par tovarich1917 » 11 Juin 2004, 09:41
Hé bien voyons si cela répond à messieurs les politiciens...
PARTIE 2 : Des limites et des problèmes posés par un gouvernement
Cependant un problème se pose : l'identité, la nature de ce gouvernement si nécessaire à l'homme. Il serait illusoire et irréaliste de considérer l'existence d'un gouvernement qui ne soit pas de nature humaine, mais, par exemple, divine ou mécanique. Non, il apparaîtra immédiatement à l'esprit logique et réaliste que si gouvernement il y a, il sera forcément de nature humaine, composé par des hommes. Mais tout aussi logiquement il nous apparaît alors, et c'est effectivement ce que nous dit Kant dans l'ouvrage précédemment cité, que ces hommes sont eux aussi sujets au travers exposé par Kant consistant à abuser de leur liberté aux dépends de celle d'autrui ; et également sujets aux excès mis en évidence par Freud et dont nous avons expliqué les dangers. Or, vu le pouvoir accru dont un "gouvernant" aurait la responsabilité, on peut aisément voir que les conséquences de ces excès et abus seraient d'autant plus catastrophiques. Un problème apparaît donc : peut-être un gouvernement est-il nécessaire, mais ne risque-t-il pas d'être un remède pire que le mal, sachant que de par sa nature forcément humaine il est dangereusement faillible ?
De plus, si nous avons précédemment mise en évidence la nécessité d'un gouvernement, il s'agit de préciser notre propos : en effet, si un gouvernement est nécessaire, moralement et pratiquement, tout gouvernement n'est pas forcément bon. D'un point de vue moral en effet, Kant démontre, dans "Fondements de la métaphysique des moeurs", que la liberté est nécessaire à la loi morale, donc à la moralité de chacun. Il serait donc néfaste de considérer une dictature, même bien intentionnée, qui, avec le but au premier abord louable de mettre l'homme à l'abri des travers exposés précédemment, le priverait de tout libre arbitre. Un tel système irait, bien au contraire, à l'encontre de la morale. On voit donc que l'homme doit, d'un point de vue moral, et malgré ses travers, conserver son libre arbitre car, si la morale est nécessaire à la liberté, la liberté est nécessaire à la morale. D'un point de vue pratique, on peut se rendre compte, à travers le matérialisme historique de Marx et Engels ( :hinhin: ) qu'un gouvernement peut tout à fait être une entrave au progrès, et même au bon fonctionnement d'une société, allant ainsi à l'encontre de sa justification pratique.
Enfin il nous faut remarquer que si un gouvernement est nécessaire, cette nécessité ne suffit pas à le justifier : en effet, un gouvernement, s'il doit être justifié d'un point de vue philosophique mais également tout bonnement d'un point de vue légal, doit répondre à certains impératifs et adopter une certaine forme, comme le démontre Rousseau dans "Le Contrat Social". En effet une tyrannie, même bien intentionnée, en plus du fait qu'elle est tout aussi, et même plus - puisque le pouvoir est concentré entre les mains de quelques-uns - sujette aux travers dont nous avons parlé dans la première partie ; et du fait qu'elle va profondément à l'encontre de la morale comme nous l'avons montré, ne se justifie pas légalement, car, comme Rousseau le démontre, seul un pouvoir librement consenti par tous peut être légitime. On voit donc que, tout nécessaire qu'un gouvernement puisse être, il est sujet lui aussi à bien des défauts et a besoin que le libre arbitre de chacun des gouvernés soit conservé, sans quoi il n'est pas légitime ni justifié.