Sarko et les 35h

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par boispikeur » 25 Juil 2004, 17:46

Je ne suis pas un fan de Filoche, mais je trouve que son argumentaire (ci dessous et ici, sur le site du Grand Soir) est utilisable au quotidien.

a écrit :Les propos de Sarkozy sur les 35 h sont incohérents :

Tous les arguments ci-dessous sont tirés de l’interview de Nicolas Sarkozy dans Le Monde daté des 11 et 12 juillet 2004

Chacun de ses arguments contre les 35 h est indigent.

Y répondre est oeuvre de salubrité publique.

"L’insuffisance du pouvoir d’achat des salariés et notamment des plus modestes"

Alors, ça c’est bien la seule chose qui soit vraie, la question centrale c’est celle des salaires, ils sont trop bas dans notre pays. Mais ce n’est pas à cause des 35 h. Les profits ont pris 10 points au détriment des salaires depuis 20 ans.
Il faut rendre les gains de productivité à nos salariés, aux plus "modestes", comme aux autres, car ce sont eux qui produisent le plus au monde - même en 35 h pour la minorité d’entre eux qui ont eu la chance de bénéficier en pratique de cette durée du travail - et qui ne reçoivent pas la part qu’ils méritent en retour.
Le salaire médian est en dessous de 9000 F ou 1400 euros. Les travailleurs pauvres augmentent. Les 35 h n’ont pas freiné les salaires, elles ont permis aux salariés d’être seulement un peu moins exploités dans le temps à salaire le plus souvent constant.

"Le travail supplémentaire doit permettre une rémunération supplémentaire"

Pipeau.
Le problème clef est justement qu’il y a déjà un énorme travail supplémentaire non rémunéré. Il y a déjà place pour 13 h supplémentaires par semaine puisque la durée maxima théorique est de 48 h hebdomadaires.
Mais même cette durée maxima est dépassée et des millions de salariés, dans la restauration, le bâtiment, le transport, l’agriculture, le nettoyage, le gardiennage, l’industrie, les services, les cadres, travaillent plus proches de 45 h, de 50 h quand ce n’est pas de 60 h - que de 35 h. Il y a déjà des milliards d’heures supplémentaires qui sont devenues un moyen de flexibilité du travail privilégié par 66 % des employeurs. Et plus d’un employeur sur deux ne paye pas ces heures supplémentaires au taux légal, ce qui constitue un vol et un dol cruel pour les salariés obligés de les effectuer, sous chantage à l’emploi et sans contre-partie.

"S’il y a des gains de productivité, les salariés doivent en récupérer une partie sous forme d’augmentation de salaires"


Malheureusement ce n’est absolument pas le cas, et c’est déjà le problème majeur dans notre société ! Nous avons les gains de productivité les plus élevés au monde, jamais la France n’a été aussi riche, et ce ne sont pas les salariés qui les produisent qui récupèrent ces richesses, mais les profits, les actionnaires - lesquels n’en ont jamais assez.

"La réforme des 35 h doit reposer sur un principe, le libre choix en permettant à ceux qui le veulent travailler plus pour gagner davantage"

Ineptie, ignorance totale de la part du ministre, du principe fondamental du droit du travail : le contrat de travail se caractérise par un "lien de subordination".
Il n’y a pas de "liberté" dans l’exécution du contrat !
Pas un seul salarié de ce pays ne choisit ses horaires : ils sont sous la responsabilité unique des employeurs. C’est l’employeur qui décide de la naissance, de l’exécution et de la fin du contrat.
C’est l’employeur seul qui décide ou non de faire faire des heures supplémentaires. Pour le salarié, les refuser peut être une faute qui peut même donner lieu à licenciement.

"On ne peut pas demander aux salariés de travailler 39 h en restant payés 35 h"

Hélas, cet ignorant de Sarkozy ne doit pas savoir (où alors il feint, ce qui est pire...) que c’est majoritairement le cas. L’immense majorité des salariés a été maintenue à 39 h et elles ne sont "payées" que 39 h 24’ soit une majoration de 10 %. Ensuite, comme avant, ils font 40 h, 43 h avec une minuscule majoration de 25 %. Et le plus souvent ces heures ne sont ni déclarées, ni majorées, ce qui est un immense manque à gagner pour les caisses de Sécurité sociale.

"Pour augmenter les salaires sans renchérir le coût du travail, il faut diminuer les charges sociales sur les heures supplémentaires",

Mais c’est déjà le cas de maniére tout à fait illégale. La majorité des heures sup’ ne sont pas déclarées, ni majorées. L’écrasante majorité du "travail au noir" dans ce pays, (que Sarkozy et Borloo, à tour de rôle, ont prétendu combattre), réside dans le fait que la majorité des heures supplémentaires effectuées ne sont pas payées. Qui ne le sait, par expérience, dans les médias, parmi les cadres, chez les précaires, les saisonniers, dans la confection, la maroquinerie, le commerce, la restauration, l’agriculture, la confection, etc... ?

"On n’est pas plus malade parce qu’on travaille 39 h au lieu de 35h.. Ces baisses de charges permettront de financer des augmentations de salaires pour ceux qui travailleront plus"

Mensonge total ! Déjà, les heures supplémentaires frauduleusement impayées creusent l’essentiel du trou de la Sécu... Sarkozy propose de légaliser la fraude patronale en baissant le coût des heures sup’.

Et ce n’est pas vrai que ces "baisses de salaires brut" augmenteront le salaire des autres ! Qui y croit ? Et si on travaille de plus en plus, oui, on est plus malade : s’il a été établi des "durées maxima" depuis un siècle, c’est pour protéger à la fois la santé des travailleurs et l’emploi.
Les flux tendus, les gains de productivité, le stress et la souffrance au travail s’accroissent et la santé au travail en pâtit. Un invalide sur deux en France, l’est à cause des cadences trop dures et des trop longues durées du travail. Ça creuse le trou de la Sécu et ça augmente (d’ailleurs trop peu) les arrêts maladie.
Il n’y a pas de "charge" sociale. Cela n’existe pas. Sauf pour les ignares ou les menteurs. Respectons le droit, les textes en vigueur même pour proposer de les changer... Il y a des "cotisations sociales", c’est-à-dire un "salaire brut" et un "salaire net". Sarkozy propose de baisser le "salaire brut" et il baptise cela "baisse de charge" et en même temps il parle d’augmentation de salaire... Qui croit ce langage ?
Sans omettre le mépris qu’il charrie déjà avec son accompagnement de chantage et d’intimidation : il y aura "ceux" qui voudront rester aux 35 h et "ceux" qui voudront travailler plus ! Il ne fera pas bon être dans la deuxièpme catégorie dans les entreprises...

"Il faut encourager les heures supplémentaires et non les décourager. Au-dessus de 35 h, une hausse de salaire d’au moins 10 % peut -être une base de travail".

Au contraire, il faut décourager résolument les heures supplémentaires, les contrôler, les limiter et les rendre plus coûteuses que l’embauche afin de réduire le chômage de masse.
` Quelqu’un que l’employeur fait travailler deux fois plus évite évidemment l’embauche l’emploi d’autres qui sont au chômage.

"Concrètement, pendant 15 jours, au début de chaque année, chaque salarié pourrait faire acte de volontariat dans une entreprise, en choisissant d’être candidat pour faire des heures supplémentaires ou de rester à 35 h".

Pure stupidité. Même les plus "flexibles" des accords d’entreprise dérogatoires au droit, n’envisagent pas des "volontariats" individuels aussi irréalistes. Nul n’est volontaire quand il est "subordonné". Cette simple phrase de Sarkozy casse tout le droit du travail et fait des accords "gré à gré" une règle anti-républicaine, anti-accord de branche, anti-droit du travail, anti-négociation entre partenaires sociaux, anti-directive européenne...
Et qui a intérêt aussi bien côté salarié que côté employeur à planifier des heures sup’ à l’année sur la base du volontariat individuel ? Le patronat a signé un accord interprofessionnel le 31 octobre 95, toujours en vigueur, qui affirme que les "heures supplémentaires doivent être imprévisibles et exceptionnelles". Ce n’est pas une loi, c’est un "accord" en vigueur.

"L’entreprise aurait ainsi plus de souplesse, le salarié plus de pouvoir d’achat, et la Sécurité sociale plus de recettes, puisqu’il y aurait plus d’heures supplémentaires..."

Comment la Sécu aurait-elle plus de recettes en lui en enlevant ? Expliquez cela ou bien recalez l’individu qui l’affirme !
Comment le salarié aurait-il plus de pouvoir d’achat en le faisant travailler plus et en le payant moins ?
Comment l’entreprise aurait-elle plus de souplesse en s’engageant à des heures supplémentaires, pour certains prétendument "volontaires" et pas pour d’autres ?

"Cette société du libre choix" serait une référence par rapport à "la rigidité de la majorité précédente".

"Libre choix" bidon : le salarié sera obligé d’accepter ce que lui imposera l’employeur sous peine de ne pas être embauché ou sous peine d’être licencié. Quant à la majorité précédente, elle n’était pas assez "rigide" puisque la flexibilité a pu s’inflitrer dans le cadre des lois Aubry et empêcher que les 35 h soient réellement mis en place pour toutes et tous. Elles n’ont crée que 350 000 emplois...parce qu’elles n’ont pas été assez appliquées, sinon elles en auraient crée le triple !

La flexibilité, c’est la surexploitation, c’est sexiste, c’est précarisation, c’est destructeur de droits en matière de vie sociale, de vie citoyenne, de santé. La seule "rigidité" qui existe dans ce pays, c’est celle que les employeurs et les actionnaires font régner contre les salaires.
Enfin les 35 h, c’est le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Apparemment Sarkoy ne veut pas toucher à ce seuil : mais le salaire ne saurait juridiquement dépendre des heures supplémentaires, il est établi sur le seuil légal des horaires normaux, donc sur 35 h. Est-ce à dire que le salaire va varier selon le bon vouloir de l’employeur qui voudra (ou non) imposer des heures supplémentaires ?
Quand à tout "forfait" : il impose d’être écrit, de ne pas supprimer la majoration légale des heures sup"’ forfaitisées, et surtout le nombre d’heures sup’ doit être "constant". Peu d’employeurs s’engagent dans de tels forfaits.
Et puis tout cela exige de remettre en cause accords d’entreprise, de branches, et accords interprofessionnels comme celui de 1995 qui définit les heures sup’ comme devant être "imprévisibles" et "exceptionnelles" (cet accord permet de dénoncer tout le systéme, déjà bien incohérent juridiquement de Sarkoy).

"Le partage du temps de travail est inadapté... il faut multiplier les emplois et non les diviser..."

Doit-on rappeler à Sarkozy qu’il a voté la loi de juin 1996 de son collègue de Robien qui proposait 32 h hebdomadaires sur la base du volontariat avec embauche correspondante à hauteur de 10 % ?
En fait, il y a eu un "partage" de facto, féroce, entre "sur-travail" (plus de 10 millions) "sous-travail (prés de 4 millions) "précaires" (prés de 1,5 million) et "sans-travail" (prés de 4,5 millions).
Le travail ne manque pas en effet : c’est une comète infinie en pleine expansion, il y en a pour tout le monde, pourvu qu’on veuille le distribuer, en même temps que les richesses qu’il produit. Au lieu de le rationner en accroissant le chômage pour le payer moins cher.
Mais le choix de Sarkozy, c’est de diviser les travailleurs, augmenter le chômage de masse, et surexploiter ceux qui ont un emploi.

750 000 salariés dans la restauration travaillent plus prés de 60 h que de 35 h

700 000 chauffeurs travaillent plus prés de 56 h que de 35 h

1 100 000 ouvriers du bâtiment travaillent plus prés de 50 h que de 35 h

Sur 2,5 millions de salariés du commerce et de la distribution, il y en a 1 million qui sont condamnés au sous-travail à temps partiel contre leur gré, mais il y en a 1 million qui travaillent plus prés de 60 h par semaine que de 35 h

333 000 nettoyeurs travaillent plus pres de 250 heures par mois que de 151 h 66.
200 000 gardiens sont plus prés de 50 ou 60 h que de 35 h Doit-on parler des travaux saisonniers ? Des charrettes d’architecte ? Des médecins des hôpitaux ? De la confection ?
De l’agriculture où l’on peut travailler légalement jusqu’à 72 h. Les « équivalences » (genre 11 h valent 8 h, pour les plongeurs de salle de restaurant) existent encore dans la restauration, le gardiennage (de facto) le commerce, la coiffure, les transports...
Les boulanges pâtissiers travaillent jusqu’à 60 h dans les défilés de haute couture, on trouve des pointes à 70 ou 80 h. Il y a 3, 5 millions de cadres : 25 % de ceux-ci seulement travaillent moins de 45 h... l’immense majorité en forfaits jours est entre 45 et 60 h...

Il y a ainsi plus de 6 à 7 millions de salariés en situation de surtravail, souvent en dépit des contingents autorisés d’heures supplémentaires, souvent sans repos compensateurs.

Plus d’un employeur sur deux est en situation de délinquance vis-à-vis des heures supplémentaires impayées.

L’essentiel du travail dit « au noir » n’est pas dans les « petits boulots « non déclarés, il est surtout dans les milliards heures supplémentaires non déclarées !

La seule durée du travail qui compte (et elle-même n’est pas toujours respectée) c’est les 48 h hebdomadaire car elle est la « durée maxima d’ordre public ».

Cela permet donc légalement 13 h supplémentaires par semaine ! ( du temps des 39 h, il n’y avait que 9 h supplémentaires hebdo possibles !)

"Le droit du travail n’a jamais été aussi protecteur, et pourtant jamais les salariés ne se sont sentis aussi menacés !"

Mensonge !
Le droit du travail n’a jamais été aussi menacé, fragilisé, bafoué !
Les salariés sont soumis en permanence au chantage à l’emploi. Ils ne peuvent défendre leurs droits élémentaires, ni leurs salaires, ni leurs durées légales du travail, ni leur santé au travail, ni leur vie familiale et citoyenne. Leurs élus, leurs syndicats sont pourchassés, minorisés, licenciés comme au 19° siècle ! On licencie trop facilement de façon abusive dans ce pays !
Lorsque JL Borloo propose de recruter 85 inspecteurs du travail sur deux ans (soit 20 de plus par an en 2005 et 2006) c’est dérisoire. Pourtant il se proposait de lutter contre le "travail au noir", ne savait-il pas que c’était une lutte contre ces centaines de millions d’heures sup’ actuellement non déclarées.

"Je propose qu’on délocalise en France, dans des zones économiquement dévastées à 20 ou 30 % de chômeurs, en exonérant les entreprises d’impôts et de charges"

Sarkozy propose de dévaster le droit du travail en France même plutôt qu’à l’étranger. Il prétend que c’est impossible de construire une "ligne Maginot" contre les délocalisations, alors il propose d’instaurer les méthodes d’ailleurs chez nous.
Puisqu’en Chine, en Inde ou en Corée, on peut faire travailler les pauvres gens à bas salaires, sans cotisations sociales, sans répartition des richesses par le biais de la fiscalité, il propose d’instaurer les mêmes critères chez nous...
` C’est le rêve du Medef. Du frère Sarkozy. Pas surprenant que Seillière qualifie Sarkozy de "Zidane de Bercy" et le pousse en avant.
Si on était Zidane, on porterait plainte...

Gérard Filoche pour Démocratie & Socialisme, inspecteur du travail, membre du Bn du Ps, Nouveau parti socialiste, auteur de “Carnets d’un inspecteur du travail” ED. Ramsay.
boispikeur
 
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Message par othar » 26 Juil 2004, 03:15

Attention, un certain nombres de choses me semblent sujettes à caution, surtout pour des gens qui se réclament des idées révolutionnaires:

a écrit :
Les profits ont pris 10 points au détriment des salaires depuis 20 ans.

L'idée parait juste mais exprimé comme cela, cela ne veut pas dire grand chose :ohmy: n parle de valeurs, de pourcentage (faisant référence à des valeurs différentes en l'occurence!!)


a écrit :
Le salaire médian est en dessous de 9000 F ou 1400 euros.

Je suis presque sur d'avoir lu des chiffres de l'ordre de 5200F dans les dernières années du franc. J'ai l'impression que Filoche confond le salaire médian et le salaire moyen en fait. C'est embêtant pour quelqu'un qui se pique de faire de l'économie.


a écrit :
Les 35 h n’ont pas freiné les salaires 

Ben si justement, ça découle de l'annualisation du temps de travail (tri-annualisation je crois dans certains secteurs)
Et pour les fonctionnaires, les dizaines de milliards de subvention annuelles données aux boîtes se traduisent par un renforcement du blocage des salaires.



a écrit :
elles ont permis aux salariés d’être seulement un peu moins exploités dans le temps à salaire le plus souvent constant.


C'est faux même en ne considérant que la partie de l'Exploitation qui découle directement de l'organisation du travail, et donc de la pénibilité des postes (c'est la partie la plus "visible" de l'Expoitation, celle que ressentent les gens, pour le reste cela découle de la notion de plus-value mise de côté par Filoche)
Apparemment, cela fait un certain temps que Filoche ne s'est pas rendu dans une entreprise de production (par exemple).
Il faut dire que le gouvernement Jospin n'a pas augmenté significativement le nombre d'inspecteurs (du travail) ( pour les autres merci! )


a écrit :
Mais même cette durée maxima est dépassée et des millions de salariés, dans la restauration, le bâtiment, le transport, l’agriculture, le nettoyage, le gardiennage, l’industrie, les services, les cadres, travaillent plus proches de 45 h, de 50 h quand ce n’est pas de 60 h - que de 35 h. Il y a déjà des milliards d’heures supplémentaires qui sont devenues un moyen de flexibilité du travail privilégié par 66 % des employeurs.

(...)

"On ne peut pas demander aux salariés de travailler 39 h en restant payés 35 h" (dixit Sarkozy)
Hélas, cet ignorant de Sarkozy ne doit pas savoir (où alors il feint, ce qui est pire...) que c’est majoritairement le cas. L’immense majorité des salariés a été maintenue à 39 h et elles ne sont "payées" que 39 h 24’ soit une majoration de 10 %. Ensuite, comme avant, ils font 40 h, 43 h avec une minuscule majoration de 25 %. Et le plus souvent ces heures ne sont ni déclarées, ni majorées, ce qui est un immense manque à gagner pour les caisses de Sécurité sociale.

Là je crois qu'il est dans le vrai mais le problème que le gouvernement actuel en est moins responsable que le gouvernement précédent puisque c'est lui qui a renforcé la flexibilité et instauré l'annualisation par le biais des 35h.


a écrit :
S’il y a des gains de productivité, les salariés doivent en récupérer une partie sous forme d’augmentation de salaires.

Pourquoi une partie? Bon admettons une partie mais puisqu'il ne faut pas parler des travailleurs comme d'une force sociale potentielle (des gens qui souffrent tout au plus), cela risque de n'être qu'un voeu-pieu.


a écrit :
Nous avons les gains de productivité les plus élevés au monde, jamais la France n’a été aussi riche, et ce ne sont pas les salariés qui les produisent qui récupèrent ces richesses, mais les profits, les actionnaires - lesquels n’en ont jamais assez.

Parmi les plus élevés sans doute mais je pense que le Capital à l'échelle du monde s'investit en fonction de ces gains de productivité, c'est-à-dire d'un pari sur leurs réalisations. Or je ne crois pas que c'est à la Bourse de Paris que la spéculation est "la plus élevée".
Bon là, peut-être que je chipote car l'idée quand même dans ce qu'il dit c'est que la Bourgeoisie nationale a largement les moyens de payer embauches et augmentations de salaires (entre autres choses).


a écrit :
"La réforme des 35 h doit reposer sur un principe, le libre choix en permettant à ceux qui le veulent travailler plus pour gagner davantage" (dixit Sarkozy)

Ineptie, ignorance totale de la part du ministre, du principe fondamental du droit du travail : le contrat de travail se caractérise par un "lien de subordination".
Il n’y a pas de "liberté" dans l’exécution du contrat !
Pas un seul salarié de ce pays ne choisit ses horaires : ils sont sous la responsabilité unique des employeurs. C’est l’employeur qui décide de la naissance, de l’exécution et de la fin du contrat.
C’est l’employeur seul qui décide ou non de faire faire des heures supplémentaires. Pour le salarié, les refuser peut être une faute qui peut même donner lieu à licenciement.

Là c'est n'importe quoi, Sarkozy ne dit pas cela par ignorance (même s'il ignore peut-être, ce dont parle Filoche ici).
Sarkozy dit cela car il sait comme n'importe quel patron, que pour décridibiliser l'idée d'augmentation générale et uniforme (revendication des révolutionnaires et pas des syndicalistes je pense...), il faut faire miroiter à chacun des augmentations individuelles négociées.
Augmentations (si elles sont dignes de ce nom) que ne verront que certains cadres ou petits chefs et une infime partie de la masse du reste des autres travailleurs.
Par la-même on renforce l'individualisme, garant de la paix sociale.
C'est le principe bien connu du "diviser pour régner".
Bien sur c'est plus simple d'accuser Sarkozy d'être incompétent (de quel point de vue d'ailleurs?) et ça ne mange pas de pain!


a écrit :
"Pour augmenter les salaires sans renchérir le coût du travail, il faut diminuer les charges sociales sur les heures supplémentaires",

Mais c’est déjà le cas de maniére tout à fait illégale. La majorité des heures sup’ ne sont pas déclarées, ni majorées. L’écrasante majorité du "travail au noir" dans ce pays, (que Sarkozy et Borloo, à tour de rôle, ont prétendu combattre), réside dans le fait que la majorité des heures supplémentaires effectuées ne sont pas payées. Qui ne le sait, par expérience, dans les médias, parmi les cadres, chez les précaires, les saisonniers, dans la confection, la maroquinerie, le commerce, la restauration, l’agriculture, la confection, etc... ?

Là je suis d'accord avec toi, on peut reprendre l'argument, "à notre sauce".Cela dit je n'ai aucune idée de ce que représente réellement le volume de ces heures à l'échelle du pays.


Bon il se fait tard, :somme: :somme: :somme:

Sinon comme tu le souligne, des chiffres à méditer:
a écrit :
750 000 salariés dans la restauration travaillent plus prés de 60 h que de 35 h

700 000 chauffeurs travaillent plus prés de 56 h que de 35 h

1 100 000 ouvriers du bâtiment travaillent plus prés de 50 h que de 35 h

Sur 2,5 millions de salariés du commerce et de la distribution, il y en a 1 million qui sont condamnés au sous-travail à temps partiel contre leur gré, mais il y en a 1 million qui travaillent plus prés de 60 h par semaine que de 35 h

333 000 nettoyeurs travaillent plus pres de 250 heures par mois que de 151 h 66.
200 000 gardiens sont plus prés de 50 ou 60 h que de 35 h Doit-on parler des travaux saisonniers ? Des charrettes d’architecte ? Des médecins des hôpitaux ? De la confection ?
De l’agriculture où l’on peut travailler légalement jusqu’à 72 h. Les « équivalences » (genre 11 h valent 8 h, pour les plongeurs de salle de restaurant) existent encore dans la restauration, le gardiennage (de facto) le commerce, la coiffure, les transports...
Les boulanges pâtissiers travaillent jusqu’à 60 h dans les défilés de haute couture, on trouve des pointes à 70 ou 80 h. Il y a 3, 5 millions de cadres : 25 % de ceux-ci seulement travaillent moins de 45 h... l’immense majorité en forfaits jours est entre 45 et 60 h...

Il y a ainsi plus de 6 à 7 millions de salariés en situation de surtravail, souvent en dépit des contingents autorisés d’heures supplémentaires, souvent sans repos compensateurs.

Plus d’un employeur sur deux est en situation de délinquance vis-à-vis des heures supplémentaires impayées.

L’essentiel du travail dit « au noir » n’est pas dans les « petits boulots « non déclarés, il est surtout dans les milliards heures supplémentaires non déclarées !

La seule durée du travail qui compte (et elle-même n’est pas toujours respectée) c’est les 48 h hebdomadaire car elle est la « durée maxima d’ordre public ».

Cela permet donc légalement 13 h supplémentaires par semaine ! ( du temps des 39 h, il n’y avait que 9 h supplémentaires hebdo possibles !)


N'empêche il est meilleur juriste que socialiste ( 8) le contraire de nous 8) ).

PS: Une dernière citation pour la route:
a écrit : Pipeau

Bien!! ça fait jeune, moderne...
othar
 
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Message par boispikeur » 26 Juil 2004, 10:59

Bon, j'espère que je ne vais pas à me mettre à être un défenseur de Filoche :D

Othar: Je pense que tout le monde est d'accord pour dire que Filoche n'est pas (plus?) un révolutionnaire, il faut don prendre ses "analyses" avec des pincettes, "à notre sauce" comme tu le dis.
Simplement, quand le m'adresse à mes collègues (essentielement), sur ces thèmes pour lesquels ils subissent un matraquage médiatique, j'essaie de procéder doucement, contextualiser le problème, etc.
Si j'arrive directement avec l'idée d'une Révolution nécessaire à propos de tout (35h...), sans un peu de pédago, "ils" se referment tout de suite: pas chez toi?

Bref!
Juste pour te dire que je suis en gros d'accord avec tes commentaires sinon que je ne comprends pas très bien le premier ("On parle de valeurs, de pourcentage "??), et que j'a bien l'impression que Filoche a raison au sujet du salaire médian (je n'ai pas vraiement le temps de chercher, mais ici, pour 2001, ça à l'air de coller)
Pour les gains de productivités, comme il y'a eu très peu d'embauches suite au passage aux 35H, cela équivaut eu ou prou pour les boîtes qui y sont passés à une augmentation de la productivité horaire de 11.4% (Ce qui infirme l'idée de Filoche que les travailleurs sont "un peu moins exploités " depuis les 35H!).
Je serai interessé par un développement par qq'1 du forum sur les rapports entre gains de productivités et croissance boursière si c'est possible (Rapport direct?).
boispikeur
 
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Message par titi » 26 Juil 2004, 11:58

rapidement sur le salaire médian, il est bien de 1400 euros dans le document que tu cites
mais avec une précision importante : calcul fait pour les "salariés à temps complet" du secteur privé et semi-public
titi
 
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Message par othar » 26 Juil 2004, 13:25

(boispikeur @ lundi 26 juillet 2004 à 11:59 a écrit : Bon, j'espère que je ne vais pas à me mettre à être un défenseur de Filoche :D

Othar: Je pense que tout le monde est d'accord pour dire que Filoche n'est pas (plus?) un révolutionnaire, il faut don prendre ses "analyses" avec des pincettes, "à notre sauce" comme tu le dis.
Simplement, quand le m'adresse à mes collègues (essentielement), sur ces thèmes pour lesquels ils subissent  un matraquage médiatique, j'essaie de procéder doucement, contextualiser le problème, etc.
Si j'arrive directement avec l'idée d'une Révolution nécessaire à propos de tout (35h...), sans un peu de pédago, "ils" se referment tout de suite: pas chez toi?

Bref!
Juste pour te dire que je suis en gros d'accord avec tes commentaires sinon que je ne comprends pas très bien le premier ("On parle de valeurs, de pourcentage "??), et que j'a bien l'impression que Filoche a raison au sujet du salaire médian (je n'ai pas vraiement le temps de chercher, mais ici, pour 2001, ça à l'air de coller)
Pour les gains de productivités, comme il y'a eu très peu d'embauches suite au passage aux 35H, cela équivaut eu ou prou pour les boîtes qui y sont passés à une augmentation de la productivité horaire de 11.4% (Ce qui infirme l'idée de Filoche que les travailleurs sont "un peu moins exploités " depuis les 35H!).


Pour le salaire médian, j'ai certainement fait une erreur :emb:
Excusez, j'essayerais de plus recommencer :fouet:
(mais j'ai une excuse, je n'ai jamais gagné plus que 80% des 1400 euros présenté comme salaire médian donc je trouvais cette somme "énorme" )
Sinon il faut tenir compte de la remarque de Titi, surtout avec le développement du travail à temps partiel.

Sinon sur la pédagogie , je suis parfaitement d'accord avec toi!
Mais où ais-je dit qu'il fallait faire des appels à la Révolution quand on discutait des 35h sauce Aubry ou sauce Raffarin?
Par contre j'ai dit au début:
a écrit :
Attention, un certain nombres de choses me semblent sujettes à caution, surtout pour des gens qui se réclament des idées révolutionnaires:

C'est simplement parce que quand on parle avec des "gens" des 35h, ou d'un autre sujet concernant l'organisation de la société, on le fait avec un certain type de raisonnement.
Et l'on doit donc réfléchir aussi pour être sur que ce que l'on dit (sur les 35h ici) est en accord avec nos raisonnements politiques.
Cet accord ne coule pas de source.
Cela peut arriver que l'on défende une idée qui soit juste mais de le faire d'une manière fausse. (en tous cas cela m'arrive :hinhin: )
Or je trouvais que l'article de Filoche de ce point de vue était à prendre avec des pincettes car il introduit un certain nombre de confusions.

Par contre il pourrait éventuellement être un point d'appui vis-à-vis de ceux qui auraient lu l'article d'eux-mêmes.
Manque de bol: il est adressé à un public très restreint alors que la dernière interview de Delanoe dans le Parisien de ce week-end, lue par des centaines de milliers de gens, ne parle surtout pas de ce qui aurait trait à l'exploitation!
Etonnant?
Non, ils se partagent les rôles!

Sinon
a écrit :
Je serai interessé par un développement par qq'1 du forum sur les rapports entre gains de productivités et croissance boursière si c'est possible (Rapport direct?).


Je vais y réfléchir mais c'est pas sur que j'arrive à débroussailler la question...

Voilà
:wavey:
othar
 
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Message par alex » 26 Juil 2004, 18:38

Quant à la majorité précédente, elle n’était pas assez "rigide" puisque la flexibilité a pu s’inflitrer dans le cadre des lois Aubry et empêcher que les 35 h soient réellement mis en place pour toutes et tous. Elles n’ont crée que 350 000 emplois...parce qu’elles n’ont pas été assez appliquées, sinon elles en auraient crée le triple !

Filoche semble regretter que la loi Aubry n’ait pas été assez appliquée et que la flexibilité s’y soit infiltrée comme si cette dernière était entrée par effraction or il en est rien, elle a été bâtie justement pour cela !
C’est une critique bien compréhensive de loi adoptée par le PS de la part de Filoche !


Les 35 h n’ont pas freiné les salaires, elles ont permis aux salariés d’être seulement un peu moins exploités dans le temps à salaire le plus souvent constant.


Je m’élève contre ce constat car les accords sur les 35 heures ont pour la plupart justifiés et entérinés le ralentissement des hausses de salaires ;
L’exploitation s’est accrue même si c’est sur un temps inférieur, l’augmentation de la productivité et des profits en témoigne, elle en a été d’autant plus féroce qu’il fallait produire autant voire plus en moins de temps ;
Il en a découlé une plus grande dureté des conditions de travail,
Cette loi a permis de revenir sur nombres d’acquis obtenus par les luttes passées :
Si je prends l’exemple de ma boîte, on était à 38 heures au lieu de 39, il ne restait donc plus que 3 heures de réduction à faire pour l’entreprise (on a réclamé en vain-4 heures) ;
Sur le nombre de jours de Réduction du Temps de Travail que l’entreprise devait octroyer en compensation du maintien du régime horaire à 38 heures elle a intégré 4 jours de repos exceptionnels obtenus précédemment, ainsi que les 2 jours de bonification qui existaient pour inciter à poser ses congés en dehors de certaines dates, soit 6 jours de congés annuels volés !
Et encore la prise de 40% de ces jours RTT peut être imposé par le chef.
De toutes façons, avec la suppression des pauses de 20 minutes le matin et l’après-midi soit 3h20 d’économisées par semaine, le patron était déjà gagnant.
De plus le travail du samedi devient obligatoire par roulement.
S’ajoute à tout cela que les heures supplémentaires, devenues obligatoires chez nous, ne peuvent être payées au maximum qu’à la moitié, le reste étant récupéré en temps, comme si on n’allait pas au boulot pour obtenir un salaire.
Pour moi la loi Aubry a été une forte régression (et je ne dois pas être le seul à l’avoir vécu)…sauf au Bureau National du Parti Socialiste et de sa soi-disant aile gauche le NPS.
alex
 
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