cadres et bourgeois dans un parti ouvrier

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par othar » 06 Juil 2004, 19:55

Je crois qu'il faut bien distinguer les époques.

Etre médecin ou ingénieur ne signifie pas la même chose aujourd'hui qu'il y a 60 ans.
De même pour les cadres, voir le message de Nadia plus haut.

Je crois qu'individuellement, le statut compte moins que la fonction réelle et le niveau de salaire.

C'est-à-dire qu'un cadre "qui n"encadre personne", qui n'a que le statut, peut parfois adopter plus facilement un point de vue critique par rapport au Capitalisme qu'un petit chef d'atelier qui ne doit sa majoration salariale qu'à sa capacité à faire gratter son équipe.
Sans parler des différences de niveau culturel, c'est-à-dire du niveau général d'instruction.
En fait cela dépend aussi du secteur, des traditions de la boîte, de la situation politique générale, etc

Dans les 2 cas on est face à une sorte d'aristocratie ouvrière mais avec des pratiques différentes.

Par exemple j'ai l'impression que dans l'Automobile, il y a les bureaux d'études avec la première catégorie et les usines avec la deuxième.

Mais au-delà des changements sociologiques, le véritable problème n'est-il pas plutôt que même les "vrais" prolétaires n'ont plus la conscience de classe d'antan?

Sinon pour revenir à la question de départ, je crois que le futur parti révolutionnaire devra demander différents types d'efforts suivant les origines sociales et culturelles de ses membres, en particulier pour la sélection de ses cadres.Le problème est justement d'arriver à faire un parti dont le niveau politique et culturel soit suffisamment élevé sans être élitiste.

Il s'agit d'être intellectuel dans le bon sens du terme sans oublier que la théorie est là pour guider la pratique et pas pour faire joli ou "intelligent".

PS:N'oublions pas comme cela a été mentionné dans un autre fil qu'en France, il y avait (en 1999) encore 5,8 millions d'ouvriers et 6,6 millions d'employés du bas de l'échelle sur approximativement 23 millions de travailleurs (en comptant les chômeurs)
othar
 
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Message par zarta » 06 Juil 2004, 23:46

"Et puis, le niveau de salaire ne fait pas la classe sociale. Un artisan tout seul au bord de la misère est un bourgeois (travailleur celui-là), alors qu'un pilote d'avion civil est un prolétaire (bien payé celui-là)."

oui, mais l'artisan tout seul, justement parce qu'il est dans la misère sera plus "ouvert" aux revendications, on va dire marxistes pour faire court, qu'un pilote ou un ingénieur qui gagne bien sa vie et qui pour le coup se croit protéger de tout et n'en a que faire des revendications des rmistes et autres pauvres qu'il méprise (ya ka se ballader dans les rues de paris pour s'en rendre compte, il fallait aussi regarder le comportement des pilotes quand ils étaient justement en grève - ça n'avait vraiment rien à voir avec nous).
Ils me semblent que ceux qui gagnent bien leur vie n'ont de conscience qu'eux mêmes et se croit en dehors de nos revendications qu'ils prennent facilement pour des revendications de "prolo" c'est à dire de "pauvres" dans leur tête. ça c'est pour les cadres d'une entreprise.
Quant au cadre d'un parti qu'habite un pavillon et qui me dit :"attends, je vais t'expliquer", je vois pas très bien ce qu'il pourrait m'expliquer lui qui sait même pas comment on peut vivre avec deux euros par jours en France... lui qui n'a aucune idée des tensions qui existent dans les citées... lui qui sait pas non plus que quand il y a une grève à la ratp, des travailleurs perdent leur emploi parce qu'ils étaient en cdd (comme tous les plus jeunes aujourd'hui, parce que les cdi n'existent plus) et que le patron leur sort "écoutez, j'aurai bien aimé vous garder, vous travaillez bien et j'ai besoin de quelqu'un, mais comprenez que je ne peux pas payer quelqu'un qui n'est pas là" - c'est ce qui est arrivé à des travailleurs au moment des grèves, il me semble que c'était vers 1990 quand des camions militaires emmenaient au boulot des travailleurs à Paris. Je ne veux pas paraître casseur de grève (en plus on s'est bien marré en 90), mais j'ai quand même le sentiment que les bourge, qu'ils soient dans le parti ou pas, décollent un peu de NOTRE réalité. Alors quand ils ont une certaine conscience de la nécessaire lutte de classe, tant mieux, mais je me demande tout de même s'ils sont capables de diriger un parti qui puisse réellement nous SERVIR. Capable de proposer une analyse profonde, ça j'en doute pas... mais capable de comprendre NOTRE situation réelle, là c'est autre chose. Et pour le coup, je me dis qu'au delà de ce qu'ils ont lu dans les bouquins de trotsky ou autres, une fois le socialisme établi par exemple, comment ils pourraient continuer de servir un parti véritablement ouvrier ?

"Mais au-delà des changements sociologiques, le véritable problème n'est-il pas plutôt que même les "vrais" prolétaires n'ont plus la conscience de classe d'antan ?"
ça c'est sûr. Mais justement quand tu parles à ces prolétaires qui gagnent le smic, qui sont femme de ménage etc., pour leur dire qu'il faut s'organiser en syndicat pour arrêter de se faire saigner à blanc, ils te répondent : "regarde tes syndicats, les mecs roulent en bm...!!" Donc à mon avis, ils ont toujours une conscience de classe, mais basée sur la quantité d'argent qu'ils ont en poche et la quantité que les dirigeants ont - or les dirigeant pour eux c'est les bourgeois : syndicats, patronats, directeurs de l'office hlm... c'est pareil parce qu'ils sont tous plus riches qu'eux. Alors ils se disent "pourquoi le mec qui roule en bm irait protéger mes intérêts ? A mon avis, c'est un traitre de plus qui veut que je paie 100 balles ma carte de cotiz pour s'en foutre encore plus dans poches".
A force d'entendre ça depuis mon enfance, dans ma citée, je finis par me poser la question aussi, surtout en ce qui concerne les mecs qui gagnent bien leur vie et qui sont dans un parti ouvrier.
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Message par zarta » 07 Juil 2004, 00:02

voila exactement le genre de réponse qui me fait penser que les riches qui sont dans unparti ouvrier ne sont pas prêts de comprendre les conditions de vie des plus pauvres pour lesquels ils sont pourtant censés se battre :

"Il est clair pour moi que ce ligne de classe entre prolétariat et bourgeoise n'est pas à quatre mil balles près . "

Pour moi qui ne vit qu'avec 2000 francs pour vivre avec mon fils, les quatres milles balles font toute la différence! Même s'il est vrai que ce n'est pas ces quatres milles là qui changeront la conscience du mec qui les gagne. Je veux plutôt parler d'une situation réelle, vécue, qui dépasse ceux qui gagne correctemnt leur vie et qui pour le coup revendiquent (ou pourraient revendiquer) des trucs dont les plus pauvres se foutent totalement étant donné qu'ils ont plus urgent.

exemple concret :
j'étais vacataire au cnrs et le service dans lequel j'étais ne tournait que grâce à des vacations plus un ces, un fonctionnaire qu'on avait mis ici au placard et un responsable de service "déplacé" du ministère. Le "mis au placard" était syndiqué et se met à vouloir organiser une grève parce que les tickets de cantine allaient augmenter (après calcul, il s'avérait que l'augmentation était de 0.08 cts de francs). Il me dit "toi qui fait de la politique, tu veux pas m'aider à l'organisation etc. ?" Je me suis demandée s'il se foutait pas de ma gueule parce qu'il avait en face de lui deux nanas (dont une avec deux gosses et l'autre avec un) qui allaient bientot se faire virer parce qu'en vacation et en CES, et il voulait que je l'aide à organiser une grève pour une histoire à 0.08 cts. Selon moi, on est en plein délir, et ce délir vient justement du fait que ce mec gagnait plus de 10 000 francs par mois sans compter les primes (incroyables au cnrs, du moins quand on est titulaire, parce que les vacataires n'ont doit à rien, même pas la prime exceptionnelle qu'on peut toucher pour un boulot exceptionnel - prime que ce con syndiqué à d'ailleurs touché à notre place parce que le chef de service l'avait demander pour nous (vacataire et ces) étant donné le travail fourni et que le grand chef du cnrs à répondu que c'était pas possible.
Désolée pour l'ex. , il est un peu nul puisque le syndiqué en question était à la cfdt :smile:
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Message par Nadia » 07 Juil 2004, 09:44

Zarta, si j'ai compris, mesure le prolétarisme à la hauteur des revenus. Salaire, allocations, stock-options, tout ça c'est pareil, n'est-ce pas, ya que le niveau qui fait la différence !
Ben non, justement. Car ça n'a absolument pas la même origine. Et le rôle social est bien différent.

Quand il y a une grève quelque part, c'est que les travailleurs se bagarrent pour leurs propres salaire ou conditions de travail, très rarement pour le salaire ou les conditions de travail d'une autre catégorie de travailleurs. Ca n'empêche, ces grévistes ont raison de faire grève pour se défendre ou pour revendiquer quelque chose. Même s'ils touchent déjà 20 000 francs par mois (ouvriers de l'édition par exemple).
Mais on le sait, ceux qui ont les plus bas salaires, ceux qui sont les plus précaires, ont le plus de mal à se bagarrer. Mais dans l'ensemble, ils sont solidaires des grèves des autres (grève RATP-SNCF, EDF...).

Le discours "Les fonctionnaires sont des privilégiés, les pilotes sont déjà trop payés, ils ne doivent pas faire grève", c'est le discours du patronat, qui veut diviser les travailleurs et faire baisser la conscience de classe.
Et quand Zarta nous dit que "tous ceux qui gagnent plus que lui sont des bourgeois" (en résumé), les bras m'en tombent. :roll:
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Message par quijote » 10 Juil 2004, 09:33

iL faut des "cadres" oui mais surtout des miltants aguérris , influents , dévoués , et ça n 'a rien à voir avec les origines sociales ... les cadres , soi disant qui veulent jouer les petits chefs , qui ont la grosse tête ,je ne crois pas qu 'ils aient leur place à LO ( c'est plutôt diu côté du PS qu 'il faut aller les chercher ) . Nous avons toujours veillé à ce qu 'ils n 'aient pas plus de responsabilités que les autres : Arlette ? Chantal et d 'autres , bien que non cadres , sont nos représentants efficaces et moi quand je discute avec un copain de LO , je ne pose jamais la question de savoir s 'il est dans la vie "cadre " ou pas "cadre " ,mais si c 'est un gars sur qui on peut compter .. s 'il m'apprend des trucs .. quand à la remarque d 'un intervenant au sujet des intellectuels déclassés à la tête du parti bolchévick , je dirai que c 'était simplement des hommes qui , bien qu 'issus de la bourgeoisie , avaient fait leur choix : is auraient eu largement la capacité de faire carrière , de faire leur trou dans la société bourgeoise : Lénine en tant qu 'avocat brillant ", Boukharine en tant qu' universitaire , Trotski en tant qu 'écrivain , journaliste ( ce qu 'l était d 'ailleurs ) ...
quijote
 
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Message par zarta » 10 Juil 2004, 11:58

"Et quand Zarta nous dit que "tous ceux qui gagnent plus que lui sont des bourgeois" (en résumé), les bras m'en tombent.
"
c'est pas ce que je pense, c'est ce que j'entends dans les cités.... :dry:
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Message par othar » 10 Juil 2004, 12:55

(Nadia @ mercredi 7 juillet 2004 à 10:44 a écrit :
Pour ce qui est des "cadres" ou des "intellectuels", pas forcément et même rarement plus intelligents que les autres, il est bon, dans un parti dit communiste, que ceux-ci participent aux mêmes tâches militantes que les autres militants. Qu'ils se lèvents à 4h du matin pour diffuser devant Royal Champignon, qu'ils collent les affiches à la soude comme tout le monde et écoutent sagement les expériences de luttes des ouvriers de Renaud ou d'Onet, qu'ils discutent avec les habitants des cités HLM les plus pourries comme tous les autres du parti. Ca forme le caractère, je vous assure. :roll:

a écrit :qu'ils collent les affiches à la soude comme tout le monde


T'es pas bien ou quoi?
Je vais quand même pas bousiller mes vêtements alors qu'on peut achter de la colle pour papier-peint qui fait très bien l'affaire!

Othar (ancien cadre ...)
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Message par Nadia » 12 Juil 2004, 10:38

(zarta @ samedi 10 juillet 2004 à 12:58 a écrit : "Et quand Zarta nous dit que "tous ceux qui gagnent plus que lui sont des bourgeois" (en résumé), les bras m'en tombent."
c'est pas ce que je pense, c'est ce que j'entends dans les cités.... :(

(la soude, c'était pour la caricature, mais au moins, c'est paaas cher :roll: )
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Message par pelon » 12 Juil 2004, 16:12

(Nadia @ lundi 12 juillet 2004 à 11:38 a écrit :
(zarta @ samedi 10 juillet 2004 à 12:58 a écrit : "Et quand Zarta nous dit que "tous ceux qui gagnent plus que lui sont des bourgeois" (en résumé), les bras m'en tombent."
c'est pas ce que je pense, c'est ce que j'entends dans les cités.... :(

(la soude, c'était pour la caricature, mais au moins, c'est paaas cher :roll: )
Bourgeois, chez les jeunes, c'est n'importe quoi. Si tu aimes la musique classique, t'es un bourge. :hinhin: Il en va ainsi de nombreux mots. "Racaille", qui l'eut cru, peut être valorisant. Bref, il faut préciser si on utilise le vrai sens des mots ou comment ils sont utilisés par ceux qui n'en connaissent pas le sens, ce qui n'est pas vraiment nouveau.
Il y a le célèbre "Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère". De toute évidence, Arléty ne donnait pas le même sens au mot que canardos, par exemple.
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