Agressions sexistes et sexuelles a l'ecole.

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par magdalene » 10 Fév 2004, 02:00

a écrit :Des établissements scolaires tentent de lever le tabou des violences des garçons contre les filles
LE MONDE
La mort de Sohane, fin 2002, a fait prendre conscience de la dégradation des rapports entre les sexes

En octobre 2002 , Sohane, 17 ans, était brûlée vive à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) révélant brutalement les violences, physiques ou verbales, dont peuvent être victimes les filles des cités. A cette même époque, le livre de Samira Bellil, Dans l'enfer des tournantes (Denoël), était publié.

Depuis, des initiatives ont émergé, en milieu scolaire, pour lever le tabou du sexisme. Il s'agit d'initiatives isolées, sans coordination ni grand soutien du ministère de l'éducation nationale.

Au lycée Jean-Macé de Vitry, le collectif Féminin-Masculin, créé par un groupe d'enseignants après la mort de Sohane, essaie de relancer, depuis la rentrée, l'intérêt des élèves par un atelier théâtral, tous les jeudis. "Il y a eu une prise de conscience de la dégradation des relations entre filles et garçons, explique Sandrine Bourret, professeur de philosophie. Mais ça n'est pas du tout évident, une fois l'émotion passée, de mobiliser."

Depuis la rentrée, le collectif essaie d'étendre ses actions à cinq autres lycées. Ainsi, autour du 8 mars, des projections débats du film L'Esquive– c'est l'histoire d'adolescents de banlieue qui montent une pièce de Marivaux – seront l'occasion de parler des relations entre garçons et filles, au cinéma Robespierre! de Vitry.

La Journée de la femme sera également l'occasion pour un collège populaire d'une ville moyenne, près de Marseille, d'organiser une exposition et de faire travailler les élèves sur le droit des femmes. D'ores et déjà, une classe de 3e de cet établissement s'est penchée sur le sujet avec le professeur de français, tandis que le professeur d'histoire demandait à ses élèves filles de faire un travail sur la prostitution. "Les filles sont en train d'abandonner tous les acquis qu'ont obtenus les femmes depuis cent ans. Les garçons les culpabilisent et leur disent qu'il est normal de tout accepter", témoigne l'infirmière scolaire de ce collège.

Cette dernière ne comprend toujours pas comment presque toutes les filles de la classe de 3e citée ci-dessus ont pu se laisser "tripoter" par un garçon, sans rien dire. "C'est parce qu'il a mis la main aux fesses d'une prof, et que celle-ci a fait un rapport, que les langues se sont déliées. J'ai moi-! même fait un rapport avec tous ces nouveaux témoignages. A l'une, il a caressé les cuisses et les seins ; à l'autre, il a baissé le pantalon ; à une troisième, il a mis un doigt. Les filles ont raconté qu'il menaçait de les frapper si elles ne se laissaient pas faire", raconte-t-elle.

Dans une cité scolaire à Bédarieux (Hérault), c'est également un incident qui a révélé des pratiques bien plus répandues. Récemment, un parent est venu se plaindre du harcèlement téléphonique que subissait sa fille de 13 ans, en classe de 5e. Du style : "Tu suces pour 1 euro. On t'aura." Il est alors apparu que d'autres filles de la classe étaient embêtées : mains aux fesses, aux seins, etc.

Christine Thomas, proviseur adjoint de cette cité scolaire et également présidente de la Coordination des associations pour le droit à l'avortement et à la contraception (Cadac), a fait une intervention dans la classe, a écrit à l'ensemble des personnels et va organiser un débat sur les violences des garçons sur les filles. Le fautif a dû rédige! r une lettre d'excuse. "Je privilégie la réparation plutôt que la sanction", assure-t-elle.

Certains établissements font appel à des intervenants extérieurs pour sensibiliser les élèves. Sarah Oussekine, permanente de l'association Voix d'Elles Rebelles, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), remarque que, depuis trois ans, on la sollicite de plus en plus. "Les filles se sentent davantage en insécurité, ont peur d'être agressées", assure-t-elle. Lors de ses interventions, Sarah entend de drôles de remarques comme celle de cet élève d'un lycée professionnel de l'Essonne : "Les filles qui se prêtent aux tournantes, elles sont consentantes et elles aiment cela." Sarah souligne les obstacles financiers des associations comme la sienne. "D'un côté, le gouvernement veut lutter contre la violence dans les cités, de l'autre, on sucre les subventions."

Au collège Jean-Moulin d'Arpajon (Essonne), Michèle Novelli, la principale, a demandé à Nadia, p! résidente du comité local de Morsang-sur-Orge des Ni putes ni ! soumises, d'intervenir devant les classes de 4e tout au long de l'année "pour essayer d'améliorer les représentations que les garçons ont des filles".

A cette attitude de débat s'oppose l'omerta d'autres établissements. Il en va ainsi de ce lycée parisien où une jeune fille, qui se plaignait d'attouchements, a dû changer d'établissement.

Pourtant, ces quelques exemples de violence à l'école ne sont pas isolés. Il est difficile d'en mesurer l'ampleur. Au ministère de l'éducation nationale, on ne recense que les violences physiques à caractère sexuel qui sont passées de 1 410 pour l'année 2001-2002 à 1 070 l'année suivante.

"IL FAUT ÊTRE MACHISTE"

Mais tous les témoignages convergent. Dans les quartiers difficiles, particulièrement au collège et dans les lycées professionnels, la situation est inquiétante."Les garçons font subir de fortes pressions aux filles. Mais eux-mêmes en subissent. Des attentes de comportement identitaire pèsent ! sur eux. Pour être un homme, il faut être machiste", témoigne Elizabeth Pesquet, infirmière scolaire au collège Bellefontaine, dans le quartier du Mirail à Toulouse. "A 14 ans, un très grand nombre de gamins ont déjà vu des films pornos", estime Christian Allemand, infirmier scolaire dans un collège à Cavaillon (Vaucluse).

Et ce phénomène semble participer de la banalisation de la violence entre filles et garçons. Annie, infirmière scolaire dans un collège populaire parisien, s'inquiète des remarques de certains garçons lors des séances d'éducation à la sexualité. "Il m'est arrivé que des garçons me disent : "Le viol, c'est rien"."

Martine Laronche et Virginie Malingre



etre contre le foulard, fermement, releve de la meme defense de ces jeunes femmes : c'est etre resolument du cote de toutes ces filles, victimes de ces agresseurs retrogrades.
magdalene
 
Message(s) : 0
Inscription : 06 Fév 2003, 12:29

Message par mélusine » 11 Fév 2004, 18:26

ce n'est pas seulement en luttant contre le foulard qu'on lutte contre les violences machistes à l'école. Mais aussi en mettant en place une véritbale pédagogie anti-sexiste.
Les militants et les militantes de la Ligue ne sont peut-être pas pour les exclusions de gamines voilées, mais cela ne les empêche pas d'essayer de lutter contre le sexisme en milieu scolaire. Dans l'article que tu cites, il est fait mention ddu collectif Féminin-masculin de Vitry, il est animé par des militantes de l'orga notamment, et Christine Thomas, de la Cadac, est si je ne me trompe pas, membre aussi de la LCR.
mélusine
 
Message(s) : 0
Inscription : 11 Fév 2004, 18:17

Message par Nadia » 12 Fév 2004, 12:20

Toujours dans le monde, un autre jour, il y a cet article :
a écrit :Témoignage : "Dès que les mecs voient une meuf en jupe, ils la traitent de pute"
LE MONDE | 03.02.04 | 14h03  •  MIS A JOUR LE 06.02.04 | 18h57
Avec ses blessures d'enfant violée, Reine-Claude se bat pour voir les femmes de sa cité enfin respectées
Elle a des mots qui cognent, comme autant de coups rendus à ceux qu'elle et ses sœurs de cité "ont pris dans la gueule". Un rire explosif, qui vous décape l'estomac et apaise les blessures. Et sous la cuirasse, une tendresse qui ne demande qu'à se libérer.  .. Reine-Claude Lasry, 27 ans, de père algérien et de mère française, est une fille de la Grande-Borne, quartier réputé sensible de Grigny (Essonne). Et la présidente du comité local des Ni putes ni soumises, créé il y six mois dans ce ghetto qu'elle connaît par cœur. Tours blafardes, triangles bétonnés. Ici échouent l'ennui et le sentiment d'abandon nourris, comme dans toutes les cités-dortoirs majoritairement peuplées de populations d'origine immigrée, par le chômage et l'échec des politiques d'intégration.

C'est dimanche, fête de l'Aïd. La place du Damier est déserte. Tout autour, du bitume, des carrés de gazon et des blocs qui perdent leurs tuiles décaties. Dans le hall de l'immeuble, des tags : "Baise la police", "Maroc, on t'aime", des noms de bandes. Attablée dans la salle à manger de son petit appartement, Reine-Claude tire sur sa cigarette, remontée. "Si je me bats, c'est pour ma fille de 7 ans et pour voir les femmes enfin respectées dans le monde des cités." Et d'ajouter : "Beaucoup préfèrent se taire par peur de donner une mauvaise image du quartier. Ils se sentent déjà suffisamment salis."Alors elle parle, sans répit.

Jogging informe sur rondeurs féminines, baskets et joli visage encadré de blond, Reine-Claude a endossé l'uniforme de beaucoup de filles ici. "Dès que les mecs voient une meuf en jupe, ils la traitent de pute", assène-t-elle. Elle n'échappe pas à la règle. Il suffit de jeter un œil aux piles de son armoire : côté survêtements, la vie dans la cité ; côté jupes, au-delà du RER ; côté sexy, le sable des vacances. "J'adore les fringues ! rit-elle. Mais ici, je ne m'habillerais jamais en fille." Un silence. "Et puis moi, j'ai été violée, ici."

Le combat de "Reinette", comme on l'appelle, c'est aussi sa façon d'expurger sa révolte, accrochée à ses plaies d'enfance. Entre 5 et 6 ans, la fillette est déflorée par l'amant de sa mère, qui l'enferme dans les placards. Au collège, elle est frondeuse, délurée. A 20 ans, elle a un enfant avec le meilleur ami de son copain, "qui a fait de la taule pour trafic de drogue". Et l'an dernier, sa route croise celle de Samira Bellil à la marche des Ni putes ni soumises. Le déclic, entre celle qui a osé dénoncer l'enfer des tournantes et celle qui n'a jamais osé se délivrer de son viol. "Reinette" avait toujours milité dans le tissu associatif et au Parti socialiste, dans la circonscription de Julien Dray. Elle s'enrôle dans "NPNS".

Un travail de fourmi, dérangeant pour les uns, salutaire pour les autres, qu'elle mène en sous-marin. Pas de local, pas de divulgation du nombre d'adhérents. Inutile de déclencher les hostilités, explique-t-elle quand, à chaque fois qu'elle organise un débat, le téléphone sonne, avec une voix masculine : "Ah, tu veux t'occuper des putes ? On va te niquer ta gueule !"

Johnny, son frère, un grand gaillard de 15 ans, se sent souvent obligé de l'accompagner quand elle va dans les halls distribuer des tracts. Lui, il la trouve bien, cette association. Pourtant, scolarisé dans le privé pour échapper à la pression de la cité, il pense que "les meufs d'ici, elles sortent toujours avec plusieurs mecs à la fois". "Arrête, s'énerve Reine-Claude. T'es en train de dire comme les autres : toutes des putes sauf ma mère !"


"UN COUTEAU SOUS LE MATELAS"

Elle ne veut pas de guerre des sexes parce que les mecs, au fond, elle "les aime". Juste montrer aux filles qu'on peut échapper à ses lésions affectives, au sexisme ambiant, à un viol, à un mariage forcé et faire évoluer doucement les mentalités. Elle dévide les histoires comme pour justifier sa lutte sans relâche : "Une jeune beurette est amoureuse d'un Français. Elle fugue, revient chez elle. Après une trempe, ses parents la traînent chez le gynéco pour qu'il lui délivre un certificat de virginité. Sinon, c'est la honte sur la famille. La fille, après, elle dormait avec un couteau sous son matelas que son père lui avait mis." Une autre, brillante élève, va bientôt devoir rejoindre le bled pour épouser un homme qu'elle ne connaît pas. "Mon corps ne m'appartient pas", dit-elle. "Ici, renchérit Brigitte, 26 ans, on ne peut pas tenir la main de son mec dans la rue, l'embrasser. Avant, ce n'était pas comme ça."

Avec sa gouaille mordante, Reine-Claude résume les choses à sa façon : "Ce qui pèse lourd, c'est le regard de l'autre. Alors, pour avoir la paix, tu as trois solutions : primo, tu mets le voile." Et elle affirme en voir plus qu'avant, depuis six mois, avec les burqas, les voiles qui couvrent le visage et le corps, une nouveauté. "Secundo, tu te fais engrosser, comme ça t'es une mère. Tertio, tu sors avec un mec connu qui se fait respecter."

A croire que rien n'a changé, après tout ce travail ? "Si. En six mois, j'ai traité 80 dossiers, j'aide les filles dans des démarches... Et elles parlent plus qu'avant." Et puis tout n'est pas noir. "Il y a des mecs et des filles bien. Les gros problèmes viennent d'une minorité." Une minorité de types qui, quand ils voient passer une fille en jupe dans la rue, disent en rigolant : "Après, faut pas s'étonner qu'il y ait des viols..."


Delphine Saubaber
lien
Oui, il faut être ferme, aussi contre le voile.
Quant au collectif Féminin-masculin de Vitry, où est-il dit qu'ils tolèrent le voile à l'école ??? :blink: J'avais plutôt parié le contraire...
La page que j'ai trouvé
Et une autre page, en bas.
Nadia
 
Message(s) : 0
Inscription : 19 Nov 2003, 17:08

Message par magdalene » 13 Fév 2004, 01:22

au-dela de la question du voile, ce qui est aujourd'hui inquietant c'est de voir des jeunes hommes qui s'organisent contre ces femmes sur le terreau de l'integrisme religieux.
la conclusion de l'article du monde en cela est bien legere : c'est une reflexion que l'on entend bien au-dela des quartiers populaires ! les prejuges des habitants de ces quartiers sont a l'image des prejuges sexistes que l'on trouve dans l'ensemble de la societe. or, la situation economique et sociale des hommes et des femmes populaires, issus de l'immigration ou non, est la principale responsable de la regression dont ces femmes sont victimes. si elles avaient la possibilite de trouver un boulot qui leur permette de vivre par leurs propres moyens, bien des femmes quitteraient cet environnement hostile. mais aujourd'hui meme un plein temps ne permet pas d'avoir son propre logement. c'est sur le terrain de la lutte des classes que l'EG doit combattre les oppressions dont sont victimes les femmes, pas sur celui de la demagogie.
magdalene
 
Message(s) : 0
Inscription : 06 Fév 2003, 12:29

Message par logan » 23 Fév 2004, 16:25

:unsure:
logan
 
Message(s) : 440
Inscription : 23 Fév 2004, 13:47


Retour vers Politique française

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 3 invité(s)