Champagne-Ardenne

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Message par pelon » 03 Mars 2004, 12:38

a écrit :
Champagne-Ardenne : la droite paraît inexpugnable

Châlons-en-Champagne : Christian Cornevin
[03 mars 2004]

Comment la liste UMP du président Jean-Claude Etienne pourrait-elle être battue en Champagne-Ardenne, terre conservatrice dont les quatre départements sont à droite et où l'on ne compte qu'un député de gauche sur quatorze ? La question élémentaire est pourtant taboue. Chacun fait mine de croire en son étoile.

C'est le cas du Front national (neuf élus en 1998) qui se voit cette fois appliquer son programme : sécurité, tour de vis à la culture... Le ton est donné et Bruno Subtil, la tête de liste, n'affiche aucun complexe. «Les gens ne se cachent plus aujourd'hui pour voter FN. On peut arriver en tête au premier tour», assure-t-il, justifiant son optimisme par le résultat de la dernière présidentielle. Dans les Ardennes (22,9%), en Haute-Marne (22,4%) et dans l'Aube (21,7%), Jean-Marie Le Pen avait viré en tête. Seule la Marne lui avait, de peu, préféré Jacques Chirac.

L'UDF, pour sa part, a retrouvé des couleurs après la performance plutôt moyenne de François Bayrou en avril 2002. «Les temps ont changé», affirme Charles de Courson qui, associé au mouvement Ruralité-Chasse-Pêche, évoque déjà le doublement du score de son parti aux législatives. «Les résultats vont une nouvelle fois étonner les Français. Il y a un véritable mécontentement dans le pays», prédit-il.

Les Verts ayant décidé de faire cavalier seul, la gauche ne sera pas tout à fait plurielle. Et l'union PS-PCF n'a pas été facile à mettre en place, bien des militants communistes désirant aller seuls à la bataille. Mais les scores de Robert Hue ont été si misérables au printemps 2002 que la bouée socialiste a été préférée à la noyade annoncée. Dans un souci d'apaisement, la tête de liste, le socialiste Jean-Paul Bachy, relativise toutefois. «La composition des listes, dit-il, n'est simple pour personne. Pourquoi croyez-vous que l'UMP a déposé la sienne au dernier moment ?»

Le maire de Sedan reste toutefois lucide : «Si la Champagne-Ardenne passait à gauche, ce serait historique», déclare-t-il. Apprécié pour son urbanité et sa pondération, ce professeur d'économie n'en reste pas moins un militant de choc qui juge sévèrement la politique de la droite et espère secrètement bénéficier d'un «vote sanction»... dont l'UDF et le FN attendent également beaucoup. «A qui profitera-t-il ? Bien malin qui peut le dire», juge-t-il.

L'UMP, en définitive, devra surtout éviter de pécher par excès de confiance. «Il n'est pas dans ma nature de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué», rassure le président sortant Etienne. Celui-ci met en avant la bonne gestion de sa région, un bilan qu'il estime satisfaisant, citant à l'appui la récente enquête d'un mensuel économique attribuant à la Champagne-Ardenne le titre de «région la mieux gérée de France».

Un argument qui n'en est pas un, selon l'UDF et le PS, relativisant de concert cette flatteuse appréciation. «Les chômeurs sont quelques milliers de plus dans les Ardennes depuis un an, tonne Jean-Paul Bachy. Allez-leur expliquer qu'ils sont heureux de vivre dans la région la mieux gérée. Si elle était si attractive, on s'y précipiterait. Or c'est le contraire qui se produit. L'Insee prévoit encore une perte de 30 000 habitants dans les quatre années à venir.»

Quant à Charles de Courson, il évoque «un chômage supérieur à la moyenne nationale, les jeunes diplômés qui émigrent, les inégalités croissantes entre les territoires». Certes, les retrouvailles n'en seront pas moins inévitables entre UMP et UDF. «Mais ainsi connaîtra-t-on mieux le choix des électeurs, insiste Charles de Courson. Ce sont eux qui doivent décider du poids de chacun, pas les états-majors.»

Un sentiment qui anime aussi les Verts, dont les militants, à 80%, ont dit leur préférence à l'autonomie «pour davantage de lisibilité». «Ce n'était pas forcément mon choix», avoue honnêtement Marie-Angèle Klaine, professeur de français et conseillère municipale d'Epernay. Sortante (élue avec la gauche plurielle), elle conduira la liste qui entend bien fusionner au soir du premier tour... A condition de n'être pas éliminée, faute d'avoir pu réunir les 5% de voix nécessaires. Une perspective qui n'est pas inenvisageable si l'on se réfère aux scores de Noël Mamère en 2002, qui ont oscillé de 3,9% à 4,7% selon les départements de la région.

Le seuil des 5% ne semble pas effrayer en revanche la coalition d'extrême gauche. Avec à sa tête son seul conseiller sortant, Thomas Rose, elle entend bien le franchir. Et, si l'élimination devait cependant survenir, ce dernier n'a pas de cas de conscience. Fidèle à la ligne Laguiller aux dernières présidentielles, il assure qu'il n'y aura «pas de consigne de vote». En 1998, LO avait obtenu 5,35% des suffrages, un score deux fois inférieur à l'addition des voix de Besancenot et Laguiller en 2002.

Reste l'invitée surprise, la liste du MNR dont l'intitulé est tout un programme : «Islamisation, impôts, délinquance, injustice... ça ne peut plus durer ! La vraie droite en Champagne-Ardenne !» Privé de son chef, Bruno Mégret, déclaré inéligible pour les mêmes raisons que Jean-Marie Le Pen en Paca, la non-domiciliation dans la région, le MNR sera conduit par un Haut-Marnais, Jacques Gaillard, délégué national aux fédérations, qui tentera d'égaler au moins les quelque 3% de la présidentielle.


Demain : la Haute-Normandie
pelon
 
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