Les trois réponses sont : non, non et non.
Pour tout un tas de raisons, d'ailleurs.
a écrit :Nous sommes de plus en plus souvent mis en présence de l'activité, ne serait-ce que verbale, d'associations ou de regroupements comme ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens) ou encore les Comités pour l'Annulation de la Dette du Tiers-Monde.
Créée il y a à peine deux ans, ATTAC, qui est sans doute le plus connu de ces courants en France et dont l'objectif essentiel se trouve résumé dans son nom, semble avoir rencontré un certain écho non seulement dans les rangs de la petite-bourgeoisie intellectuelle, mais aussi auprès de certains appareils syndicaux ou d'associations qui font partie de ce qu'on appelle abusivement »le mouvement social« . La revendication de la taxe dite Tobin, l'idée d'une taxation des capitaux spéculatifs, est également reprise par un certain nombre d'hommes politiques, surtout de la mouvance du Parti socialiste ou du PCF.
Les courants comme ATTAC ou les Comités pour l'annulation de la dette s'en prennent à certains des aspects les plus répugnants du capitalisme, mais pas au capitalisme lui-même. Ils se présentent comme combattant contre le capital financier, mais pour le faire, ils font appel aux Etats qui sont les exécutants du capital financier. Même dans le domaine particulier du rapport entre pays impérialistes et pays sous-développés, ils s'en prennent à une des formes de pillage des pays pauvres, le pillage par des prêts usuraires, mais pas au pillage lui-même. Ils charrient au passage bien des illusions réformistes alors que la crise et le rôle peu reluisant des partis réformistes au pouvoir font le deuil de ces illusions.
De par leurs objectifs aussi limités qu'utopiques d'un capitalisme un peu »plus propre« comme de par les moyens modérés et respectueux des autorités établies qu'ils proposent, les initiateurs de ces courants seraient, au mieux, de doux rêveurs s'ils nétaient pas surtout hostiles à la lutte de classe et anti-communistes. Ils font en réalité partie de cette mouvance social-démocrate qui n'est généreuse qu'en phrases creuses contre les »excès« du capitalisme, mais dont les chefs politiques mènent au gouvernement la politique que le grand capital leur demande de mener.
Ceux qui participent aux initiatives et aux manifestations de ces courants sont souvent poussés par une sincère indignation contre ces aspects des ravages du capitalisme que sont les dégâts de la spéculation ou le pillage usuraire du tiers-monde. Cette sincérité dans l'indignation ne signifie d'ailleurs pas nécessairement que ceux qui s'organisent dans ATTAC ou manifestent avec les comités pour la suppression de la dette ou »Jubilé 2000« soient en décalage par rapport aux initiateurs réformistes de ces courants ni avec leurs idées et qu'ils veuillent aller plus loin que le peu qu'on leur propose. Les milieux sensibilisés sur ces questions, en tout cas pour le moment, font partie de la base sociale des partis socialistes.
Il se peut que, pour certains d'entre eux, rejoindre ces courants soit un premier pas vers une prise de conscience de ce qu'est l'organisation capitaliste de l'économie et de la société et, peut-être, une première et timide expression allant vers la volonté de la combattre. Raison de plus pour les communistes révolutionnaires pour éclairer cette minorité sur les objectifs et les limites de ces courants. On ne combat pas les aspects répugnants du capitalisme par de pieuses résolutions adressées aux dirigeants du monde impérialiste et, surtout, on ne les combat pas en respectant le capitalisme lui-même, mais au contraire, par la lutte de classe du prolétariat pour renverser le capitalisme. Et cela commence en renouant avec les idées de la lutte de classe et pas en les ignorant ou en les combattant.
Quant à se mobiliser contre l'OMC et à rejoindre le vaste éventail, allant de Pasqua à Chevènement ou au PCF, de ceux qui demandent un moratoire sur les prochaines négociations, ce serait participer à une opération de tromperie politique détournant les travailleurs des objectifs nécessaires et de l'action efficace. Lorsque les travailleurs entreront en lutte, il est de leur intérêt de le faire contre les capitalistes français ou pas qu'ils ont sous la main et qu'ils peuvent faire reculer, et non pas contre la réunion lointaine d'une organisation insaisissable qui, de surcroît, n'est pas la cause, mais une des multiples expressions de la domination des trusts et du capital financier sur le monde.
Même dans ses périodes d'expansion, le capitalisme développe l'économie de façon irrationnelle par rapport aux besoins réels et en aggravant les inégalités entre la bourgeoisie et les classes laborieuses, comme entre les pays impérialistes et les pays pauvres. Mais depuis le début de la crise, l'économie capitaliste est de plus en plus usuraire et sa putréfaction est illustrée par l'interpénétration de l'économie du crime drogue, mafias, trafic d'armes et corruption et l'économie dite normale. Cette économie ne peut pas être améliorée, amendée ou réformée.
La guerre que la classe ouvrière aura à mener n'est pas contre la »mondialisation", mais contre le capitalisme. Les objectifs fondamentaux n'ont pas changé depuis que Marx les a formulés et que la révolution ouvrière de Russie a tenté de les réaliser.
a écrit : Enfin au FSE on a croisé des camarades de la fraction...
a écrit : Quant aux événements spectaculaires, les grandes manifestations dont se vante la direction d'Attac, ils sont ponctuels, c'est-à-dire ne permettent pas un travail régulier. Et ils sont généralement le fruit de l'apport d'organisations, notamment syndicales, qui soutiennent Attac mais qui ne se réduisent pas à cette organisation.
Que rejoindre Attac puisse être une étape dans une évolution individuelle, c'est possible - encore que cela ne soit vrai que pour une infime minorité. Mais militer au sein d'Attac est se donner l'illusion de faire quelque chose alors qu'au mieux, on n'y fait rien et, au pire, on en justifie la politique.
Si l'on distingue les dirigeants d'Attac, sa politique et ses activités, des milliers de jeunes ou de militants d'associations diverses ou de syndicalistes, le développement du courant altermondialiste n'a pas une signification entièrement négative. On peut même considérer, dans cette époque d'apolitisme profond et de rejet des ex-partis ouvriers complètement déconsidérés par leur rôle au sein de l'appareil d'État de la bourgeoisie, que le mouvement altermondialiste a au moins quelques aspects positifs. Que les infamies du capitalisme poussent à l'indignation ces jeunes, ces syndicalistes et ces associatifs de toute sorte et que cela s'exprime par de grandes manifestations, de Porto Alegre à Gênes ou à Saint-Denis, est en soi une publicité importante à la critique des méfaits de cette société. Le fait que ceux qui participent à ces manifestations rêvent d'un « autre monde » et le disent en est une autre.
Une autre encore est le sentiment de bon nombre de ses partisans d'être des citoyens du monde, sentiment cultivé par le caractère international comme par les thèmes des grandes manifestations altermondialistes. Cultivé aussi par la volonté affichée d'Attac d'appartenir et de développer une organisation internationale, même si ce caractère international ou le fait de s'en prendre aux organismes internationaux de la bourgeoisie ne font pas pour autant du mouvement une ébauche d'internationale, pas plus qu'une juxtaposition de « souverainistes » ne fait l'internationalisme.
Ces indignations devant les conséquences de l'évolution du monde capitaliste expliquent pourquoi bon nombre de jeunes ou de syndicalistes portent leurs espoirs dans le seul courant qui semble aujourd'hui les exprimer, d'autant plus pour les derniers qu'il ne s'agit ni de parti ni de révolution.
Les trotskystes ne peuvent donc ignorer que ces sentiments sont, pour une part au moins, à l'origine du succès d'estime rencontré par le courant altermondialiste. Pas plus qu'ils ne peuvent oublier qu'une autre des explications de ce succès est l'absence d'un courant communiste fort.
Ainsi nous sommes en compétition avec le courant altermondialiste comme nous le sommes avec tous les mouvements réformistes et en particulier le PCF. Cela nous amène avant tout à combattre politiquement les fondements de la plupart de ses idées, à montrer les limites qu'il impose tant à ses objectifs qu'à ses combats. Cela n'exclut pas d'être solidaires de certaines de ses initiatives et de nous retrouver ponctuellement dans certains de ses combats, voire de participer à certaines de ses manifestations, exactement comme nous pouvons participer ou être solidaires d'actions ou de manifestations du PCF, des syndicats ou d'associations humanitaires. Mais il n'est pas question de militer au sein de cet ensemble hétéroclite d'associations diverses et encore moins de vouloir y assumer des responsabilités.
L'altermondialisme n'est certainement pas l'expression d'un nouvel internationalisme, mais un de ses avatars réformistes caricaturaux, à une époque où la réalité d'une véritable Internationale ouvrière, comme d'ailleurs d'un véritable parti ouvrier révolutionnaire, apparaît éloignée dans le passé, alors qu'elle doit être l'objectif primordial.
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