Notion de mouvement social

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Louis » 19 Fév 2004, 11:05

je vais déja commencer par me citer :

a écrit :je trouve des tas de limite a cette initiative, et a priori je ne la soutiendrais pas !


donc je ne sais pas ce que tu cherche Wolf, mais si c'est pour me faire adhérer a ce machin, ça va etre assez difficile ! Personnelement, je suis assez partisan d'un appel de syndicalistes et de militants (ouvriers) reprenant en partie la thématique de cet appel, et l'élargissant a l'ensemble des attaques dont sont l'objet l'ensemble des salariés de ce pays (et pas que de ce pays d'ailleurs)

sinon, je suis par contre totalement oposé a l'attitude de caupo :

a écrit :Que est ce qu'il fout Lucho qu'il ne se met pas au boulot?!

Laisse tomber le mouvement sociaux le temps de la campagne Lucho. C'est bien plus importante de faire une bonne campagne, que ces types. Après, si t'as encore envie, tu pourras reprende ta quête de l'impossible.


plus réformard et electoraliste que ce passage, y'a pas ! Désolé caupo, mais pendant la campagne, la lutte de classe continue ! Reprend toi caupo ! Et d'ailleurs, qu'est ce que tu en connais, de mon implication dans la campagne ?
Louis
 
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Message par Louis » 19 Fév 2004, 22:21

je suis désolé pour toi, mais je ne fréquente pas vraiment les jcr ! et je ne les ai jamais vraiment fréquenté (normal, a l'age ou j'aurais pu les fréquenter, je trainait mes guetres plutot du coté de lo)

sinon, je n'ai peut etre pas ton age canonique mais hélas ! je n'ai plus l'escuse d'etre jeune pour etre con ! je suis passé directement de jeune con a vieux con !

Maintenant, la campagne c'est bien, et je la fait, mais cette histoire de pétition, sans perdre plus de temps que ça, je crois que ca montre une attente politique ! Donc, il faut que nous bossions nos réponses ! Et pas pour faire plaisirs aux inrocks (en plus tu va dire que tu préfere Atahualpa YUPANKI) mais aux salariés qui en prennent plein la gueule !
Louis
 
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Message par Barnabé » 20 Fév 2004, 10:08

Bon, j'allais répondre sur cette histoire de pétition, mais en fait je suis d'accord avec Barikad, wolf et Caupo, donc je n'en rajoute pas pour ne pas accabler le pauvre Lucho...
Barnabé
 
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Message par Cyrano » 23 Fév 2004, 13:36

Il y avait déjà eu sur ce forum quelques brèves digressions sur cette formule, le "mouvement social". J'en ai remarqué deux.
En octobre 2002, rojo citait un communiqué de l'agence AP mentionnant que François Hollande faisait appel du pied aux mouvements associatifs de gauche. LouisChristianRené intervint illico : François Hollande voulait « récupérer le "mouvement social" en lui coupant les ailes. » – en isolant le terme "mouvement social" par des guillemets, pour signifier que c'était pris dans un sens particulier (et en attribuant des ailes, donc, un certain développement velléitaire à ce mouvement).
En avril 2003, Byrrh revenait sur le reproche fait à LO « de rester hermétique au "mouvement social". » Il rappelait que cette expression de "mouvement social" (là aussi, avec des guillemets) était très ancienne mais aujourd'hui elle désignerait plutôt des « mouvements petits-bourgeois ou étrangers aux travailleurs. », voire même « des lubies petites-bourgeoises et branchouille ». Ce qui provoque l'ire immédiate de LouisChristianRené demandant, dans un message péremptoire, si on peut qualifier de lubies petites bourgeoises « la luttes des rom a montreuil ? le soutien a la palestine ? le mouvement anti guerre ? les mouvements de précaires ? le mouvement des squatts ? » (je ne sais pas où en est aujourd'hui la lutte des roms à Montreuil et le mouvement des squats – les médias nous cachent tout).
Et voici que la discussion redémarre à nouveau, à partir de l'article d'un syndicaliste, paru dans l'Humanité cet été. Bizarre hasard, mon oiseuse existence d'oisif chômeur me laissant des loisirs, je m'étais amusé à lire dans la presse les articles sur ce satané "mouvement social". Alors, depuis le temps que je parcours ce forum sans intervenir, là, je vais humblement mettre ma poignée de sel.
On s'mouve ?
Un mouvement de foule, je pige ce que c'est : des gens se déplacent, d'un même élan, dans le même sens ; un mouvement de grève, oui, je vois : d'abord une grève ici, puis une autre ailleurs, puis d'autres, et ça s'étend, et les revendications s'unifient ; un mouvement anti-guerre, ouaih, je comprends : quelques manifs d'abord, puis d'autres, avec plus de gens, puis dans plein de pays, pour refuser une intervention militaire précise. Mais le "mouvement social", est-ce que c'est quelque chose qui va quelque part ? ou bien n'est il qu'une ombre de la caverne ? Est-ce que ça a vraiment des ailes ?
Mouvement social et "Mouvement social"
Dans Le Monde du 17 Déc. 1995, durant les grèves de l'automne, Guy Coq (membre de la rédaction de la revue “Esprit”) est « Solidaire des grévistes et du mouvement social » – incidemment, il est aussi solidaire de la CFDT, un syndicalisme qui assume « le rôle d'un acteur social responsable » (mais ceci n'est pas notre sujet). Grévistes « et » mouvement social : ainsi donc, à coté des grévistes il y aurait un mouvement social, fromage et dessert…
Des titres de la presse feront ensuite écho explicitement à un mouvement qui, parfois, affiche ses galons (c'est à dire des « ») pour le distinguer d'un mouvement social banal pratiqué par des ploucs : « [I]Pierre Bourdieu devient la référence intellectuelle du "mouvement social" » (Le Monde, 8 Mai 1998). « Le PCF ne veut pas voir le "mouvement social" devenir un acteur politique » (Le Monde, 5 Juin 1998).
L'hebdo de la Ligue ne veut pas être en reste ; au hasard, deux extraits d'articles de “Rouge” (là, j'avoue, la première citation est cruelle, mea culpa) : « L'intérêt de la taxe Tobin est devenu politique du fait de son appropriation par le mouvement social. » (Rouge, 24 juin 1999) ; Olivier Besancenot sera présenté comme « un jeune salarié, lié au monde du travail et au mouvement social. » (Rouge, 8 févr. 2001). « et »… L'Humanité organisera une table ronde avec des responsables associatifs, syndicaux, politiques, pour répondre à la question : « Qu'est-ce que ce mouvement social ? » (Humanité, 25 Janv. 2000).
OK, y'a quelque chose, ou y'a eu quelque chose. C'est peut être un peu lapidaire de clôturer la discussion en invoquant l'existence préalable de l'expression "mouvement social". C'est peut être insuffisant de dresser une liste à la Prévert de diverses luttes disparates pour valider l'existence d'un mouvement.
La tour de Babel
Le PCF et l'Humanité ont organisé un « rendez-vous des associations et du mouvement social », en accueillant les « acteurs et actrices du mouvement social ». Dans L'Humanité du 7 Sept. 2001, on trouve la liste des participants, une liste particulièrement feuillue :
« SOS-racisme, Agir Ici, Alternative citoyenne, APEIS, ATTAC, la CADAC, les CMEA, la CGT, Choisir la cause des femmes, la Confédération nationale du logement, le Comité des sans-logis, la Coordination nationale des sans-papiers, la FCPE (parents d'élèves), Femmes solidaires, la Fédération des mutuelles de France, les Francas, FSU, la Lesbian & Gay Pride, le GISTI, les jeunes et étudiants communistes, la Jeunesse ouvrière chrétienne, la Fédération Léo-Lagrange, la Ligue de l'enseignement, le MRAP, les Pionniers de France, le SGEN CFDT, le Secours populaire français, l'UGICT... des mouvement de solidarité comme Agir Ici pour un autre monde, de chômeurs comme l'APEIS, du logement comme la CNL. » – l'auteur de l'article s'y perd tellement (y' d'quoi) qu'il cite deux fois (!) certaines associations.
En passant, enrichissez votre vocabulaire, ignares révolutionnaires : on ne dit plus des militants mais des « acteurs et actrices » du mouvement social (mais avant de parler ainsi, vérifiez si y'a pas déjà de nouveaux mots – tout va si vite dans not' monde moderne).
On en conviendra, c'est un aimable fourre-tout !
« lubies petites-bourgeoises et branchouille », le terme me semble un peu trop appuyé : il est péjoratif pour les militants qui se sont investi honnêtement, énergiquement, dans la défense de certaines catégories de pauvres diables. Mais y'a quand même de la lubie : la formule "mouvement social" se reprend sans s'interroger sur son contenu (ça ressemble un peu au parcours d'une rumeur). Et c'est vrai, ça fait moderne…
« Les ailes » du mouvement social… Franchement, euh… je vérifie : mon RMI ne s'est pas vraiment envolé, hélas ! Et je constate que les ailes ont aussi servi à certaines, certains, pour voleter vers quelques places hypothétiques sur les listes de gauche.
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 23 Fév 2004, 13:38

Tout passe…
On peut remarquer que ça cause moins du "mouvement social" depuis quelques temps. Je vais prendre un exemple (biscornu, je le reconnais) mais qui a du sens, à mon avis. Si en décembre 2002 (ça fait un peu plus d'un an, donc), on faisait une recherche de pages Internet sur “Yahoo”, avec l'expression "mouvement social", on recevait immédiatement une floppée de résultats qui concernaient explicitement ce "mouvement social". Si on refait la même recherche maintenant, le résultat de la chasse est beaucoup, beaucoup plus maigre. Ainsi, hélas, tout passe, tout lasse, même le "mouvement social" – ce monde est cruel. La formule reprend tout doucement son sens usuel, elle y perd ses guillemets. Serait-ce passé de mode ? Il y a fort à parier que oui.
Avant 1995…
Soyons pervers : recherchons l'expression "mouvement social" dans les titres du journal Le Monde (uniquement les titres), notre boulier à la main.
De 1987 à 1991, c'est simple : dans Le Monde, y'a zéro titre. Zéro. Et encore, hum, lorsque la formule apparaît, les années suivantes, ce n'est pas vraiment dans un sens qui mérite des « »…
1992, un seul titre (qui peut mettre la puce à l'oreille) : « Le modèle ouvrier en déshérence : Une image dévaluée. L'ouvrier n'est plus la référence du mouvement social » Le Monde, 11 nov. 1992 (article relatant le congrès de l'Union des cadres et ingénieurs Force ouvrière). Et dans le corps d'un article, on peut lire que Harlem Désir lance le Mouvement Action Égalité qui désire « se faire le porte-voix du "mouvement social urbain” [...]. La génération fondatrice de SOS-Racisme, aujourd'hui trentenaire, piaffe d'impatience d'entrer en politique. [...] » (Le Monde, 6 oct. 1992).
1993, un unique titre : « Un entretien avec Jean-Luc Mélenchon : "Le PS doit devenir le parti du mouvement social" » (Le Monde, 27 Juin 1993). Ah… la Gauche socialiste…
1994, on trouve deux titres, qui ne concernent que le sens usuel. Louis Viannet (CGT) : « La division fait prendre du retard au mouvement social » (Le Monde, 6 Juillet 1994). « Chiffres et mouvement social FNAC : nouveau mouvement de grogne dans trois magasins parisiens » (Le Monde, 8 déc. 1994).
1995, l'écharpe rouge
1995, 1er semestre, un article (pas deux, un seul, encore une fois, sens banal) : « Les grèves du secteur public témoignent d'un mouvement social fragmenté » (Le Monde, 9 Fév. 1995). Mais pourquoi premier semestre ? Ah mais, c'est que, gaffe, accrochons nous, voici la suite :
1995, 2e semestre, 10 titres (dix ! deux fois plus que les 8 années précédentes réunies) utilisent l'expression "mouvement social". Dans le quotidien Libération, même étrange mouvementsocialomanie : de janvier 1995 à novembre : rien, zéro, et en décembre trois titres incluent "mouvement social".
L'automne 95, ici, sur ce site, tout le monde sait ce que c'est : les cheminots en grève, et aussi les gaziers et électriciens, et plein d'autres, et des manifs monstrueuses, et Blondel avec son écharpe rouge, bref : un bordel ambiant à notre goût.
— Mais alors, m'sieur, c'est-y qu'avant y'avait pas de mouvement social ?
— Si fait, mon brave. Mais je vous parle d'un temps que les moins de 10 ans ne peuvent pas connaître. En ce temps-là, on parlait provincial :
« Les conflits chez Peugeot : Les grévistes décident de reconduire leur mouvement » (Le Monde. 1er Oct. 1989), ou bien : « Malaise social outre-mer Le mouvement de grève se durcit en Guyane » (Le Monde, 15 Oct. 1992). Un dernier exemple de titres, lorsque le personnel au sol d'Air France va se mettre en mouvement, en mars-avril 1993 : « Grève du personnel au sol d'Air France », « Le mouvement de grève des agents des services commerciaux et du service avions de la compagnie a été reconduit ». En septembre de la même année, “Germinal” de Claude Berri était projeté. On pouvait voir Lantier-Renaud et les grévistes aller de puits en puits pour convaincre les mineurs de rejoindre le combat qu'il venait d'entamer – comme les bagagistes et autres employés au sol d'Air France étaient allé d'hangar en hangar pour inciter tout un chacun à rejoindre le mouvement de grève.
Et ces nouilles de journalistes qui savaient même pas, qu'en fait, fallait dire "mouvement social", même au début 1995 : « La montée des conflits locaux à La Poste révèle un malaise général » (Le Monde, 2 Avr. 1995).
— Ah oui, m'sieur, mais c'est que c'étaient des grèves, avec rien que des salariés, pas un vrai mouvement social, un mouvement, quoi, vous comprenez ?!
— J'entends bien, mais je vais vous dire, mon ami : je suis un peu comme le journaliste incarné par Clint Eastwood dans “Jugé coupable” : « Je suis le genre de type à qui il manque une case. » Je veux savoir, je veux comprendre, je ne veux pas qu'on me paye avec des mots. Car le mouvement social existait avant le mouvement social (vous me suivez ? ça devient plus compliqué que la causerie sur le Big-Bang).
Dans les années 70, c'est la création du Comité des chômeurs de la CGT ; à partir des années 1980, vont apparaître plusieurs autres associations organisant des chômeurs : le Syndicat des chômeurs (1982), le MNCP (1984), l'APEIS (1988), et enfin AC! Agir ensemble contre le chômage (1993). Le DAL (Droit Au Logement) se fonde en 1990. Droit Devant!! est né au début de 1995, durant une occupation fameuse d'immeuble par le DAL, rue du Dragon.
C'était bien du "mouvement social", ça ?
Et y'avait du mouv' : manifestation nationale des chômeurs à Paris (1985), marches contre le chômage (1994), occupations et squats à Paris : quai de la Gare (1990), avenue René-Coty (1993), rue du Dragon, (1994-95).
C'était bien du "mouvement social", ça ?
Oui, mais ça n'avait pas droit encore à l'appellation d'origine contrôlée. Pas un article dans la presse qui ne nomme ça "mouvement social" (quel sabotage scandaleux !), et même quand ça ressemblait à une confluence, à un mouvement possible : « Des milliers de personnes ont manifesté en France contre l'exclusion » (Le Monde, 11 Avr. 1995) ; « En Corse, les conflits sociaux se durcissent dans la fonction publique » (Le Monde, le 25 Fév. 1995) ; « Les grèves se multiplient dans le secteur public comme dans le privé » (Le Monde, 8 Avr. 1995) – pourtant quand ça se multiplie, c'est bien là que ça peut mériter le nom de mouvement, mais nenni !
1995, le “Décembre des intellectuels”…
Je ne vais pas lister la flopée de titres sur le mouvement social de la fin 1995 (et ceux du début 1996) : ce sont des articles d'information utilitaire : « L'état du mouvement social au 20e jour de grève » (Le Monde, 14 Déc. 1995), etc., ou des articles tirant le bilan de l'affaire : « Un diagnostic sur le mouvement social de décembre 1995 » (Le Monde, 13 Fév. 1996).
L'ampleur du mouvement à l'automne 1995 va éveiller l'intérêt des "intellectuels". Avec leur petits doigts, avec leurs petites mains, ils vont faire deux pétitions (l'une appuyant une négociation – genre CFDT, l'autre soutenant le mouvement), et Bourdieu, avec ses petits pieds, va aller à la gare de Lyon, le soir du 12 décembre, lire un texte au cheminots en grève : « Je suis ici pour dire notre soutien à tous ceux qui luttent, depuis trois semaines, contre la destruction d’une civilisation. » Ah, dame, ça en jette ! Certains parleront du “Décembre des intellectuels”, comme quoi, c'est pas un bon mois : ça incite à croire au Père Noël.
Deux articles vont participer à oindre le mouvement du terme "mouvement social" :
« Vive le mouvement social ! » par Israël Stéphane (Le Monde, 6 Déc. 1995). « Solidaire des grévistes et du mouvement social » par Guy Coq, membre de la rédaction de la revue Esprit, syndicaliste FSU (Le Monde, 17 Déc. 1995). J'ai déjà parlé de cet article, jouxtant l'ancien et le nouveau, annonçant qu'il y a autre chose à coté des grévistes.
Après 1995
A partie de 1996, ça va en causer du mouvement social, mais de moins en moins. 1er semestre 1996 : 7 titres, 2e semestre : 4, 1997 : 2 titres dans l'année, mais 1er semestre 1998 : 7 titres (le mouvement des chômeurs passe par là !). Ensuite, bon an, mal an, c'est un petit rythme de croisière avec 2 ou 3 titres par an (en 2001, y'en aura même zéro).
Pourtant c'est là que tout commence. Les biscottes des uns des autres vont se beurrer avec le terme "mouvement social". Certains vont vite oublier que c'est la démonstration de force de la classe ouvrière qui lance l'affaire, pour parer de toutes les vertus les mouvements de sans-papiers, de chômeurs, etc. Tout ce qui bouge ce sera du mouvement social. Les ploucs, les ringards ne bougent plus : ils ont perdu un mois de paye à la fin 1995.
Bon, je vous ennuie ? OK, OK, j'arrête. Pourtant, y'aurait encore à dire, mais je connais mes classiques : « Malheur à celui qui veut tout instruire. Le secret d'ennuyer est celui de tout dire. » Voltaire
Ou alors, Georges B…
La suite serait délectable
Malheureusement je ne peux
Pas la dire et c'est regrettable
Ça vous aurait fait rire un peu.
Cyrano
 
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Message par Louis » 23 Fév 2004, 13:52

oh que non ! c'est la suite qui est intéressante ! Personnelement je trouve que tu interviens que trop peu ! comment faire fonctionner l'intelligence sur ce forum, je trouve ça remarquable ! en plus tu m'as remis en tete la période ou j'utilisais encore des forumules "ailées" Bigre !

Qu'on en parle ou pas dans le monde, n'empeche que le terme de "mouvement social" a du sens ! Et pas seulement celui d'une mode passagére ! Il s'agit aussi d'un véritable phénomène social !

Et de meme, quand on parle des "trotskystes", on pourrait de la meme façon se moquer de l'irréalité du phénoméne (car aprés tout ce n'est que quelques milliers de militants dont il s'agit !) Mais on sait bien qu'au dela du coté "médiatique" de la chose, cela cache des cotés bien plus profonds !

Et de la meme façon du coté du "mouvement social"...
Louis
 
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Message par Barikad » 23 Fév 2004, 22:49

Franchement Cyrano, je ne dirais qu'une seule chose =D> =D> =D>
Barikad
 
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Message par Cyrano » 23 Fév 2004, 23:45

« au dela du coté "médiatique" de la chose » (LouisChristianRené). Certes, ce n'est pas parce que les journalistes s'entichent d'un sujet que cela voudrait dire, ipso facto, que le sujet n'est qu'une vessie. Tu rappelles justement la flambée qu'il y avait eu sur le trotskysme, suite à la "découverte" de la jeunesse trotskysante d'un Lionel J… alias "Michel". Ça avait débordé les pages onctueuses du Monde pour dégouliner dans Le Parisien, et même dans le JDD.
(Une remarque hors-sujet : les formules "ailées", pourquoi pas ? Remember "Eros ailé" d'Alexandra Kollontai.)
On en est où ? En vrac, comme ça me vient :
Il y a bel et bien eu quelque chose qui fut nommé "mouvement social", avec des guillemets, ensuite, SVP. L'utilisation stakhanoviste du terme date de la fin 1995 – suite aux grèves et manifs. Pas facile de savoir ce que c'était devenu lorsqu'on voit le fourre-tout affiché par ceux qui en parlaient – fallait une grande table pour organiser une table ronde. Des éléments de ce mouvement social existaient largement avant 1995. Il semble que l'onction des intellectuels aidera fortement à créer l'affaire. Le fourre-tout était devenu commode (et un tantinet snob ?). Mais parlons-en des penseurs…
Le penseurs se penchent sur le mouvement…
Le mouvement de 1995 fut si puissant que ceux qu'ont l'habitude de causer apportèrent leur soutien (oK, on s'en plaint pas) et ils voulurent montrer leur bonne volonté. Dès le début 1996, des intellectuels, des clubs de réflexion lancent des initiatives :
- « Le sociologue Pierre Bourdieu appelle à des états généraux du mouvement social
Plusieurs dizaines d'intellectuels, syndicalistes et représentants d'associations, à l'initiative du sociologue Pierre Bourdieu, ont publié, vendredi, un appel pour la construction, "tout au long de l'année 1996, de vastes états généraux du mouvement social.
» (Libé,10 févr. 1996)
- « Les "clubs" font le bilan du mouvement social
A gauche, il y a les deux "grands", PS et PCF, les "petits", écologistes ou d'extrême gauche, et une kyrielle de clubs et d'associations. Ces derniers se sont réunis samedi.
» (Libé, 12 févr. 1996)
La traversée de Paris
Un groupe de sans-papiers va faire l'actualité du "mouvement social" de 1996.
La chevauchée commence le 18 mars : quelques dizaines de sans-papier occupent l'église Saint-Ambroise. Mgr Gaillot, puis l'abbé Pierre apportent leur soutien. Expulsés, ils se réfugient dans le gymnase Japy. Evacués par la police, ils trouvent refuge à la librairie La Brèche. SOS Racisme et Fodé Sylla se mêlent de l'affaire… pour critiquer les méthodes d'action employées ( !). Les sans-papiers sont hébergés dans les locaux de SUD-PTT, puis dans les théâtres de la Cartoucherie de Vincennes. Des personnalités les soutiennent et lancent un appel pour la désobéissance civile. Les sans-papiers échouent dans des locaux SNCF. Les femmes occupent la mairie du XVIIIe. Le 28 juin, le groupe occupe l'église Saint-Bernard. Dix d'entre eux entament une grève de la faim (elle durera 50 jours !). L'archevêché de paris apporte son soutien. Mme Mitterrand, Marina Vlady, Emmanuelle Béart iront à Saint-Bernard. Le 21 août, trois représentants des sans-papier (dont Aboubakar Diop) sont reçus par les ministres Debré et Emmanuelli. Le même jour, une manifestation de soutien rassemble plusieurs milliers de personnes entre la place de la République et l'église Saint-Bernard. Le 23 août au matin, les 10 entament leur 50e jour de grève de la faim, et à 7h30, 1.100 CRS et Gardes mobiles bouclent le quartier de la Goutte d'Or et donnent l'assaut, défonçant les portes à coups de hache.
Pourquoi je raconte ça ? Bin, pasque, comme ça. Pasque je vais causer des Etats généraux du mouvement social.
Cyrano
 
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Message par Cyrano » 23 Fév 2004, 23:47

Des Etats généraux du mouvement social (fin novembre 1996)
L'idée de Pierre Bourdieu (émise début année 1996) se concrétise :
« Relayeurs du mouvement social.
Un an après, les Etats généraux tentent de relancer la réflexion. A quelques jours du premier anniversaire du début de la grande grève des cheminots, les acteurs nostalgiques du mouvement social de l'hiver 1995 se retrouvent ce week-end à Paris.
» (Libé, 22 nov. 1996) – On peut remarquer le terme "relayeur"… Le témoin a changé de main… Mais qui l'a passé ? mystère. Sans médire, j'en soupçonne certains de se l'être octroyé purement et simplement. Alors, ces Etats généraux, c'est quoi ?
« Les Etats généraux du mouvement social veulent « [i]renouer avec l'internationalisme »
"Pas la peine de voter, on continue", a expliqué le philosophe Henri Maler en guise de conclusion, à l'adresse des quelque trois cents intellectuels, syndicalistes et militants associatifs, venus assister, les 23 et 24 novembre, à Paris, aux premiers "états généraux du mouvement social".[/i] » (Le Monde, 26 Nov. 1996)
« On » ? On continue quoi ? Mais un philosophe, ça ne doit pas parler à tort et à travers, je suppose.
Et le mouvement social dans tout ça ? Ah, j'oubliais, alors on va revenir au discours inaugural de ces Etats généraux de la fin novembre 1996, on y retrouvera les sans papiers. Voici la transcription :
* Première session des Etats généraux du mouvement social - Paris, 23-24 nov. 1996.
Séance inaugurale. Vendredi 23 nov. - Président de séance Jacques Lerichomme
Jacques Lerichomme :
« S'il fallait définir en peu de mots les États généraux du mouvement social, deux suffiraient, que nous avons criés, scandés pendant tout le mois de décembre : "Tous ensemble !" Tous ensemble dans la rue, les salariés, les exclus, les sans-droits, les chômeurs, les syndicalistes, les intellectuels, les militants associatifs. [...]
La dignité, le gouvernement en a manqué lorsqu'il a expulsé les sans-papiers de l'église Saint-Bernard. Pour nous, le régulier, le normal, c'est que cette première session des États généraux soit ouverte par le collectif des sans-papiers. Ababakar Diop, tu as la parole.
»
Ababakar Diop (collectif des sans-papiers) :
« Quand nous avons appris que se tenaient les États généraux du mouvement social, nous avons téléphoné pour être invités, pour la simple raison que nous, les sans-papiers, nous faisons partie de la société, même si nous en avons été exclus, comme les chômeurs et les sans-domicile fixe. Et nous avons estimé qu'il était normal de venir dire quelques mots de solidarité à l'ensemble du mouvement social. »
Voilà pourquoi j'ai raconté une traversé de paris. C'est un peu fort de café ! Les sans-papiers ont mené une lutte héroïque durant plusieurs mois de l'année 1996, l'actualité du mouvement social, c'est eux, mais les chercheurs auto-proclamés du mouvement social ne sont pas des trouveurs. Le groupe emblématique qui a fait l'actualité de l'année doit décrocher le téléfon pour s'inviter… Le moins qu'on puisse dire, c'est que le "Tous ensemble !" ne semble pas encore au point.
Des Etats généraux du mouvement social, bis (janvier 2002)
Ça va mettre un bout de temps avant que le « On continue » trouve une suite. Ce n'est qu'en janvier 2002 que se tiendra la deuxième mouture des Etats sus-nommés généraux au sujet d'un mouvement précité social.
« Mouvement social : premiers états généraux contre les projets patronaux.
Des idées pour mobiliser contre le MEDEF. Plus de 200 participants ont posé de premiers jalons pour la construction de solutions progressistes contre l'offensive libérale du MEDEF.[...] Une centaine de personnalités, chercheurs, économistes, universitaires, syndicalistes, parlementaires, militants associatifs et de partis politiques ont été à l'initiative de ce forum qui se donnait l'objectif de démasquer le projet patronal et suggérer des alternatives à son entreprise de dégommage social.
» (Humanité, 17 Janv. 2002).
On notera que 5 ans et demi après les premiers Etats généraux, ça progresse grave : les participants « ont posé de premiers jalons », et le forum se propose de « suggérer des alternatives ». Franchement, les ami-e-s d'ici, lecteurs et écriveurs de ce forum, entre nous, je vais vous avouer : si j'étais intellectuel, si je tournais en rond dans mon bureau, le front et le pantalon plissés, avec tout mon temps pour cogiter, et qu'au bout de presque 6 ans, je n'aurais trouvé que des « premiers jalons » (et en plus, pas les derniers, mais les premiers !), que je ne serais capable que de « suggérer » de possibles éventuelles pistes pour des alternatives, eh bien je me ferais porter malade, et je la fermerais ! Et j'aurais quelque pitié pour les pauv' pommes qui avalent mes écrits !
J'oubliais : ces braves gens voulaient « démasquer le projet patronal »… Ouf ! J'suis con : je m'apprêtais à envoyer mes vœux au baron Seillière (Ernest-Antoine), mais grâce aux Etats généraux, j'ai tout compris, j'ai économisé un timbre.
Ah merd euh ? excuses ! Je recommence : Ah zut ! j'ai encore oublié : « construction de solutions progressistes » et « des alternatives »… Ça, ça fait bander, pour sûr… Le tabac a certes diminué mes facultés olfactives, mais je suis encore capable de renifler le réformisme – faut reconnaître que là, ce n'est pas bien difficile.
Bon, je vais prendre mon repas. Je clique, correcteur ortho, là, modifier, et ici aussi, voilà, j'ai l'âme en paix.
Cyrano
 
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