Kerry se refuse à condamner franchement les tortur

[mael.monnier]

États-Unis
Kerry se refuse à condamner franchement les tortures

Le candidat démocrate à la présidentielle avance avec d’infinies précautions sur le dossier du scandale des exactions contre les prisonniers irakiens.

New York,

correspondance particulière.

Alors que l’Amérique est convulsée par les photos des tortures à la prison d’Abou Gharib et qu’elle retient son souffle en attendant des photos plus ignobles encore, John Kerry s’enflamme sur d’autres questions. Le candidat démocrate à la présidentielle se trouvait à Louisville, dans le Kentucky, mardi, où il a abordé la question des soins médicaux. La semaine dernière, alors que le scandale des prisonniers irakiens venait d’éclater, il avait choisi de s’exprimer sur la question des lycées. "Kerry a, semble-t-il, décidé de s’intéresser aux problèmes nationaux. Et sa réaction modérée à l’égard du scandale des tortures ne laisse pas d’étonner. " Donald Rumsfeld s’est excusé au Congrès. Mais la chaîne de commandement mène directement au Bureau ovale ", a-t-il finalement déclaré à Phoenix (Arizona), après six jours de quasi-mutisme. "Pourquoi Kerry n’exploite-t-il pas le dossier des prisonniers irakiens qui menace d’emporter cette administration ? Selon ses aides, le candidat démocrate ne veut pas " politiser " le dossier irakien car il n’envisage aucun retrait militaire. " L’administration Bush a échoué en Irak mais un retrait ne fait l’objet d’aucune discussion dans le camp Kerry ", a expliqué sa porte-parole, Brooke Anderson. "En fait, étrangement, les derniers sondages semblent donner Bush et Kerry perdants lors des élections 2004. Selon un sondage, 58 % à 62 % des Américains pensent que le pays est sur la mauvaise voie. Et un récent sondage Gallup dévoile que la popularité de Bush est au plus bas, avec 46 %. Enfin, seulement 44 % des Américains soutiennent désormais l’effort de guerre. Mais Kerry n’est pas parvenu à exploiter ce changement en sa faveur. Développement inquiétant pour le démocrate, le candidat indépendant Ralph Nader a appelé à un retrait militaire, ce qui lui a valu une hausse dans les sondages (de 3 % à 5-7 %). Les conseillers politiques de Kerry pourtant n’en démordent pas : aucun retrait à l’horizon. Cela nuirait à l’image de marque de Kerry en matière de sécurité nationale.

Natasha Saulnier