Camarades, il était une fois les communistes franç

Message par Barikad » 12 Avr 2004, 10:40

(pelon @ lundi 12 avril 2004 à 10:46 a écrit :
(Barikad @ dimanche 11 avril 2004 à 22:19 a écrit :Dans un registre legerment différend, je conseille aussi "Memoire d'Ex" en trois volumes:
http://www.lesfilmsdici.fr/moteur/presult....%20D'EX%201

Effectivement un excellent documentaire, "mémoires d'ex". Mais, plus on avance dans le temps, c'est-à-dire plus on s'éloigne de la révolution russe, et on plus le côté réformiste l'emporte. Entre ce militant recruté en 32 et Juquin, il y a un monde. Certes les vieux militants recrutés sous le stalinisme triomphant, par exemple dans la 3ème période de l'IC, étaient déformés par cette monstruosité qu'ils croyaient être le communisme et qui en était son antithèse. Mais, pour nombre d'entre eux, qui étaient admirables sur le plan du dévouement, du courage, quel gâchis! Au delà des assasssinats, des massacres, c'est aussi cela le crime de la bureaucratie stalinienne. Ce "Mémoires d'ex", de Mosco, sort en DVD.

Il sort en DVD le 28 avril et déjà disponible en VHS. Un tres beau cadeau militant.
Sinon pour les parisiens, il est en visionnage gratuit à Beaubourg
Barikad
 
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Message par Cyrano » 17 Avr 2004, 12:51

C'est pratique un magnétoscope
Je viens de voir enfin ce documentaire que j'avais enregistré la semaine dernière.
C'est bien fidèle au projet indiqué par son titre : "Camarades, il était une fois les communistes français". Ce n'est pas un documentaire sur le Parti communiste français, mais sur les femmes, les hommes, les familles entières (générations confondues) qui ont mis leurs espoirs, leur énergie dans ce parti.
Je ne trouve pas que « c'était méprisant », comme l'écrit Thomas. Le réalisateur montre bien ce qui unissait les adhérents du Parti communiste, sans porter l'opprobre sur ces adhérents. C'est vrai qu'en cela, l'émission est chaleureuse. Alain Krivine, avec sa facilité habituelle, résume bien l'affaire :
« Il faut bien comprendre que si des millions de gens ont adhéré, sont passé par le P.C., c'était pas une adhésion au goulag, c'était pas une adhésion aux crimes qu'il y a eu à l'époque du stalinisme, sinon on ne comprend rien, les gens sont fous. C'était donc une adhésion à des choses extrêmement positives. »
Je trouve même que loin d'être méprisant, ce documentaire gomme plutôt ce qu'il pourrait y avoir de pitoyable dans cette énergie dévoyée. Une adhérente du PCF dit :« Nous, on s'est pas tellement posé de questions. » Ben oui, et c'est dommage.
Bon public ?
Je vous trouve plutôt bon public, en qualifiant cette émission d'excellente (rojo), ou de très bonne (Bertrand).
C'est vrai que l'ambiance générale semble être bien rendue, du moins l'ambiance de la base militante. Mais ça ne montre que ces vies encadrées par le PCF, « de la naissance au cimetière », des vies de braves gens qui ne se posaient pas de questions. La vision idyllique proposée n'est pas méprisante, comme l'écrit Thomas, mais ne renvoie pas forcément une vision positive de ces communistes (dans un sens, je comprends un peu pourquoi Thomas y a ressenti du mépris – la réalisation du documentaire permet peut-être de prêter le flanc à des railleries).
En évacuant les sujets brûlants, ça évite de mettre les choix des militants face au nationalisme écœurant ou face à l'agitation débile.
Je ne pense pas que ce soit « très instructif de ce que peut être un parti ouvrier. » (rojo). Ecrit comme ça, ça me semble insuffisant. Ce n'est pas un modèle de ce que peut être un parti ouvrier. C'est un modèle de ce que peut être un parti qui se dit représentant des intérêts d'une classe ouvrière pour l'entraîner dans une impasse : l'abandon d'un projet, celui de la transformation révolutionnaire de la société. On fera passer les succès municipaux, les places obtenues, pour le fin du fin de l'action, une illusion mortelle.
On nous parle de l'extraordinaire mouvement de solidarité avec les mineurs en grève, en 1963. C'est évident : ça nous montre des militants débordant d'énergie, dévoués, solidaires, mais cette solidarité n'est organisée que pour canaliser les énergies ailleurs que dans l'extension d'un mouvement – une félonie.
« Il y a quelques inexactitudes »… Oui, quelques… mais elles sont très significatives.
Des omissions (volontaires ?)
Le choix du réalisateur de centrer son documentaire sur les espoirs, la générosité, les illusions des adhérents de l'après-guerre et dans les années qui suivent ne peut malgré tout excuser quelques oublis ou négligences. J'en choisi deux :
1. le départ des ministres communistes, en 1947.
On voit Maurice Thorez, ministre de De Gaulle, dans un discours qui reste une honte indélébile, exhorter la classe ouvrière à produire, produire, produire encore. Ensuite, on nous parle de « crise gouvernementale » pour expliquer le départ des ministres communistes.
Ce n'est pas une inexactitude : des ministres qui sont virés, certes, c'est bien une crise gouvernementale, mais… ça ne dit pas pourquoi il y a eu cette crise, après la lune de miel de l'immédiat après-guerre. La « crise gouvernementale », le PCF s'en serait bien passé ! C'est suite à des luttes énergiques de la classe ouvrière, des luttes qui se développèrent contre la volonté du PCF, et parce que le PCF n'arrivait plus à les contenir qu'il choisit de s'y investir. Ce choix entraîna le départ des ministres communistes – et ce n'est pas une des pages les plus glorieuses de l'histoire du PCF.
2. l'Algérie.
On est loin de la vérité historique complète. On nous parle de l'effort des militants pour éviter la mobilisation des troufions. On oublie de nous dire combien la direction du PCF et son journal l'Humanité se sont déshonorés dans cette histoire : les massacres de Sétif, les jugements sur le mouvement de libération du peuple algérien, la passivité dans la dénonciation de la torture avant que la presse chrétienne ne s'y attelle. Ensuite, bien sûr, on peut nous parler, à juste titre, de l'héroïsme de Henri Alleg, etc. Mais passer sous silence les premières attitudes du PCF, ça n'aide pas à comprendre.
Thomas écrit que « ça se voyait que c'était un non communiste qui faisait le reportage. » Je ne ressens pas du tout ça, c'est même plutôt favorable au PCF, en gommant pudiquement des attitudes ce de parti.
Un gâchis !
Indiscutablement, « Pour ceux qui n'ont pas connu ce que pouvait être la puissance du PCF a une epoque, je crois que c'etait tres instructifs. » (Barikad). Alors, évidemment, par rapport à ce que c'est devenu, rien d'étonnant à ce que Thomas y ressente « un air d'enterrement » – mais c'est ainsi. Voir l'implantation, les liens du PCF avec la classe ouvrière, « C'est hallucinant!!! », comme l'écrit Nestor Cerpa.
C'était une autre époque, et je ressens personnellement de la colère à voir tous ces militants « qui étaient admirables sur le plan du dévouement, du courage, quel gâchis! », comme dit rojo. La stalinisme… ça a été un sacré cancer !
Surtout que ces militants se retrouvent avec rien, sinon une étrange amertume.
Les intellectuels s'en sortent, eux. Même si on les voit s'insurger contre des positions du PCF (par exemple sur l'avortement, sur le municipalisme), ils savant paraphraser pour rester dans le giron réformiste (je n'arrive pas à croire à la sincérité complète d'Henri Malberg).
Le témoignage de Vera Belmont était excellent. Je suis OK avec Barikad qui soulignait qu'elle était touchante.
On verra la suite ce soir, le début de la catha !
Cyrano
 
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Message par Gaby » 17 Avr 2004, 13:32

a écrit :1. le départ des ministres communistes, en 1947.
On voit Maurice Thorez, ministre de De Gaulle, dans un discours qui reste une honte indélébile, exhorter la classe ouvrière à produire, produire, produire encore. Ensuite, on nous parle de « crise gouvernementale » pour expliquer le départ des ministres communistes.

Thorez a bien été ministre de De Gaulle, mais ce dernier a quitté sa fonction fin janvier 1946, dans l'espoir d'être rappellé ensuite tel l'homme providentiel qu'il a toujours voulu être.
Quand Thorez fait ce discours, c'est pas plutôt Auriol le président de la république ?

Je ne sais pas si tu voulais simplement souligner que Thorez a cohabité avec De Gaulle un temps, mais en tout cas il faut rappeller les particularités de la scène politique au début de la IVème. C'est vrai qu'il a quelque chose de tragi-comique dans les politiques qui ont été menées.
Gaby
 
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Message par Barikad » 17 Avr 2004, 17:23

Dans Rouge cette semaine:
a écrit :A propos de "Camarades"

Moins de 4 % à la présidentielle avec Robert Hue. Moins de 8 % lors des régionales en Île-de-France avec Marie-George Buffet. Mais, dans les années soixante-dix, le PCF atteignait près de 30 % dans la région autrefois baptisée la "ceinture rouge de Paris". En l'espace d'une trentaine d'années, le "parti de la classe ouvrière" est devenu une formation qui, sur le plan national, fait à peu près jeu égal avec l'extrême gauche révolutionnaire. Et pourtant, malgré son soutien inconditionnel au système stalinien d'URSS et des pays de l'Est, malgré son in-compréhension totale du mouvement de Mai 68, malgré son fonctionnement bureaucratique, ce sont des millions de gens qui sont passés dans ce parti. Encore aujourd'hui, dans les familles ouvrières, on retrouve toujours quelqu'un "qui a été au Parti". C'est dire son poids dans les traditions et la culture du monde du travail.
Le documentaire Camarades, dont France 3 a présenté samedi 10 avril la première partie, est une excellente contribution pour comprendre ce qu'a été le PCF et les raisons de son déclin. En réalisant ce film, Yves Jeuland a évité, à juste titre, de faire "l'histoire" du PCF, mais il a voulu montrer, en mêlant témoignages et film d'actualité, comment s'est construite cette contre-société qui a permis à tant de travailleurs de s'organiser, de s'éduquer et de lutter. Et cela malgré une orientation politique fondamentalement conservatrice, que ce soit avec la peur d'être débordée par les gauchistes en 68 ou avec l'exclusion du parti de militants homosexuels. Les témoignages de familles communistes de différentes générations (mineurs du Gard ou du Pas-de-Calais ou paysans du Limousin) sont émouvants. Le PCF leur a donné les moyens de sortir du carcan de la société capitaliste avec ses différentes "organisations de masse" (colonies de vacances, sports, tourisme, ciné-clubs, etc.). La deuxième partie du film, projetée samedi 17, traitera du déclin. L'implosion du stalinisme et de l'URSS, de même que la disparition des couches traditionnelles de la classe ouvrière où étaient implanté le PCF, expliquent en partie la crise actuelle ; mais la seule faiblesse de ce documentaire passionnant est de n'avoir pas traité aussi, comme autre élément d'explication, les participations gouvernementales à partir de 1981. La crise du PCF est bien une crise d'identité.

Raphaël Duffleaux
Rouge 2060 15/04/2004
Barikad
 
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Message par zejarda » 18 Avr 2004, 13:04

le reportage est bien, il montre ce que le PC a pu être, mais il ne réponds pas au questions qu'il pose.
On parle de Duclos a 20%, pour finir par Hue a 3.37, sans apporter un début d'explication.
zejarda
 
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Message par Bertrand » 18 Avr 2004, 13:10

Hé bien oui, je suis bon public !
Ce genre d'émission me prend toujours aux tripes.
Se mêlent un sentiment profond de solidarité, de respect (pas pour Marchais ni l'ajointe au maire d'Ivry :hinhin: ) et la colère face à un tel gâchis.
Les leçons politiques à en tirer. Je sais.
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