le gouvernement et ses mesures, de dire que les classes populaires n'accepteront pas éternellement de recevoir des coups. Elles l'accepteront d'autant moins qu'elles voient pendant ce temps-là le gouvernement jongler avec des milliards pour venir en aide à ceux qui n'en ont vraiment pas besoin. L'Etat va débourser une somme astronomique, 3 milliards de francs, avec l'argent des contribuables simplement pour que le Crédit lyonnais privatisé et François Pinault puissent continuer à faire des affaires aux Etats-Unis.
    Rien que, dans cette affaire, on va aggraver encore plus le déficit du budget et ensuite on nous dira qu'il faut fermer des hôpitaux de proximité, que les malades consomment trop de médicaments, qu'il n'y a pas d'argent pour embaucher du personnel soignant dans les hôpitaux ou les maisons de retraite, quitte à laisser mourir plusieurs milliers de personnes âgées. Sans compter l'Education nationale, les transports en commun, pour ne citer que les services publics essentiels.
    Mais nous voulons aussi dénoncer une gauche incapable, pendant cinq ans au pouvoir, de prendre les mesures essentielles pour le monde du travail et qui va se présenter dans les prochaines élections sans programme et sans engagement, même pas l'engagement d'annuler les mesures de Chirac-Raffarin-Sarkozy qu'elle prétend dénoncer aujourd'hui.
    Et puis, nous nous présentons aussi contre l'extrême droite, le Front national, qui représente toujours une forte fraction de l'électorat. Et nous sommes les seuls à pouvoir contrebalancer l'influence du Front national.
    II ne s'agit pas d'enlever au Front national ses électeurs de la droite classique, les réactionnaires de toujours, ceux avec des noms à particule, les notables conservateurs, les intégristes catholiques. Ceux-là, que Le Pen se les garde!
    Parmi ceux qui sont au chômage depuis des années ou qui n'ont qu'un travail précaire de temps à autre, ceux qui sont désespérés et ne voient pas d'avenir, il y en a qui en viennent à voter pour Le Pen. Ils pensent que c'est le vote qui fera le plus peur aux hommes qu'ils ont vu ou qu'ils voient au pouvoir.
    Mais le Front national n'est menaçant que pour les politiciens des grands partis, et uniquement dans la mesure où il risque de prendre leur place. II n'est pas menaçant pour le grand patronat, c'est-à-dire ceux qui tirent les ficelles dans ce pays. Et si, par malheur, Le Pen parvenait au pouvoir, il servirait lui aussi les intérêts du grand patronat comme les autres, mais avec des méthodes plus brutales encore. Pour glaner des voix du côté des pauvres, ce démagogue milliardaire parle d"'insécurité sociale". Mais les intérêts qu'il défend sont ceux de sa classe. Pour ne citer qu'un exemple, il se propose de supprimer complètement l'impôt sur le revenu, le seul impôt qui est un tant soit peu progressif. Mais, sur ce terrain, il ne fait que pousser un peu plus loin ce que fait Chirac qui, pour baisser l'impôt sur le revenu, qui profite surtout aux plus riches, augmente les impôts indirects qui frappent bien plus les pauvres que les riches.
    Ce sont ces électeurs populaires trompés que nous voulons arracher à l'influence de l'extrême droite. Car ce n'est certainement pas les politiciens de gauche dont ils ne veulent plus, dont ils sont dégoûtés, qui pourront les convaincre.
    Nous sommes les seuls à pouvoir contrebalancer l'influence de l'extrême droite. Nous sommes les seuls à pouvoir dire quelles mesures sociales radicales pourraient immédiatement changer le sort et la situation économique des classes laborieuses et de la fraction d'entre elles qui est au chômage ou à la retraite. Et je vous garantis que ce qu'on va leur dire, elles le comprendront. Elles comprendront que les licenciements collectifs sont une ignominie et qu'il faut les interdire. Elles le comprendront parce qu'elles sont convaincues qu'il est inacceptable que les travailleurs, qui ont passé dix, vingt ans ou plus dans leur entreprise, soient du jour au lendemain mis à la porte sans rien, avec des indemnités dérisoires, avec seulement leurs yeux pour pleurer, alors que, pendant ce temps-là, les actionnaires conservent leur fortune, leur argent, leurs autres propriétés et de quoi aller investir ailleurs.
    Les travailleurs comprendront lorsque nous leur dirons dans cette campagne que la population doit avoir accès aux comptes des entreprises afin de vérifier ce que les patrons font de l'argent qu'ils obtiennent par l'exploitation forcenée de leurs salariés.
    Il faut aussi rendre publics, c'est-à-dire accessibles à tous, les revenus, les avoirs et les biens de tous les dirigeants des grandes entreprises, de leurs hommes de paille et de leurs familles. II faut rendre publics les comptes en banque des dirigeants politiques. II faut que la population, et pas seulement lorsqu'il y a un scandale, connaisse leurs liens avec les plus riches, avec le monde des affaires. Oui, il faut un contrôle de la population sur l'économie et la politique, un contrôle permanent afin que ne puissent rester cachées les sales affaires de corruption, comme les affaires des HLM de la région parisienne ou de trafic d'armes en Angola, en passant par toutes celles où sont mouillés jusqu'au cou des hommes d'affaires, des hommes politiques, quand ce ne sont pas des magistrats
    Sans transparence complète, comment la population pourrait-elle savoir ceux qui sont honnêtes... S'il y en a ?
    J'espère que seront nombreux ceux qui voteront pour le programme que nous défendrons dans cette campagne.
    Ce dont je suis sûre, c'est que les classes populaires comprendront lorsque nous parlerons de ce qu'elles vivent: les trains de banlieue bondés, les lignes fermées, la fatigue supplémentaire imposée à ceux qui sont déjà suffisamment usés par leur journée de travail.
    Elles nous comprendront quand nous dirons qu'il faut inverser les choses et qu'au lieu de prendre sur les services publics pour donner au grand patronat, il faut prendre au grand patronat et aux plus riches pour améliorer les services publics.
    On veut nous faire croire que la montée du chômage est un phénomène naturel, comme les inondations, ou en tout cas quelque chose contre quoi on ne peut rien faire. Mais l'Etat peut créer lui-même les emplois qui manquent non seulement dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les transports publics ou à la poste, mais aussi pour construire des logements convenables, pour les centaines de milliers de personnes qui vivent dans des taudis. Cela correspond à une nécessité vitale pour beaucoup et cela permettrait de créer des centaines de milliers d'emplois.
    Oui, il faut sauver des millions de travailleurs de la catastrophe du chômage et de la misère et, pour cela, réduire le droit de propriété des plus riches. Il faut réquisitionner, c'est-à-dire exproprier sans rachat ni indemnité, toutes les entreprises qui licencient, et en premier lieu celles qui font des bénéfices. II faut bloquer les transferts de ses capitaux lorsqu'un grand trust abandonne une de ses entreprises, devenue pas assez rentable selon les critères du marché financier. Mais, selon les critères des intérêts de la collectivité, on pourra à coup sûr faire fonctionner les entreprises prétendument "non rentables" ou même "non viables" !
    C'est cela précisément que le contrôle des comptabilités des groupes financiers permettra de vérifier. II faut supprimer toutes les subventions et cadeaux fiscaux aux entreprises même lorsque ces cadeaux sont faits sous prétexte d'encouragement à la création d'emplois. Car on sait que les entreprises empochent ces sommes mais ne créent pas d'emplois.
    Ces mesures nécessaires, ces mesures de salut public sont attentatoires à la liberté des capitaux de s'investir là où cela rapporte le plus de profit ? Oui, ce sont des mesures attentatoires à cette liberté-là !
    Mais le choix est entre la vie des hommes et le profit des capitalistes. Notre choix est fait : ce sont les intérêts égoïstes des plus riches qui doivent s'effacer devant les intérêts de la majorité de la population !
    Voilà ce que nous comptons dire dans cette campagne. Nous ne dirons pas qu'il suffit de voter pour la liste LO-LCR pour que cela se fasse. Mais ceux qui voteront pour nos listes affirmeront leur accord avec un programme qui contient cela. Ils l'affirmeront face à tout le pays, ils pourront se compter. Ils affirmeront aussi qu'ils en ont assez de recevoir des coups et qu'ils finiront par en donner. Ni le patronat ni le gouvernement ne leur laissent d'autre choix !
Barnabé
 
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Message par Bertrand » 17 Déc 2003, 21:18

ce texte, remarquable, répond à beaucoup de questions débattues dans ce forum.
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Bertrand
 
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