(François Delpla @ lundi 26 avril 2004 à 08:36 a écrit :Si vous laissez faire le jeu habituel des forces, vous n'avez certainement pas une guerre mondiale dès 1939. Adolf Hitler fait mûrir l'objet par toutes sortes d'artifices, en s'y employant jour et nuit, une fois qu'il a botenu le pouvoir. Les satisfactions données aux patrons sont l'un des moteurs de sa réussite, mais aussi celles qu'il donne à la classe ouvrière, certes privée de droits mais point du tout aussi accablée de travail et frappée dans son pouvoir d'achat qu'on ne le dit dans la quasi-totalité de la littérature de gauche. La hausse du niveau de vie est certaine, et paraît devoir se poursuivre.
Je voudrais bien savoir en quoi le nazisme aurait permis une "augmentation du niveau de vie de la classe ouvrière" d'Allemagne.
Sans même parler des conséquences de la guerre et de la politique raciste pour la classe ouvrière, ni de la liquidation de toutes les organisations ouvrières (politiques, syndicales et même mutualistes), ou de l'interdiction du droit de grève, voilà quelques chiffres :
- Du 30 janvier 1933 à l'été 1935, les salaires ont été réduits de 25% à 40%, si bien qu'en 1935 pour de nombreux ouvriers le montant du salaire est inférieur à celui de l'allocation chômage de 1932. Aussi, selon Daniel Guérin, en 1935, près de la moitié des ouvriers touchent moins de 30 marks par semaine. L'Angriff, le journal nazi, ne dit pas autre auche lorsqu'il évalue le salaire moyen mensuel entre 80 et 150 marks. Et il faut ajouter que ces salaires de misère sont amputés de 20% à 30% par divers impôts (impôt sur le salaire, impôt municipal, impôt pour les célibataires...), cotisations obligatoires (Front du travail, Kraft durch Freude, etc.).
Les déclarations de Johann Georg Elser, menuisier qui a tenté d'assassiner Hitler en novembre 1938, lors de son interrogatoire vont dans le même sens : si c'est surtout par pacifisme qu'il a voulu tuer Hitler, il reproche aussi aux nazis de mener une politique anti-ouvrière, et cite comme exemple le salaire horaire de menuisier qui est passé d'un mark (1929) à 68 pfenning en 1938.
- Les jeunes gens qui sont obligés de faire un Service de Travail (sorte de STO en Allemagne et pour les jeunes travailleurs allemands) ne touchent que 50 pfennings par jour.
- Toutes les allocations (vieillesse, maladie, accident, chômage...) sont fortement diminués, et les caisses ouvrières de secours mutuels sont dissoutes.
- Pour ce qui est du temps de travail, les ordonnances nazies permettent des dérogations à la journée de huit heures, ce qui permet de prolonger la journée de travail jusqu'à 10 heures (Source : Le Peuple, 19 août 1937, cité par Daniel Guérin dans "Fascisme et grand capital").
- La loi du 26 février 1935 institue un "livret de travail", où le patron note ses appréciations sur l'ouvrier lors de la fin du contrat. Un décret de Goering stipule que si un ouvrier rompt son contrat avant le délais fixé, l'employeur a le droit de conserver le livret.
- etc, etc, etc ...
Et tout cela c'est avant la guerre !