(canardos @ samedi 5 juin 2004 à 15:19 a écrit : (Mariategui @ samedi 5 juin 2004 à 14:35 a écrit :
Et je vous rappelle camarades que trotsky a dit "toute liberté en art" et pas "toute liberté en art à condition qu'ils ne disent que du bien sur la révolution et la classe ouvrière".
tu dirais la meme chose sur un rap d'extreme droite qui dirait qu'il faut éclater la tronche des immigrés et un rap qui justifierait le viol...?
le rap peut aussi etre un discours politique ou idéologique scandé, et quand ce discours est dégueulasse, art ou pas art, il faut réagir!
ben, faut savoir ce dont on parle ! Le rap n'est pas "un art" en soi, mais une "expression artistique" (avec le probleme de ce genre d'expression qui est d'etre un enjeu pour l'industrie culturel, avec tout ce que ça implique de formatage etc) d'une partie déterminée de la jeunesse. Et il faut entendre ce qu'elle a a dire, ladite jeunesse !
Comme mode d'expression, le rap se veut toujours un peu "brut", c'est a dire éloigné de toute volontée de médiation (dans le sens ou elle se veut plus "journalistique" que "poétique" ou "politique") Evidemment, "l'expression directe" a ses limites...
evidemment, tout le monde n'est pas égal dans sa façon de s'exprimer ! Et certains tournent ça de façon un peu plus talentueuse (ou démagogique) Mais ce qu'il y a de plus intéressant, c'est bien le mode d'expression "journalistique" ; les faits, rien que les faits... Personnelement, je n'aurait pas cité ce texte mais celui ci, pourtant pas plus correct (en particulier y'a des relents bien phalocrates) : mais c'est comme ça que vivent "nos lascards des cités"
a écrit : ministere amer : un été a la cité
Sarcelles-Garges, 11 heures, le soleil brille, brille, brille. Je me lève tard tant pis, je chercherai du taf lundi. J’allume ma stéréo sur du lidso, le temps de regrouper mes idées avant ma série préférée. Je vais me doucher, déjeuner et mettre min nouveau Lacoste pour flamber. Oh merde, qu’est-ce que je vais encore. Les bécanes font un bruit à réveiller un mort. La capitale des lascars n’est pas tranquille pour un mec qui dort. Cette nuit j’ai fait un rêve, à vrai dire un cauchemar, faut que j’écrive ça fera sûrement un rap pour plus tard. Il est midi, la chaleur fait monter chez moi, l’odeur du chep du cantonais du deuxième, le couscous et colombo du troisième mélangés au saka du quatrième. Comme le dit Jacques Chichi décontracte à chaque étage ça sent la bouffe, une vie de ouf. Dans mes escaliers tout le monde a signé, d’autres ont pissé, des chiens ont chié. Il n’y a plus de respect donc la gardienne gueule, fait des simagrées. Ma famille crie (trouve un métier). Je dois m’évader. il est 13 heures je descends faire du biz dans le quartier. Un mec de la base propose un putain de plan naze. Ce chien-pédé-enculé a dû me prendre pour un toxico. De plus en plus de crevards tous prisonniers de la nai-mo. Dur dur de penser au cachot alors qu’il fait chaud. On surveille ses arrières pour ne pas se faire serrer, c’est ça un été à la cité.
14 heures, le soleil brûle sa mère. On pourrait fondre du cobalt. Moi et mes sauces, on grille nos culs de nègres sur l’asphalte. Ceux en galère de femmes ou allergiques à Paname restent se faire de l’argent dans le dinam. Messieurs, mesdames, attendre par ce temps, c’est chiant. On se raconte des histoires d’avant, du bon vieux temps, comme si on avait cinquante ans. Quelques flics s’arrêtent, font du cinéma pour montrer aux français qu’ils peuvent entrer dans les cités. Mais quand y a du dawa (Vous avez appelé la police ? Ne quittez pas). En voyant passer les raclies de la té-ci, je pense à celles parties du pays. Elles vont revenir camées, bondas bronzés, bondas bombés. Elles seront trop, elles voudront qu’on leur donne. Et le Dieu Vacances les aura changé en cochonnes. Certains ont repris le ballon, se prennent pour des champions. Faux goumer pour s’amuser en même temps que se teste. Le marchand de glaces passe. Petits négrillons et bougnoules ne tiennent plus en place. Kalis après kalis. Seize après seize. Histoires sur les mecs qui pèsent. Histoires de baise. On ne voit pas le temps passer, normal Ti mâle, c’est ça un été à la cité.
23h30, les boutiques ferment. On fait les comptes. Bonne journée. Ça te tente ? certains veulent faire nocturne. Parler, rigoler, crier (au clair de la lune), jouer à chat policier. J’ai déjà donné. Je vais dérouler Blanka pendant que les stokmas de deux en tee-shirt ont froid. Les petits du haut de leur fenêtre nous guettent et veulent en être. Avant qu’un trou du cul nous tire dessus, je m’arrache, le temps de yégri des vilcis, savater des camés qui viennent traîner dans le quartier. Je en sais pas ce que vous foutez, maintenant vous savez comment se passe un été à la cité.
Minuit, direction le camion pour s’envoyer un guèse. Tard le soir, là où la chiré pèse. Vannes sur vannes chacun prend sa part. les sauces en savent beaucoup et le remettent sur le trottoir. On vit au jour le jour, on a fait du profit. C’est une putain de saison. L’heure du sommeil pousse le désir des chattes. Donc certains escaladent pour dormir chez leurs rates ou chez la tienne. Toute façon, l’été on tâte les tétés en chaleur sont les chiennes. 1 heurs, fatigué, je rentre à la case, tandis qu’à la télé rien que du naze. Je vais me coucher. Encore un jour où j’étais dé-gout. Demain, la même journée. Oui c’est ça un été à la cité.