Rap engagé...

Message par ianovka » 05 Juin 2004, 00:45

(LouisChristianRené @ vendredi 4 juin 2004 à 21:00 a écrit : cela dit, cher ianovka, si tu n'as jamais eu envie d'éclater un type des assedics, c'est que tu n'as jamais pointé au chomage...
Oh si les Assedics et l'ANPE j'en ai eu ma dose.
Et ce n'est pas aux "types" qui se retrouvent en première ligne à cotoyer la misère et la détresse quotidiennement que j'ai eu envie de foutre mon poing dans la gueule. Même ceux que cette situation a aigri.
Par contre à ceux qui créent ces situations, qui créent la misère et ces endroits sinistres que sont les Assedics je n'ai effectivement pas envie de leur faire de cadeaux.
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par ravine chien » 05 Juin 2004, 04:46

(LouisChristianRené @ vendredi 4 juin 2004 à 21:26 a écrit : pour avoir fréquenté les bureaux des assédics : je ne suis pas spécialement fier ni spécialement honteux ! mais mon expérience m'autorise a dire que les jeunes en particulier (faut écouter le morceau en entier -avec la musique et l'ambiance- pour comprendre) venu des quartiers "difficiles" sont souvent reçu avec un mépris tout a fait important (et regrettable) Dans certains bureaux assedics et anpe, le mépris vaut tout a fait celui qu'on peut rencontrer dans un commissariat "moyen" !

faudrait dire qu'on est bien reçu dans ces endroit, et jamais traité avec mépris et condescendance ? Ben merde alors, je croyais que seule la vérité était révolutionnaire !
Moi aussi j'ai fréquenté, je fréquente et je fréquenterai les bureau des assedic, enfin maintenant beaucoup de chose se font par téléphone ou par courrier.
A la courneuve, j'ai eu à plusieurs reprises un membre des sages poêtes de la rue comme interlocuteur, en discutant avec lui, de rap biensûr , je les avais précédement vu en concert avec raggasonic et ntm, mais aussi de son travail. J'avais sans raison été surpris de le trouver en face de moi et j'ai trouvé que au vu des conditions de travail le personnel était plutôt méritant et faisait ce qu'il pouvait avec le peu de moyens (de plus en plus réduits) dont il disposait.
Et au vu de ce qu'ils se prennent dans la tronche, le nombre d'allumés (souvent les mêmes) qui transite quotidiennement aux assedic est impressionant, les altercations, les insultes, le plus souvent sans raison autre que la propre exaspération du demandeur d'emploi, je trouve que c'est un métier difficile. Pour vous en convaincre, allez passer une journée complète dans un assedic de zone dites difficiles et regardez.
Alors justifier le fait de vouloir éclater un type des assedic et de plus comparer ce qu'il se passe dans les commissériats à ce qu'il ce passe dans les assedic, je suis épaté.
ravine chien
 
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Message par Louis » 05 Juin 2004, 07:45

pour finir avec cette question d'assedic et de chanson qui en parlait : effectivement, les personnels de cette aimable institution sont le plus souvent des gens compétant qui font un métier difficile dans des conditions difficiles Mais il y a aussi des sales abrutis ! Et c'est des fois difficile a supporter des abrutis, surtout quand tu dépend completement d'eux ! Et il y a aussi l'institution, qui ne fait rien pour arranger les choses !

C'est ce qu'exprimait la chanson, écrit de plus il y a quelques années (les condititions d'accueil se sont souvent ameilliorés, surtout suite aux mouvements de chomeurs)

De toute façon une chanson de rap n'est pas une "analyse de la situation" ; c'est plutot un reportage "avec les mots de la rue"....

sur la question de comparer les assedics, anpe aux commissariat, c'est des jeunes que j'ai rencontré dans le cadre d'une assos ("d'action culturelle") qui m'ont fait plusieurs fois cette comparaison (entre nous c'est ceux de ces jeunes qui peuvent s'inscrire aux assedic, ce qui impliquent qu'ils aient trouvé du travail...) Comparaison que je trouve tout a fait choquante ! Apres tout, les jeunes ont aussi des gros problemes avec l'école, mais je ne les ait jamais entendu la critiquer comme ça !
Louis
 
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Message par Pascal » 05 Juin 2004, 11:03

(ianovka @ vendredi 4 juin 2004 à 20:54 a écrit :
a écrit :Je rêve d'éclater un type des Assedic


C'est nul !
Tout à fait d'accord !

En plus, si on lit les paroles on peut se rendre compte que ce ne sont pas seulement les salariés des ASSEDIC qui sont visés, mais aussi les postiers et les chauffeurs de bus, bref une chanson très "anti-fonctionnaires" (même si les agents des ASSEDIC sont du privé), finalement assez proche idéologiquement des thèses de Démocratie Libérale. Le couplet sur la poste, c'est vraiment des préjugés du genre "les postiers sont des feignants".
Pascal
 
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Message par Louis » 05 Juin 2004, 12:52

(canardos @ samedi 5 juin 2004 à 08:49 a écrit : je suis sur que les camarades de la ligue qui travaillent à l'anpe ou aux assedic ne doivent pas trop apprecier ce genre de paroles...

dans mon boulot je suis souvent allé voir comment ça se passait dans les CAF de région parisienne, et franchement c'est dur, les gens font souvent le maximum, et ils sont quand meme souvent insultés, parfois frappés, rarement remerciés!

ils prennent pour le systeme et sont en premiere ligne pour subir l'exaspération du public...

franchement, lcr, un petit stage sur le terrain de l'autre coté du guichet ne te ferait pas de mal!
mais voyons, ce n'est que le compte rendu subjectif (mais assez souvent partagé) des jeunes vivants dans des conditions de marginalisation sociale, économique et culturelle ! Et effectivement la tonalité de leurs interventions sont assez souvent "antifonctionnaire", dans la mesure ou assez souvent les services publics sont les derniers endroits avec lesquels ces populations ont contact "avec le reste de la population" (en dehors de la télé, bien sur...)

Moi je pense qu'il serait tout a fait instructif que les expériences se fassent dans les deux sens : que des jeunes fassent l'accueil quelques semaines dans une anpe ou aux assedics, et que les agents de ces différentes administrations se présentent "incognito" dans une agence, pour voir comment ils sont traités !

Maintenant, je ne parle que de mon expérience personnelle et de ma subjectivité ! Je ne vois pas pourquoi par exemple les préjugés racistes par exemple seraient plus admissible dans une administration quelconque qu'en entreprise ou chez le petit commerçant du coin !
Louis
 
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Message par Mariategui » 05 Juin 2004, 13:35

Comme c'est déprimant, je suis toujours surpris de l'habilité de LO pour juger de toute production culturelle moderne à travers la lorgnette de sa "capacité à avoir un discours politique correcte". Or, ce morceau d'Akhénaton (échec et mat si je ne me trompe pas) est l'expression d'un regard subjectif sur l'expérience d'un jeune prolétaire. Bref, c'est une des choses qui m'a toujours gonflé chez assassin. Au fond, leur discours n'a un intérêt que pour les convaincus, ca ne participe pas à un acheminement vers un degré supérieur de conscience. Je m'explique mal donc je fais appel à Barthes:

a écrit :Mythologies de Roland Barthes.



Le Pauvre et le Prolétaire :

    Le dernier gag de Charlot, c’est d’avoir fait passer la moitié de son prix soviétique dans les caisses de l’abbé Pierre. Au fond, cela revient à établir une égalité de nature entre le prolétaire et le pauvre. Charlot a toujours vu le prolétaire sous les traits du pauvre : d’où la force humaine de ses représentations, mais aussi leur ambiguïté politique. Ceci est bien visible dans ce film admirable, Les Temps modernes. Charlot y frôle sans cesse le thème prolétarien, mais ne l’assume jamais politiquement ; ce qu’il nous donne à voir, c’est le prolétaire encore aveugle et mystifié, défini par la nature immédiate de ses besoins et son aliénation totale aux mains de ses maîtres (patrons et policiers). Pour Charlot, le prolétaire est encore un homme qui a faim : les représentations de la faim sont toujours épiques chez Charlot : grosseur démesurée des sandwiches, fleuves de lait, fruits qu’on jette négligemment à peine mordus ; par dérision, la machine à manger (d’essence patronale) ne fournit que des aliments parcellés et visiblement fades. Englué dans sa famine, l’homme-Charlot se situe toujours juste au-dessous de la prise de conscience politique : la grève est pour lui une catastrophe parce qu’elle menace un homme réellement aveuglé par la faim ; cet homme ne rejoint la condition ouvrière qu’au moment où le pauvre et le prolétaire coïncident sous le regard (et les coups) de la police. Historiquement, Charlot recouvre à peu près l’ouvrier de la Restauration, le manœuvre révolté contre la machine, désemparé par la grève, fasciné par le problème du pain (au sens propre du mot), mais encore incapable d’accéder à la connaissance des causes politiques et à l’exigence d’une stratégie collective.

    Mais c’est précisément parce que Charlot figure une sorte de prolétaire brut, encore extérieure avec la Révolution, que sa force représentative est immense. Aucune œuvre socialiste n’est encore arrivée à exprimer la condition humiliée du travailleur avec autant de violence et de générosité. Seul Brecht, peut-être, a entrevu la nécessité pour l’art socialiste de prendre toujours l’homme à la veille de la Révolution, c’est-à-dire l’homme seul, encore aveugle, sur le point d’être ouvert à la lumière révolutionnaire par l’excès « naturel » de ses malheurs. En montrant l’ouvrier déjà engagé dans un combat conscient, subsumé sous la Cause et le Parti, les autres œuvres rendent compte d’une réalité politique nécessaire, mais sans force esthétique.

    Or Charlot, conformément à l’idée de Brecht, montre sa cécité au public de telle sorte que le public voit à la fois l’aveugle et son spectacle ; voir quelqu’un ne pas voir, c’est la meilleur façon de voir intensément ce qu’il ne voit pas : ainsi au Guignol, ce sont les enfants qui dénoncent à Guignol ce qu’il feint de ne pas voir. Par exemple, Charlot dans sa cellule, choyé par ses gardiens, y mène la vie idéale du petit-bourgeois américain : les jambes croisées, il lit son journal sous un portrait de Lincoln, mais la suffisance adorable de la posture la discrédite complètement, fait qu’il n’est plus possible de s’y réfugier sans remarquer la nouvelle aliénation qu’elle contient. Les plus légers engluement sont ainsi rendus vains, et le pauvre est sans cesse coupé de ses tentations. En somme, c’est pour cela que l’homme-Charlot triomphe de tout : c’est parce qu’il échappe à tout, rejette toute commandite, et n’investit jamais dans l’homme que l’homme seul. Son anarchie, discutable politiquement, représente en art la forme peut-être la plus efficace de la révolution.


Et je vous rappelle camarades que trotsky a dit "toute liberté en art" et pas "toute liberté en art à condition qu'ils ne disent que du bien sur la révolution et la classe ouvrière".
Mariategui
 
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Message par logan » 05 Juin 2004, 13:40

Le rap c'est de l'art?
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Message par Louis » 05 Juin 2004, 15:05

(canardos @ samedi 5 juin 2004 à 15:19 a écrit :
(Mariategui @ samedi 5 juin 2004 à 14:35 a écrit :

Et je vous rappelle camarades que trotsky a dit "toute liberté en art" et pas "toute liberté en art à condition qu'ils ne disent que du bien sur la révolution et la classe ouvrière".

tu dirais la meme chose sur un rap d'extreme droite qui dirait qu'il faut éclater la tronche des immigrés et un rap qui justifierait le viol...?

le rap peut aussi etre un discours politique ou idéologique scandé, et quand ce discours est dégueulasse, art ou pas art, il faut réagir!
ben, faut savoir ce dont on parle ! Le rap n'est pas "un art" en soi, mais une "expression artistique" (avec le probleme de ce genre d'expression qui est d'etre un enjeu pour l'industrie culturel, avec tout ce que ça implique de formatage etc) d'une partie déterminée de la jeunesse. Et il faut entendre ce qu'elle a a dire, ladite jeunesse !

Comme mode d'expression, le rap se veut toujours un peu "brut", c'est a dire éloigné de toute volontée de médiation (dans le sens ou elle se veut plus "journalistique" que "poétique" ou "politique") Evidemment, "l'expression directe" a ses limites...

evidemment, tout le monde n'est pas égal dans sa façon de s'exprimer ! Et certains tournent ça de façon un peu plus talentueuse (ou démagogique) Mais ce qu'il y a de plus intéressant, c'est bien le mode d'expression "journalistique" ; les faits, rien que les faits... Personnelement, je n'aurait pas cité ce texte mais celui ci, pourtant pas plus correct (en particulier y'a des relents bien phalocrates) : mais c'est comme ça que vivent "nos lascards des cités"

a écrit : ministere amer : un été a la cité


Sarcelles-Garges, 11 heures, le soleil brille, brille, brille. Je me lève tard tant pis, je chercherai du taf lundi. J’allume ma stéréo sur du lidso, le temps de regrouper mes idées avant ma série préférée. Je vais me doucher, déjeuner et mettre min nouveau Lacoste pour flamber. Oh merde, qu’est-ce que je vais encore. Les bécanes font un bruit à réveiller un mort. La capitale des lascars n’est pas tranquille pour un mec qui dort. Cette nuit j’ai fait un rêve, à vrai dire un cauchemar, faut que j’écrive ça fera sûrement un rap pour plus tard. Il est midi, la chaleur fait monter chez moi, l’odeur du chep du cantonais du deuxième, le couscous et colombo du troisième mélangés au saka du quatrième. Comme le dit Jacques Chichi décontracte à chaque étage ça sent la bouffe, une vie de ouf. Dans mes escaliers tout le monde a signé, d’autres ont pissé, des chiens ont chié. Il n’y a plus de respect donc la gardienne gueule, fait des simagrées. Ma famille crie (trouve un métier). Je dois m’évader. il est 13 heures je descends faire du biz dans le quartier. Un mec de la base propose un putain de plan naze. Ce chien-pédé-enculé a dû me prendre pour un toxico. De plus en plus de crevards tous prisonniers de la nai-mo. Dur dur de penser au cachot alors qu’il fait chaud. On surveille ses arrières pour ne pas se faire serrer, c’est ça un été à la cité.

14 heures, le soleil brûle sa mère. On pourrait fondre du cobalt. Moi et mes sauces, on grille nos culs de nègres sur l’asphalte. Ceux en galère de femmes ou allergiques à Paname restent se faire de l’argent dans le dinam. Messieurs, mesdames, attendre par ce temps, c’est chiant. On se raconte des histoires d’avant, du bon vieux temps, comme si on avait cinquante ans. Quelques flics s’arrêtent, font du cinéma pour montrer aux français qu’ils peuvent entrer dans les cités. Mais quand y a du dawa (Vous avez appelé la police ? Ne quittez pas). En voyant passer les raclies de la té-ci, je pense à celles parties du pays. Elles vont revenir camées, bondas bronzés, bondas bombés. Elles seront trop, elles voudront qu’on leur donne. Et le Dieu Vacances les aura changé en cochonnes. Certains ont repris le ballon, se prennent pour des champions. Faux goumer pour s’amuser en même temps que se teste. Le marchand de glaces passe. Petits négrillons et bougnoules ne tiennent plus en place. Kalis après kalis. Seize après seize. Histoires sur les mecs qui pèsent. Histoires de baise. On ne voit pas le temps passer, normal Ti mâle, c’est ça un été à la cité.
23h30, les boutiques ferment. On fait les comptes. Bonne journée. Ça te tente ? certains veulent faire nocturne. Parler, rigoler, crier (au clair de la lune), jouer à chat policier. J’ai déjà donné. Je vais dérouler Blanka pendant que les stokmas de deux en tee-shirt ont froid. Les petits du haut de leur fenêtre nous guettent et veulent en être. Avant qu’un trou du cul nous tire dessus, je m’arrache, le temps de yégri des vilcis, savater des camés qui viennent traîner dans le quartier. Je en sais pas ce que vous foutez, maintenant vous savez comment se passe un été à la cité.

Minuit, direction le camion pour s’envoyer un guèse. Tard le soir, là où la chiré pèse. Vannes sur vannes chacun prend sa part. les sauces en savent beaucoup et le remettent sur le trottoir. On vit au jour le jour, on a fait du profit. C’est une putain de saison. L’heure du sommeil pousse le désir des chattes. Donc certains escaladent pour dormir chez leurs rates ou chez la tienne. Toute façon, l’été on tâte les tétés en chaleur sont les chiennes. 1 heurs, fatigué, je rentre à la case, tandis qu’à la télé rien que du naze. Je vais me coucher. Encore un jour où j’étais dé-gout. Demain, la même journée. Oui c’est ça un été à la cité. 
Louis
 
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