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« La LCR devrait être avec nous », une tribune de membres de la Gauche populaire et citoyenne à propos des régionales
Candidats ou membres du comité de soutien de la liste « Gauche populaire et citoyenne » en Île-de-France, Jean Brafman, Pierre Cours-Salies, Bénédicte Goussault, Pierre Zarka et Malika Zediri interpellent la direction de la LCR.
Dans quelques semaines, une nouvelle épreuve attend les habitants de notre pays, les salariés, celles et ceux pour et avec lesquels nous avons toujours combattu.
Certes les élections régionales ne constituent qu’un moment de la longue histoire des relégués de la richesse, des laissés-pour-compte de la société capitaliste et des exclus de la parole. Mais leur enjeu est redoutable : vont-elles consolider une simple alternance dans la gestion du libéralisme, un choix entre le PS et une droite de plus en plus sous la pression du FN ?
Nous souhaitons, à l’opposé, qu’elles soient une occasion pour reconstruire une gauche antilibérale, écologiste, anticapitaliste, féministe, altermondialiste.
Nous voulons regrouper une force qui résiste et qui bouscule, pour une vraie politique de gauche au conseil régional. Quel sera le cadre de l’alliance, le 21 mars au soir ? Nous appelons à battre la droite au second tour et permettre une majorité plus solidement de gauche, prenant des mesures d’urgence... Affirmer une gauche de gauche en Île-de-France mettra un coup d’arrêt à l’accroissement des inégalités dans l’une des régions les plus riches d’Europe. Ce sera aussi une étape dans la reconstruction d’une perspective politique.
Nos chemins sont séparés. Pourquoi ? Nous nous sommes retrouvés dans les luttes, dans les mouvements sociaux, pour les sans-papiers et contre le racisme et les discriminations, dans les mouvements antiguerres, dans les luttes féministes, dans les initiatives antilibérales et altermondialistes, dans les résistances environnementales et les exigences écologiques, au FSE et au FSM. Avec vous, mais très rarement avec les membres de LO, qui nous ont souvent combattus sur ces terrains.
Nous y avons retrouvé des milliers de militantes et militants, organisés ou pas, aspirant à une vie meilleure, avec l’idée qu’un autre monde est possible. Et qu’il est urgent et nécessaire de le préparer ensemble, dès aujourd’hui, dans un projet commun et dans des mesures qui changent tout de suite la vie des plus démunis, qui redonnent de l’espoir et de la combativité à la grande majorité de la population et des salariés.
Nous avons fait ce choix en Île-de-France et nous aurions voulu le faire avec vous, comme nous l’avons commencé avec nos camarades communistes, syndicalistes, associatifs, altermondialistes, féministes, écologistes autour de Claire Villiers et Marie-George Buffet. Ni la simple colère, ni l’adaptation : nous voulons que les tenants du libéralisme trouvent face à eux des combattants déterminés à les arrêter.
Nous y retrouvons des ami(e)s et camarades de sensibilités et d’attaches différentes, mais tournés vers une seule ambition : s’attaquer sans attendre aux obstacles du bien-vivre, au règne de l’argent, de la Bourse et du Medef, à ses représentants politiques, jusque dans les institutions, les assemblées ; pour changer de politique et gérer avec les citoyennes et les citoyens grâce à des propositions nouvelles et populaires.
Cette dynamique commune avec des forces politiques, des actrices et acteurs du mouvement social, des citoyennes et citoyens, nous la vivons autour de la nouvelle construction politique qui a abouti à la liste « La gauche populaire et citoyenne » avec quatre têtes de listes non communistes. Elle serait plus forte si un regroupement avait vu le jour dès le mois de mai 2002, voire dès le dernier printemps de lutte. Elle serait plus forte si vous y participiez, ce qui n’a rien à voir avec un reniement.
C’est un tout autre choix que la LCR a fait, avec LO, qui n’a jamais rien proposé d’applicable et de solidaire tout de suite, de mobilisateur pour l’avenir, qui n’a rien fait de tangible au conseil régional sortant, en dehors de grandes déclarations déconnectées de la réalité.
Vous avez décidé l’accord qui vous lie, réservé la conduite et la composition des listes de vos deux organisations, de la façon la plus traditionnelle. Vous ne vous êtes pas souciés un instant de faire de la politique autrement. De tous ceux et celles avec qui nous avons lutté, votre démarche s’est coupée. À côté du combat quotidien et des recherches pour faire du neuf, à vous les élus et la direction des opérations. Telle n’est pas notre conception de la politique, ni de toutes celles et tous ceux qui se sont mis en mouvement au FSE, au Larzac et ailleurs.
Alain Krivine et Olivier Besancenot affirment, dans Le Figaro et Rouge qu’aucune alternative crédible n’existe, face aux attaques qui sont menées actuellement par le gouvernement et aux réponses social-libérales de la gauche plurielle, hors alliance LO-LCR. Les 12 000 communistes qui ont voté, en décembre dernier, à 80 %, pour une liste que nous avons construite ne sont rien ? Et les dizaines de milliers de personnes qui souhaitent et approuvent cette nouvelle démarche politique ne sont rien ? Allons donc ! Vous avez cru cela impossible. Mais cela existe. Et se développe. Allez-vous nous combattre ? Et comment justifierez-vous votre hostilité ? N’insultez donc pas l’avenir : il serait plutôt désespérant qu’il n’existe rien entre le PS et les groupes d’extrême gauche.
Nous aurions souhaité votre contribution à une dynamique commune, pour une gauche de gauche bien affirmée et créatrice. C’est là que votre expérience et votre vision souvent incisives, que nous connaissons dans nos combats communs, auraient été vraiment efficaces.
Que ferez-vous de vos voix, entre les deux tours ? Pouvez-vous ne pas suivre une voie sectaire portée par LO, faire volte-face ? Il n’est jamais trop tard pour éviter une faute politique. Pourquoi ne pas chercher à convaincre vos alliés de faire, avec nous, le choix d’une gauche anticapitaliste, une force de résistance, portant et obtenant des mesures urgentes et défendant des options pour une vraie politique de gauche au conseil régional ?
Nous devrions y être partenaires avec trois volontés inséparables : combattre le capital et le libéralisme sous toutes ses formes, associer pour cela toute la population, rassembler dans la durée pour construire cette nouvelle approche politique, battre la droite et l’extrême droite, obliger le PS, les Verts et autres partis de gauche à tenir leurs engagements et les rehausser. Pouvez-vous vous désintéresser des enjeux du deuxième tour ? Jamais la droite, si elle est laissée libre de faire sa politique, ne tiendra quittes les précaires, les sans, les exclus, les discriminés.
Nous souhaitons retrouver le maximum d’entre vous dans nos combats avec les habitantes et habitants, les salariées et salariés d’Île-de-France : sans attendre, le combat c’est maintenant !
C’est l’heure des choix : le combat continue, le débat aussi.